Chant polyphonique des pygmées Aka

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Les chants polyphoniques des pygmées Aka de Centrafrique *
Image illustrative de l’article Chant polyphonique des pygmées Aka
Enfant Bayaka.
Pays * Drapeau de la République centrafricaine République centrafricaine
Liste Liste représentative
Année d’inscription 2003
Année de proclamation 2003
* Descriptif officiel UNESCO

Les chants polyphoniques des pygmées Aka une forme complexe de polyphonie contrapuntique à 4 voix ou 5 voix des pygmés Aka. Ces chants polyphoniques font partie de l'héritage culturel immatériel de l'humanité de l’UNESCO depuis 2003.

Les pygmées Aka

Les Pygmées constituent un groupe ethnique estimé à un peu plus de 200 000 individus[1].

Ils font partie d'une des plus anciennes ethnies d'Afrique. Leur existence est évoquée dès la haute antiquité. Ce groupe ethnique est réparti sur plusieurs pays africains[1]. Le peuple Aka est une population de pygmées nomades d’Afrique centrale, vivant principalement dans le sud de la République centrafricaine, ainsi que dans le nord de la République démocratique du Congo.

Ce peuple de chasseurs-cueilleurs entretient des relations de commerce avec les fermiers Ngbandi.

Les Pygmées Aka vivent dans le sud-ouest de la République centrafricaine[2]. Ils habitent généralement dans les forêts du nord du Congo-Brazzaville et du sud de la Centrafrique. Ils parlent le aka et essaient de préserver leur culture malgré la raréfaction des ressources dans une sylve dévastée par le modernisme et la mondialisation[3].

Ethnonymie

Selon les sources et le contexte, on observe de très nombreuses variantes : Akas, Baaka[2], Ba.Aka, Babenga, Babenjelle, Ba.Benjelle, Babenzele, Ba.Benzele, Babinga, Babingas, Bambenga, Bambenzele, Ba.Mbenzele, Bayaga, Bayaka, Beká, Benjelle, Biaka, Binga, Bingas, Mbaka, Mbenzele, Mbinga, Mòáka, Nyoyaka, Pygmées Aka, Tara-Baaka, Yadinga1.

Selon le père spiritain, Henri Trilles, Aka signifie seigneur dans l'ancienne langue égyptienne2.

Culture

Leur complexe musique polyphonique a été étudiée par plusieurs musicologues comme Simha Arom, qui a réalisé plusieurs enregistrements3 sur le terrain, et Mauro Campagnoli, qui a étudié leurs instruments et les a comparés avec ceux d'autres peuples pygmées comme les Bakas. Des compositeurs occidentaux contemporains tels que György Ligeti, Steve Reich et le pianiste Pierre-Laurent Aimard se sont intéressés à leur musique. Le trio Aka moon a, quant à lui, basé une grande part de son répertoire sur l'étude des musiques pygmées.

Les traditions orales du peuple Aka font partie du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l’UNESCO depuis 2003.

Une étude sur les relations par société entre les pères et leurs enfants a élu les Akas « meilleurs pères du monde »4,5. Les pères Aka passent plus de temps en contact étroit avec leurs enfants que ceux de toute autre société. Ils donnent aussi le sein aux bébés pour les calmer en l'absence de leur mère. De plus, les liens entre époux sont très forts, la mère et le père partagent la chasse, la préparation de la nourriture, les activités sociales et les loisirs6.

La musique traditionnelle

Les Pygmées Aka ont créé une forme complexe de polyphonie contrapuntique à 4 voix ou 5 voix[4]. Cette technique est maîtrisée par tous les membres de la communauté.

La musique mais également la danse font partie des rituels des Aka. Ainsi, par exemple, lors des cérémonies de la vie AKA, comme l’inauguration de campements, les sorties de chasse ou les naissances et funérailles[2].

Ces chants sont uniquement oraux ce qui favorise l’expression spontanéité et improvisation. Ainsi, chaque personne module sa voix et fait évoluer constamment la musique. Ils véhiculent les la culture et les connaissances fondatrices de la cohésion de la communauté. Selon le rituel, certaines danses sont exécutées par des hommes, d’autres par des couples mixtes, ou en solo. Reposant exclusivement sur la transmission orale, les pygmées Aka ont su préserver leur savoir dans l’ensemble de la communauté en associant les enfants à tous les rituels dès leur plus jeune âge[2].

