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Version du 7 décembre 2017 à 19:48

Sci-hub
Logo de Sci-Hub

Adresse sci-hub.tw
sci-hub.hk
Par réseau Tor : scihub22266oqcxt.onion
Directement avec l'adresse IP : 80.82.77.83
Slogan To remove all barriers in the way of science (« Éliminer tout obstacle sur la voie de la Science »)
Commercial non
Siège social Saint-Pétersbourg
Drapeau de la Russie Russie
Créé par Alexandra Elbakyan
Lancement

Sci-hub (ou Scihub) est un site web fournissant un accès libre à des articles scientifiques obtenus par web scraping[1] en contournant les paywalls (« péages ») classiques des éditeurs académiques. De nouvelles publications sont ajoutées quotidiennement après avoir été téléchargées via des proxies d'établissement universitaires[2]. Il permet ainsi de consulter gratuitement plus de 62 millions d'articles[3],[4] dont l'accès coûterait sinon plus de 30 dollars[5],[6]. Il a été attaqué par la principale maison d'édition scientifique, Elsevier, car il permet un accès illégal à des documents de recherche[7]. En novembre 2015, l'adresse originale, sci-hub.org, est fermée. Des domaines alternatifs sont alors mis en place, tels que sci-hub.io (qui ferme en avril 2016), sci-hub.cc, sci-hub.bz ou sci-hub.ac. Une version du site se trouve aussi sur le réseau Tor.

Naissance

Alexandra Elbakyan fondatrice de Sci-Hub, à l'Université Harvard en 2010

Le projet Sci-Hub a débuté le [8]. Il a été fondé par Alexandra Elbakyan alors étudiante en neurosciences au Kazakhstan, dans le but de diffuser plus largement le savoir scientifique chez les personnes étant, comme elle, bloquées par les « paywalls »[3],[9].

Durant l'été 2015, les grandes bibliothèques universitaires apprennent que leurs coûteux abonnements à Elsevier et Wiley ont été détournés ou piratés pour ou par un serveur donnant un accès gratuit à des milliers puis des millions d'articles[10].

Les éditeurs les plus touchés ayant porté plainte, le nom de domaine original, Sci-Hub.org, est rapidement désactivé (en novembre 2015, sur décision de justice américaine[11]). Le même mois, le projet refait surface sous un nom de domaine en « .io »[12] et selon un article de 2016, « les dons des utilisateurs couvrent maintenant le coût des serveurs de Sci-Hub » qui abriteraient en novembre 2016 environ 58 millions de documents[13].

Principe d'utilisation

Le site est spécialement conçu pour copier les données cachées derrière les « péages » et les rendre accessibles à l'utilisateur (avec le titre ou le Digital Object Identifier (DOI) de l'article comme mot-clé), et il serait plus fiable pour trouver le texte intégral[14]. Il est également possible de passer par le moteur de recherche Google Scholar pour trouver un article puis de passer les barrières des éditeurs en utilisant l'extension Sci-Hub depuis son navigateur[1]. Pour ces raisons, il est de plus en plus tentant de l'utiliser pour la communauté étudiante, les académiques ou des personnes intéressées par les sujets traités, notamment dans les pays en développement tels que l'Inde et l'Indonésie[15], ainsi qu'en Iran, en Chine, en Russie et au Brésil[5]. Fournir aux institutions et aux pays financièrement défavorisés et manquant d'infrastructures scientifiques un accès aux résultats de la Recherche était expressément le but d'Alexandra Elbakyan dès la création du site. Elle a expliqué qu'elle avait téléchargé des documents de manière similaire pour effectuer son travail de recherche dans une université du Kazakhstan, étant donné son besoin d'en parcourir des centaines[16]. C'était le premier site à offrir un accès automatique et gratuit à large échelle, ceci lui valant parfois d'être comparé au « Robin des Bois de la science »[17].

