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L'adieu

J'ai cueilli ce brin de bruyère
L'automne est morte souviens-t'en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t'attends

Guillaume Apollinaire (1880-1918) - Alcools (1913)

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s:Nothomb - Lever du soleil au mont Fuji

Amélie Nothomb - Lever du soleil au mont Fuji

Soudain, un fragment rouge apparut à l'horizon. Un frémissement parcourut l'assemblée muette. Ensuite, à une vitesse qui n'excluait pas la majesté, le disque entier sortit du néant et surplomba la plaine.

Alors se produisit un phénomène dont le souvenir n'a pas fini de me bouleverser ; des centaines de poitrines réunies là, dont la mienne, s'éleva une clameur : - Banzaï !

Ce cri était une litote : dix mille ans n'auraient pas suffi à exprimer le sentiment d'éternité japonaise suscité par ce spectacle.

Nous devions ressembler à un rassemblement d'extrême droite. Pourtant les braves gens qui étaient là devaient être aussi peu fascistes que vous et moi. En vérité, nous ne participions pas à une idéologie mais à une mythologie, et sûrement à l'une des plus efficaces de la planète.

Les yeux emplis de larmes, je contemplais le drapeau nippon perdre peu à peu son rouge pour déverser son or dans l'azur encore blafard. Amaterasu n'était pas ma cousine.

Amélie Nothomb - Ni d'Ève, ni d'Adam (p. 125) – éd. Albin Michel, 2007

s:Aragon - Strophes pour se souvenir

Louis Aragon - Strophes pour se souvenir

Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans

(...)

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant.


Louis Aragon (3/10/1897- 1982) - Le Roman Inachevé (1956) – éd. Gallimard

s:Aymé - Le Passe-muraille

Marcel Aymé - Le Passe-muraille

Il y avait à Montmartre, au troisième étage du 75 bis de la rue d'Orchampt, un excellent homme nommé Dutilleul qui possédait le don singulier de passer à travers les murs sans en être incommodé. (...)

Dutilleul venait d'entrer dans sa quarante-troisième année lorsqu'il eut la révélation de son pouvoir. Un soir, une courte panne d'électricité l'ayant surpris dans le vestibule de son petit appartement de célibataire, il tâtonna un moment dans les ténèbres et, le courant revenu, se trouva sur le palier du troisième étage. Comme sa porte d'entrée était fermée à clé de l'inté­rieur, l'incident lui donna à réfléchir et, malgré les remontrances de sa raison, il se décida à rentrer chez lui comme il en était sorti, en passant à travers la muraille. Cette étrange faculté, qui semblait ne répondre à aucune de ses aspirations, ne laissa pas de le contrarier un peu et, le lendemain samedi, profitant de la semaine anglaise, il alla trouver un médecin du quartier pour lui exposer son cas.

Marcel Aymé (1902 - 17/10/1967).Le Passe-muraille (1943) - éd. Gallimard

s:Anouilh - Donner une âme

Jean Anouilh - Donner une âme

Tu vois qu'il faut leur donner une âme à ces gens-là, une foi, quelque chose de simple. Il y a justement dans ta capitainerie une petite à qui saint Michel est apparu et aussi sainte Catherine et sainte Marguerite, à ce qu'elle dit. Je t'arrête. Je sais ce que tu vas me dire : tu n'y crois pas. Mais tu passes là-dessus, provisoirement. – C'est là que tu es vraiment extraordinaire. Tu te dis : c'est une petite bergère de rien du tout, bon ! Mais supposons qu'elle ait Dieu avec elle, rien ne peut plus l'arrêter. Et qu'elle ait Dieu avec elle ou non, c'est pile ou face. On ne peut pas le prouver, mais on ne peut pas non plus prouver le contraire... Or, elle est parvenue jusqu'à moi, malgré moi, et il y a une demi-heure que je l'écoute – çà tu ne le discutes pas, c'est un fait. Tu constates. Alors, tout d'un coup, il y a ton idée, ton idée qui commence à te venir. Tu te dis : puisqu'elle m'a convaincu, moi, pourquoi ne convaincrait-elle pas le dauphin et Dunois et l'archevêque ?

Jean Anouilh (1910 – 3/10/1987) – L'alouette (1953) – éd. de La Table Ronde

s:Guillaume Apollinaire - L'Adieu

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L'adieu

J'ai cueilli ce brin de bruyère
L'automne est morte souviens-t'en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t'attends

Guillaume Apollinaire (1880-1918) - Alcools (1913)

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