Réseau du NPL
Le réseau du NPL est l'un des premiers réseaux informatiques au monde, opérationnel entre 1969 et 1986. Il est l'œuvre d'une équipe du Laboratoire national de physique (National Physical Laboratory, NPL) de Londres. Il est l'un des premiers à utiliser la transmission par datagramme (commutation de paquet), des routeurs, et des liaisons à haut débit. Techniquement, le réseau du NPL est l'égal du réseau Arpanet, mais il ne connait pas le même développement.
Origine
En 1965, Donald Davies, futur directeur des services informatiques du NPL, propose la création d'un réseau de données national et commercial qui utiliserait la transmission par datagramme (Proposal for the Development of a National Communications Service for On-line Data Processing). En 1966, devant l'absence de réponse, Donald Davies conçoit un réseau local pour répondre aux besoins du seul NPL et pour prouver la faisabilité de la transmission par datagramme[1]. Il est le premier à décrire la nécessité d'un « ordinateur interface », le routeur[2].
Le réseau du NPL est décrit comme un ensemble de d'ordinateurs-interface (nœuds) qui transmettent des signaux (paquets) avant de les retransmettre aux utilisateurs sur des ordinateurs à temps partagé. Les routeurs transmettent des signaux multiplexés, et les nœuds commutent les transmissions tout en étant connectés à des circuits électriques fonctionnant à un débit élevé de l'ordre du mégabit[3],[4],[5],[6],[7],[8],[9] Dans un document présenté au Symposium on Operating Systems Principles, l'un des membres de l'équipe, Roger Scantlebury, note : « Les idées contenues dans la conférence du NPL d'aujourd'hui sont plus avancées que toutes celles proposées aux États-Unis »[10],[11],[12],[13],[14]
Le directeur des services informatique de l'Arpa,Larry Roberts, intègre les concepts de routeur et de datagramme dans la conception de l'Arpanet[15],[16] Comme le réseau du NPL fonctionne à la vitesse de 768 kbit/s, la vitesse prévue pour l'Arpanet passe de 2,4 kbit/s à 50 kbit/s et le format de paquet similaire est adopté[17],[18]
Transmission par datagramme
Si Paul Baran est le premier à avoir théorisé les datagrammes en 1964, il revient à Davies d'avoir opérationnalisé le concept dès 1965. Il revient à Davies également d'avoir utilisé le terme de "packet"[19] (datagramme en français), qu'il choisit avec l'aide d'un linguiste du NPL dans le but d'être traduit dans toutes les langues sans difficulté[20].
Davies fait la première présentation publique de la transmission par datagramme le 5 août 1968[21].
Développement de réseau
L'équipe du NPL choisit un Honeywell 516 pour servir de routeur. Par coïncidence, l'Arpa choisit le même ordinateur pour ses routeurs, les Interface Message Processors (IMP).
La construction commence en 1968[22]. La première version du réseau, le Mark I NPL Network, est opérationnelle dès 1969. Des liaisons T1 à haut débit (1,544 Mbit/s) sont mises en service dès 1970, bien avant les autres réseaux[23],[24],[20] Le réseau s'améliore en 1973 et est renommé Mark II NPL Network[3],[4],[25]
Le réseau NPL est connecté avec d'autres réseaux, en particulier Arpanet en 1973 grâce aux travaux du groupe de recherche de Peter Kirstein de l'University College de Londres. Il est également connecté en 1976 au réseau français Cyclades grâce au Réseau informatique européen (European Informatics Network)[3].
En 1976, 12 ordinateurs et 75 terminaux sont interconnectés[26]. Le réseau fonctionne jusqu'en 1986. Son succès influence les recherches au Royaume-Uni et en Europe[27],[28]
Développement de normes
Le terme protocole se traduit par norme en français. En anglais, le terme est très tôt utilisé pour décrire la norme de communication qui utilise la transmission par datagramme, ainsi que le mémorandum intitulé A Protocol for Use in the NPL Data Communications Network écrit par Roger Scantlebury et Keith Bartlett le montre dès avril 1967[29],[23] Le réseau dans sa version Mark II utilise à partir de 1973 une norme de communication par couche.
