Comté de Tonnerre

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Le comté de Tonnerre est un ancien fief situé dans le nord de la Bourgogne, autour de la ville de Tonnerre. Les comtes de Tonnerre frappèrent monnaie du XIe siècle jusqu'en 1315[1].

Le comté avait la particularité de dépendre de trois suzerains : de l'évêque de Langres, pour les châtellenies de Tonnerre, d'Argenteuil, de Ligny le Châtel et les fiefs qui en dépendaient ; du duc de Bourgogne pour celles de Cruzy-le-Châtel, Griselles et Pothières et leurs fiefs, et de l'évêque de Châlon pour celle de Channes[2].

Il fut érigé en duché en 1572, en faveur d'Henri Antoine de Clermont, mais cette érection n'eut pas d'effet faute de l'enregistrement du brevet. Jusqu'en 1789, le comté de Tonnerre était le plus ancien de France[réf. nécessaire]. Il n'a jamais été réuni à la couronne, ni érigé en marquisat ou duché[3].

Évolution historique du comté de Tonnerre[modifier | modifier le code]

Le comté de Tonnerre existe au Xe siècle. Il occupe toute la frange occidentale du vaste évêché de Langres. Il est encadré à l'Ouest par le comté d'Auxerre, au Nord-Ouest par le comté de Sens (puis le comté de Joigny quand celui-ci sera érigé), au Nord par les comtés de Troyes et de Bar-sur-Aube. Il est admis qu'il a régenté le Barséquanais (Bar-sur-Seine) avant l'an Mil.

Le comte parvient à exister dans un contexte politique régional troublé. Depuis Autun, Richard le Justicier se fait reconnaître duc de Bourgogne par le roi carolingien. Il a mis la main sur Auxerre et Sens. Depuis Langres (?), son allié le comte Manasses régente les sources de la Seine et de la Meuse, le cours moyen de l'Yonne (notamment Auxerre où son frère Renard est nommé vicomte).

Le comte bat monnaie. Il fonde l'abbaye Saint-Michel sur la hauteur située au Sud-Ouest de la ville, en face de son château. La famille comtale porte le prénom de Milon[4].

A l'Ouest du comté, la situation se détériore très tôt. A Chablis, les moines de Saint-Martin de Tours établis à Chablis obtiennent d'être protégés par le comte de Troyes (futur comte de Champagne) dans le cadre d'un pariage. A Sud-Ouest, une famille puissante, basée à Noyers, et peut être issue d'un juge ("Judex") contrôle la vallée du Serein et ses rebords en toute autonomie (seigneurie longtemps tenue en alleu).

Au début du XIe siècle, la généalogie a été compliquée à souhait, faisant apparaître une incongruïté institutionnelle : un comté détenu par deux titulaires simultanés. Plus probablement, un comte de Tonnerre meurt et son épouse se remarie avec un autre comte qui va assumer les pouvoirs comtaux sur le Tonnerrois. Cette situation provoque l'émergence d'un vicomte, comme le droit des institutions le stipule dans le cas de cumuls d'honors comtaux. Le vicomte est un aristocrate basé à Rougemont.

La sortie de cette situation de remariage et de minorité des enfants fait apparaître des filles et des garçons. Le fils devient évêque de Langres. Il va organiser la dévolution du comté. Une sœur va épouser le comte de Nevers Guillaume ; l'autre va épouser le fils cadet du comte de Brienne. L'aînée reçoit le comté de Tonnerre. La cadette reçoit le comté de Bar-sur-Seine.

Le comte de Nevers Guillaume Ier hérite d'une situation délabrée. Son père est mort au combat contre son oncle maternel le duc de Bourgogne. Son comté d'Auxerre est très affaibli par l'émergence de grands lignages : famille de Donzy à Gien, Château-Renard ; famille de Toucy à Beaulches, Saint-Bris, Bazarnes ; famille de Seignelay contrôlant la confluence de trois cours d'eau : l'Armançon (Crécy et Cheny), du Serein et de l'Yonne (Bassou).

Un puis deux prévôts comtaux apparaissent en Tonnerrois, comme cela se pratique dans le comté d'Auxerre. Les titulaires semblent venir de Nevers. Des chevaliers émergent un peu partout (Argenteuil) : le comté est gagné par la petite féodalité.

Au début du XIIe siècle, le comté est confié au fils aîné du comte Guillaume, jouant ainsi le rôle "d'école d'administration" que les Capétiens confieront au Gâtinais puis au Dauphiné pour leurs fils aînés. Au cours du XIIe siècle, le comté de Tonnerre sert à asseoir les douaires de comtesses devenues veuves. Elles disposent de leur propre prévôt. La répétitivité de cette mesure permet une facile mise en place des douaires.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Anatole de Barthélémy, Nouveau manuel complet de numismatique du moyen âge et moderne.
  2. Cartulaire de l'abbaye de Molesme, ancien diocèse de Langres, 916-1250, 1907.
  3. Annuaire historique du département de l'Yonne. Recueil de documents authentiques, 1839.
  4. docteur Formageot. Histoire du comté de Tonnerre. Abbé Chaume

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Ambroise Challe, Histoire du comté de Tonnerre, Lorisse, Le Livre d'histoire, 2010 (réimpr. de l'éd. de 1875). (ISBN 978-2-7586-0446-4)