Loi de Bowley

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La Loi de Bowley, du nom de Arthur Lyon Bowley est aussi connue comme la loi de la part constante des salaires, est un fait stylisé d'économie qui énonce que la part des salaires d'un pays reste constante sur le long terme. La part des salaires est évaluée par rapport au Produit intérieur brut[1]. Des recherches menées au début du XXIe siècle ont cependant montré que la part des salaires avait décliné dans les grandes puissances économiques.

Origine

Le terme loi de Bowley a été d'abord utilisé par Paul Samuelson en 1964 dans la sixième édition de son livre Economics sous le nom de fait stylisé de la part constante des salaires[2]. Samuelson voulait rendre hommage à l'économiste Arthur Bowley, le pionnier des études statistiques des revenus au Royaume-Uni. Si lui et Josiah Stamp avaient constaté le fait en étudiant la part des salaires entre 1911 et 1924, Bowley devint le premier à affirmer clairement la constance de la part des salaires dans son livre de 1937 Wages and Income in the United Kingdom since 1860[3]. Ce constat était profondément en opposition avec les enseignements des économistes classiques comme Ricardo et Marx pour qui les parts des facteurs terre, capital et travail étaient fondamentalement flexibles[4].

Recherche

Depuis ses débuts dans les années 1920, les recherches empiriques sur la part des facteurs ont été intimement liées au développement de la comptabilité nationale. Nécessitant d'agréger des données sur les salaires venant de sources différentes, les premières études dans les années 1930 sur la croissance ou le déclin de la part des salaires présentaient des problèmes de mesure et de comparabilité. Avec les progrès de la comptabilité nationale, des économistes comme Phelps-Brown et Weber (1953) ou Johnson (1954) montrèrent que la part des salaires était constante[5],[6]. En conséquence, la constance de la part des salaires fut largement acceptée par les économistes comme un fait stylisé[7]. Ce consensus fut mis à l'épreuve par plusieurs travaux empiriques de la fin des années 1950, notamment ceux de Kuznets (1959) ou Solow (1959)[8],[9]. Même si l'intérêt académique pour la loi de Bowley diminue à partir de 1960, son impact sur la théorie économique demeura profond à travers son influence sur la macroéconomie de Kalecki et de Keynes et des post-keynésiens qui comme Joan Robinson ont développé des théories macroéconomiques capables d'expliquer l'existence d'une part constante des salaires. De même la loi de Bowley est présente dans la théorie néo-classique des salaires développée dès les années 1930 par John Hicks et Paul Douglas. Peut-être le point le plus important réside l'inclusion de la loi de Bowley dans les faits de Kaldor que les économistes néoclassiques ont cherché à expliquer. En effet ces recherches ont profondément marqué le développement de la théorie économique moderne[10].

Au début des années 2000 les économistes ont recommencé à s'intéresser à la loi de Bowley[11],[12]. En effet nombre de recherches sur des données postérieures à 1960 ont semé de gros doutes sur la réalité de la loi de Bowley sur cette période[13],[14],[15],[16]. Des recherches suggèrent que dans les principales économies, y compris les États-Unis, la part des salaires a significativement diminué depuis 1980.

Références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Bowley's law » (voir la liste des auteurs).
  1. H. M. Krämer, « Bowley's Law: The Diffusion of an Empirical Supposition into Economic Theory », Cahiers d'économie politique/Papers in Political Economy, no 61,‎ , p. 19–49 [p. 20] (JSTOR 43107795)
  2. P. Samuelson, Economics: An Introductory Textbook, New York, McGraw-Hill, , p. 736
  3. S. Carter, « Real wage productivity elasticity across advanced economies, 1963–1996 », Journal of Post-Keynesian Economics, vol. 29, no 4,‎ , p. 573–600 [p. 580] (DOI 10.2753/PKE0160-3477290403)
  4. H. M. Krämer, « Bowley's Law: The Diffusion of an Empirical Supposition into Economic Theory », Cahiers d'économie politique/Papers in Political Economy, no 61,‎ , p. 19–49 [p. 25] (JSTOR 43107795)
  5. E. H. Phelps Brown et B. Weber, « Accumulation, Productivity, and Distribution in the British Economy, 1870–1938 », Quarterly Journal of Economics, vol. 63, no 250,‎ , p. 263–288 (DOI 10.2307/2227124, JSTOR 2227124)
  6. D. G. Johnson, « The Functional Distribution of Income in the United States, 1850–1952 », Review of Economics and Statistics, vol. 36, no 2,‎ , p. 175–182 (JSTOR 1924668)
  7. N. Kaldor, « A Model of Economic Growth », The Economic Journal, vol. 268, no 67,‎ , p. 591–624 (JSTOR 2227704)
  8. S. Kuznets, « Quantitative Aspects of the Economic Growth of Nations: IV. Distribution of National Income by Factor Shares », Economic Development and Cultural Change, vol. 7, no 3 Part 2,‎ , p. 1–100 (JSTOR 1151715)
  9. R. M. Solow, « A Skeptical Note on the Constancy of Relative Factor Shares », American Economic Review, vol. 48, no 4,‎ , p. 618–631 (JSTOR 1808271)
  10. H. M. Krämer, « Bowley's Law: The Diffusion of an Empirical Supposition into Economic Theory », Cahiers d'économie politique/Papers in Political Economy, no 61,‎ , p. 19–49 [p. 27] (JSTOR 43107795)
  11. D. Gollin, « Getting Income Shares Right », Journal of Political Economy, vol. 110, no 2,‎ , p. 458–474 (DOI 10.1086/338747)
  12. D. Gollin, The New Palgrave Dictionary of Economics, 2nd, , « Labour's share of income »
  13. S. Bentolila et G. Saint-Paul, « Explaining Movements in the Labor Share », Contributions to Macroeconomics, vol. 3, no 1,‎ , p. 1–31 (DOI 10.2202/1534-6005.1103)
  14. A. Guscina, « Effects of Globalization on Labor’s Share in National Income », IMF Staff Papers, no 294,‎
  15. M. W. L. Elsby et al., « The Decline of the U.S. Labor Share », Brookings Papers on Economic Activity, vol. 47, no 2,‎ , p. 1–63 (lire en ligne)
  16. L. Karabournis et B. Neiman, « The Global Decline of the Labor Share », Quarterly Journal of Economics, vol. 129, no 1,‎ , p. 61–103 (DOI 10.1093/qje/qjt032)

Sources

  • A. L. Bowley, Wages in the United Kingdom in the Nineteenth Century: Notes for the Use of Students of Social and Economic Questions, Cambridge, UK, Cambridge University Press, (lire en ligne)
  • A. L. Bowley, Wages and Income in the United Kingdom Since 1860, Cambridge, Cambridge University Press, (lire en ligne)