Intelligence ambiante

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Intelligence Ambiante)
L'évolution des ordinateurs : la course à la miniaturisation et à la diffusion dans le milieu ambiant[1]

L'intelligence ambiante est le produit de l'informatique qui, en repoussant les limites technologiques de manière disruptive, remet en cause le concept même de système d’information ou d'ordinateur : d’une activité de traitement exclusivement centrée sur l’utilisateur jusqu'à la fin du XXe siècle, l'intelligence ambiante vise à régir les interactions entre objets communicants et humains[2].

Parce que la technologie permet de fabriquer des ordinateurs minuscules et omniprésents (nano-informatique), elle ouvre à presque tous les objets de la vie courante, la capacité à déclencher un échange spontané d'informations, sans interaction avec leur utilisateur[3].

Ce concept semble pouvoir tenir lieu de traduction non littérale aux concepts nés en Amérique du Nord sous le vocable initial d'informatique ubiquitaire, systèmes pervasifs ou encore ordinateur évanescent [réf. nécessaire].

Facteurs en jeu[modifier | modifier le code]

L'évolution technologique permet de fabriquer des ordinateurs et composants informatiques minuscules, des capteurs et senseurs qui pourront être omniprésents (nano-informatique) et communiquer entre eux et avec différents réseaux. Elle ouvre à presque tous les objets de la vie courante, la capacité à déclencher un échange spontané d'informations, sans interaction avec leur utilisateur.

Les concepts informatiques évoluent vers des systèmes complexes en réseaux, fondamentalement différents des systèmes informatiques du XXe siècle et de la notion d’ordinateur (disque dur, mémoire vive, interface par clavier, écran et souris, etc.) qui lui était couramment rattachée.

Ces nouveaux concepts pourraient induire de profonds changements dans le monde social, culturel et de l'entreprise et s'introduire dans la vie quotidienne. De nombreux prospectivistes pensent qu'une évolution inéluctable des modes de vie est entamée, ainsi qu'une évolution capitale des activités et métiers informatiques.

Vers une informatique diffuse[modifier | modifier le code]

L'Internet a consacré l’avènement des réseaux planétaires conventionnels, mais une prochaine mutation semble pouvoir favoriser le développement de l'intelligence ambiante par une informatique diffuse, qui déjà se prépare sur différents terrains[4] :

  • celui des réseaux d’objets (voir aussi Internet des objets) sans fil et à très grande échelle ; ces nouveaux réseaux s'affranchissent de la chaîne d’antennes fixes[5] ; ils constituent un réseau planétaire dont les nœuds actifs ou antennes seraient constitués par les terminaux eux-mêmes (c'est-à-dire les objets communicants) ; ces systèmes de télécommunication seraient capables de s'autogérer (un principe analogue à celui du poste-à-poste, parfaitement adapté à la mise en œuvre d'un réseau très capillaire où les objets communicants seront devenus omniprésents) ;
  • l'Internet des réseaux sociaux ;
  • le calcul distribué ;
  • les objets communicants, voire apprenants.

Les composants élémentaires de l'intelligence ambiante[modifier | modifier le code]

L'intelligence ambiante met en œuvre quatre éléments de base[6],[7] :

  • L'ubiquité : la capacité pour l'utilisateur d'interagir (activement ou passivement), n'importe où, avec une multitude d'appareils interconnectés, de capteurs, d'activateurs, et plus globalement avec les systèmes électroniques embarqués (embedded software) autour de lui. Tout cela à travers des réseaux adaptés et une architecture informatique très distribuée.
  • L'attentivité : la faculté du système à sentir en permanence la présence et la localisation des objets, des appareils et des personnes pour prendre en compte le contexte d'usage. Toutes sortes de capteurs sont disponibles à cette fin : caméras, micros, radars, capteurs biométriques (dont de premiers nanocapteurs, ainsi que la technologie des puces et lecteurs à radiofréquence (RFID) pour l'identification, etc.
  • L'interaction naturelle : l'accès aux services doit pouvoir se faire de la façon la plus naturelle / intuitive possible. À la différence de l'interface traditionnelle de l'univers informatique (dénommée WIMP, Windows, Icons, Menus and Pointing device, (fenêtres, icônes, menus et dispositif de pointage), l'interface personne-machine est multimodale. Elle s'articule autour de la reconnaissance vocale, de la reconnaissance gestuelle et la manipulation d'objets réels.
  • L'intelligence : la faculté d'analyse du contexte et l'adaptation dynamique aux situations. Le système doit apprendre en se basant sur les comportements des utilisateurs afin de leur répondre au mieux. Cela implique capacités de stockage d'information, de traitement et algorithmes de modélisation et une approche dite d'intelligence artificielle.

