Villa des roses d'Asnières-sur-Seine

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 22 février 2022 à 23:20 et modifiée en dernier par 89.172.4.45 (discuter). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Villa des roses été 2019

La villa des roses est située sur la commune d'Asnières-sur-Seine, dans le département des Hauts-de-Seine, en région Île-de-France.

Origine et histoire

Le temps des Rancy et des Bidel.

La villa des roses
Mascaron
Le perron
Tête de lion

Cette propriété située au 13, rue de la Comète à Asnières-sur-Seine, est le reflet de deux célèbres dynasties du monde du cirque du XIXe siècle : la famille Rancy et la famille Bidel.

Théodore Rancy (1818-1892) :

Cet héritier d’une longue lignée de saltimbanques fut rendu célèbre par ses spectacles équestres [1].

Il triompha le au cirque national des Champs-Élysées. Le tsar Nicolas Ier le sollicita pour donner à son seul profit des représentations au cirque impérial de Saint-Pétersbourg, dont la première eut lieu le [2]. Le , il fut invité par le vice-roi d'Égypte, Ismaël Pacha, à organiser les festivités pour l’inauguration du canal de Suez. Il inaugura le cirque du Caire le . Il mourut le . Il laissa cinq enfants, dont son fils Alphonse Rancy, qui avait épousé le à la mairie d’Asnières Jeanne Bidel, la fille de François Bidel[3],[4].

François Bidel (1839-1909) :

Papier à lettre d'Alphonse Rancy

Il fut le plus fameux dompteur de son époque. Sa célébrité était telle que le nom de Bidel fut donné aux voitures de banlieue à impériale de l'ancien réseau ferré français. Ce surnom leur a été donné car leur forme et celle des fenêtres à barreaux de l'étage supérieur évoquaient les roulottes de sa ménagerie[5]. En 1882, Victor Hugo dit de lui « c’est un lion parmi les lions. » [6] Sa ménagerie compta jusqu’à 150 pensionnaires : panthères noires, ours blancs, tigres du Bengale, loups, et bien sûr des lions dont le célèbre fauve Sultan qui est enterré au cimetière des chiens d'Asnières. [7]

En 1882, il acheta au 13, rue de la Comète, à Asnières-sur-Seine, un terrain d’environ 1 300 m2 pour y faire édifier par l’architecte asniérois Auguste Mayet, un hôtel particulier de 310 m2 de deux étages, au fond du jardin mais visible de la rue, flanqué de deux pavillons annexes donnant directement sur la rue.

La pendaison de crémaillère eut lieu le à la foire de Neuilly, appelée aussi fête à Neu-Neu [1].

La fille de François Bidel, Jeanne Bidel Rancy, vécut dans cette maison jusqu’à son décès. Ses trois héritiers Marcelle, Albert et Andrée Rancy vendirent la propriété en 1956 [8].

Le temps des Viguier

En 1956. un couple de médecins, Christian et Jacqueline Viguier firent l'acquisition de la propriété [8].

En 1956. un couple de médecins, Christian et Jacqueline Viguier firent l'acquisition de la propriété [8].

Celle-ci était en très mauvais état. Elle avait de fait été lotie entre les différents propriétaires Rancy. Il n'existait pas de salle d'eau. Le jardin était en friche et le bassin central servait de piscine aux otaries.

Christian (1914-1990) et Jacqueline (1922-2011) Viguier entreprirent immédiatement une restauration complète des bâtiments et du jardin, qui dura quatre ans. (1956-1960)

Fers forgés, mascarons, perron, statues : tous les éléments extérieurs de décoration furent sauvés. La façade de la villa fut remis à l'identique de 1886.

Le parc fut redessiné.

À la mort de Christian Viguier, en 1990, l’usufruit de la propriété revint à sa veuve Jacqueline Viguier [8].

Au décès de cette dernière, en , aucun travail de restauration n’avait plus été entrepris depuis 1960.

Ses enfants, Anny-Claude et Thierry Viguier héritèrent du droit de propriété. Ils prirent alors la décision de restaurer l’ensemble des bâtiments [9].

Un dossier fut présenté à la fondation du patrimoine avec le soutien des affaires culturelles de la mairie d'Asnières [10]. Néanmoins, cette fondation refusa toute aide financière au motif que le jour de la pendaison de crémaillère, en 1886, Asnières/seine ne pouvait déjà plus être considérée comme une zone rurale. L’arrivée du chemin de fer avait déjà fait exploser sa démographie[11].

En l’absence d’architecte chargé de superviser les travaux, il fallait choisir des entreprises particulièrement performantes et habituées à intervenir sur des bâtiments d’exception.

La société CP Multisystème, de monsieur De Oliveira, fut immédiatement élue. Elle était déjà partiellement intervenue après la terrible tempête de 1999 qui avait endommagé une partie du toit en zinc. On avait donc pu juger la qualité de son travail. Elle avait préalablement été retenue pour effectuer la restauration du toit du magasin Le Printemps, de Reims, classé monument historique[12].

Monsieur de Oliveira présenta monsieur Gomes, de l’entreprise J.M, avec laquelle il avait l’habitude de travailler. Monsieur Gomes fut donc retenu pour tous les travaux de peintures et de restauration de pierres.[12]

Enfin, messieurs de Oliveira et Gomes présentèrent monsieur Pinheiro qui allait se charger de la restauration électrique[12].

