Discussion:Château de Champs-sur-Marne

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De Gaulle, Ben Bella et le château de Champs-sur-Marne[modifier le code]

A mon sens, ce passage a peut-être son intérêt dans l'article consacré à Ahmed Ben Bella mais pas dans celui consacré au château de Champs-sur-Marne, qui y est à peine mentionné et sur lequel il ne nous apprend rien en dehors de l'existence même de ce séjour, par ailleurs mentionnée avec ses dates dans le corps de l'article. --Justelipse (d) 29 décembre 2012 à 20:24 (CET)[répondre]

Le château de Champs-sur-Marne a été le cadre de l’une des deux rencontres entre le Général de Gaulle et Ahmed Ben Bella. Ce dernier est l’auteur d’un article dans l’Express du 26 octobre 1995 où il évoque ces deux rencontres[1] :
« La première fois que nous nous sommes rencontrés, c'était en avril 1944, en Italie, au nord du monte Cassino. Il avait insisté, contre l'avis des Alliés, pour que le corps expéditionnaire français participe à cette campagne. La plupart des troupes venaient d'Afrique du Nord. J'appartenais à une unité d'élite, le 5e régiment de tirailleurs marocains (RTM), basé à El Malah. Cet hiver-là, le froid fut terrible. Nous progressions dans les montagnes, pied à pied, repoussant l'ennemi à la baïonnette, à la grenade, à l'arme automatique, parfois à coups de poignard... De Gaulle nous a gratifiés d'une visite spéciale. Il allait, disait-on, décorer cinq ou six officiers. Moi, le sous-off, je ne me sentais pas concerné. Juste avant la cérémonie, le colonel me fait chercher: «Comment, vous n'êtes pas prêt? Dépêchez-vous donc, on vous attend!» De Gaulle, ce jour-là, m'a remis la médaille militaire pour faits de guerre exceptionnels.
Vingt ans plus tard, le 13 mars 1964, eut lieu notre seconde entrevue. Je venais de passer quelques jours à Belgrade, à l'invitation de Tito. Avant et pendant la guerre, de Gaulle avait soutenu Mihailovic contre lui. Têtu comme une mule, il en voulait à Tito, et leurs relations étaient à peu près inexistantes. Le chef de l'État yougoslave avait évoqué cette vieille brouille: "Vois si tu peux faire quelque chose..." Sur le chemin du retour, par l'entremise de Georges Gorse - un diplomate de tout premier ordre, alors ambassadeur à Alger - on arrangea une rencontre au château de Champs, près de Meaux, avec le Général. De prime abord, l'homme avait la solennité d'une statue de l'Histoire. Un peu distant, guindé par le protocole, le ton, au bout de deux à trois minutes, prit un tour d'une chaleur exceptionnelle. J'ai plaidé la cause de Tito. Echange laborieux, mais il a fini par se rendre à mes raisons. Je souhaitais un retrait anticipé de l'armée française d'Algérie et la coopération de la France pour développer une activité de chantiers navals à Mers el-Kébir. Il a consenti à tout. "A mon tour, dit-il. Je veux renouer avec les pays arabes, et surtout il y a un homme qui m'intéresse, c'est Nasser." Il savait, bien entendu, que je n'aurais aucune difficulté à les mettre en contact. Nasser a d'ailleurs saisi la balle au bond: "Dis à de Gaulle qu'il est invité officiellement au Caire. A lui de choisir une date!" A Champs, le Général avait abordé une question capitale pour lui: "J'ai besoin d'une Algérie forte, mais aussi d'une France forte, qui ne subisse pas la loi des États-Unis. Puis-je compter sur vous?" Pour moi, c'était l'évidence. De son côté, il a joué à fond la carte de la stabilité en Algérie, du moins tant que j'ai été en fonctions. Il m'avait proposé de venir à Paris l'année suivante, en 1965, pour y signer les accords auxquels nous étions parvenus à propos du pétrole. "Les Français doivent apprendre à vous considérer comme un chef d'Etat. Nous remonterons ensemble les Champs-Elysées." Le coup d'Etat de Boumediene - dont je connaissais les intentions et que j'aurais pu faire arrêter vingt fois - eut raison de ce projet, comme de la conférence afro-asiatique en préparation à Alger, et qui promettait d'être un second Bandung. Du fond de ma prison, j'ai appris que de Gaulle était intervenu auprès de Boumediene, par la voix de Jean de Broglie, alors secrétaire d'Etat, pour que j'aie la vie sauve. De Gaulle n'était pas un politicien. Il avait cette dimension universelle qui fait trop souvent défaut aux dirigeants actuels. »
  1. Ahmed Ben Bella, « De Gaulle voyait plus loin », L'Express,‎ (lire en ligne)