Perspectives économiques[modifier | modifier le code]

L'intelligence ambiante ouvre des perspectives de marchés nouveaux pour des entreprises ou États qui (via des clusters économiques ou pôles de compétences par exemple) cherchent à renforcer leur position dans certains domaines tels que les communications mobiles, l'électronique grand public, les logiciels enfouis (embedded software) ou la microélectronique.

Dans le même temps, l'informatique diffuse pourrait favoriser de nouvelles logiques collaboratives hors des logiques commerciales classiques, voire des phénomènes émergents imprévisibles.

L'Europe mise sur l'intelligence ambiante à l'horizon 2010[modifier | modifier le code]

Plus de 7 milliards d'Euros sont consacrés au Programme-cadre pour la recherche et le développement technologique et financés pour moitié par l'Union européenne et dévolus aux technologies de l'information. C'est la composante du 6e PCRD (Programme-cadre de recherche et développement européen pour la période 2002-2006). Ces programmes regroupent des thèmes aussi variés que la nanoélectronique, les microsystèmes, les réseaux sans fil, Internet large bande, des capteurs et systèmes de capteurs innovants ou encore des méthodes de calcul distribué[8].

Ces recherches ont en commun de participer au développement à long terme d'une vision ou d'un concept dit intelligence ambiante.

Limites et questions éthiques et philosophiques[modifier | modifier le code]

Ces capacités nouvelles posent de nombreuses questions :

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Nano-informatique et Intelligence Ambiante, Jean-Baptiste Waldner, Hermes Science, Londres, 2006, (ISBN 2-7462-1516-0)
  • Technology Forecast: 2000 - From Atoms to Systems: A perspective on technology, PriceWaterhouseCoopers, PriceWaterhouseCoopers Technology Center, 2000, (ISBN 1-891865-03-X)
  • PriceWaterhouseCoopers, Navigating the future of software: 2002-2004, PriceWaterhouse Coopers Technology Center, 2002
  • Le Futur des télécommunications? Des réseaux de nœuds, Fonds national suisse de la Recherche scientifique, Horizons, 2004
  • De l'inéluctabilité du Réseau Pervasif, Rafi Haladjian, Ozone, 2003
  • Des robots doués de vie, A. Guillot & J.A. Meyer, Le Pommier, 2004 (ISBN 978-2-7465-0172-0)
  • Et la matière devint vivante, André Brack, Le Pommier, 2004 (ISBN 978-2-7465-0150-8)
  • L'Europe mise sur l'intelligence ambiante, Nicolas Kuhn, Electronique International Hebdo, 2003
  • P.Coudercand M.Banatre (2003) « Ambient computing applications : an experience with the SPREAD approach » ; System Sciences, 2003. Proceedings of the36th Annual Hawaii International Conference on, pages 9–16.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Nano-informatique et Intelligence Ambiante, Jean-Baptiste Waldner, Hermes Science, London, 2006, (ISBN 2746215160), page120, fig.4.1
  2. Nano-informatique et Intelligence Ambiante, Jean-Baptiste Waldner, Hermes Science, London, 2006, (ISBN 2746215160), page117
  3. De l'inéluctabilité du Réseau Pervasif, Rafi Haladjian, Ozone, 2003
  4. PriceWaterhouseCoopers, Navigating the future of software: 2002-2004, PriceWaterhouse Coopers Technology Center, 2002
  5. Le Futur des télécommunications? Des réseaux de nœuds, Fonds national suisse de la Recherche scientifique, Horizons, 2004
  6. De l'inéluctabilité du Réseau Pervasif, Rafi Haladjian, Ozone, 2003
  7. Nanocomputers & Swarm Intelligence, Jean-Baptiste Waldner, ISTE, London, 2007 (ISBN 978-1-84821-009-7)
  8. L'Europe mise sur l'intelligence ambiante, Nicolas Kuhn, Electronique International Hebdo, 2003