Comité provincial pour le suffrage féminin

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Le Comité provincial pour le suffrage féminin (CPSF) est une association féministe du Québec, cofondée en 1922 par Marie Lacoste Gérin-Lajoie et Anna Marks Lyman. Son objectif premier fut de faire déposer, dans les plus brefs délais, un projet de loi en faveur du suffrage féminin à l'Assemblée législative du Québec[1].

Stratégies[modifier | modifier le code]

La lutte menée par les militantes se déclina en deux tactiques parallèles[2]:

  • L'une pris la forme de grands pèlerinages à destination de l'hôtel du Parlement du Québec, afin de faire pression sur le Premier ministre et les élus provinciaux;
  • L'autre se présenta comme une vaste campagne d'éducation populaire, où se côtoyèrent manifestations publiques et interventions variées dans les médias.

Historique[modifier | modifier le code]

Fondation[modifier | modifier le code]

En janvier 1922, Marie Lacoste Gérin-Lajoie et Anna Marks Lyman décidèrent d'unir leur force en mettant sur pied un regroupement de suffragettes franco-catholiques et anglo-protestantes sous la bannière du Comité provincial pour le suffrage féminin. Au sein de celui-ci, on y retrouva plusieurs figures marquantes, telles que Carrie Derick, Idola Saint-Jean et Thérèse Casgrain[3]. La plupart des membres, initialement issues de la Fédération nationale Saint-Jean Baptiste ou de la Montreal Suffrage Association[4], s'inspirèrent de certaines idées contemporaines de leurs consœurs britanniques, françaises et américaines. En effet, les revendications du CPSF s’inscrivirent dans un mouvement féministe plus large, dit « maternaliste », c'est-à-dire qu'elles ne remettaient pas en question l'idéologie des sphères séparées, soit l’assignation privilégiée des hommes aux affaires publiques et des femmes à la procréation et aux soins domestiques[5].

Intervention à Rome[modifier | modifier le code]

Afin d'obtenir l'aval de l'Église catholique, Marie Lacoste Gérin-Lajoie s'entretint le 17 mars 1922 avec le délégué apostolique du Canada, Mgr Pietro Di Maria. Il lui recommanda de se rendre directement à Rome de manière à s'enquérir des directives pontificales en ce qui a trait au suffrage féminin. Ne pouvant obtenir d'audience privée avec le Pape Pie XI, elle se rendit plutôt au Congrès de l'Union internationale des Ligues catholiques féminines (UILCF), qui se tenait en mai 1922 à Rome. Une centaine de délégués, représentant un total de quinze pays, y délibérèrent pendant plusieurs semaines. Le Congrès se conclut par l'adoption d'un énoncé de principes sur la question des droits politiques de la femme, et non une prise de position résolue comme l'aurait souhaité la coprésidente du comité[6].

Travaux parlementaires[modifier | modifier le code]

À sa création en janvier 1922, le comité mis sur pied une grande marche à destination de l'Assemblée législative du Québec, qui devenue par la suite une tradition annuelle de 1927 à 1940[1]. La première année fut marquée par la mobilisation de 400 à 500 femmes qui vinrent à la rencontre du Premier ministre du Québec, Louis-Alexandre Taschereau[7]. Afin de se faire entendre lors des travaux parlementaires, les militantes convainquirent le député libéral Henry Miles d'incarner leurs revendications, en y présentant un projet de loi soutenant le suffrage féminin aux élections provinciales. Le document législatif fut aussitôt rejeté par le Premier ministre, sans même avoir préalablement fait l'objet d'un débat[8]. En novembre 1922, Marie-Lacoste Gérin-Lajoie démissionna de son poste de coprésidente du CPSF sous la pression d'une pétition signée par plus de 25 000 femmes anti-suffragistes, ce qui eut pour effet de mettre en veille les activités de l'association[4]. À la suite d'un regain d'intérêt pour la cause en 1927, un second projet de loi fut proposé à l'Assemblée législative du Québec. Ce dernier connu le même sort que le premier[8].

Scission[modifier | modifier le code]

En 1927, la lutte pour le suffrage féminin au Québec procéda à un remaniement de ses effectifs, ce qui occasionna le fractionnement du CPSF en deux organisations distinctes[4] :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Maryse Darsigny, « Les femmes à l’isoloir : La lutte pour le droit de vote », Cap-aux-Diamants,‎ , p. 19 (ISSN 1923-0923, lire en ligne)
  2. « Droit de vote et d'éligibilité des Québécoises », sur Élections Québec (consulté le )
  3. « Obtention du droit de vote et d'éligibilité pour les femmes québécoises », sur Répertoire du patrimoine culturel du Québec, (consulté le )
  4. a b et c Denyse Baillargeon, « Les Québécoises et le vote », Bulletin d'histoire politique,‎ , p. 169 (ISSN 1929-7653, lire en ligne)
  5. Peter Gossage et John Irvine Little (trad. de l'anglais), Une histoire du Québec : Entre tradition et modernité, Montréal, Les Éditions Hurtubise, , 479 p. (ISBN 978-2-89723-477-5), p. 240-241
  6. Luigi Trifiro, « Une intervention à Rome dans la lutte pour le suffrage féminin au Québec (1922) », Revue d'histoire de l'Amérique française,‎ (ISSN 0035-2357, lire en ligne)
  7. « Idola Saint-Jean », sur L'Encyclopédie canadienne, (consulté le )
  8. a et b Antonin Dupont, « Louis-Alexandre Taschereau et la législation sociale, 1920-1936 », Revue d'histoire de l'Amérique française,‎ , p. 417 (ISSN 1492-1383, lire en ligne)