Ranatrini

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Les Ranatrini sont une tribu d'insectes aquatiques, de l'infra-ordre des hétéroptères (punaises) et de la famille des Nepidae.

Description[modifier | modifier le code]

Les Ranatrini se distinguent des autres tribus de Ranatrinae par un corps fin, de section semi-circulaire (alors qu'il est plus plat et un peu plus élargi chez les Austronepini et les Goondnomdanepini)[2]. Les antennes ont trois articles courts, et les yeux sont très proéminents. Elles ont des pattes ravisseuses, où le tibia se replie sur le fémur pour attraper et maintenir les proies.

Répartition et habitat[modifier | modifier le code]

Les Ranatrini sont cosmopolites, notamment le genre Ranatra, avec la plus grande diversité dans les régions néotropicale et indomalaise[3],[4]. L'autre genre, Cercotmetus est restreint à l'Asie tropicale.

En Europe occidentale, une seule espèce est présente, Ranatra linearis, en français « ranatre linéaire », ou simplement « ranatre »[5]. Ranatra unicolor est présente un peu plus à l'Est[6].

Au Québec, trois espèces de Ranatrini (toutes du genre Ranatra) sont présentes[7] (dix en Amérique du Nord[8]).

Elles habitent les eaux calmes généralement avec des débris végétaux (Ranatra) ou des herbiers[3].

Biologie[modifier | modifier le code]

Adaptation à la vie aquatique[modifier | modifier le code]

Comme tous les Ranatrinae, ces punaises se sont adaptées à la vie aquatique et respirent à l'aide d'un siphon, sorte de tuba placé à l'extrémité de leur abdomen. Elles ont également des organes hydrostatiques, placés sur les segments abdominaux 4 à 6, près des spiracles et permettent à l'insecte de garder son orientation dans l'eau[9]. Lorsque leur mare s'assèche, elles peuvent s'envoler grâce à leurs ailes développées, permettant ainsi la colonisation de mares temporaires et la dispersion[10].

Alimentation[modifier | modifier le code]

Cercotmetus brevipes avec une proie, qu'il immobilise avec ses pattes antérieures.

Tant les juvéniles que les adultes sont zoophages et prédatrices, chassant à l'affut dans les herbiers ceinturant les plans d'eau. Elles peuvent manger voracement des larves d'insectes, notamment des larves de moustiques, jusqu'à 90 par jour, des fourmis, des larves de libellules et de coléoptères et des annélides[10], voire des têtards et des petits poissons[11]. Par leur régime alimentaires, ces punaises sont donc des contrôleurs de la prolifération des moustiques.

Cycle de développement[modifier | modifier le code]

Chez Ranatra parvipes, lors de la ponte, la femelle insère son ovipositeur dans les tissus végétaux et le retire à chacun des œufs pondus, qui sont dès lors attachés au végétal par deux filaments. L’œuf, d'abord blanc, se teinte en orange au fur et à mesure de sa maturation. Le développement embryonnaire dure de 7 à 12 jours. Après l'éclosion, le juvénile passe par 5 stades et 5 mues avant de devenir adulte. Toujours chez Ranatra parvipes, le stade 1 dure 6 jours, le stade 2, 4 jours, le stade 3, qui voit apparaître les ébauches alaires, 4 jours également, le stade 4, qui voit l'allongement des ailes postérieures, 6 jours, et le stade 5 11 jours. L'insecte atteint le stade adulte 31 jours après l'éclosion[10]. Chez Ranatra elongata, cette durée est de 40 à 45 jours[11].

Stridulation[modifier | modifier le code]

Certaines espèces de Ranatra sont capables d'émettre des stridulations[9].

Parasites[modifier | modifier le code]

On a observé chez Ranatra des parasites du genre Hydrachna (acariens trombidiformes)[11].

Classification[modifier | modifier le code]

Jusqu'à la découverte de deux genres australiens, Austronepa, et Goondnomdanepa (respectivement en 1964 et 1974), il n'y avait pas eu la nécessité de distinguer des tribus différentes au sein des Ranatrinae, qui se confondaient jusqu'alors avec les actuels Ranatrini. Ce niveau tribal est proposé par Arnold S. Menke et Lionel Alvin Stange en 1964[12], et contient deux genres, Ranatra et Cercotmetus.

