Curicta (genre)

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Curictini

Curicta est un genre d'insectes aquatiques, de l'infra-ordre des hétéroptères (punaises) et de la famille des Nepidae[1], le seul de la tribu monotypique des Curictini[1].

Description[modifier | modifier le code]

Les Curicta ont généralement le corps aplati, de couleur brunâtre à grisâtre en forme de navette étroite et allongée, avec à l'extrémité de l'abdomen un organe respiratoire (siphon) en tube plus ou moins long (qui les distingue des Belostomatidae). Comme chez les autres Nepinae, la distance entre les hanches (coxae) médianes est supérieure au diamètre d'une de ces hanches. Elles ont les pattes antérieures ravisseuses (avec le tibia qui se replie sur le fémur).

La distinction d'avec les Nepini se fait en partie sur la base des organes génitaux internes et sur la suture entre les segments abdominaux chez les mâles[2]. Mais on peut signaler que les Curicta ont le corps un peu plus étroit que les Nepini, que leur cinquième sternite (segment ventral de l'abdomen) a peu près la même longueur que le segment précédent, alors que chez Nepa, il est beaucoup plus long, et leur pronotum est plus long que large[3].

Avec leur aspect général, qui fait penser à des scorpions, bien que l'appendice caudal soit un organe respiratoire, on les range en anglais dans l'appellation « water scorpions », « scorpions d'eau ».

Répartition et habitat[modifier | modifier le code]

Le genre Curicta est presque exclusivement néotropical (Amérique du Sud et centrale, et Caraïbes), avec deux espèces qui remontent jusqu'au États-Unis, entre l'Arizona et le Mississipi (sud de l'écozone néarctique)[3],[4].

Leurs habitats sont des milieux lentiques (eaux non courantes), peu profonds, ou de petits cours d'eau calmes, avec de la végétation aquatique, un fond boueux. Elles affectionnent également de se mettre parmi les feuilles mortes du fond[5].

Biologie[modifier | modifier le code]

Les Curictini sont adaptées à la vie aquatiques. Elles sont prédatrices et se nourrissent de petits insectes et crustacés. Elles se cachent dans la boue ou sur des grosses branches submergées, etc. Leur corps plat et leur couleur sombre leur permet d'être presque invisible à leurs proies.

Lors de l'accouplement, qui dure plusieurs heures, le mâle se place à côté de la femelle, légèrement en biais, et il l'accroche avec ses pattes d'un côté. Le tibia antérieur tient la femelle par la tête, la patte médiane l'accroche en arrière du scutellum. Il tord l'extrémité de son abdomen de manière à amener ses organes génitaux, orientés vers l'avant (alors qu'au repos, ils sont orientés vers l'arrière) sous ceux de la femelle[6]. Les femelles pondent les œufs sur les rives et les recouvrent de boue[5] Les œufs ont une couronne de tubes (une douzaine chez C. bonaerensis, par exemple) qui permettent les échanges gazeux[7]. Les juvéniles sont d'apparence semblable aux adultes, mais sans ailes (des ébauches sont présentes aux stades III à V), et leur siphon est plus court[8].

Les Curicta se dispersent en volant[5]. Ces espèces sont capables de faire le mort en cas de capture[4]. Pour éviter les crues soudaines, en cas de pluie, C. pronotata rampe hors de l'eau et monte plus haut sur les rives[9].

Galerie[modifier | modifier le code]

Systématique[modifier | modifier le code]

Le genre Curicta a été décrit dans la seconde moitié du XIXe siècle par l'entomologiste danois Carl Stål. La tribu des Curictini, de son côté, a été définie seulement en 1964 par Arnold S. Menke et Lionel A. Stange[10].

D'emblée, la tribu a été positionnée comme intermédiaire entre les Nepini (Nepinae) et les Ranatrini (Ranatrinae), car les Curicta possèdent des caractéristiques propres aux deux sous-familles, au même titre que les Austronepini et les Goondnomdanepini. Austronepa angusta, d'Australie, avait d'ailleurs été décrite initialement dans le genre Curicta, avant d'être déplacée dans le genre nouveau, créé pour elle, et dans une tribu séparée au sein des Ranatrinae.

Le caractère intermédiaire de Curicta et sa proximité avec Austronepa et Goondnomdanepa ont d'ailleurs amené les auteurs José A. de Carlo, suivi par M. Mahner, en a faire une sous-famille, les Curictinae, au sein des Ranatridae (les Ranatrinae élevés à leur tour au rang de famille)[11],[12]. Le statut exact du taxon supragénérique reste à préciser[2].

