Femmes artistes autochtones en Amérique du Nord à l'ère postcoloniale

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Depuis la fin des années 1960 et le début des années 1970, l’art contemporain autochtone aux États-Unis et au Canada connaît une revitalisation sans précédent.

Les revendications politiques issues des mouvements de lutte en faveur de la reconnaissance des droits sociaux dévolus aux minorités culturelles dans ces régions entretiennent des liens étroits avec les pratiques artistiques développées depuis lors[1]. Les artistes femmes nées entre 1940 et le milieu des années 1980 créent des œuvres pluri-média associant démarches plastiques et réflexions sociales et politiques, en s’interrogeant sur la définition de la femme amérindienne contemporaine à l’époque du « post-colonialisme »[2].

Leurs formations[modifier | modifier le code]

Chacune de ces artistes sont diplômées d’écoles d’art (Institute of American Indian Arts (en), Santa Fe, Nouveau-Mexique, États-Unis notamment, Montana School of Photography) ou issues de formations universitaires en histoire de l’art et/ou en anthropologie (Université du Nouveau-Mexique, Université de Californie).

À travers leurs œuvres, chacune d'elles appréhende le corps comme un motif métaphorique pouvant renvoyer aux terres colonisées autochtones[3]. Plaçant au cœur de leurs processus de création un acte de réappropriation d'images créées antérieurement (notamment durant les campagnes photographiques d'explorateurs et de photographes euro-américains[4] au XIXe siècle), elles entament un processus de déconstruction des stéréotypes auxquels elles sont toujours confrontées, à la fois en raison de leur sexe et de leur race. Ces créations apparaissent ainsi comme des œuvres intersectionnelles[5].

Artistes-femmes photographes[modifier | modifier le code]

L’esthétique des œuvres photographiques créées est à mi-chemin entre la photographie artistique et la photographie documentaire, faisant de celles-ci des exemples de photographies de style documentaire[6].

Parmi elles, figurent entre autres : Amanda Strong (Metis-Cree/Anishinaabe), Ariel Smith (Nēhiyaw Iskwew/Jew), Ashley Browning (Pojoaque Pueblo), Buffy Sainte-Marie (Cree), Cara Romero (Chemehuevi), Carm Little Turtle (Navajo / Diné), Dana Claxton (Hunkpapa Lakota), Dayna Danger (Metis-Ojibway/Polonaise), Dorothy Grandbois (Turtle Mountain Chippewa), Erica Lord (Iñupiaq), Hulleah J. Tsinhnahjinnie (Dine/Seminole/Muskogee), Kali Spitzer (Kaska Dena/Jew), KC Adams (Metis), Lori Blondeau (Cree/Saulteaux), Matika Wilbur (Swinomish/Tulalip), Mercedes Dorame (Gabrielino/tribu Tongva), Meryl McMaster (Cree/Britannique/Néerlandaise), Nadya Kwandibens (Ojibwe (Anishinaabe)), Pamela J. Peters (Navajo / Diné), Pamela Shields, le collectif Rematriate, Rosalie Favell (Metis-Cree/Anglaise), Shelley Niro (Mohawk), Tamara Ann Burgh (Eskimo), Tiffiney Yazzie (Navajo ou Diné), Venaya Yazzie (Diné/Hopi), Wendy Red Star (Crow) et, enfin, Zoe Marieh Urness (Tlingit/Cherokee).

Artistes-plasticiennes[modifier | modifier le code]

Parmi elles, figurent entre autres : Anong Beam (Ojibwe), Brandee Caoba (Ohkay Owingeh Descent), Charlene Teters (Spokane), Debra Yeppa-Pappan (Pueblo/Korean), Gail Tremblay (Mi’Kmaq/Onondaga), Heidi BigKnife (Shawnee), Joane Cardinal Schubert, Jolene Rickard (Tuscarora), Lynne Allen (Standing Rock Indian Reservation, South Dakota), Marianne Nicolson (Kwakwaka'wakw), Marie Watt (Turtle Clan, Seneca Nation, Haudenosaunee), Merritt Johnson (Mohawk/Blackfoot), Naomi Bebo (Menominee/Hochunk), Rita Iringan(Dine/Filipino), Sally Larsen (Apache/Aleut), Santee Smith (Mohawk Nation, Turtle Clan), Sarah Sense (Choctaw/Chitimacha), Shan Goshorn (Cherokee), ou encore Tamara Ann Burgh (Eskimo).