Leur polyphonies vocales font appel à plusieurs modalités d’expression dont la technique du jodel qui les distingue de celui de leurs voisins non-pygmées[5]

Accompagnements

Ces chants polyphoniques sont rythmés par les frappements des mains, ils peuvent être accompagnés par des percussions mais aussi des instruments à cordes [6]choisis selon les circonstances[2],[7]. Parmi ces instruments on trouve : l'enzeko, un tambour local, le geedale-bagongo semblable à une harpe, le mbela, qui a la forme d'un arc à une corde, la harpe arquée, la harpe-cithare, l'arc musical, la flûte[3].

Voir aussi

Bibliographie

  • (de) Gerhard Kubik, Moses Yotamu et Artur Simon, « Zone VI, Ewe- und Aka-Völker », in Westafrika, VEB Deutscher Verlag für Musik, Leipzig, 1989, p. 144-165
  • (en) Barry S. Hewlett, Intimate fathers : the nature and context of Aka pygmy paternal infant care, University of Michigan Press, Ann Arbor, 1991, 201 p. (ISBN 978-0-472-10184-9)
  • (en) Barry S. Hewlett et L. Sforza Cavalli, « Cultural transmission among Aka pygmies », American Anthropologist, 1986, n° 88, p. 922-934
  • (en) Koichi Kitanishi, « The Aka and Baka : food sharing among two central Africa hunter-gatherer groups », in Senri ethnological studies (Osaka), n° 53, 2000, p. 149-169
  • (en) Andrew J. Noss, « Aka net hunting », in Philip M. Peek, African folklore: an encyclopedia, Routledge, New York, 2004, p. 175-177
  • (en) Masato Sawada, « Rethinking methods and concepts of anthropological studies on African Pygmies' world view : the creator-God and the dead », in African study monographs (Kyoto), numéro special, n° 27, 2001, p. 29-42
  • Serge Bahuchet, Les Pygmées Aka et la forêt centrafricaine : ethnologie écologique, SELAF, Paris, 1985, 638 p. (ISBN 978-2-85297-179-0)
  • Noël Ballif, Les pygmées de la grande forêt, L'Harmattan, Paris, 1992, 240 p. (ISBN 2738409644)
  • Beb-Deum, PK 12 : voyages en Centrafrique, de Bangui aux pygmées Aka : entre mutineries et coups d'État : janvier 2000-mars, avril 2001, Éd. du Rouergue, Rodez, 2003, 96 p. (ISBN 978-2-84156-473-6)
  • Victor Bissengué, Contribution à l'histoire ancienne des Pygmées : l'exemple des Aka, L'Harmattan, 2004, 205 p. (ISBN 978-2-7475-7282-8) sangonet.com
  • Susanne Fürniss, « Le système pentatonique de la musique des Pygmées Aka (Centrafrique) » (thèse de doctorat de l'Université Sorbonne nouvelle), in Journal des africanistes, 63 (2), 1993, p. 133-137
  • Elisabeth Motte-Florac, Les plantes chez les pygmées Aka et les Monzombo de la Lobaye (Centrafrique) : contribution à une étude ethnobotanique comparative chez des chasseurs-cueilleurs et des pêcheurs-cultivateurs vivant dans un même milieu végétal, Peeters Publishers, 1980, 573 p. (ISBN 978-2-85297-065-6)
  • Jacqueline M.C. Thomas et Serge Bahuchet (dir.), Encyclopédie des pygmées Aka : techniques, langage et société des chasseurs-cueilleurs de la forêt centrafricaine (Sud- Centrafrique et Nord-Congo), Société d'études linguistiques et anthropologiques de France, Paris, plusieurs volumes. Premier livre : Les Pygmées aka ; fasc. 1 : Introduction à l'Encyclopédie (1983, 140 p.) ; fasc. 2 : Le monde des Aka (1990, 242 p.) ; fasc. 3 : La société (1990, 244 p.) ; fasc. 4 : La langue (1990, 183 p.) vjf.cnrs.fr

Discographie

  • (en) Louis Sarno, Bayaka : the extraordinary music of the Babenzele pygmies and sounds of their forest home, Ellipsis Arts, Roslyn, N.Y., 1995, 1 CD + 1 livret de 93 p. (ISBN 978-1-55961-313-2)
  • Centrafrique : anthologie de la musique des pygmées Aka (texte de Simha Arom, trad. par David Stevens), prod. Radio-France, Paris ; distrib. Harmonia Mundi, Arles, 2002, 2 CD (2 h 14 min 34 s) + 1 livret

Filmographie

  • Berceuse Aka, documentaire réalisé par François Gaulier et Alain Epelboin, CNRS Audiovisuel, Meudon, 1988, 6 min (VHS)
  • Les Maîtres fous, documentaire ethnographique réalisé par Jean Rouch, 1956
  • Chants et danses des pygmées Aka du Congo au musée du quai Branly (ARTE Concert)

Articles connexes

Liens externes

Références