Le réseau du NPL sert de banc d'essai pour l'interconnexion de réseaux. Davies, Scantlebury et Barber sont membres du Groupe de travail international sur les réseaux (International Networking Working Group, INWG) qui propose une norme pour l'interconnexion des réseaux[30],[31],[32] Derek Barber est nommé directeur du projet européen COST 11, le futur Réseau informatique européen (European Informatics Network). Scantlebury en supervise le déploiement technique depuis le Royaume-Uni[33],[34],[35] Le Réseau informatique européen contribue à l'adoption de la norme proposée par l' INWG[36],[37] Bob Kahn et Vint Cerf reconnaissent leur dette à l'égard de Davies et Scantlebury en les citant dans leur article de 1974 « A Protocol for Packet Network Intercommunication »[38].
Les recherches du NPL mettent en avant un "dilemme fondamental" lié à l'interconnexion des réseaux: toute norme appliquée aux ordinateurs finaux nécessite une restructuration des réseaux existants s'ils ne sont pas conçus sur une norme commune. Pour preuve, le réseau du NPL avait été interconnecté au Réseau informatique européen en traduisant les normes de communications elles-mêmes, ainsi qu'au Service expérimental de transmission par datagramme de la Poste britannique (Post Office Experimental Packet Switched Service), en utilisant une norme commune aux deux réseaux. L'établissement d'une norme commune était évidemment plus fiable et plus efficace[39].
Pour tenter d'harmoniser les normes d'interconnection des réseaux, Davies et Barber publient en 1973 « Communication networks for computers » et en 1979 "Computer networks and their protocols"[40]. Au Symposium sur les communications de données en 1975, Barber se désole que « le manque de normes d'interfaçage des réseaux de communication émergents à datagramme crée une “sorte de monstre” pour les utilisateurs »[41]. La communauté de l'ingénierie des réseaux est fracturée par la concurrence des normes, dans ce qu'on a appelé communément la Guerre des normes (Protocol War[42].
L'équipe informatique du NPL comprend Donald Davies, Derek Barber, Roger Scantlebury, Peter Wilkinson, Keith Bartlett et Brian Aldous[43]. Donald Davies poursuit ses recherches au NPL dans la sécurité des données pour les réseaux informatiques[44].
Mémoire
En 2009, le NPL finance l'ouverture d'une salle sur le développement de la transmission par datagramme et sur les technologies de l'Internet au Musée national de l'informatique dans le Parc Bletchley[45].
Voir aussi
Références
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« they lacked one vital ingredient. Since none of them had heard of Paul Baran they had no serious idea of how to make the system work. And it took an English outfit to tell them. »
- Barber, « The Origins of Packet Switching », The Bulletin of the Computer Conservation Society, no 5, (ISSN 0958-7403, lire en ligne, consulté le ) :
« Roger actually convinced Larry that what he was talking about was all wrong and that the way that NPL were proposing to do it was right. I've got some notes that say that first Larry was sceptical but several of the others there sided with Roger and eventually Larry was overwhelmed by the numbers. »
- Janet Abbate, Inventing the Internet, MIT Press, (ISBN 0262261332, lire en ligne), p. 37 :
« Although he was aware of the concept of packet switching, Roberts was not sure how to implement it in a large network. »
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The Internet was born of a big idea: Messages could be chopped into chunks, sent through a network in a series of transmissions, then reassembled by destination computers quickly and efficiently. Historians credit seminal insights to Welsh scientist Donald W. Davies and American engineer Paul Baran. ... The most important institutional force ... was the Pentagon’s Advanced Research Projects Agency (ARPA) ... as ARPA began work on a groundbreaking computer network, the agency recruited scientists affiliated with the nation’s top universities.
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Voir aussi
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— « (ibid.) », dans Proceedings of the 2nd ICCC 74, p. 223–228
Liens externes
- « The birth of the Internet in the UK », documentaire avec Roger Scantlebury, Peter Wilkinson, Peter Kirstein et Vint Cerf, 2013
- « NPL Data Communications Network », documentaire du NPL, années 1970
- « The Story of Packet Switching », documentaire avec Roger Scantlebury, Peter Wilkinson, Keith Bartlett et Brian Aldous, 2011
- « How the Brits invented packet switching and made the internet possible », Computing Weekly, 2010
- « Government loses way in computer networks », New Scientist, 1975