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Surgraissage

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Savon avec surgras issus d'une saponification à froid

Le surgraissage consiste à ajouter plus de corps gras que la soude ne peut en transformer en savon. L’objectif recherché est de produire un savon plus nourrissant, plus doux et produit avec plus de sécurité.

Principe

Chaque huile ou beurre possède son propre indice de saponification. La quantité de soude caustique rentrant dans la fabrication du savon est calculée à partir des indices de chaque corps gras utilisés dans la recette. En mettant en présence la soude et les corps gras, ces derniers seront transformés totalement en savon. L’indice de saponification est également appelé indice SAP ou valeur SAP. Son principe a été découvert par Michel-Eugène Chevreul[1].

La quantité d'huile peut être choisie supérieure à celle que la soude peut transformer, afin que les huiles ne soient pas toutes saponifiées. Celles en excès se retrouvent alors dans le savon final.

Le surgraissage, qui se traduit par un excès d'huiles résiduelles, a donc deux utilités la sécurité et le confort[2]:

Sécurité

Les indices de saponification qui servent à déterminer la quantité de soude sont des moyennes et peuvent varier : les huiles, beurres ou graisses n'ont pas la même composition tout au long de l'année. Leur qualité peut également changer selon les terroirs (avec une proportion variable en acides gras), selon les producteurs ou le mode d'extraction.

Afin d'éviter un défaut d'huile, qui ne consommerait pas toute la soude, il est courant d'utiliser une marge de sécurité en saponification à froid, d'au moins 5% de surgraissage[3]. On prévient de cette façon la formation d'un savon caustique. L'excès d'huile offre aussi une marge sur la précision du dosage des ingrédients[1],[4].

Pour la saponification à chaud, le principe est différent en raison du lavage de la soude en excès.

Confort

Le surgraissage confère au savon un caractère hydratant, émollient. Le savon seul assèche la peau[1]. En effet, les propriétés détergentes du savon dissolvent le film hydrolipidique qui recouvre naturellement la peau et l'entraîne dans l'eau avec les impuretés qu'elle contient[1]. Or, ce film représente une barrière contre les agressions extérieures et maintient la peau hydratée[1]. La présence d'huiles non saponifiées et la glycérine résiduelle (présente naturellement dans les savons saponifiés à froid) limitent le dessèchement de la peau et facilitent la reconstitution du film lipidique.

Seuils

Le surgraissage habituel se situe entre 5 et 8% (excès de poids sur le poids d'huile requis)[4]. Le surgras sera abaissé pour la fabrication d'un savon de ménage (nettoyage, lessive), mais toujours avec une marge de sécurité suffisante pour éviter la production d'un savon caustique (minimum 1% ou 2-3% selon les auteurs)[4],[5].

En-dessous de 5%, le savon perd de sa douceur ; au-dessus de 8% (voire 12% pour certains auteurs) le savon devient trop gras, poisseux, trop mou puisqu'il reste beaucoup de corps gras non saponifiés[1],[4],[5]. Le savon est aussi plus sensible au rancissement pour les corps gras (corps gras mono- et surtout poly-insaturés) qui y sont naturellement exposés et se conservera moins longtemps[1].

Dans le cas particulier de l'huile de coco (encore appelée huile de coprah), le côté desséchant que cette huile confère au savon, si elle est utilisée en grande quantité, doit être compensé par un surgraissage plus élevé[1].

L'opposé d'un savon surgras est un savon caustique[5].

Saponification à froid

Par la méthode de saponification à froid, le surgraissage est obtenu de deux façons,

Réduction de soude

Dans la première méthode, on rajoute des huiles par rapport au calcul de soude donné avec les indices de saponification, ou on soustrait une partie de la soude caustique nécessaire (ce qui revient au même)[4]. On l'appelle la réduction de soude[1].

Le surgraissage est réalisé dès le début de la recette, par l'excès de corps gras ajouté dans la composition de départ.

Surgraissage à la trace

L'autre méthode est le surgraissage au cours de la saponification, à la « trace », lorsque la saponification est suffisamment avancée pour donner une consistance pâteuse au mélange[4]. On ajoute une ou plusieurs matières grasses supplémentaires juste avant de mouler le savon[1].

L'intérêt de cette méthode serait de sélectionner l'huile qui participe au surgraissage du savon final ; on pressent que c'est utile dans le cas de l'introduction d'huiles « précieuses », donc souvent chères[4]. Cependant, la soude caustique transforme les esters d'acides gras (triglycérides) en privilégiant ceux qui sont les plus faciles à saponifier (donc sans regard pour la préciosité), puis le reste. La saponification se poursuit bien après la trace, car c'est une réaction lente qui dure 24 voire 48 heures[1],[6]. Seulement 35% des huiles seraient saponifiées au moment de la trace[1]. La méthode n'est donc pas autant sélective qu'elle y paraît. Son intérêt n'a pas été prouvé pour bénéficier sélectivement des propriétés de l'huile introduite à la trace pour contribuer au surgras final[1],[4],[5].

Saponification à chaud

La saponification à chaud est aussi appelée « méthode au chaudron ». Toutes les huiles sont saponifiées par un excès de soude. La pâte à savon est mise à chauffer pour accélérer la saponification[5]. Une fois celle-ci terminée, entre quelques heures et quelques jours selon la quantité de pâte préparée, l'excès de soude est lavé. Il est possible d'ajouter l'huile de surgraissage à cette étape et de la choisir, puisqu'elle ne sera pas saponifiée par la suite : la saponification est déjà terminée car la soude caustique a été retirée[5].

Intérêts

Les corps gras résiduels apportent de la sécurité pour la production d'un savon surgras et non caustique. Ils présentent un pouvoir nourrissant et adoucissant. Le savon est moins détergent que lors d'une saponification sans présence de surgras[4].

Dans le choix d'une recette, le surgras sera ajusté selon :

- le pouvoir nettoyant : si le pouvoir est élevé, le surgras vient palier le côté décapant du savon[6]

- la douceur du savon : plus elle est intrinsèquement basse, plus le surgras vient corriger la dureté du savon[6]

- le rancissement potentiel du savon (test à la iodine) : si le test à la iodine est élevé, cela signifie une forte sensibilité du savon à l'oxydation (forte proportion d'acides gras mono- et surtout poly-insaturés). Alors il vaut mieux limiter le surgras pour que le savon contienne moins d'huiles non saponifiées qui sont les plus fragiles[6].

Inconvénients

- les huiles non transformées insaturées vont rancir dans le temps ; le délai de conservation de savons riches en insaturés sera réduit[4].

- le surgras apporte de la mollesse au savon, lorsqu'il est utilisé en excès. Il doit donc être ajusté selon la dureté intrinsèque du savon

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Notes et références

  1. a b c d e f g h i j k l et m « Le surgraissage », sur Il était un savon, (consulté le )
  2. « ▷ Le surgraissage d'un savon, c'est quoi ? Pourquoi/comment s'en servir. », sur Apprendre à faire son savon, (consulté le )
  3. « La saponification à froid - Aroma-Zone », sur www.aroma-zone.com (consulté le )
  4. a b c d e f g h i et j « Savon surgras qu’est-ce que le surgraissage ? », sur Flow académie, (consulté le )
  5. a b c d e et f « Le surgraissage | Rêvons savon » (consulté le )
  6. a b c et d Alessandra, « Le surgraissage en saponification à froid », sur oOo Mademoiselle Savonne oOo, (consulté le )