Bünzli
Le terme bünzli (nom ou épithète, parfois abrégé en « bünz ») désigne familièrement, en Suisse, un petit-bourgeois conformiste, mesquin et un peu stupide (parfois aussi avare, couard, délateur ou xénophobe) ; il s'agit d'un helvétisme récent, passé en français à partir d'une expression commune en Suisse alémanique.
Utilisation
[modifier | modifier le code]Cinéma et théâtre
[modifier | modifier le code]La figure du bünzli se rencontre fréquemment dans le cinéma (par exemple les fonctionnaires de la procédure de naturalisation dans le film Les Faiseurs de Suisses) ou la littérature suisse, ainsi que dans le théâtre satirique. Elle correspond à certains stéréotypes liés à la Suisse, spécialement à la Suisse alémanique, et n'a pas, littéralement, son équivalent dans d'autres sociétés.
Le premier film sonore suisse, de Robert Wohlmuth, tourné en Suisse alémanique et à Vienne en 1930, est intitulé Bünzli fait du cinéma (Bünzli’s Grossstadterlebnisse, littéralement Les Aventures de Bünzli dans la grande ville ; sous-titre –Wien, die Stadt seiner Träume, Vienne, la ville de ses rêves).
Politique et polémique
[modifier | modifier le code]L'électeur de l'UDC (parti populiste conservateur avec Christoph Blocher comme figure emblématique) est fréquemment portraituré comme « Bünzli ». De manière parodique, des partis de gauche présentent lors de manifestations le « Bünzli Blok » (sur le modèle du Vlaams Blok belge), mimant une Suisse barricadée derrière une clôture décorée de géraniums[1].
Dans un contexte polémique, en Suisse, on parle de « Bünzli-Politik » (en référence à Realpolitik) à propos d'une politique mesquine, à court terme, sans vision[2].
Étymologie
[modifier | modifier le code]Le terme, qui est à l'origine un nom de famille suisse allemand (resp. zurichois) toujours existant, tire son origine peut-être de Bunzo, un prénom vieil haut allemand, ou du mot moyen haut allemand bin(e)z, que signifie jonc, ou du mot moyen haut allemand punze, que signifie petit baril à vin jaugé. C'est probablement la consonance du mot (avec l'abréviation « -li ») qui est à l'origine de son sens péjoratif retenu en français régional romand, et non une figure historique ou littéraire précise.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]- Christoph Landolt: Bünzli, dans: Wortgeschichten, publié online par la rédaction du Schweizerisches Idiotikon, article du .
Références
[modifier | modifier le code]- Le Courrier du 20 juin 2005
- Le Temps du 17 septembre 2007