Mare Glaciale (mer Glaciale)

Island (Islande)

Frisland (Frisland)

H

Feröe (Îles Féroé)

Hetland (Shetland)

Orcades (Orcades)

Irland (Irlande)

Britannia (Grande-Bretagne)

Norvegia (Norvège)

Biarmaland (Biarmie)

F

Iotun-heimar (Jötunheim)

E

D

Narve Öe (île de Narfi)

Riseland (pays des Risi [Géants])

C

Grönlandia (Groenland)

Helleland (Helluland)

G

Markland (Markland)

Skrælinge Land (pays des Skrælings)

B

Promontorium Winlandiæ (promontoire du Vinland)

Huidserk (Hvitserk)

Heriolfsnes (Herjolfsnæs)

Siurdi Stephanii terrarúm hÿperborearũ delineatio - Año 1579

Représentation des terres du Grand Nord (Hyperborée) par Sigurður Stefánsson - an 1579

Characterúm in hac mappa occúrrentiúm explicatio ipsiús Aúctoris

Explication des lettres figurant sur cette carte par l'auteur lui-même

A. Hi súnt ad quos Angli pervenerúnt, ab ariditate nomen habent, tanquam, vel solis vel frigoris adustione torridi et exsiccati

A. Ceux-là (les Skrælings) sont ceux auxquels parvinrent les Anglais; ils tiennent leur nom de l'aridité, en ce qu'ils sont rôtis et desséchés aussi bien par la brûlure du soleil que par celle du froid.

B. His proxime est Vinlandia quam propter terræ fæcúnditatem et utilium rerúm ubi rem proventúm, Bonam dixere. Hanc a meridie oceanúm finire volúere nostri, sed ego ex recentiorum historiis colligo, aút fretũ aut sinúm hanc ab America distinguere.

B. Près de ceux-là (les Skrælings) se trouve le Vinland, dont les terres sont si fertiles et les choses utiles qui en proviennent si abondantes qu'il a été surnommé Le Bon. Les nôtres ont voulu le délimiter au sud par l'océan, mais je déduis de récits plus récents qu'il est séparé de l'Amérique par un détroit ou une baie.

C. Regionem Gigantúm vocant quod ibi Gigantes cornuti sint quos Skriekfiña dixere.

C. Cette région est dite des Géants, car il y aurait là des géants cornus qui furent appelés Skrikfinnar (les Finnois effrayants).

D. Orientalores súnt, quos Klofiña ab úngvibús appellarúnt.

D. Plus à l'est se trouvent les dénommés Klofinnar (les Finnois griffus), ainsi nommés à cause de leurs ongles.

E. Jotunheimar idem est ac regio Gigantúm monstrosiorúm [monstrosorum], hic Regiam [Regnum] Gerúthi & Gudmundi fuisse existimare licet

E. Jötunheim est pareil à la région des Géants monstrueux ; il est permis de supposer que le royaume de Geirröd et Gudmund (en) se trouvait là.

F. Sinúm hic ingentem intelligimús in Rússiam excúrrentem.

F. Il nous semble qu'il y a là une vaste baie s'étendant jusqu'en Russie.

G. Regio petrosa, hujús in historia sæpe fit mentio.

G. Région pierreuse, dont on a peu fait mention au cours de l'histoire.

A

H. Hæc quæ sit insula nescio nisi ea forte quam Venetús ille invenit Frislandiamq[ue] Germani vocant.

H. J'ignore quelle est cette île, seulement que le Vénitien (Zeno) l'a découverte par hasard et que les Allemands l'appellent Frisland.

Aútor hujꝯ [hujus] tabellæ Geographicæ perhibetur esse Sigurdus Stephanius Islandus vir erúditus, Scholæ Schalholtinæ quondam Rector dignissimus, qui etiam alia nonnulla ingenii & erúditionis specimina edidit videlicet Descriptionem Islandiæ, quam apud Sereniss^æ [Serenissimæ] Regiæ Maj^is [Majestatis] Antiquarium Thormodũ Torfæum vidisse me memini, nec non opúsculum de Spectris, quod præterita æstate ab amico quodam in Patria mecúm com̃únicatum, penes me asservatur. Delineationem autem hanc súam, ex antiquitatibús Islandicis maxima sui parte desumpsisse videtúr. De Hellúlandia Marclandia & Skrælingialandia, videri poterit Arngrimus Ionas, qui ad calcem opúsculi de Gronlandia, Gronlandorúm aliquot navigationes ad has terras annotavit, in terrarúm etiam hÿperborearúm ex ultra Gronlandiam delineatione, ubi Risaland & Jotúnheima collocat, antiquitates quoq[ue] Islandicas secútúm esse Aútorem, sat scio, sed an authenticæ illæ sint dubito. Cum priore, Gronlandiæ mappa Dñi Gudbrandi, parúm consentire hanc, ^satis constat. Islandia hic justo majorem habet latitudinem, Promontorium etiam Heriolfsnæss, ingentis continentis potius quam isthmi vel promontorii speciem præsefert, út cætera omittam, quocirca curiositatis potius quam necessitatis ergò hanc mappam annotavi.

On prétend que l'auteur de cette table géographique est l'érudit islandais Sigurður Stefánsson, jadis insigne recteur de l'école de Skálholt, qui a aussi publié quelques autres œuvres d'intelligence et d'érudition - à savoir une Description de l'Islande, que je me souviens avoir vue chez Thormodus Torfæus (historiographe de Sa Majesté Royale Sérénissime), ainsi que l'opuscule Sur les spectres, qui m'a été partagé l'été dernier par un certain ami au pays et que je conserve à ma disposition. Quant à cette représentation qui est la sienne, il semble que sa majeure partie soit tirée d'anciens documents islandais traitant du Helluland, du Markland et du pays des Skrælings ; on pourra se référer à Arngrímur Jónsson, qui, à travers son opuscule sur le Groenland, a relaté plusieurs navigations des Groenlandais vers ces terres et dans les pays hyperboréens [du Grand Nord] depuis au-delà des frontières du Groenland, où il place la terre des Risi et Jötunheim. Que l'auteur ait suivi ces anciens documents islandais, j'en suis assez sûr, mais que ceux-ci soient fiables, j'en doute. La carte du Groenland par maître Guðbrandur concorde trop peu avec tout ceci. L'Islande a ici une latitude plus élevée qu'en réalité, tandis que le cap de Herjolfsnæs ressemble plus à une grande masse de terre qu'à un isthme ou un promontoire, sans parler d'autres éléments que j'omettrai ; par conséquent, c'est plus par curiosité que par nécessité que j'ai reporté cette carte.