Charles Perron (cartographe)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Charles Perron
Mikhaïl Bakounine (assis) et Charles Perron à Bâle au congrès de l'Association internationale des travailleurs en 1869.
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 71 ans)
Nationalité
Activités
Autres informations
Membre de
Mouvement
Charles Perron au travail

Charles Perron, né le à Le Petit-Saconnex (faubourg de Genève) et mort le [1], est un cartographe anarchiste suisse, principal dessinateur des cartes de la Nouvelle Géographie universelle d’Élisée Reclus[2]. Il fut membre de l’Association internationale des travailleurs et de la Fédération jurassienne[3].

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils d’un peintre sur émail qui lui enseigne son art[4],[5], il reçoit ensuite une formation scolaire aux techniques de la peinture sur émail[5]. À vingt ans, il part en Russie se perfectionner, séjour qui dure cinq ans[4],[5].

À son retour en Suisse, il s’installe à Genève comme peintre sur émail, et complète son activité par de la retouche photographique. Il commence à fréquenter les réfugiés politiques russes[5], les militants socialistes et devient membre de la section locale de l’Association internationale des travailleurs (Première Internationale)[1]. Il participe au premier congrès de la Ligue internationale de la Paix et de la Liberté (septembre 1867)[1].

Il est ensuite délégué de la section genevoise au troisième congrès de l’Internationale à Bruxelles en 1868[4],[1]. Il est cofondateur et collaborateur du journal L'Égalité en 1869 ; il en est le premier directeur[1] et devient une des principales figures suisses de l’internationalisme anti-autoritaire (qui devient l’anarchisme au congrès de Saint-Imier en 1872)[5].

En juin 1871, il réussit à faire passer plusieurs passeports suisses à des communards menacés par la justice française, dont André Léo[1], dont il avait publié les écrits dans L’Égalité[4]. Il participe à la commémoration de la Commune en 1877, qui finit en bagarre avec la police[1].

C’est en 1872 qu’il commence à dessiner des cartes[1]. Il collabore longuement avec Élisée Reclus, d’abord à la rédaction du Travailleur[1], où ils propagent leurs idées sur la pédagogie libertaire (thème qu’il avait déjà développé avec De l’obligation en matière d'instruction)[5]. Puis il dessine la plupart des cartes de la NGU (3000 des 6000 cartes des 19 volumes du monument)[5], mais aussi celles qui illustrent les autres publications de Reclus (articles, livres)[6],[1]. Principal collaborateur du géographe, il est avec lui à l’origine de production de cartes statistiques, thématiques, et géopolitiques[7],[5], qui sont une innovation fondamentale de la cartographie. C’est pour ces cartes qu’il invente une règle à dessiner les grisés[5].

Charles Perron ne peut mener à terme le projet conçu avec Reclus d’un globe terrestre à l’échelle au 1:100000e (soit 127 m de diamètre) pour l’Exposition universelle de 1900. Il invente néanmoins un pantographe pour réaliser les reliefs, et le seul fragment réalisé, celui de la Suisse, remporte une médaille d’or[5].

Lorsque E. Reclus retourne à Paris en 1890, il confie sa "mappothèque" (collection de cartes) à Charles Perron, puis en fait don en 1893 à la Ville de Genève. En 1904, C. Perron devient conservateur de ce dépôt cartographique, puis, en 1907, fonde le musée cartographique, soit 2 ans après la mort de Reclus[8]. Ce musée qu’il destine à une pédagogie populaire de la géographie était situé dans les bâtiments de la Bibliothèque de Genève. Il ferme définitivement en 1929[5].

Publications[modifier | modifier le code]

  • De l’obligation en matière d’instruction, Imprimerie Vaney, Genève, 1868.
  • « Exposition de quelques reliefs cartographiques nouveaux et explications à ce sujet », Le Globe, 33, 1894, p. 127.
  • Catalogue descriptif du Musée cartographique, Genève, Imprimerie Romet, 1907, p. 5.
  • Une étude cartographique : les Mappemondes, Paris, La Revue des Idées, 1907
  • De la réfection en fac-similé des anciens monuments de la Géographie et de son utilité pour la création de Musées cartographiques, dans Neuvième Congrès International de Géographie; Compte Rendue des Travaux du Congrès; Tome Deuxième, Genève, Société Générale d'Imprimerie, 1910, p. 20.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Peter Jud, Elisée Reclus und Charles Perron, Schöpfer der « Nouvelle Géographie Universelle », Zürich, 1987
  • Peter Jud, « Charles Perron », Itinéraire, 14-15, 1998, p. 69.
  • Federico Ferretti, Il mondo senza la mappa : Elisée Reclus e i geografi anarchici, Zero in Condotta, Milano, 2007
  • Federico Ferretti, « Charles Perron, le cartographe de la « juste représentation » du monde », Visions Cartographiques – Le Monde Diplomatique, 2/5/2010, lire en ligne.
  • Alexandre Chollier, Les dimensions du monde. Élisée Reclus ou l'intuition cartographique, Genève, Bibliothèque de Genève, Editions des Cendres, , 118 p. (ISBN 9782867422577)

Notices[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Il existe une catégorie consacrée à ce sujet : Anarchisme en Suisse.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i et j L'Éphéméride anarchiste : notice 6 décembre », dernière modification le 7 octobre 2010, consulté le 10 octobre 2010
  2. Federico Ferretti, Charles Perron, cartographe de la « juste » représentation du monde, Blog du Monde diplomatique, 5 février 2010
  3. Dictionnaire des anarchistes, « Le Maitron » : notice biographique.
  4. a b c et d Contacts de André Léo avec le journal l’Égalité (Michel Bakounine et Charles Perron), publié le 29 juillet 2008, consulté le 10 octobre 2010
  5. a b c d e f g h i j et k Federico Ferretti, « Charles Perron, cartographe de la « juste » représentation du monde », Le Monde diplomatique, publié le 5 février 2010, consulté le 10 octobre 2010 ; également disponible sur Jura libertaire
  6. Béatrice Collignon, « Le monde sans la carte », Le Monde diplomatique, publié le 13 novembre 2007, consulté le 10 octobre 2010
  7. Federico Ferretti, « Élisée Reclus, le géographe qui n’aimait pas les cartes », Le Monde diplomatique, publié le 13 novembre 2007, consulté le 10 octobre 2010
  8. Flávio Borda D’Água, Nicolas Schaetti (éd.), « Représenter le monde, d’après Perron et Reclus : le musée cartographique de Genève (1907-1929) », sur Bibliothèque de Genève Le Blog, (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]