Alessandro Striggio (v. 1540-1592)

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Alessandro Striggio
Titre de noblesse
Margrave
Biographie
Naissance
Décès
Activités

Le marquis Alessandro Striggio (I) (né en 1537 ou 1538 à Mantoue et mort le dans cette même ville[1]) est un instrumentiste et compositeur italien de la Renaissance.

Biographie[modifier | modifier le code]

La page de titre de ses publications le mentionne comme gentilhuomo mantovano, un gentilhomme de Mantoue ; il semble qu'il ait été le fils naturel d'un noble de Mantoue qui l'aurait désigné légataire universel en 1547, lui assurant fortune et titre[2]. Striggio jouit en effet d’un rang social assez élevé pour que Cosme Ier de Toscane, duc de Florence, l’envoie comme émissaire à la cour d’Angleterre en 1567. Plus tard, il fut fait marquis et, à sa mort, il était grand chancelier de la cour des Gonzague à Mantoue[3].

Entre environ 1559 et 1584, Striggio fut le principal compositeur à la cour des Médicis à Florence. Striggio fut un violiste réputé dont le jeu fut décrit par Bartoli : « il joue à quatre voix à la fois avec un son d’une telle élégance et d’une telle plénitude qu’il épate les auditeurs »[4].

Son congé obtenu, Alessandro Striggio put effectuer en 1567 ses voyages vers quelques capitales, telles Vienne, Munich, Paris. Notamment, avec enthousiasme, il fut accueilli à Paris par la cour de Charles IX duquel la mère était Catherine de Medicis[5]. Après l'exécution de son œuvre (sans doute Missa sopra Ecco dont une copie se trouve à la bibliothèque nationale de France[6]), le roi proposa une fonction officielle à la cour au compositeur, qu'il refusa en faveur de son patron florentin[7].

Mais il doit surtout sa réputation à ses sept livres de madrigaux dont la popularité s’étendit à l’étranger[8]. L’écriture de Striggio, qui se distingue par un contrepoint élaboré et riche en modulations tout en faisant un usage restreint du chromatisme[9], témoigne d’un souci constant de la traduction expressive des paroles et d’une diversité rythmique très originale[10]

Alessandro Striggio est le père du poète portant le même nom (vers 1573-1630), qui fut l'un des premiers librettistes d'opéra.

Motet et messe pour quarante voix[modifier | modifier le code]

Une de ses œuvres les plus importantes, un des accomplissements les plus remarquables de la musique polyphonique de la Renaissance, est son motet Ecce beatam lucem (Voici la bienheureuse lumière) pour 40 voix indépendantes, qui aurait été exécuté à Munich en 1568[11].

D'ailleurs, des documents conservés dans les archives indiquent que sa messe à 40 voix étaient exécutée lors de son voyage effectué en 1567 (par exemple, en mai à Paris, en juin à Londres)[12]. D'où, depuis les années 1980, la partition était cherchée par quelques musicologues, notamment ceux qui considéraient que cette messe aurait inspiré Thomas Tallis qui sortirait le motet Spem in alium à 40 voix dans la même époque[13]. Cette messe aussi demeure très importante, car il s'agissait d'une composition destinée à la fête solennelle de Florence, celle du patron de ville, saint Jean-Baptiste (célébrée le 24 juin)[14].

Une œuvre encore plus ample avait longtemps été considérée comme perdue, Elle fut récemment redécouverte par le contre-ténor Dominique Visse[15] et/ou par le musicologue Davitt Moroney[16] à la Bibliothèque nationale de France. Il s'agit d'une messe parodie[17], intitulée Missa sopra Ecco sì beato giorno (en) (« Messe sur Ecco sì beato giorno », c'est-à-dire : Messe sur Voici un jour si beau), écrite pour quarante voix (et même 60 dans l'Agnus Dei final). Elle reçut sa première interprétation moderne en 2007, et un enregistrement (par le groupe britannique I Fagiolini) en a été publié en . Parallèlement à ceci un autre ensemble, français, le Concert spirituel dirigé par Hervé Niquet a aussi travaillé sur cette œuvre pendant trois ans. Ce qui les a conduit[15], d'une part, à la réalisation d'un DVD avec enregistrement du concert donné à la Cité de l'architecture et du patrimoine au Palais de Chaillot en , complété par un documentaire de Laurent Portes qui retrace la genèse du projet[18] ; d'autre part, à un CD enregistré à l'église Notre Dame du Liban à Paris et paru en (à l'occasion du 25e anniversaire de l'ensemble Le Concert spirituel).


