Gaston Madru

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Gaston Madru
Biographie
Naissance
Décès
(à 47 ans)
Leipzig (Allemagne)
Nom de naissance
Gaston Jean Baptiste MadruVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Autres informations
A travaillé pour
France-Actualités
News of the Day Hearst Corporation
Œuvres principales

Gaston Madru, né le à Perreuil et mort à Leipzig (Allemagne) le , est un cadreur et résistant français. On lui doit les rares images animées de Paris sous l'occupation allemande et d'avoir participé aux prises de vue de la Libération de Paris[1]. Il est aussi considéré comme un des pionniers de la prise de vue sous-marine.

Biographie[modifier | modifier le code]

Dans les années 1930, Gaston Madru est cadreur d'actualités et un chasseur d'images professionnel. Il est aussi l'un des premiers à réaliser des films sous-marins, en procédant par plongées rapides en apnée, au moyen d'une caméra étanche dont il est l'inventeur[2]. Invention consécutive aux premières images sous-marines effectuées au début du XXe siècle par le photographe anglais John Ernest Williamson.

Résistant de la première heure, Gaston Madru s'engage volontairement aux côtés de la Norvège en 1939.

Alors que les autorités allemandes ont interdit à la population de filmer ou de prendre des photos dans l'espace public, Gaston Madru brave cette interdiction en cachant une caméra dans un panier arrimé à l'avant de son vélo [3], obtenant au nez de la Gestapo les rares images que nous connaissons aujourd'hui des rues de Paris sous l'Occupation[4].

Pendant l'Occupation, Madru œuvre pour la Résistance intérieure française tout en effectuant son métier de cadreur pour la société France-Actualités, émanation du gouvernement de Vichy sous contrôle de l'occupant allemand. On notera à titre d'exemple ses prises de vues du 29 Juin 1944, servant la propagande de Vichy, qui montrent des prisonniers anglais et américains arrivant à la Gare du Nord sous les insultes et les crachats de la foule[5].

Le 26 août 1944, jour de la Libération de Paris, Gaston Madru filme Charles de Gaulle qui descend à pied l'Avenue des Champs-Élysées au milieu de la foule qui l'acclame. Pour obtenir plus de visibilité et donner la mesure de la marée humaine, Madru opère juché sur le toit d'une automobile. Avec un humour certain, son véhicule est flanqué de ce panneau : "Please don't kill French cameramen" (Merci de ne pas tirer sur les cadreurs français)[6]. Son équipement est de qualité : il dispose d'une caméra Mitchell de marque américaine dotée de gros magasins pouvant filmer 12 minutes en continu et, fait rare à l'époque pour les films de reportage, Madru avait bricolé sa caméra pour la rendre capable de prendre le son. À mi-chemin des Champs-Élysées, Madru envoie son épouse, un bouquet à la main, en direction de De Gaulle qui du même coup stoppe le pas le temps de cet échange et permet au cadreur d'obtenir des images émouvantes du Général[7]. Vers 16 heures 30 ce même jour, alors que le général de Gaulle assiste à une messe à Notre-Dame, une fusillade éclate à l'extérieur de la cathédrale, créant pendant plusieurs minutes le chaos et la confusion. Gaston Madru filme l'événement au péril de sa vie au milieu des balles qui fusent et des passants qui s'enfuient en courant[8]. Ces images impressionnantes, longtemps disparues, ont été retrouvées des dizaines d'années plus tard dans un placard aux États-Unis, et pour cause Madru travaillait pour le compte des actualités filmées News of the Day, appartenant au magnat des médias américains William Randolph Hearst.

Le 1er septembre 1944, Madru filme l'arrivée puis l'entrée de la 2e division blindée du Général Leclerc dans Paris. Sur ces images apparaissent les drapeaux français accrochés aux façades, des arrestations d'Allemands, les soldats qui se préparent aux combats de la capitale, les chars de Leclerc qui roulent vers la Place de l'Étoile[9].

Gaston Madru suit les troupes alliées sur les théâtres d'opération, il filme les prisonniers de guerre[10] et la libération du camp de concentration de Buchenwald. Il est abattu par un tireur allemand à Leipzig, le 19 avril 1945, alors qu'il filme caméra au poing les combats aux côtés de la 1re armée.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Gaston Madru (1897-1945) - Auteur », sur data.bnf.fr (consulté le ).
  2. Franck Machu, Cousteau, 20000 rêves sous les mers, Monaco/Paris, Éd. du Rocher, , 331 p. (ISBN 978-2-268-06988-3, lire en ligne).
  3. « gettyimages.ca/detail/news-pho… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  4. « AP », sur aparchive.com (consulté le ).
  5. « Prisonniers anglo-américains » [vidéo], sur ina.fr (consulté le ).
  6. https://www.worldcat.org/title/news-of-the-day-vol-16-no-266-excerpt-gaston-madru-newsreel-ace-dies-in-action-paris-france/oclc/83872182
  7. « History Catchers : De Gaulle dans Paris libéré - Gaston Madru, un cameraman à l’épreuve des balles - Regarder le documentaire complet », sur ARTE (consulté le ).
  8. « Résultats de recherche - mysteres d'archives », sur ina.fr (consulté le ).
  9. « Entrée de la 2ème Division Blindée du Général Leclerc dans Paris » [vidéo], sur ina.fr (consulté le ).
  10. « « 1945. L'ouverture des camps en Allemagne », par Serge Viallet », sur veroniquechemla.info (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]