Avant son lancement, les scientifiques, la communauté étudiante et le lectorat d'articles scientifiques non-abonnés pouvaient solliciter par courriel les auteurs des papiers nécessaires à leur recherche[17]. Au moment du lancement de Sci-Hub, des forums et réseaux sociaux scientifiques existaient aussi, comme le tag Twitter #ICanHazPDF[18]. Ce partage « manuel » semble supplanté par Sci-Hub et d'autres équivalents comme Library Genesis (LibGen) qui peuvent répondre à des milliers de requêtes par jour[17]. De facto Sci-Hub est devenu une sorte de première bibliothèque scientifique virtuelle ouverte et presque universelle, mais dont les contenus sont majoritairement illégalement mis à disposition (une partie est cependant originellement « open data »[14]). De la création du site en 2011 à février 2016, plus de 3 millions d'IP uniques auraient fait des demandes (sachant qu'une seule IP peut éventuellement désigner un établissement scolaire, une institution, un laboratoire ou un sous-ensemble universitaire regroupant parfois un grand nombre de personnes).

Personnes utilisatrices

Un article publié par le journal Science en avril 2016 est introduit par l'exemple d'un étudiant iranien qui devrait (en 2015) dépenser environ 1 000 $US par semaine (l'équivalent de toutes ses dépenses mensuelles) pour acheter les articles scientifiques de son domaine (plusieurs dizaines de dollars par article de quelques pages), que son université n'a pas les moyens de lui procurer (notamment à cause des mesures d'embargo) et alors qu'aucun des programmes d'aides au monde académique de pays en voie de développement (hormis Share Link) ne semblait pouvoir couvrir son domaine scientifique. Il ne pouvait que contacter individuellement les auteurs d'articles pour solliciter une copie gratuite, mais de nombreux liens d'adresse sont morts 50 jours après la publication[14]. L'article présente aussi le point de vue opposé : celui d'éditeurs tels qu'Elservier dont le directeur tweetait : « Je suis pour l'accès universel, mais pas le vol ! » lors d'un débat houleux à propos de l'accès universel via Sci-Hub le [14].

L'auteur de l'article a négocié avec Sci-Hub (sans difficulté précise-t-il) de pouvoir analyser des données anonymisées de demande de consultation pour une période de 6 mois (de septembre 2015 à février 2016) pour répondre à des questions encore sans réponses : Qui accède à la plateforme ? d'où ? et pour lire quoi ? (DOI). Résultat : au moment de l'étude des dizaines de millions de contacts ont eu lieu en 6 mois avec environ 28 millions d'articles recherchés, dont plus de 2,6 millions demandés par des personnes de l'Iran, 3,4 millions en Inde et 4,4 millions en Chine. Des demandes ont émané de tous les continents sauf l'Antarctique et de presque tous les pays, pour tous les champs scientifiques et pour des articles récents, mais aussi anciens[14]. Jusqu'alors on ignorait qui consultait ces documents[14].

Selon cette étude, une partie de l'usage le plus intense de Sci-Hub est le fait de campus universitaires américains et européens[14]. Certains chercheurs semblent utiliser Sci-Hub par commodité plutôt que par nécessité alors qu'ils pourraient obtenir le même article de leur bibliothèque universitaire, ce qui pourrait expliquer que les États-Unis sont le cinquième pays (après la Russie) chargeant le plus d'articles et un quart des demandes faites à Sci-Hub provenant de 34 pays membres de l'OCDE, c'est-à-dire des pays réputés les plus riches et ayant théoriquement un accès facile aux périodiques scientifiques, via des abonnements universitaires (souvent, pour les revues de haut niveau, l'étudiant n'a accès qu'à des revues liées à son domaine d'étude, ce qui peut freiner la pluridisciplinarité)[14]. Les historiques de téléchargement montrent que ce site permet aussi à des chercheurs de continuer à travailler en Libye malgré la guerre civile[14].

Les flux temporels de téléchargement reflètent le rythme de vie des chercheurs de plus en plus actifs au fur et à mesure de l'avancée de la journée et pour certains jusque tard dans la nuit (ou toute la nuit). Fin février 2016, Sci-Hub atteint son record de téléchargements (plus de 200 000 demandes par jour)[14]. En juillet 2017, ce sont 700 000 articles qui sont téléchargés chaque jour[19].