Artistes-performeuses, danseuses, chorégraphes autochtones[modifier | modifier le code]

Parmi elles, figurent entre autres : Maria Hupfield (Anishinaabe), Charlene Vickers (Anishinaabe), Rebecca Belmore (Anishinabee), Rosy Simas (Seneca), Santee Smith (Mohawk Nation, Turtle Clan), Tanya Lukin Linklater (Alutiiq). Alexandrine Branchaud (nom de scène: Hanij Wuwu) (Anishinabee).

Expositions collectives[modifier | modifier le code]

Plusieurs de ces artistes ont été exposées ensemble. Il est possible de citer des expositions collectives telles que :

  • « Steeling the Gaze : Portraits by Aboriginal Artists » [Du courage dans le regard : Portraits par des artistes autochtones], organisée au Canadian Museum of Contemporary Photography, National Gallery of Canada, en 2009[7] ; et également à la Mendel Art Gallery, Saskatoon, du 18 janvier 2013 au 10 mars 2013. Etaient alors présentées des œuvres de Rosalie Favell, KC Adams, Dana Claxton, Thirza Cuthand, Kent Monkman, et Shelley Niro.
  • The Rebel Yells: Dress and Political Re-dress in Contemporary Indigenous Art [Le cri rebelle : habillement et redressement politique dans l’art autochtone actuel], organisée du 20 avril 2015 au 29 mai 2015, a présenté simultanément des œuvres de : Shelley Niro, Lori Blondeau, Dana Claxton, Dayna Danger, Rosalie Favell, et Meryl McMaster.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Gülriz Büken, « Construction of the Mythic Indian in Mainstream Media and the Demystification of the Stereotype by American Indian Artists », American Studies International, vol. 40, no 3, octobre 2002, p. 46-56.
  • Cynthia Fowler, « Hybridity as a Strategy For Self-Determination in Contemporary American Indian Art », Social Justice, vol. 34, no 1, 2007, p. 63-79.
  • Marianette Jaimes-Guerrero, « Savage Erotica Exotica: Media Imagery of Native Women in North America », in Patricia A. Monture et Renée Hulan (dir.), Native North America: Critical and Cultural Perspectives: Essays, Toronto, ECW Press, 1999, p. 187-210.
  • Nancy Marie Mithlo, Our Indian Princess : Subverting the Stereotype, Santa Fe, School for Advanced Research Press, coll. « School for Advanced Research Global Indigenous Politics Series », 2009.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Michelle Baj-Strobel, « , « Muséographie et réinterprétation de la tradition chez les Amérindiens de la côte Nord-Ouest du Canada », », in Art et Appropriation, Colloque organisé par le Centre d’études et de recherches en esthétique et arts plastiques, sous la direction de Dominique Berthet,‎ , , p. 91-93.
  2. Phoebe Farris, « , « Contemporary Native American Women Artists: Visual Expressions of Feminism, the Environment, and Identity”, », in Feminist Studies,,‎ 2005,, p. 96.
  3. Lucy Lippard, , Undermining : A Wild Rise Through Land Use, Politics and Art in the Changing West, , The New Press, , 2014
  4. Françoise Perriot, , La Photographie et les Indiens des Plaines, , éd. Hoebecke, , 2000
  5. Kimberlé Crenshaw,, « « Mapping the Margins: Intersectionality, IdentityPolitics, and Violence againstWomen of Color », [traduction française : « Cartographie des marges: intersectionnalité, politique de l’identité et violence contre les femmes de couleur », trad. Oristelle Bonis, », Stanford Law Review, 1991, vol. 43, no 6, p. 1241–1299,‎ cahiers du genre, 2005, vol. 2, n° 39, p. 51-82.
  6. Olivier Lugon, Le Style documentaire : D'August Sander à Walker Evans (1920 - 1945), Paris, Macula,
  7. Andrea Kunard,, Steeling the gaze : portraits by aboriginal artists., Ottawa, National Gallery of Canada,