Œuvres[modifier | modifier le code]

Cette liste est établie d'après l'ouvrage de Iain Fenlon (en)[19] :

  • Il primo libro de madrigali (à 5 voix, 1558, 2/1560) ;
  • Il primo libro de madrigali (à 6 voix, 1560) ;
  • Il cicalamento delle donne… (de 4 à 7 voix, 1567) ;
  • Il cicalamento delle donne… (à 5 voix, 1569) ;
  • Il secondo libro de madrigali (à 5 voix, 1570) ;
  • Il secondo libro de madrigali (à 6 voix, 1571) ;
  • Il terzo libro de madrigali (à 5 voix, 1596) ;
  • Il quarto libro de madrigali (à 5 voix, 1596) ;
  • Il quinto libro de madrigali (à 5 voix, 1597) ;
  • Missa in dominicis diebus (à 5 voix, manuscrit du conservatoire Giuseppe Verdi à Milan) ;
  • Ecce beatam lucem (motet à 40 voix, manuscrit de la Ratsschulbibliothek à Zwickau) ;
  • Missa sopra Ecco sì beato giorno (messe parodie à 40 voix dont Agnus Dei à 60 voix, manuscrit de la bibliothèque nationale de France Rés.Vmd.52[12]).

Discographie[modifier | modifier le code]

Bibliographie sélective[modifier | modifier le code]

  • (en) R. Tadlock, Alessandro Striggio, Madrigalist, Journal of the American Musicological Society, XI, 1958, 29.
  • (en) R. Tadlock, The early Madrigals of Alessandro Striggio, thèse de doctorat, Université de Rochester, 1958.
  • (en) Iain Fenlon (en), The New Grove Dictionary of Music and Musicians, ed. St. Sadie, 1991, vol. 18, p. 271

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Notice Bnf [1]
  2. David Butchart, The Letters of Alessandro Striggio - An Edition with Translations and Commentary, Royal Musical Association Research Chronicle, no 23, 1990.
  3. Iain Fenlon, The New Grove Dictionary of Music and Musicians, ed. St. Sadie, 1991, vol. 18, p. 271.
  4. cité par Iain Fenlon, op. cit., ibid.
  5. Simon Trezise (éd.), The Cambridge Companion to French Music, p. 338, Cambridge University Press 2015 (en)[2]
  6. Kate Van Orden, Materialities : Books, Readers, and the Chanson in Sixteenth-century Europe, p. 42 Oxford University Press 2015 (en)[3]
  7. Jeanice Brooks, O quelle armonye : dialogue singing in late Renaissance France, (Iain Fenlon (éd.), Early Music History, tome 22), p. 19, note n° 38, Cambridge University Press (en)[4]
  8. Dictionnaire de la musique italienne, ss la dir. de M. Vignal, Larousse, 1988, p. 166.
  9. Dictionnaire de la musique italienne, op. cit., ibid.
  10. Dictionnaire de la musique, Les Hommes et leurs œuvres, ss la dir. de M. Honegger, Bordas, 1993, vol. 2, p. 1222.
  11. (en) Iain Fenlon, Grove online
  12. a et b University of California Press, Alessandro Striggio's Mass in Forty and Sixty Parts, 2007 (en)[5] (extrait)
  13. Suzanne Cole, Thomas TAllis and His Music in Victorian England, p. 98, note n° 4, 2008 (en)[6]
  14. a et b Glossa, Alessandro Striggio, Mass for 40 and 60 voices, 2012 [7]
  15. a et b [8]
  16. Découverte d'une messe fantôme à quarante voix
  17. La désignation « messe parodie » est très éloignée de toute idée de caricature. Elle désigne seulement une technique de composition musicale, propre à cette époque. Il s'agissait de développer une pièce musicale préexistante.
  18. Les aventuriers de la messe perdue (en ligne sur vodeus.tv) Documentaire de 50 min sur la Missa sopra Ecco sì beato giorno, du manuscrit retrouvé à la représentation de cette messe en , pour les 25 ans du Concert spirituel, dirigé par Hervé Niquet.
  19. Iain Fenlon, op. cit., p. 272-273.
  20. Classical Net, Mass in 40 parts, 2011 (en)[9]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]