Une étude publiée en avril 2017 montre que 35 % des téléchargements seraient des articles parus dans les deux dernières années. Les éditeurs les plus « téléchargés » seraient Elsevier et Springer Nature, tandis que les publications de Wiley-Blackwell et de l'Institute of Electrical and Electronics Engineers (IEEE) sont beaucoup moins téléchargées malgré leur important contenu[20].

Poursuites judiciaires

Une évaluation précise des pertes pour Elsevier ou Wiley est difficile, notamment parce que les statistiques de téléchargements des grands éditeurs ne sont pas publiques[14]. Selon Elsevier en 2010, l'ensemble des éditeurs auraient été spoliés de plus de 1 milliard de téléchargements/an et Sci-Hub pourrait « détourner » entre 4 et 5 % du trafic anticipé. Selon Alexandra Elbakyan, « de nombreux universitaires ont volontairement fait don » d'articles à la plate-forme, et elle n'a pas utilisé l'hameçonnage pour les obtenir. Il y a aussi des copies légales (plus de 4 000 au moment de l'étude) de documents publiés sous licence libre (par exemple sur PLoS), ce qui laisse penser que de nombreux utilisateurs utilisent la plate-forme comme un portail pratique pour consulter toutes sortes de travaux[14].

Le site est attaqué en justice en juin 2015 par l'éditeur Elsevier, dans une affaire nommée Elsevier et al. v. Sci-Hub et al.[21], où la maison d'édition demande que les plateformes comme Sci-Hub, LibGen ou BookFi cessent de distribuer des documents protégés par copyright. Elsevier argue que Sci-Hub accède illégalement aux comptes d'étudiants et d'institutions académiques pour contourner les paywalls de la plate-forme d'Elsevier, ScienceDirect. Sci-Hub étant hébergé à Saint-Pétersbourg en Russie, le système judiciaire américain n'a aucune autorité dans ce dossier[5]. Certains voient dans cette affaire un engagement d'Elsevier contre la libre diffusion des connaissances.
Malgré la fermeture du site original ordonnée par un tribunal de New York le , le site est toujours accessible à des noms de domaine alternatifs dès les mois qui suivent[3],[12]. Le site est également accessible par l'intermédiaire du réseau Tor[3].

L'Electronic Frontier Foundation, défendant les libertés sur Internet, a cité la déclaration universelle des droits de l'homme : « Toute personne a le droit […] de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent », pour soutenir Sci-Hub et le site frère LibGen[22]. Le procès a suscité de nombreuses critiques contre Elsevier[23].

En juin 2017 c'est l'American Chemical Society (ACS) qui intente un procès contre Sci-Hub, aux motifs de non-respect droit d'auteur, de contrefaçon de marque et de marque de commerce. Le 3 novembre 2017 un tribunal de district de Virginie a condamné Sci-Hub à 4,8 millions de dollars et à des intérêts. Le juge demande aussi qu'aux États-Unis les fournisseurs de service du Web (moteurs et sites de recherche, bureaux d'enregistrement de noms de domaine, registres de noms de domaine de ne plus faciliter l'accès à tout ou partie des noms de domaine pour protéger la reproduction et la distribution des marques ACS ou des œuvres protégées par ACS)[24]. Fin novembre 2017, les miroirs sci-hub.ac et sci-hub.cc et sci-hub.io sont injoignables à la suite du procès gagné par l'ACS[25],[26].

Daniel Himmelstein (chercheur de l'Université de Pennsylvanie, ayant lui-même évalué le nombre d'articles publiés par Sci-Hub estime que « cette affaire pourrait créer un précédent dans la mesure où des tierces parties sur Internet sont nécessaires pour imposer la censure imposée par le gouvernement »[24]. Sci-Hub ne pourra a priori pas verser les sommes qu'on lui demande, et il est géographiquement situé hors de l'aire de juridiction du tribunal. ACS a donc annoncé son intention de s'attaquer aux « entités qui ont été en concert ou en participation active avec Sci-Hub, comme les sites hébergeant du contenu ACS ». La Computer and Communications Industry Association (CCIA) avait demandé lors du procès via un mémoire d'amicus qu'ACS retire de ses demandes le blocage de l'ISP et des moteurs de recherche, ce qui a été refusé par le juge (alors que dans l'affaire Elsevier précédente, suite à une même demande le juge avait admis et soutenu la demande de la CCIA (et de l'Internet Commerce Coalition ce qui avait poussé Elsevier a modifier ses demandes. Quelles que soient les mesures prises, « le mouvement pour la liberté de l'internet s'intéressera vivement aux procédures » a-t-il ajouté[24].

