Al-Kattānī
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Abd al-Qadir ibn Tawfiq al-Shalabi (d) |
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Risālah al-mustaṭrafah li-bayān mashhūr kutub al-Sunnah al-musharrafah (d) |
Muḥammad ibn Jaʿfar ibn Idrīs al-Kattānī (en arabe : محمد بن جعفر بن محمد بن علي الكتاني ) (né en 1858 à Fès et mort en 1927), dit Al-Kattānī ou Al-Kettānī, est un intellectuel soufi marocain, promoteur du panislamisme et opposé à la colonisation française.
Biographie
Al-Kattānī est issu d'une famille de lettrés islamiques de Fès, la confrérie Kattānīyya, fortement marquée par la tradition religieuse d'Ibn Arabi. Son père, Jafar bin Idriss, est le Cheikh al-Islam et le conseiller du sultan Hassan ben Mohammed (de 1873 à 1894)[1]. Il consacre ses premiers travaux à la jurisprudence islamique et à l'histoire locale, rédigeant notamment un imposant dictionnaire historico-biographique des personnalités locales, le Salwat al-anfās, qui inspire de nombreux ouvrages similaires ailleurs dans le Maghreb[2].
Opposé à l'occupation française du Maroc, il dénonce les compromissions du sultan Moulay Hafid et s'installe à Médine en 1907, où il rencontre des intellectuels et soufis venus de tout le monde musulman. Il retourne au Maroc pour se joindre à la révolte du frère du sultan, mouvement soutenu par son cousin Mohamed ibn Abdelkabir al-Kettani. Après l'échec de ce soulèvement, il retourne à Médine[1] en 1910, dénonçant le fait que des musulmans se trouvent dirigés par des « infidèles »[2].
Dans des circonstances incertaines, probablement expulsé par les autorités ottomanes, il part s'établir à Damas. Après la Première guerre mondiale, il participe aux luttes contre le mandat français et, tout en restant fidèle à sa foi soufie, s'intéresse au panislamisme et au renouveau de l'islam, seuls moyens selon lui de permettre aux musulmans de se libérer de la domination chrétienne[2]. La confrérie Kattānīyya, sous sa direction, devient un foyer de propagande encourageant les musulmans à conserver les pratiques traditionnelles, prière, port du turban et de la barbe, et à éviter les contacts avec les chrétiens. Il est en contact avec l'émir Ahmed Sharif El-Senussi, réfugié en Turquie près de la frontière syrienne d'où il encourage la lutte contre le colonisateur. Un rapport français de 1923 note : « Cheik Kattani a commencé par recruter des adhérents dans tous les grands centres syriens. La majeure partie des ‘ulama’ des villes syriennes se sont ralliés à la secte et ont entraîné, ipso facto, les grandes sociétés religieuses et philanthropiques musulmanes dont l’influence sur les masses est incontestable. »[3].
Il soutient également la révolte des Senoussis contre la colonisation italienne en Libye[1].
À la fin de sa vie, il retourne au Maroc où il enseigne à l'université Al Quaraouiyine. Son enterrement, selon certains témoignages, est un des plus grands qu'on ait jamais vus à Fès[1].
Au cours de sa vie, il rédige 83 ouvrages consacrés notamment aux saints de la région de Fès et à leurs pèlerinages, pratique qu'il justifie à partir de la jurisprudence et de l'enseignement soufi[1].
Son fils Driss Kettani, né en 1922 et universitaire dans le Maroc indépendant, est lui aussi un lettré islamique et un opposant à la colonisation française.
Annexes
Bibliographie
- (en) A. Knysh, « al-Kattānī (1858-1927) », dans Julie Scott Meisami et Paul Starkey (dir.), Encyclopedia of Arabic Literature, vol. 2, Londres et New York, Routledge, (ISBN 0-415-18572-6), p. 428.
- Jean-David Mizrahi, « Un « nationalisme de la frontière ». Bandes armées et sociabilités politiques sur la frontière turco-syrienne au début des années 1920 », Vingtième Siècle : Revue d'histoire, no 78, , p. 19-34 (lire en ligne).
- Ruggero Vimercati Sanseverino, Fès et sainteté, de la fondation à l’avènement du Protectorat (808-1912), Rabat, Centre Jacques-Berque, (lire en ligne).
Liens externes
Notes et références
- Ruggero Vimercati Sanseverino, Fès et sainteté, de la fondation à l’avènement du Protectorat (808-1912), Centre Jacques-Berque, Rabat, 2014.
- Knysh 1998.
- Mizrahi Jean-David, « Un « nationalisme de la frontière ». Bandes armées et sociabilités politiques sur la frontière turco-syrienne au début des années 1920 », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 2003/2 (no 78), p. 19-34.