Ala Gertner
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Alla, Alina, Ela, Ella |
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Ala Gertner (, Będzin, Pologne – , Auschwitz), prénommée selon les sources Alla, Alina, Ella, et Ela, est l'une des quatre femmes pendues à Auschwitz pour le rôle qu'elles ont joué dans la révolte du Sonderkommando le .
Biographie
Début de sa vie
Ala Gertner est née à Będzin ; elle est un des trois enfants d'une famille juive prospère. Avant l'invasion allemande de la Pologne, elle a peut-être fréquenté le gymnasium de Będzin.
A Geppersdorf
Le , elle doit se présenter à la gare de Sosnowiec ; elle est incorporée dans un camp nazi de travail forcé, à Geppersdorf (actuellement Rzędziwojowice), un chantier de construction où des centaines d'hommes juifs sont contraints de travailler sur le Reichsautobahn (en) (actuellement l'autoroute E22), les femmes quant à elles travaillant à la cuisine et la laverie. Ala Gertner, qui parle couramment l'allemand, est affectée au bureau du camp, où elle a pour collègue et ami Bernhard Holtz qu'elle épousera plus tard.
Geppersdorf faisait partie de l'organisation Schmelt, un réseau de 177 camps de travail sous l'administration d'Albrecht Schmelt (de), un vétéran de la Première Guerre mondiale qui a rejoint les nazis en 1930 et est parvenu rapidement au poste de SS Oberführer. Schmelt a été choisi par Heinrich Himmler pour être le « Représentant spécial du Reichsführer SS pour l'emploi des travailleurs étrangers en Haute-Silésie », en raison de sa familiarité avec les conditions politiques et sociales locales dans la région annexée de la Pologne occidentale. Après sa nomination officielle en , Schmelt établit son quartier général à Sosnowiec et crée un système de camp de travail qui sera connu sous le nom d'« Organisation Schmelt ».
Schmelt met en place un commerce d'esclaves très lucratif. Plus de 50 000 Juifs de Pologne occidentale sont contraints de travailler pour des entreprises allemandes, principalement dans la construction, les usines de munitions, et la fabrication de textiles. Les entreprises rémunèrent Schmelt, qui partage une partie de l'argent avec Moïse Merin, le gouverneur juif de la région. Quasiment rien ne revient aux travailleurs juifs. Dans ces camps, les conditions varient, mais sont plus favorables que dans les grands camps de concentration : par exemple, le courrier et les colis peuvent être reçus dans certains des camps Schmelt jusqu'en 1943, lorsque les camps de travail Schmelt deviennent des annexes d'Auschwitz et de Gross-Rosen. (Le camp de Oskar Schindler était à l'origine sous Organisation Schmelt.)
En 1941, Ala Gertner est autorisée à rentrer chez elle. Elle est employée dans divers ateliers locaux et bureaux gérés par Moïse Merin. Elle se marie le avec Bernhard Holtz dans le ghetto de Środula (au nord du district de Sosnowiec). Ils vivent à Będzin, dans le ghetto de Kamionka, probablement jusque peu après le (date de la dernière lettre connue d'Ala Gertner) et sont probablement déportés à Auschwitz avec ce qui reste de la communauté juive de Sosnowiec et de Będzin au début du mois d'.
À Auschwitz
À Auschwitz, Gertner travaille d'abord dans les entrepôts à trier les biens des juifs qui ont été gazés. Elle se lie d'amitié avec Roza Robota qui est intégrée dans la résistance clandestine. Ala Gertner est ensuite affectée au bureau de l'usine de munitions, où elle et Roza participent à faire passer de la poudre au Sonderkommando qui l'utilise à la fabrication d'engins explosifs ; le Sonderkommando a par ailleurs planifié une évasion. Ala Gertner recrute d'autres femmes qui se joignent à la conspiration, et transmet la poudre volé à Roza.
