Mouvement des citoyens du Reich

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Manifestation de « citoyens du Reich » en référence à l'article 146 de la Constitution devant le bâtiment du Reichstag à Berlin, 2013

Le mouvement des citoyens du Reich (en allemand : Reichsbürgerbewegung) désigne plusieurs groupes dispersés et sectaires[1] de théoriciens du complot et d'extrême droite en Allemagne, qui se décrivent « citoyens du Reich », « gouvernement du Reich », « ressortissants de l'État libre de Prusse » ou encore « personnes naturelles »[2]. Apparus dans les années 1980, ils se renforcent depuis les années 2010[3].

Leur idéologie comprend le rejet de la démocratie et souvent la négation de l'Holocauste[3]. Leurs partisans considèrent, contrairement à la jurisprudence et la doctrine majoritaire, que l'Empire allemand (Reich) continuerait d'exister, mais pas sous la forme actuelle de la République fédérale allemande (Bundesrepublik Deutschland). Selon eux, l'Empire allemand dans ses frontières de 1937 (ou de 1914) serait représenté par un gouvernement par intérim (kommissarische Reichsregierung - KRR) dont la composition diffère selon les groupes, chacun s'en attribuant la légitimité. Le mouvement des citoyens du Reich est pour cette raison aussi connu comme « la scène KRR » ou « la scène des idéologues du Reich ».

Des groupes aux idéologies semblables existent dans d'autres pays, à commencer par les États-Unis, avec les Freemen on the land ou One People's Public Trust (de), ce dernier étant actif dans les pays germanophones, et particulièrement en Autriche[4].

Théories et argumentation

Les théories du complot du mouvement des citoyens du Reich ont pour principe fondamental[réf. nécessaire] que l'Empire allemand, selon le droit international, s'est perpétué jusqu'à nos jours indépendamment de l'existence de l'État fédéral allemand actuel (Bundesrepublik Deutschland), la Constitution de Weimar n'ayant jamais été abolie, ni par les nazis, ni par les puissances alliées à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Selon cette théorie, l'État fédéral serait donc illégal à la fois sur le plan du droit international et constitutionnel, et son existence nulle de jure. L'Empire allemand est non seulement toujours existant sur le plan légal, mais dispose également d'un gouvernement par intérim (kommissarische Reichsregierung) qui, bien qu'actuellement dépourvu de la puissance publique, remplit légalement les rôles de gouvernement et de fonction publique pour l'Allemagne.[réf. nécessaire]

En conséquence, les partisans du mouvement des citoyens du Reich affirment que la République fédérale allemande ne serait qu'une « société à responsabilité limitée » (BRD Gmbh, ou Deutschland Gmbh[5],[6]), une entreprise dont les citoyens seraient les « employés ». De même, l'Empire allemand se trouverait toujours en guerre et sous occupation alliée, ce que démontreraient la présence de bases militaires étrangères sur sol allemand, l'article 120 de la Constitution et les articles de l'ONU considérant l'Allemagne comme une puissance ennemie. En conséquence, les lois et règlements de la République fédérale allemande, ainsi que la perception d'impôts, n'ont aucune validité légale. Les représentants du mouvement des citoyens du Reich cherchent en général l'abolition de la Constitution, en se basant sur son article 146. Cette revendication est également avancée par le NDP, qui voit dans la Constitution un « diktat des puissances victorieuses ».

Ces théories se fondent sur la question, déjà abordée avant la création des deux États allemands, de la succession juridique de l'Empire allemand. L'entrée de la République démocratique allemande dans la République fédérale allemande et le recouvrement de la pleine souveraineté n'ont pas provoqué la chute définitive de l'Empire allemand, ni la création d'un nouvel État (l'Allemagne unifiée), et la République fédérale allemande n'est pas identique à l'Empire allemand au regard du droit international.

Notes et références

  1. (de) Alexander Fröhlich, « Reichsbürger fluten Gerichte mit Klagen », Der Tagesspiegel,‎ (lire en ligne)
  2. (de) Almut Cieschinger, « Wer sind die Reichsbürger - und was wollen sie? », Der Spiegel,‎ (lire en ligne)
  3. a et b (de) « Glossar », sur Bundeszentrale für politische Bildung (consulté le )
  4. (de) Stephan Löwenstein, « Reichsbürger in Österreich: Martialisches Polizeiaufgebot gegen die liebevolle Omi », Frankfurter Allgemeine Zeitung,‎ (ISSN 0174-4909, lire en ligne)
  5. (de) mdr.de, « Hintergrund: Für Reichsbürger existiert das Deutsche Reich noch immer », Mitteldeutscher Rundfunk,‎ (lire en ligne)
  6. (de) Antonia Kleikamp, « Hilfe, existiert das Deutsche Reich etwa noch? », Die Welt,‎ (lire en ligne)

Articles connexes