De cooptation en cooptation, le portugais est devenu la langue usuelle du chantier. Le sort frappa une nouvelle fois la propriété en raison des suites judiciaires données aux agissements d'un des héritiers dans le cadre de son divorce.

Localisation

Cette propriété était mitoyenne de celle du célèbre malletier Louis Vuitton qui a disparu dans les années 1980 à la création du groupe LVMH.

Elles se situe sur une voie créée en 1860 au nord de l’ancienne propriété de la princesse Palatine et du baron de Prony. C’est le qu’elle prit la dénomination de « rue de la Comète.» [13]

La propriété, dans le cadre du plan d’occupation des sols, (POS) révisé de la ville d’Asnières-sur-Seine, figure à l’annexe « patrimoine et paysage. » À ce titre, elle fait partie des édifices protégés et mis en valeur dans le plan local d’urbanisme. (PLU) [14]

Le cèdre du Liban devant le corps de logis principal est inscrit à l’inventaire départemental des « arbres remarquables » et est répertorié comme arbre à protéger au titre de l’article L 123-1 7 du Code de l’urbanisme[15].

De par son histoire et son architecture exceptionnelle, la propriété est incluse dans les « balades urbaines » organisées par le service tourisme de l’hôtel de ville d’Asnières/ Seine[5].

La villa des roses est indissociable de la ville d'Asnières car les familles Rancy et Bidel sont liées à l'histoire de la ville d'Asnières. Non seulement ils établirent leur hôtel particulier à Asnières, mais ils disposaient d'un chapiteau proche de la Seine. Les animaux de la ménagerie étaient enterrés au cimetière des chiens, dont le lion Sultan[16].

Décoration

La construction de la villa des roses s'inscrit dans le contexte artistique particulier de la fin du XIXe siècle. Un certain académisme prédomine encore en milieu urbain. Mais une certaine extravagance architecturale apparaît aussi dans la construction de demeures bourgeoises qui mettent en scène des statues de héros ou déesses grecs, des grottes ou des cascades ruisselantes, comme dans le jardin de l'hôtel Vuitton, aujourd'hui disparu, mitoyen de la villa des roses. Certains architectes « officiels », ou tout du moins établis, présentent des projets qualifiés d'exotiques, sinon de « délirants. » Comme Auguste Mayet, architecte de la villa des roses, qui fut maire d'Asnières de 1920 à 1925[11],[13].

La villa des roses est le fruit de ces différents courants. C'est un mélange particulier de styles architecturaux. On retrouve le style haussmannien dans la porte d'entrée de la villa ou les fers forgés du balcon et des fenêtres, mais aussi des inspirations puisées dans la mythologie grecque avec les deux statues portant des candélabres de chaque coté du perron.

Elle est surtout le fruit de la personnalité de François Bidel[17].

C'est pourquoi le monde du cirque est omniprésent dans les décors. La façade principale est ornée de motifs rappelant la vie du cirque, notamment des têtes de lion.

C'est pourquoi la décoration extérieure de la « villa des roses » est flamboyante et hors du commun. On accède au rez-de-chaussée par un vaste perron en marbre, éclairé par deux lampadaires tenus au-dessus de leur tête par deux esclaves en bronze, l’une égyptienne et l’autre grecque.

La décoration intérieure est beaucoup plus sobre, mis à part le plafond à caissons et les panneaux de bois peints par Rosa Bonheur (aujourd’hui disparus) représentant des scènes de dressage, dans la salle à manger.

Bibliographie

  • « Les jeux du cirque et la vie foraine. » de Hugues Leroux. Éditions Plon (1889)
  • « La magie du cirque : les Rancy de 1785 à nos jours. » de Jacques Rancy. Éditions LUGD (1994)
  • « En direct de la cage aux lions » d’Armand Gatti. Éditions du Seuil.
  • « Un lion parmi les lions » d’Albert Rancy (1896/1982) 1967
  • « Les 100 ans du cirque Rancy » de Jacques Bruyas. Éditions du cirque Rancy.

Références

  1. a et b Les 100 Ans du cirque Rancy de J. Bruyas
  2. Archives du cirque d'hiver de Saint-Pétersbourg
  3. État civil d'Asnières-sur-Seine
  4. La Magie du cirque : les Rancy de 1785 à nos jours de J. Rancy.
  5. a et b Office du tourisme d'Asnières. Bulletin "Asnières info."
  6. Un lion parmi les lions. A. Rancy
  7. Tombe au cimetière des chiens d'Asnières
  8. a b c et d Actes chez maître Gogué, notaire à Argenteuil
  9.  Actes de notoriété et de propriété chez maître Etasse, notaire à Paris
  10. Courrier privé de l'adjoint au maire d'Asnières chargé de la culture
  11. a et b Démographie de la ville d'Asnières. Archives municipales
  12. a b et c Factures émises en 2012 par les sociétés CP multisystème, JM et Pinheiro
  13. a et b Archives de la ville d'Asnières
  14. PLU de la ville d'Asnières
  15. Inventaire du département des Hauts-de-Seine
  16. "Un lion parmi les lions." A. Rancy
  17. « Un lion parmi les lions » d’Albert Rancy

Articles connexes

Liens externes

Théodore Rancy et ses cirques

Les grandes familles

Images du cirque Bidel sur Google Images

BnF. Encyclopédie des arts du cirque

Amicale d'Asnières-sur-Seine