Le , le Sonderkommando fait exploser le crématoire IV, mais la révolte est rapidement réprimée par les gardes SS. Une longue enquête conduit les nazis vers Ala Gertner et Roza Robota, puis à Estusia Wajcblum et Regina Safirsztajn, qui sont également impliquées dans la conspiration. Elles sont interrogées et torturées pendant des semaines ; Ala Gertner ne dénonce aucun de ses complices[1]. Le , les quatre femmes sont pendues en public à Auschwitz [2] (Certaines sources citent la date du [3],[4]). Ce fut la dernière pendaison publique à Auschwitz[3] ; deux semaines plus tard, le camp est évacué.
Héritage
Aucun membre de sa famille n'a survécu à la Shoah. Vingt huit de ses lettres adressées à Sala Kirschner (née Garncarz) se trouvent parmi les 350 lettres de guerre de la collection Sala Garncarz Kirschner, collection permanente de la division juive Dorot de la bibliothèque publique de New York[5]. Un mémorial a été inauguré en 1991 à Yad Vashem en mémoire de l'héroïsme des quatre femmes.
Ceci est le texte de la dernière lettre connue de Gertner :
« Kamionka
15 juillet 1943 Chère Sarenka,
Soudain, je suis ici au bureau de poste. Le courrier va partir aujourd'hui et comment pourrais-je ne pas écrire à ma Sarenka? Tout à l'heure, mon mari, le petit Bernhard était ici. Il a l'air bien et se sent bien. Je suis curieuse de savoir comment vous allez, comment va votre santé. Nous sommes bien et nous prévoyons d'aller au camp. Aujourd'hui est une journée magnifique, nous sommes dans le meilleur des esprits et nous avons de grands espoirs pour l'avenir... Ne t'inquiétes pas, fille, ça ira bien. Soyez courageux, rester bien. Cordialement à toute ma famille et notre Bernhard.
Bisous, votre petit Ala »
Notes et références
- « The Holocaust Chronicle PROLOGUE: Roots of the Holocaust, page 568 », sur www.holocaustchronicle.org (consulté le )
- Anna Heilman et Sheldon Schwartz 2001, p. 143
- (en) Zev Garber, Double Takes: Thinking and Rethinking Issues of Modern Judaism in Ancient Contexts, Lanham, Boulder CO, New York, Toronto, Oxford, University Press of America, (ISBN 0-7618-2894-X, lire en ligne), p. 52
- (en) Mary Biggs, Women's Words: The Columbia Book of Quotations by Women, Columbia University Press, (ISBN 0-231-07986-9, lire en ligne), p. 163
- (en) « Lettres d'Ala Gertner », sur bibliothèque publique de New York (consulté le )
Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Ala Gertner » (voir la liste des auteurs).
Bibliographie
- (en) Brana Gurewitsch, Mothers, sisters, resisters : oral histories of women who survived the Holocaust, Tuscaloosa, University of Alabama Press, coll. « Judaic studies », , 396 p. (ISBN 978-0-817-30931-2 et 978-0-817-30952-7, OCLC 39108594)
- (en) Anna Heilman et Sheldon Schwartz, Never far away : the Auschwitz chronicles of Anna Heilman, Calgary, Alta, University of Calgary Press, , 159 p. (ISBN 978-1-552-38040-6, OCLC 722814732, lire en ligne)
- (en) Ann Kirschner (en), Debórah Dwork, Robert Jan Van Pelt (en) et Jill Vexler, Letters to Sala : a young woman's life in Nazi labor camps, New York, New York Public Library, , 79 p. (ISBN 978-0-871-04457-0, OCLC 63116907)
- (en) Ann Kirschner, Sala's gift : my mother's Holocaust story, New York, Free Press, , 300 p. (ISBN 978-1-416-54170-7 et 978-0-743-28938-2, OCLC 138355480, lire en ligne)
- (en) Lore Shelley (préf. Dori Laub, postface Israel Gutman), The Union Kommando in Auschwitz : the Auschwitz munition factory through the eyes of its former slave laborers, Lanham, University Press of America, coll. « Studies in the Shoah » (no 13), , 421 p. (ISBN 978-0-761-80194-8)
- (en) Judith Sternberg Newman, In The Hell Of Auschwitz ; The Wartime Memoirs Of Judith Sternberg Newman, San Francisco, Pickle Partners Publishing, (1re éd. 1963), 314 p. (ISBN 978-1-786-25577-8, OCLC 973833928, lire en ligne)