Ranatra, très riche en espèces, est encore en discussion pour en établir la phylogénie, et comprend plusieurs groupes d'espèces. Il est considéré comme s'étant diversifié à partir de plusieurs foyers[4]. I. Landsbury a révisé les Ranatra de la région indomalaise en 1972[13], ainsi que le genre Cercotmetus en 1973[14].

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le terme de Ranatrini est dérivé du nom de genre Ranatra, donné par Fabricius en 1790, semble-t-il à partir de Rana, le nom latin de la grenouille[15].

Liste des genres[modifier | modifier le code]

Selon BioLib (5 février 2023)[16] :

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

Références taxonomiques[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 5 février 2023
  2. (en) « Identification and Ecology of Australian Freshwater Invertebrates », sur www.mdfrc.org.au (consulté le )
  3. a et b (en) « Australian Faunal Directory - Nepidae », sur biodiversity.org.au (consulté le )
  4. a et b (en) A. D. Tran et H. Zettel, « Taxonomic review of the Ranatra gracilis group sensu Lansbury, 1972 (Nepomorpha: Nepidae), with descriptions of four new species », Raffles Bulletin of Zoology, vol. 68,‎ , p. 4570 (ISSN 0217-2445, DOI 10.26107/RBZ-2021-0005, lire en ligne, consulté le )
  5. Zicrona, « Liste des Hétéroptères de France : Nepomorpha », sur Zicrona, (consulté le )
  6. « Ranatrini | Fauna Europaea », sur fauna-eu.org (consulté le )
  7. « Nepidae », sur Arthropédie (consulté le )
  8. (en) Robert W. Sites et John T. Polhemus, « Nepidae (Hemiptera) of the United States and Canada », Annals of the Entomological Society of America, vol. 87, no 1,‎ , p. 27–42 (ISSN 1938-2901 et 0013-8746, DOI 10.1093/aesa/87.1.27, lire en ligne [PDF], consulté le )
  9. a et b (en) Randall T. Schuh et Christiane Weirauch, True bugs of the world (Hemiptera, Heteroptera) : classification and natural history., Manchester, Siri Scientific Press, , 800 p. (ISBN 978-0-9957496-9-6 et 0-9957496-9-8, OCLC 1125224106, lire en ligne), p. 212-215
  10. a b et c Frédéric Darriet et Jean-Marc Hougard, « Étude en laboratoire de la biologie et des capacités prédatrices de l'Hétéroptère aquatique Ranatra parvipes vicina (Signoret, 1880) à l'encontre des larves de moustiques », Revue d'hydrobiologie tropicale, vol. 26, no 4,‎ , p. 305-311 (lire en ligne [PDF])
  11. a b et c (en) T. K. Raghunatha Rao, « On the biology of Ranatra elongata (Fabr.) (Heteroptera: Nepidae) and Sphaerodema annulatum Fabr. (Heteroptera: Belostomatidae) », Proceedings of the Royal Entomological Society of London. Series A, General Entomology, vol. 37, nos 4-6,‎ , p. 61–64 (DOI 10.1111/j.1365-3032.1962.tb00288.x, lire en ligne [PDF], consulté le )
  12. (en) Menke, A. S. et Strange, L. A., « A new genus of Nepidae from Australia with notes on the higher classification of the family », Proceedings of the Royal Society of Queensland, vol. 75,‎ , p. 67-72 pl. VII
  13. (en) I. Lansbury, « A review of the Oriental species of Ranatra Fabricius (Hemiptera-Heteroptera: Nepidae) », Transactions of the Royal Entomological Society of London, vol. 124, no 3,‎ , p. 287–341 (DOI 10.1111/j.1365-2311.1972.tb00367.x, lire en ligne, consulté le )
  14. (en) I. Lansbury, « A review of the genus Cercotmetus Amyot & Serville, 1843 (Hemiptera-Heteroptera: Nepidae) », Tijdschrift voor entomologie, vol. 116,‎ , p. 83–106 (ISSN 0040-7496, lire en ligne, consulté le )
  15. (en) P. Chen, N. Nieser et J. Z. Ho, « Review of Chinese Ranatrinae (Hemiptera: Nepidae), with descriptions of four new species of Ranatra Fabricius », Tijdschrift voor Entomologie, vol. 147, no 1,‎ , p. 81–102 (ISSN 0040-7496 et 2211-9434, DOI 10.1163/22119434-900000142, lire en ligne, consulté le )
  16. BioLib, consulté le 5 février 2023