Ateyyat Al-Abnoudy

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Ateyyat Al-Abnoudy
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Biographie
Naissance
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El Senbellawein (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 79 ans)
GizehVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
عطيات الأبنوديVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
عطيات عوض محمود خليلVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Université du Caire (licence) (jusqu'en )
Cairo Higher Institute of Cinema (en) (jusqu'en )
Université du Caire
Cairo Higher Institute of Cinema (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Conjoint

Ateyyat El Abnoudy (en arabe : عطيات الأبنودي ; de son nom complet Ateyyat Awad Mahmoud Khalil, عطيات عوض محمود خليل), née le 26 novembre 1939 à El Senbellawein et morte le 5 octobre 2018 à Gizeh, est une journaliste, militante, productrice et réalisatrice égyptienne.

Biographie[modifier | modifier le code]

Ateyyat El Abnoudy est née la sixième d'une fratrie de sept enfants au sein d'une famille de marchands au delta du Nil[1].

Pendant ses études de droit à l'Université du Caire dont elle obtient sa licence en 1963, Ateyyat El Abnoudy porte un intérêt particulier aux films qu'elle visionne gratuitement grâce aux centres culturels européens de la capitale. Cela l'amène à s'inscrire dans la première promotion d'étudiants acceptés en 1968 au nouvel Institut Supérieur du Cinéma du Caire (inauguré en 1957 et affilié au ministère de la culture).

Carrière et activisme politique[modifier | modifier le code]

Ateyyat El Abnoudy, également appelée « la mère du documentaire égyptien », commence sa carrière de réalisatrice en tant qu'étudiante au début des années 1970.

Son travail de fin d'études porte sur la réalisation de The Sad Song of Touba en 1972, date d'obtention de son diplôme. En 1976, elle obtient une bourse de la National Film and Television School en Grande-Bretagne, et est encadrée par de nombreux réalisateurs dont Georges Lampin[2].

Reconnue comme l'une des pionnières dans le milieu du film documentaire égyptien, notamment par les formats non conventionnels qu'elle exploite dans le cinéma égyptien, elle est également appelée « la cinéaste des pauvres » en raison des sujets qu'elle expose dans ses œuvres, inspirant de futures réalisatrices arabes.

De retour de Grande-Bretagne, la cinéaste met en avant la notion de « cinéma libéré ». Les méthodes d'El Abnoudy s'appuient sur les méthodes du cinéma direct. Encore étranger au film documentaire, le cinéma direct est limité en raison de la censure de l’État et du manque d'intérêt du public concernant les documentaires, rendant difficile les ambitions de la cinéaste[3].

Ateyyat El Abnoudy inscrit ses œuvres dans le réalisme poétique[4] : la cinéaste présente des personnes marginalisées dans des environnements populaires comme les quartiers informels, personnes marquées par un fatalisme ou une résilience qui leur est propre. Son intérêt pour les populations défavorisées l'amène à utiliser sa formation en droit pour les commentaires sociaux qu'elle expose dans ses films.

En 1978, une loi de censure très stricte est promulguée en Égypte, et présente un obstacle à la diffusion des films réalistes. Alors que la loi de 1947 s'inspirant du Code Hays réglementant la censure est abrogée, la loi de 1976 met en place une censure stricte et interdit des écrans des problématiques sociales et économiques telles que la pauvreté et la remise en question des valeurs patriarcales. Cette loi interdit également la manifestation d'idéologies politiques jugées déviantes, ainsi que la revendication des droits sociaux comprenant les droits des femmes. Ainsi, seuls les cinéastes financés par des fonds privés ou étrangers contournent l'image nationale exigée[5].

En tant que seule documentariste politique femme et indépendante en Égypte, El Abnoudy a déclaré dans Days of Documentary que « la forme documentaire est l'une des manières les plus exemplaires d'écrire l'histoire car elle contient cette combinaison vitale de sons, d'images, de couleurs et de témoignages de personnes  »[6]. Avec sa volonté de réinscrire les femmes et les pauvres dans l'histoire égyptienne, elle souligne que la réalité de l'Égypte doit inclure le subalterne. La cinéaste égyptienne affirme son choix concernant la représentation des femmes et leur quotidien difficile : les  femmes représentées révèlent des visages expressifs (angoissés, tristes, en colère) qui accompagnent le désespoir de leur situation. Ses films démontrent une préoccupation concernant les problèmes sociaux rencontrés par les femmes, notamment l'analphabétisme, le statut personnel des femmes ou leur situation socio-économique. En effet, malgré le développement des infrastructures scolaires au cours des XIXe et XXe siècles, le pourcentage des filles scolarisées augmente lentement, complexifiant la question de l'alphabétisme chez les femmes[7]. Nader Fergany (en), sociologue égyptien, révèle dans un article que la moitié de la population est constituée d'analphabètes dans les années 1980. Aujourd'hui, le taux d'alphabétisation est de 67,3% pour les femmes d'après The World Factbook, publication officielle de la CIA.

