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Arkaïm

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Arkaïm
Image illustrative de l’article Arkaïm
Vue aérienne du site d'Arkaïm en 2015.
Localisation
Pays Drapeau de la Russie Russie
Coordonnées 52° 37′ 37″ nord, 59° 33′ 40″ est
Géolocalisation sur la carte : Russie
(Voir situation sur carte : Russie)
Arkaïm
Arkaïm
Géolocalisation sur la carte : oblast de Tcheliabinsk
(Voir situation sur carte : oblast de Tcheliabinsk)
Arkaïm
Arkaïm

Arkaïm (en russe : Аркаим) est un site archéologique situé dans la steppe au sud de l'Oural, 8,2 km au nord-nord-ouest d'Amourski, et à 2,3 km au sud-sud-est d'Alexandrovski, deux villages de l'oblast de Tcheliabinsk, en Russie, juste au nord de la frontière du Kazakhstan. Le site est généralement daté des XVIIe et XVIe siècles av. J.-C. Il s'agissait d'une implantation de la culture Sintachta.

Vue du site d'Arkaim et du paysage environnant

Histoire des fouilles

Le site est découvert en 1987 par une équipe de scientifiques de Tcheliabinsk menée par Guennadi Zdanovitch, de l'Université d'État de Tcheliabinsk. Ils sont chargés d'évaluer l'intérêt archéologique d'une zone située à la confluence des rivières Bolshaya Karaganka et Utyaganka, par mesure d'archéologie préventive. La construction d'un futur réservoir de barrage avait été entamée à l'automne précédent et la zone devait être inondée pour créer un plan d'eau derrière le barrage. Quelques sites archéologiques étaient déjà connus dans les parages, mais ils avaient donné lieu à peu de découvertes auparavant et n'étaient pas considérés comme dignes d'être préservés. L'inondation du site était prévue pour le printemps 1988[1].

Le 20 juin, deux étudiants membres de l'expédition, Aleksandr Voronkov et Aleksandr Ezril, informent les archéologues qu'ils ont repéré des talus de forme étrange dans la steppe. Zdanovitch annonce la découverte dans la soirée. À l'époque, et depuis les années 1970, les savants soviétiques sont engagés dans d'âpres controverses au sujet de la région où se serait développé à l'origine un supposé peuple indo-européen, et Zdanovitch espère alors que ces vestiges constitueront un pivot dans ce débat[1]. La culture de Sintashta, découverte durant les années 1970, avait donné lieu à la découverte d'un modèle ancien de char à chevaux, ce qui avait montré que les cultures de l'Oural avaient joué un rôle important dans le développement d'une technologie et d'une civilisation complexes. Aux yeux de Zdanovitch, la découverte d'Arkaïm en constitue une preuve supplémentaire[2].

La lutte pour la préservation du site s'avère cependant difficile, car le projet de réservoir est mené par le Ministre des ressources hydrauliques de l'Union soviétique, un homme politique alors très puissant. L'achèvement du projet avait été prévu initialement pour l'été 1989, mais les constructeurs avaient l'intention de hâter la construction pour la terminer au printemps 1988. Les archéologues font alors de leur mieux pour attirer mobiliser l'opinion publique en faveur du sauvetage d'Arkaïm, en réclamant d'abord un gel du projet de réservoir jusqu'en 1990 ; des universitaires et des personnalités publiques prennent à leur tour la défense du site. En mars 1989, le Praesidium de la branche de l'Oural à l'Académie des sciences de l'Union soviétique institue en bonne et due forme un laboratoire scientifique pour l'étude de la civilisation antique de Chelyabinsk Oblast et demande au Conseil des ministres de la Fédération de Russie de déclarer la zone comme aire protégée en raison de sa valeur historique[3].

Au cours des mois suivants, le Ministre des ressources hydrauliques perd rapidement de son pouvoir à mesure que l'Union soviétique s'achemine vers son éclatement. En avril 1991, le Conseil des ministres déclare officiellement l'annulation du projet de réservoir et fait d'Arkaï un « musée historique et géographique »[3].

Le site est généralement daté des XVIIe et XVIe siècles av. J.-C.[2]. D'autres datations, remontant jusqu'au XXe siècle av. J.-C., ont été proposées[réf. nécessaire].

Dans la décennie qui a suivi la découverte d'Arkaïm, plus de vingt autres sites similaires, circulaires ou rectangulaires, ont été découverts dans le sud de l'Oural et le nord du Kazakhstan. Ils datent d'entre le XVIIIe et le XVIe siècle av. J.-C. Cette vaste zone a été surnommée par les archéologues le « pays des villes fortifiées » et elle s'étend sur une superficie d'environ 400 par 150 km. Certains de ces sites arborent des vestiges de pierre mieux conservés et plus impressionnants que ceux visibles à Arkaïm, mais ce dernier site est mieux connu du grand public en raison de la médiatisation dont il a fait l'objet quand les archéologues luttaient pour son sauvetage[2].

Structure du site archéologique d'Arkaïm

Excavation et reconstruction partielle du bâtiment
Modèle de char, musée d'Arkaim

Arkaïm était une forteresse circulaire d'environ 150 m de diamètre, protégée par deux bastions concentriques bâtis en adobe sur des charpentes en bois et recouverts de briques d'argile crues[2]. Dans l'enceinte des cercles, près des bastions, étaient disposées une soixantaine de maisons semi-enterrées pourvues de foyers, de celliers, de puits et de fourneaux pour la forge du métal. Elles donnaient sur une rue intérieure circulaire pavée de blocs de bois. La rue étaient longée par un égout de drainage couvert comprenant des trous pour collecter l'eau. Au centre du complexe s'étendait une place rectangulaire[2]. Le complexe était percé par quatre voies d'accès, constituées par des passages construits de façon complexe afin de rendre plus difficile une attaque ennemie. Les découvertes suggèrent que le complexe a été bâti en suivant un plan, ce qui indique que la communauté qui l'a construit disposait d'une structure sociale développée et de dirigeants imbus d'une autorité importante[2].

