Birahima Fatma Thioub Fall

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Birima Fatma Thioub
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Biographie
Activité
Période d'activité
Enfant

Birahima Fatma Thioub Fall[1] (Brayma Fatma Cuub[2] en wolof) est un damel du Cayor – le souverain d'un royaume précolonial situé à l'ouest du Sénégal.

La vie de Birima Fatma Thioub

Bataille de Ndiop

La guerre qui fut provoquée par l’installation de Birima à Ndiob, dans le Sine, le roi du Sine était Wagane Koumba Sandiane Faye à cette époque.

Les frères et une bonne partie des captifs de la Couronne et des griots, Il alla demander asile au Bour Sine qui l’installa au village de Ndiob, près de la frontière du Baol. Mais là, les compagnons de Birima ne se tinrent pas tranquilles.

Ils pénétraient de temps en temps dans le Baol, razziant le bétail qui se trouvait à leur portée. Les notables se plaignirent auprès du Damel qui envoya un ultimatum au Bour Sine et demanda d’éloigner de la frontière le jeune Birima et sa suite ou d’accepter la guerre. Le Bour refusa de déranger son hôte.

Le Damel marcha contre lui avec tout le Kayor et le Baol réuni. Son

ennemi l’attendait de pied ferme avec son armée, le jeune Birima et sa suite. L’armée du Sine était

commandée par le chef de Ndiob, Lat Garang, oncle du roi.

Le jeune Birima et ses compagnons

formaient l’avant-garde et devaient recevoir le premier choc de l’ennemi.

Le combat fut terrible.

Assis sur son cheval Gainako, refusant de reculer d’un seul pouce, Birima vit ses frères et ses captifs tomber à ses pieds, blessés ou tués, en lui servant de rempart contre le feu intense de l’ennemi.

Lat Sellé Tioro, Mali Koumba Tiébé, Birima Madjira, Matioro Fari Déguèn, Ndiogou Pen Fari Déguèn, Mbar Detié Ndella Dieye, Makor Ndella Dieye, Thié Koumba Bigué et Mali Koumba Bigué, tous frères de

Birima, tombèrent à tour de rôle, leurs coursiers gisant à côté d’eux.

Le moment était grave, mais

Birima n’avait pas voulu bouger, toujours sur son cheval donnant l’ordre de riposter. C’est à ce

moment qu’on vit le griot s’approcher du chef de l’armée du Sine qui était jusque-là inactif, en lui

rappelant les paroles solennelles qu’il avait prononcées la veille de l’arrivée de l’armée du Damel :

« Si les Kayoriens arrivaient, je me ferais faucher devant eux avec mon cheval Nassara (appelé Tobo

selon certains).

Si mon village, Ndiob, brûlait, je mourrais dans les flammes plutôt que de reculer ».

À ces mots, Lat Garang, debout sur ses étriers, éleva sa lance au-dessus des têtes et confirma sa

déclaration.

“En avant Sine” criait-il en chargeant l’ennemi à de nombreuses reprises.

Il eut trois chevaux tués sous lui. L’armée du Damel, qui avait subi de grosses pertes, commença à reculer, laissant l’adversaire maître du terrain. Presque tous les fils du Damel étaient blessés :

l’aîné, ThiéYasin Yasin Dieng, Thié Koumba Kairé, Mali Koumba Kairé, Souka Kairé, Mali Koumba Ndella, LatNdella Ndoumbé, Lat Kairé Maé Diokel, Thié Koumba Fatim Penda.

On dit que l’aîné eut, ce jour-là,

sept chevaux tués sous lui, si ce n’est pas exagéré.

Le Damel qui regagnait sa capitale avait devant lui ses fils blessés portés sur des chameaux. Il se

mit à les féliciter de leur bravoure.

Il répéta plusieurs fois ses éloges.

Le père du jeune Birima, le

Boumy Ngourane Mawa Ngoné, un de ses ministres, qui avait combattu à ses côtés, gardait toujours respectueusement le silence.

Mais finalement, il perdit patience et répondit au roi en ces termes :

« Tu félicites tes enfants de leur bravoure. Et moi ?

Le mien nous a mis tous en déroute, tes enfants, toi, son oncle, avec ton titre de Damel Tègne, et moi son père, qui est-il donc ?

Il est plus que brave.

Dépêchons-nous de regagner nos maisons avec moins de bruit ».

À ces mots, le Damel confus lui dit :

« Tu as vraiment raison. Ton fils est unique ».

Après les batailles de Bounkhoye et de Ndiob, Amari Ngoné Ndella vécut paisiblement dans sa

capitale de Bardiak, jusqu’à sa mort.

Il fut remplacé, contrairement à ses prévisions et sur les conseils des notables du Kayor, par son fils Thié Yasin Yasin Dieng sur le trône du Baol, et par son neveu Birima Fatma Thioub sur celui du Kayor.