Ateyyat El Abnoudy est membre de plusieurs comités dont le Comité du Cinéma du Conseil suprême de la culture depuis 1992, et le Comité de la culture et de l'information du conseil national des femmes (ar) en 2009.

Vie privée[modifier | modifier le code]

Ateyyat El Abnoudy est l'épouse d'Abdel Rahmane al-Abnoudi, célèbre poète égyptien. Le couple a adopté leur unique enfant, Asma El Taher, alors âgée de cinq ans. Le couple divorce après 12 ans de vie commune. La cinéaste poursuit sa vie en tant que mère célibataire. Aujourd'hui, Asma El Taher est professeure à l'université de Helwan et enseigne la critique théâtrale[8].

Ateyyat El Abnoudy décède le vendredi 5 octobre 2018 à l'âge de 79 ans en raison de problèmes de santé. Ses funérailles ont eu lieu à la mosquée Mustafa Mahmoud de Gizeh[9].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Ateyyat El Abnoudy remporte plus d'une trentaine de prix régionaux et internationaux, notamment :

Trois prix internationaux en 1971 au Festival international du film de Mannheim-Heidelberg  et au Festival international du film de Damas

  • Prix de la critique française au Festival de Grenoble en 1972
  • le Prix de la meilleure co-production au Festival du film de Valence pour le film documentaire Rythm of Life en 1990
  • le prix de l'Association égyptienne des critiques de cinéma pour le film documentaire Elly Sold and Buyed en 1992.

Elle honore par ailleurs de nombreux festivals dont le Festival national du film du ministère de la Culture en 1998, et le Festival du film africain à New York aux États-Unis.

Filmographie[modifier | modifier le code]

Elle a réalisé et produit plus de 25 films documentaires

Films
Année Titre Réalisatrice Productrice
1971 Cheval de boue oui oui
1972 La triste chanson de Tuha oui oui
1973 Jumble Sale oui oui
1974 Two Festivals in Grenoble oui oui
1975 Sandwich oui oui
1976 London Views oui oui
1979 To Move into Depth oui oui
1981 Les mers de la soif oui oui
1983 Permissible Dreams oui non
1985 Rolla Tree oui non
1988 Le rythme de la vie oui non
1989 Year of Maya oui non
1990 Interview in Room No. 8 oui oui
1992 Vendeurs et acheteurs oui non
1993 Diary in Exile oui oui
1994 Des femmes responsables oui oui
1995 Rawya oui oui
1995 Girls Still Dream oui oui
1996 Les journées de la démocratie oui oui
1996 Egyptian Heroines oui non
2000 Le Caire 1000, Le Caire 2000 oui non
2002 The Nubia Train oui oui
2004 Ethiopia through Egyptian Eyes oui oui

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Hillauer Rebecca, « Encyclopedia of Arab Women Filmakers »,
  2. (ar) جريدة الجريدة الكويتية, « المخرجة عطيات الأبنودي: تمنّيت أن أكون راقصة فأصبحت مخرجة », sur جريدة الجريدة الكويتية,‎ (consulté le )
  3. Shafik Viola, Documentary Filmmaking in the Middle East and North Africa, Egypte, American University in Cairo Press, , p. 177
  4. (en-US) Kevin Thomas, « Filmmaker Puts a Face on Poverty in Egypt : Movies: Atteyat El Abnoudi uses 'poetic realism' in her films, which gracefully challenge the status quo. 'The camera is always on the same level as the people. I love their faces, I love them.' What can I do?' », sur Los Angeles Times, (consulté le )
  5. Dina Galal, « Le cinéma grand public égyptien entre censure et guichet », Égypte/Monde arabe, no 3,‎ , p. 105–124 (ISSN 1110-5097, DOI 10.4000/ema.797, lire en ligne, consulté le )
  6. (en) Stefanie Van de Peer, « 1 Ateyyat El Abnoudy: Poetic Realism in Egyptian Documentaries », dans 1 Ateyyat El Abnoudy: Poetic Realism in Egyptian Documentaries, Edinburgh University Press, (ISBN 978-0-7486-9607-9, DOI 10.1515/9780748696079-004/html, lire en ligne), p. 28–54
  7. Nader Fergany, « L'éducation féminine en Égypte », Égypte/Monde arabe, nos 18-19,‎ , p. 101–113 (ISSN 1110-5097, DOI 10.4000/ema.85, lire en ligne, consulté le )
  8. (ar) « أسماء يحيي الطاهر عبد الله: كبرتُ على سيرة أبي وحنان أمِّي عطيات الأبنودي », sur بوابة الأهرام (consulté le )
  9. (ar) ضحى محمد, « صلاة الجنازة على عطيات الأبنودي غدا بمسجد مصطفى محمود », sur الوطن,‎ (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]