Bien que le site ait été incendié et abandonné, beaucoup de détails sont visibles et bien conservés. Arkaïm est similaire dans la forme mais bien mieux préservé que sa voisine Sintachta, où le premier char a été déterré. Le site couvre environ 20 000 m2. Le mur d'enceinte a été construit à partir de la terre tassée dans des cadres en bois, et renforcé par des briques d'argile non brûlées, avec une épaisseur de 4-5 m. et une hauteur de 5,5 m. L'ensemble des lieux est entouré d'un fossé de 2 m de profondeur[réf. nécessaire].

Il y a quatre entrées différentes perçant la paroi extérieure et intérieure avec une entrée principale à l'ouest. Les habitations disposaient d'une surface de 110-180 m2. L'anneau extérieur comprend 39 ou 40 logements, avec des ouvertures donnant sur une rue circulaire qui fait le tour des lieux. L'anneau intérieur comprend 27 logements, disposés le long de la paroi interne, avec des portes ouvrant sur la place centrale carrée de 25 par 27 m. La rue centrale est drainée par un canal couvert. Zdanovitch estime qu'environ 1 500 à 2 500 personnes pourraient avoir vécu dans la colonie[réf. nécessaire].

À proximité des murs d'Arkaïm, étaient des terres arables, 130-140 m par 45 m (430 à 460 m par 150 m), irriguées par un réseau de canaux et de fossés. Des vestiges de graines de millet et d'orge ont été trouvés[réf. nécessaire].

La date du XVIIe siècle av. J.-C. suggère que l'établissement de cette colonie fut contemporain de la migration indo-aryenne en Asie du Sud (fin de la Civilisation de l'Indus vers 1600 av. J.-C.) et en Anatolie (émergence du Mitanni vers 1500 av. J.-C.).

Récupérations politiques et ésotériques

Sitôt découvert, le site d'Arkaïm fait l'objet de nombreuses interprétations parfois fantaisistes ainsi que de récupérations politiques liées au nationalisme extrémiste en Russie[4]. Arkaïm a éveillé l'attention d'une large portion du public et des médias en Russie, y compris des organisations ésotériques, New Age et pseudoscientifiques.

En mai 2005, le site a été visité par le président Vladimir Poutine.

Swastika City

Afin de faire un peu de publicité au site archéologique, les premiers investigateurs ont surnommé Arkaïm « Swastika City », « Mandala City », et « l'ancienne capitale de la civilisation aryenne des origines, comme décrite dans l'Avesta et les Védas ». La description se réfère à la forme en svastika, presque similaire à la croix gammée (il suffit de la retourner pour que ses branches aillent dans le sens des aiguilles d'une montre), mais avec des bras arrondis (similaire à la lauburu) attaché à un anneau central au lieu d'une croix.

Observatoire

La similitude de la latitude, de la date et de la taille conduit certains archéoastronomes (Bystrushkin 2003) à comparer Arkaïm avec Stonehenge en Angleterre. Selon leurs déclarations, l'observatoire néolithique de Stonehenge permet l'observation de 15 phénomènes astronomiques à partir de 22 éléments, alors que l'observatoire d'Arkaïm permet l'observation de 18 phénomènes astronomiques à partir de 30 éléments. La précision des mesures de Stonehenge est estimée à 10 arc-minute à un degré, alors qu'à Arkaïm il descend à 1 arc-minute. Une telle précision des observations astronomiques n'a pas été répétée avant la compilation de l'Almageste environ deux millénaires plus tard. L'interprétation selon laquelle Stonehenge ou Arkaïm auraient servi d'observatoires n'est pas universellement acceptée.

Références

  1. a et b Shnirelman 1998, p. 33.
  2. a b c d e et f Shnirelman 1998, p. 34.
  3. a et b Shnirelman 1998, p. 35.
  4. Shnirelman 1998.

Bibliographie

  • (en) Jones-Bley, K.; Zdanovich, D. G. (eds.), Complex Societies of Central Eurasia from the 3rd to the 1st Millennium BC, 2 vols, JIES Monograph Series Nos. 45, 46, Washington D.C. (2002), (ISBN 0-941694-83-6), (ISBN 0-941694-86-0).
  • (en) Panel-Philippe, G.; Stone-Peter, G., The Constructed Past:Experimental Archeology, Education and the Public, Routledge (July 1999) (ISBN 0-415117-68-2).
  • (en) Victor A. Shnirelman, "Archaeology and ethnic politics: the discovery of Arkaim", Museum International, volume 50 n°2, UNESCO, Blackwell Publishers, 1998, p. 33–39. (ISSN 1350-0775) [lire en ligne]
  • (en) Victor A. Shnirelman, "Archaeology and the National Idea in Eurasia", dans Charles W. Hartley, G. Bike Yazicioğlu et Adam T. Smith (éds.), The Archaeology of Power and Politics in Eurasia : Regimes and Revolutions, Cambridge University Press, 2012, p. 15–36. (ISBN 9781107016521).

Liens externes