Birima Fatma Thioub, 24e Damel. (1809-1832, 23 ans de règne)

Sa naissance

Né à Ngourane, près de Louga, du Boumy Mawa Ngoné Fall et de la princesse Fatma Thioub Diop, fille du Bar-Guèt Sakhéver, le jeune Birima fut l’enfant unique de sa mère morte au moment où il n’était pas encore sevré. Il fut recueilli par la coépouse de sa mère, nommée Fari Déguèn, qui allaitait un bébé de son âge, le jeune Latsoukabé Fari Déguèn. Les deux enfants se nourrissaient aux mêmes mamelles et devinrent ainsi des frères de lait. Ils grandirent et furent élevés dans la maison paternelle jusqu’à leur adolescence. L’intimité et la parenté qui les avaient unis en firent des amis inséparables qui s’estimaient et s’aimaient tendrement. Leur père avait de nombreux garçons

provenant d’autres femmes issues des meilleures souches du pays.

Tous ses fils, à peu près du même

âge, étaient nés et élevés, comme Birima, dans la même maison.

Ils devinrent de jeunes garçons bien portants, vigoureux, sympathiques, intelligents et braves, ayant les mêmes intérêts et le même idéal faire de Birima un roi.

Son adolescence

Le Boumy Mawa Ngoné, père de Birima, était ministre du Damel Amari Ngoné et son oncle

maternel.

Il envoya Birima à la cour où son éducation devait être complétée comme pour tout prince.

Birima s’y rendit accompagné de tous ses frères. Là, ils trouvèrent de jeunes garçons de leur âge, tous

fils du Damel. Ils firent connaissance et s’amusaie

Amari Ngoné Ndella Koumba, 23e Damel, (1790-1809, 19 ans de règne)

Fils du Bour Gat, Thié Yasin Fatouma Diakhaté et de la princesse Ndella Koumba, fille du Damel-Tègne Latsoukabé, il monta sur le trône comme Damel-Tègne et fut un roi puissant et autoritaire.

Trois ans après son avènement, l’Almamy du Fouta, Abdel Kader, qui avait soumis le Dyolof et le Walo en faisant la guerre sainte, envahit le Kayor et le Baol avec une formidable armée de fidèles fanatiques.

Le Damel alla à sa rencontre à Bounkhoye, dans la province de Thieppe, le battit et le fit prisonnier après avoirs dispersé ses troupes.

L’Almamy avait été trompé par des Kayoriens qui se disaient fidèles à la religion musulmane et lui avaient fait accomplir une marche forcée à travers le pays, durant toute une journée de chaleur ardente,

à la recherche d’eau pour ses troupes.

Ils l’attirèrent vers la région de Gawane-Bounkhoye, contrée

totalement dépourvue d’eau, où le Damel s’était retiré avec son armée pour attendre son ennemi.

Le marabout y arriva vers le coucher du soleil avec les Toucouleur assoiffés et affamés, exténués de fatigue, qui espéraient se désaltérer aux puits promis.

Grande fut leur déception : ils furent obligés de passer la nuit dans cet état lamentable.

Le lendemain matin, ils se levèrent pour aller chercher de quoi

boire.

À leur grande surprise, ils aperçurent l’armée du Damel qui venait vers eux.

Après un quart d’heure, la bataille s’engagea.

Les Toucouleur, faibles et démoralisés, s’enfuirent.

Ils coururent de toutes leurs forces en adressant ces mots aux personnes qu’ils rencontraient : Odo Lawoul Fuuta

« oùest la route de Fouta », abandonnant leur chef assis sous un arbre où le trouvèrent les cavaliers du Damel.

Le Damel regagna sa capitale laissant l’Almamy prisonnier sous surveillance au village de

Ndiakalak près de Lambaye où celui-ci fut interné pendant deux ans. (L’Almamy y fut sous la garde de la maison maternelle de l’auteur de cette chronique).

La troisième année, le Damel lui rendit la liberté et le fit escorter jusqu’à l’entrée du Fouta.

Durant le temps que le marabout resta aux mains de ses ennemis, il ne prononça jamais un seul

mot de crainte.

À chaque fois qu’on le conduisait devant le Damel, il lui disait « Oh Damel, tu me parles.

Mais si j’étais à ta place, je ne t’aurais pas parlé.

Je t’aurais tué depuis fort longtemps comme un chien ».

Parfois, le Damel entrait en colère et ordonnait sa décapitation. Mais les notables intervenaient toujours en lui faisant comprendre qu’il avait affaire à un saint, et que s’il le tuait, la famine gagnerait son pays durant sept ans.

C’est pourquoi Amari Ngoné Ndella le fit escorter à sa libération, de peur qu’un brigand ne le tuât en cours de route.

Après le départ du marabout, la cour du Damel fut troublée par une querelle de famille entre son

fils aîné et son neveu .