Articles connexes

Notes et références

  1. a et b (en-US) « Some facts on Sci-Hub that Wikipedia gets wrong », engineuring,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. (en) « Jump paywalls, score academic research for free, share it without being busted », sur Computerworld (consulté le )
  3. a b c et d (en) « Pirate research-paper sites play hide-and-seek with publishers », sur Nature News & Comment (consulté le )
  4. (en) Mary-Ann Russon, « Sci-Hub: Russian neuroscientist running 'Pirate Bay for scientists' with 48 million free academic papers », International Business Times, (consulté le )
  5. a b et c (en) David Glance, « Elsevier acts against research article pirate sites and claims irreparable harm » (consulté le )
  6. (en) « Netizen Report: Scholars in Colombia, Kazakhstan Face Legal Woes for Sharing Research », Slate,‎ (ISSN 1091-2339, lire en ligne)
  7. (en) « Elsevier Cracks Down on Pirated Scientific Articles - TorrentFreak » (consulté le )
  8. (en) « About Sci-Hub » (consulté le )
  9. (en) « Sci-Hub Tears Down Academia's "Illegal" Copyright Paywalls - TorrentFreak » (consulté le )
  10. . Russell et E. Sanchez, Sci-Hub unmasked Piracy, information policy, and your library, College & Research Libraries News, 2016, no 77, vol. 3, p. 122-125.
  11. (en) « Court Orders Shutdown Of Libgen, Bookfi And Sci-Hub - TorrentFreak » (consulté le )
  12. a et b (en-US) « Sci-Hub, BookFi and LibGen Resurface After Being Shut Down - TorrentFreak », sur TorrentFreak, http://torrentfreak (consulté le )
  13. « sci-hub », sur sci-hub
  14. a b c d e f g h i j k et l John Bohannon (2016), Who's downloading pirated papers? Everyone Science ; Science-Mag 2016-04-28 ]
  15. (en) Maddie Stone, « Academic Publishing Giant Fights To Keep Science Paywalled » (consulté le )
  16. (en) « Science "Pirate" Attacks Elsevier's Copyright Monopoly in Court - TorrentFreak » (consulté le )
  17. a b et c (en) Simon Oxenham, « Meet the Robin Hood of Science », sur Big Think, The Big Think, Inc., (consulté le )
  18. (en) Kaveh Waddell, « The Research Pirates of the Dark Web », The Atlantic (consulté le )
  19. Yves Eudes, « Alexandra Elbakyan, la Kazakhe pirate d’articles scientifiques », sur Le Monde.fr, (consulté le )
  20. Bastian Greshake, « Looking into Pandora's Box: The Content of Sci-Hub and its Usage », F1000Research, vol. 6,‎ (DOI 10.12688/f1000research.11366.1, lire en ligne, consulté le )
  21. (en) « Why is the Media Talking About SOPA Again: An Explainer - Disruptive Competition Project » (consulté le )
  22. (en) « What If Elsevier and Researchers Quit Playing Hide-and-Seek? », Electronic Frontier Foundation (consulté le )
  23. (en) « Simba Information: Five Professional Publishing News Events of 2015 Signal Times Are A-Changin' », PR Newswire (consulté le )
  24. a b et c Dalmeet Singh Chawla (2017) Court demands that search engines and internet service providers block Sci-Hub |mis en ligne le 06 novembre 2017 |News, Science ; Scientific Community
  25. (en) Ernesto, « Sci-Hub Loses Domain Names, But Remains Resilient », Torrent Freak, (consulté le )
  26. « Sci-Hub perd trois de ses noms de domaine », Next Impact, (consulté le )