XM214 Microgun
Le XM214 Microgun est une mitrailleuse multitube conçue dans les années 1970 par General Electric pour être utilisée à pied. Ses défauts ont conduit à l'abandon du projet avant la production en série.
Utilisation
En général, le recul n'est pas un problème lors de son utilisation à main nues ; l'arme à elle seule est cinq à six fois plus lourde qu'un fusil d'assaut chargé de la même manière, le recul est donc cinq à six fois moins important. En revanche, le poids des munitions ou de la batterie interdit l'utilisation mobile d'une telle arme (en ordre de combat, on atteint un poids de presque 39 kg, impossible de tenir l'arme et de viser avec un tel poids). Par contre, il est possible qu'un homme standard porte l'arme et un autre l'affût fixe, les deux parties étant assemblées lors de l'arrivée sur la position de tir comme c'est le cas actuellement encore avec les Browning M2 et autre mitrailleuses lourdes de la même classe. En effet, une Browning M2, mitrailleuse encore utilisée dans certaines armées par l'infanterie, (les servants portent chacun un ou plusieurs éléments et l'arme est montée sur place) pèse entre 30 et 45 kilogrammes non chargée (selon la longueur du canon et la matière de la carcasse, qui peut être en acier, en aluminium, en alliage léger ou, plus récemment, en titane), ce à quoi s'ajoutent les 17 kilogrammes des cartouches (bande standard de 105 cartouches) et les 20 kilogrammes du trépied d'infanterie modèle M3. Ainsi, la masse de l'arme en ordre de combat est, au minimum, de 67 kilogrammes. La mitrailleuse XM214 « Microgun » pèse, en ordre de combat (arme, batterie, trépied et 1000 cartouches), 38,6 kilogrammes, soit un peu plus de la moitié de la masse de la Browning M2.
Le fort recul induit par la cadence de tir très élevée de l'arme peut être compensé par une augmentation de poids du trépied (par rapport à une Browning M2, on a une marge d'environ 30 kilogrammes, on peut donc se permettre d'augmenter le poids du trépied du XM214 sans atteindre la limite du portatif ni rendre l'arme impossible à déplacer) ou par une baisse de la cadence de tir (mue par un moteur électrique, l'arme a une cadence de tir réglable par électronique, si bien qu'on peut choisir une cadence de tir raisonnable (3000 coups à la minute, soit moins d'un tiers de la cadence maximale de l'arme, reste une cadence très élevée et donc n'enlève pas à l'arme son principal atout, tout en réduisant de plus de deux tiers le recul perçu par l'utilisateur) pour limiter le recul et le gaspillage des munitions). Le concept est donc tout à fait viable. La MG42 allemande, tirant 1200 à 1800 coups à la minute, pouvait être utilisée à bras francs et pesait entre 13 et 18 kilogrammes, selon versions, avec son boitier-chargeur de 250 cartouches. Le XM214 microgun, d'un poids et d'une taille équivalents, est donc lui aussi utilisable à bras francs, à condition d'utiliser une cadence de tir « raisonnable » et de trouver une solution pour limiter le poids de la batterie et des munitions (forcément lourdes puisque très nombreuses).
Limites du concept
Néanmoins, le projet a été abandonné pour plusieurs raisons : d'abord parce qu'il reste le problème de la consommation en munitions, même si la cadence peut être réglée, voire limitée par les autorités compétentes. En effet, on doit emporter plusieurs milliers de cartouches pour conserver l'avantage de cette arme, qui est sa cadence de tir très élevée, sinon il est préférable d'emporter une mitrailleuse mono canon classique (la MG3 permet de tirer 1500 coups à la minute, la M240 dans le même calibre offre une cadence réglable qui permet d'arriver jusqu'à plus de 1200 coups à la minute sur certaines versions. On reste donc dans le domaine des hautes cadences de tir tout en restant dans les limites du respectable au niveau de la consommation en munitions).
Ensuite, le projet s'est montré peu pertinent dans le contexte actuel du combat parce qu'il n'apportait rien à l'infanterie : une mitrailleuse en 5,56 × 45 mm Otan est censée être une mitrailleuse légère (un « fusil mitrailleur »). On se retrouve donc avec une arme aux capacités équivalentes à une mitrailleuse légère mais d'un poids et d'un encombrement semblables à ceux d'une mitrailleuse lourde. Aussi, le concept de mitrailleuse lourde d'infanterie, portée démontée par plusieurs hommes et montée sur le lieu même du combat, comme c'est encore aujourd'hui le cas avec la Browning M2, est en difficulté : peu d'armées pratiquent encore cet usage grâce au développement de fusils mitrailleurs ou mitrailleuses polyvalentes de poids respectable (FN M249, HK MG4, FN MAG, etc.), si bien que mettre de nouveau en place cet usage avec la XM214 équivaudrait à utiliser une technologie nouvelle (ou du moins récente) avec des techniques archaïques, chose totalement aberrante. Ainsi, on a abandonné le programme pour rester sur une conception plus classique : armes mono-canon pour l'infanterie et armes multi-tubes pour les appareils et véhicules.
De plus, son calibre un peu trop « léger » pour les véhicules l'a immédiatement déclassée par rapport au M134 « minigun » en 7,62 OTAN, plus puissant et plus polyvalent (possibilité d'utiliser des munitions perforantes efficaces contre les blindages légers ou de munitions explosives plus rentables qu'en 5,56, etc.). On peut en effet atteindre une cible à plus de deux kilomètres ou attaquer un engin légèrement blindé avec la M134, mais pas avec le XM214, dont le calibre n'est pas assez puissant. Les mitrailleuses multi-tubes de sabord des hélicoptères ou de toit des véhicules terrestres restent donc des M134 minigun.
Il s'agit, de fait, d'une arme expérimentale qui n'a pas été produite en masse.
Fiche technique
- Type : Mitrailleuse
- Concepteur : General Electric
- Pays : États-Unis
- Calibre : 5,56 × 45 mm Otan
- Cadence de tir : 10 000 coups/min
- Portée efficace : 2000 m
- Capacité du chargeur : 2 000 cartouches
- Longueur : 690 mm
- Poids à vide : 15 kg
- Masse totale en ordre de combat : 38,6 kg
Références
Chinn, George (1987). The Machine Gun Volume V. RAMP Inc. ASIN B000GKSS1M