Le roi avait épousé plusieurs femmes avec lesquelles il avait eu plusieurs fils devenus majeurs, à la tête desquels se trouvait son fils aîné, Thié Yasin Dieng, héritier présomptif de la couronne du Kayor. D’un autre côté, son neveu Birima Fatma Thioub, fils de Boumy Ngourane Mawa Ngoné, était venu grandir à la maison royale, auprès de son oncle et avec tous ses frères paternels.

Il fut nommé par le roi héritier présomptif de la couronne du Baol. Entre les deux prétendants était née une certaine rivalité. On se disputait les honneurs et les femmes à la Cour.

Ils formèrent deux partis antagonistes qui se querellaient souvent.

Ils étaient tous des jeunes

gens sans expérience de la vie.

Un jour qu’ils jouaient au kupé, ils en vinrent aux mains et voulurent

même utiliser le fusil.

Les adultes intervinrent, les séparèrent et les conduisirent devant le Damel.

Après explications, celui-ci donna raison à son fils.

Le neveu, vexé, quitta la capitale avec tous ses omet des épisodes importants du règne d’Amari Ngoné Ndella. Ainsi elle passe

sous silence la rébellion des musulmans du Ndiambour commandés par Serigne Coki et la sécession du Cap-

Vert. Ces événements sont évoqués par Y. Dyao, par A. B. Diop, et aussi par les sources écrites.

De même, lorsque T. L. Fall parle de la guerre contre l’Almamy, il ne met pas suffisamment en relief

l’importance de ce conflit. En effet, à la fin du XVIIe et au début du XIXe siècles, l’histoire du Kayor est

marquée par une renaissance islamique et par l’opposition de groupes musulmans au pouvoir central.

Biographie

Succédant à Amary Ngoné Ndella, il règne pendant 23 ans, de 1809 à 1832[2]. Birima Fatma Thioub est né à Ngourane (Nguraan en wolof) dans la région de Louga de l'actuel Sénégal. Son père Mawa Ngoné Fall (Maawa Ngóone Faal) était un boumy de son oncle le damel Amary Ngoné Ndella Fall. Sa mère était la princesse Fatma Thioub Diop (Fatma cuub joob). Il est fréquent dans la culture wolof très matrimoniale de voir le nom d'un fils être rattaché à celui de sa mère d'où son prénom Birima Fatma Thioub. Il a perdu sa mère très jeune et a donc été allaité par l'une des femmes de son père. Son éducation s'est faite dans la cour royale avec son frère de lait Latsoukabé Fari Déguèn Fall fils de Fari Déguèn.

À l'âge adulte, une rivalité avec les fils du damel l'oblige à s'exiler vers le Saloum (Saalum) pendant plus d'une dizaine d'années. Pendant son exil il épousa la princesse Coddou CoumBa Yandé (Koddu Kumba Yandee) avec qui il a eu le futur damel-tègne Macodou Coumba Yandé (Makodu Kumba Yandee).

En 1809 le damel Amary Ngoné Ndella décéda. Birima revint d'exil et fut introduit nouveau damel du cayor, pendant que son cousin Thié Yasin Yasin Dieng Fall (cee Yaasin Yaasin Jeng Faal) fils de la princesse Yasin Dieng est nommé teigne du Baol.

Règne

Dès son introduction comme damel du cayor, Birima Fatma Thioub nourrissait le rêve de réunir les deux titres damel tègne pour asseoir son autorité et sa puissance sur les deux royaumes. Il déclara alors la guerre au tègne Thié Yasin contre l'avis des notables du cayor car son cousin disposait en effet d'une armée très forte et les notables jugeaient cette guerre contreproductive. La première bataille a eu lieu à Khasarna entre les localités de Thieppe et Bambey. Ce fut un échec pour le damel. Son armée est mise en déroute et sa tentative de réunification échoue. Sept ans après la bataille de Khasarna le tègne Thé Yasin meurt. Il est remplacé par son fils Amary Dior. Ce dernier était moins expérimenté que son père. Le damel Birima Fatma Thioub saute sur l'occasion pour engager une autre bataille contre le baol.
Au terme d'un combat âpre, le cayor défait son voisin baol. Birima Fatma Thioub porta alors le titre damel-tègne et gouverna les deux royaumes. Mais il perdit dans ce combat son frère Latsoukabé Fari Déguèn et regagna avec tristesse le cayor.

Birima Fatma Thioub régna pendant vingt-trois ans. Il apporta les deux royaumes puissance et prospérité dans la justice et appliqua la loi du talion pour ses sujets. Meïssa Tende Dior lui succède.

Postérité

Birima Fatma Thioub est le père du damel Macodou Coumba Yandé qui fut damel et tègne. Il est aussi le grand-père du futur damel Birima Ngoné Latyr (qui porta son nom), du Bour Saloum Samba Laobé . Il est aussi l'arrière-grand-père du futur damel Samba Laobé Fall.

Notes et références

  1. Ou Birima Fatma Thioub Fall
  2. a et b Papa Samba Diop, Glossaire du roman sénégalais, L'Harmattan, Paris, 2010, p. 142-143 (ISBN 978-2-296-11508-8)

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes