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Éphèbe de Critios

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L’éphèbe de Critios est une statue grecque antique en marbre de Paros découverte sur l'Acropole d'Athènes, attribuée au sculpteur Critios et datée des environs de 480 av. J.-C..

Découverte

La statue est découverte en 1865 lors des travaux de fondation de l'ancien musée de l'Acropole à Athènes. On retrouve d'abord le torse et une partie des membres. Vingt-trois ans plus tard, la tête est retrouvée entre le musée et le mur de l'Acropole. Elle est enfouie dans le dernier niveau de gravats qui correspond aux destructions occasionnées lors de la seconde guerre médique et du pillage de l'Acropole[1], en 480 av. J-C. La découverte de la tête est un élément essentiel pour la datation de la statue et son étude stylistique.

Description

La statue représente un éphèbe, un jeune homme nu, dans une position naturelle, les bras le long du corps. L'échelle est notablement plus petite que nature, la statue mesurerait complète environ 1,17 m. Il manque les deux avant-bras et le bas des jambes. On retrouve là une forme évoluée des anciens kouroi, mais pour une des premières fois dans la sculpture grecque, la position du corps présente l'attitude en contrapposto : un déhanchement qui met le poids du corps sur une seule jambe et une légère rotation de la tête.

Contrairement aux Kouroi du style archaïque de la sculpture grecque (de -650 à -500), les yeux sont creux, ils devaient être incrustés de pierres ou de verres colorés et le sourire a pratiquement disparu, remplacé par une expression plus profonde. Le modelé général du corps est plus réaliste. Il se pourrait aussi que la statue soit une représentation du héros Thésée et non une représentation anonyme, offrande à un temple ou décor d'une tombe. L'attribution à Critios provient de la ressemblance de la tête avec celle d'Harmodios, un des deux Tyrannoctones, œuvre de Critios et de Nésiostès, connue par des copies romaines. D'autre part, l'incrustation des yeux fait penser au travail d'un sculpteur bronzier comme l'était aussi Critios.

Étude stylistique

L'Apollon de Strangford, vers 510 av.JC

Par son apparence générale encore un peu hiératique, mais aussi par son traitement déjà très naturaliste, l'éphèbe de Critios est souvent considéré comme un exemple de la transition entre le style archaïque tardif de la fin du VIe siècle av. J.-C. et le premier classicisme[2], encore appelé style sévère.

La statue de Critios montre une évolution, ou une virtuosité sculpturale, très nette par rapport à l'Apollon de Strangford du British Museum antérieur de quelques dizaines d'années seulement; les volumes sont plus modelés et, comme le dit John Boardman, c'est « l'œuvre d'un sculpteur pour qui le corps humain n'est plus un mannequin aux membres raides, mais une structure de chair et d'os. »[3]

L'éphèbe blond

La coiffure est particulière, avec un bourrelet circulaire, très proche du style de celle de la tête de l'éphèbe blond, (marbre, vers 490-480 av. J.-C. musée de l'Acropole, n° 689. H. 25 cm). Elle aussi a été trouvée sur l'Acropole, elle présente des traces de peinture brun jaune dans les cheveux ce qui peut faire penser que l'éphèbe de Critios était lui aussi peint à l'origine. Une autre tête de jeune homme en bronze du musée national archéologique d'Athènes, datée de la même époque, montre ce type de coiffure et possède encore l'incrustation des yeux.

Exposition

Bibliographie

  • André Joubin : La sculpture grecque entre les guerres médiques et l'époque de Périclès - Paris, Hachette, 1901 [lire en ligne]
  • J. Boardman : La Sculpture grecque classique, Thames & Hudson, coll. « Histoire de l'art », Paris, 2003 (ISBN 2878110862),
  • Le miracle grec hors-série n° 2H de la revue Archéologia 1993
  • (en) Jeffrey M. Hurwit, The Kritios Boy : Discovery, Reconstruction and Date, Journal of Archaeology, volume=93, n°1, pp:41-80. [lire en ligne]

Notes et références

  1. Michel Kaplan, Le monde grec,Bréal,1995.
  2. Adolf H. Borbein, « Polykleitos », Personal Styles in Greek Sculpture (s. dir. Olga Palagia et Jerome J. Pollitt), Cambridge University Press, 1998, p. 71.
  3. John Boardman, L'Art grec, Thames & Hudson, coll. « L'Univers de l'art », Paris, 1989, ISBN 9782878110012.

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