Valérie Bemeriki

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Valérie Bemeriki
Planification de génocide, incitation à la violence, complicité dans plusieurs meurtres
Information
Naissance
Rutshuru
Nationalité Rwandaise
Sexe Féminin
Sentence Emprisonnement à perpétuité
Arrestation

Valérie Bemeriki est une chroniqueuse de la radio rwandaise Radio télévision libre des Mille Collines (RTLM) née en 1955[1] à Rutshuru dans la République démocratique du Congo[2]. Elle joue un rôle significatif dans la promotion du génocide des Tutsis au Rwanda.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance, éducation, débuts[modifier | modifier le code]

Bien que née à Rutshuru, en République démocratique du Congo (alors Congo belge), la ville natale de Valérie Bemeriki est Giciye, dans la province de Gisenyi au Rwanda[2].

Carrière[modifier | modifier le code]

Avant de travailler à la RTLM, Valérie Bemeriki officie pour le parti au pouvoir, le MRND, en tant que propagandiste, et écrit également pour la publication des Interahamwe[3].

Étant l'une des principales animatrices de la RTLM[4],[5], Valérie Bemeriki, cite fréquemment les noms et adresses de prétendus « complices du FPR »[6], incitant à la violence ciblée et souvent au meurtre des individus nommés par des groupes, tels que les milices Impuzamugambi et Interahamwe. Le style de présentation de Valérie Bemeriki est représentatif de la rhétorique haineuse de la RTLM, avec un ton familier, humoristique voire ironique. Le 8 avril 1994, deux jours après l'assassinat du président rwandais Juvénal Habyarimana, Valérie Bemeriki note ironiquement que les membres de l'opposition du gouvernement précédent « sont introuvables » [7], alors que plusieurs autres, comme la Première ministre Agathe Uwilingiyimana, avaient déjà été assassinés. Basé sur une rencontre dans les locaux de la RTLM, notamment lors d'une interview de Roméo Dallaire, Commandant de la MINUAR, Valérie Bemeriki est qualifiée par celui-ci de « très agressive »[8]. Le 28 juin 1994, plus d'un mois après l'entretien, Valérie Bemeriki clame à l'antenne que « Dallaire est la base de cette guerre »[9].

Après Kantano Habimana, Valérie Bemeriki est l'animatrice ayant le temps d'antenne le plus important (environ 17 % de toutes les émissions de la RTLM)[10].

Condamnation[modifier | modifier le code]

Après le génocide, elle est jugée[5] comme étant l'une des 2 133 « planificateurs, organisateurs, instigateurs, superviseurs et dirigeants »[11], conformément à la loi sur le génocide de la République du Rwanda (1996)[12].

Valérie Bemeriki fuit Kigali pour son Zaïre natal en juillet 1994[2] et est arrêtée à Minova, près de Bukavu, dans la République démocratique du Congo, le 13 juin 1999 par l'armée rwandaise[2],[1]. Elle est reconnue coupable et accusée de planification, de génocide, d'incitation à la violence et de complicité dans plusieurs meurtres et condamnée à la réclusion à perpétuité par un tribunal Gacaca en 2009[4],[1].

Condamnée à perpétuité au Rwanda, elle devient, selon André Guichaoua, spécialiste de la région des Grands Lacs africains, le témoin obligé des autorités rwandaises dans de nombreuses procédures, ceci en dépit du rejet de l’intégralité de son témoignage, qualifié de « déplorable » par les juges du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) dans le procès des médias[13].

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de la page de Wikipédia en anglais intitulée « Valérie Bemeriki » (voir la liste des auteurs).

  1. a b et c « Valerie Bemeriki », TRIAL (Swiss association against impunity)
  2. a b c et d WK/DO/FH, « VALERIE BEMERIKI, ANCIENNE JOURNALISTE DE RTLM ARRETEE, RECONNAÎT LES FAITS QUI LUI SONT REPROCHES », Hirondelle, Kigali, Rwanda,‎ (lire en ligne)
  3. Yvonne Legatt-Smith, Rwanda : Not So Innocent : When Women Become Killers, African Rights, (ISBN 1-899477-05-5), p. 80
  4. a et b « Rwanda jails journalist Valerie Bemeriki for genocide », BBC, London, UK,‎ (lire en ligne)
  5. a et b http://www.pulitzer.org/archives/6922 Dele Olojede, « When Words Could Kill », Newsday, New York City, NY, USA,‎ (lire en ligne)
  6. Cassandra Cotton, « 'Where Radio is King:' Rwanda's Hate Radio and the Lessons Learned. », Atlantic International Studies Journal,‎ , p. 4–11 (lire en ligne, consulté le )
  7. Linda Melvern, Conspiracy to Murder : The Rwandan Genocide, London, UK, Verso Books, , 380 p. (ISBN 1-84467-542-4, lire en ligne), p. 175
  8. Roméo Dallaire, Shake Hands with the Devil. The Failure of Humanity in Rwanda, Random House Canada, , 562 p. (ISBN 978-0-679-31171-3), p. 349
  9. [1] UN transcript; ICTR-99-52-T; June 28, 1994, P137B, pg.17
  10. Allan (Ed.) Thompson, Kimani, Mary : RTLM : the Medium that Became a Tool for Mass Murder. In "The Media and the Rwanda Genocide", Pluto Press, Fountain Publishers, IDRC, , 463 p. (ISBN 978-0-7453-2625-2 et 0-7453-2625-0, lire en ligne), p. 116
  11. http://www.rwandaembassy.org/discover-rwanda/the-genocide-in-rwanda.html The Genocide in Rwanda: Rwanda Embassy, Washington, D.C., 08. January 2011
  12. Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Rwanda: Whether there is a "list" kept by the government of Hutus wanted in connection with the genocide (...) [accessed 17 March 2013]
  13. André Guichaoua, Rwanda : les enjeux du procès de Félicien Kabuga, theconversation.com, 30 août 2020