Le genre contient 19 espèces, car C. howardi Montandon, 1910 a été synonymisée avec C. scorpio Stål, 1862, et C. doesburgi De Carlo, 1967 avec C. montei De Carlo, 1960[13],[14]. C. scorpio est l'espèce type du genre.

Liste d'espèces[modifier | modifier le code]

Selon BioLib (21 février 2023)[15], complétée par ITIS (21 février 2023)[1] :

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 21 février 2023
  2. a et b (en) Randall T. Schuh et Christiane Weirauch, True bugs of the world (Hemiptera, Heteroptera) : classification and natural history., Manchester, Siri Scientific Press, , 800 p. (ISBN 978-0-9957496-9-6 et 0-9957496-9-8, OCLC 1125224106, lire en ligne), p. 212-215
  3. a et b (en) Robert W. Sites et John T. Polhemus, « Nepidae (Hemiptera) of the United States and Canada », Annals of the Entomological Society of America, vol. 87, no 1,‎ , p. 27–42 (ISSN 1938-2901 et 0013-8746, DOI 10.1093/aesa/87.1.27, lire en ligne [PDF], consulté le )
  4. a et b (en) Jon D. Hoekstra et Robert L. Smith, « Distribution and Habitat of Curicta pronotata (Hemiptera: Nepidae) in southeastern Arizona », Entomological News, vol. 109, no 5,‎ , p. 366-368 (lire en ligne [PDF])
  5. a b et c (es) Federico Herrera, « Ampliacion del rango geografico del Escorpion de Agua Curicta scorpio Stal, (Hemiptera: Nepidae) y primer registro para Costa Rica », Revista Peruana de Biología,‎ , p. 197-198 (lire en ligne [PDF])
  6. (en) Keffer, S. L. et Mcpherson, J. E., « Curictan copulation and waterscorpion higher classification (Heteroptera: Nepidae) », Proceedings of the Entomological Society of Washington, vol. 95, no 1,‎ , p. 74-78 (lire en ligne [PDF])
  7. (en) Mónica Lopez Ruf et Pablo J. Perez Goodwyn, « Description of the eggs of Curicta bonaerensis (Heteroptera: Nepidae) », Revista de la Sociedad Entomológica Argentina, vol. 60, nos 1-4,‎ , p. 69-72 (lire en ligne [PDF])
  8. (es) « Description of immature instars of Curicta bonaerensis (Heteroptera: Nepidae) », Revista de la Sociedad Entomológica Argentina, vol. 59, nos 1-4,‎ , p. 135-140 (lire en ligne [PDF])
  9. (en) David A. Lytle et Nicola J. White, « Rainfall Cues and Flash-Flood Escape in Desert Stream Insects », Journal of Insect Behavior, vol. 20, no 4,‎ , p. 413–423 (ISSN 0892-7553 et 1572-8889, DOI 10.1007/s10905-007-9089-9, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Menke, A. S. et Strange, L. A., « A new genus of Nepidae from Australia with notes on the higher classification of the family », Proceedings of the Royal Society of Queensland, vol. 75,‎ , p. 67-72 pl. VII
  11. (es) José A. de Carlo, « Difference among Ranatridae and Nepidae. Division of tho family Ranatridae in Ranatrinae and Curictinae (Hemiptera) », Revista de la Sociedad Entomológica Argentina, vol. 29, nos 1-4,‎ , p. 21-29 (lire en ligne [PDF])
  12. Mahner M., Systema Cryptoceratorum Phylogeneticum (Insecta, Heteroptera)., Stuttgart, E. Schweizerbart'sche Verlagsbuchhandlung (Nägele u. Obermiller). Stuttgart,, coll. « Zoologica », , 303 p. (ISBN 3-510-55029-3)
  13. Steven L. Keffer, « Systematics of the New World Waterscorpion Genus Curicta Stål (Heteroptera: Nepidae) », Journal of the New York Entomological Society, vol. 104, nos 3/4,‎ , p. 117–215 (ISSN 0028-7199, lire en ligne, consulté le )
  14. (en) Keffer S. L., « Erratum: The Synonymy of C. doesburgi De Carlo with C. montei (Heteroptera: Nepidae) », Journal of the New York Entomological Society, vol. 106, nos 2-3,‎ , p. 114 (lire en ligne [PDF])
  15. BioLib, consulté le 21 février 2023
  16. Steven L. Keffer, « Curicta johnpolhemi (Heteroptera: Nepidae): A New Waterscorpion Species from Brazil », Journal of the New York Entomological Society, vol. 107, nos 2/3,‎ , p. 145–248 (ISSN 0028-7199, lire en ligne, consulté le )