Évangéliaire de Saint-Mihiel

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Évangéliaire de Saint-Mihiel
L'Ascension du Christ
Artiste
InconnuVoir et modifier les données sur Wikidata
Date
Vers Voir et modifier les données sur Wikidata
Commanditaire
Irmengard von Nellenburg (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Type
Matériau
Dimensions (H × L)
22,2 × 18,7 cmVoir et modifier les données sur Wikidata
Format
254 folios reliés
No d’inventaire
2023.6Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation
Protection

L'Évangéliaire dit de Saint-Mihiel est un manuscrit enluminé contenant les péricopes des évangiles, réalisé à l'abbaye de Reichenau en Allemagne peu après 1053 et retrouvé à Saint-Mihiel au XIXe siècle.

Autrefois conservé à la bibliothèque de l'Université catholique de Lille, il est classé trésor national en 2020 et finalement acquis par le J. Paul Getty Museum de Los Angeles en 2023.

Historique[modifier | modifier le code]

Le manuscrit provient du célèbre scriptorium de l'abbaye de Reichenau, à peu près à la même époque que le sacramentaire de Verdun (BNF, Lat.18005) issu du même atelier[1]. Il a été commandé au milieu du XIe siècle par Irmengarde de Nellenburg, une aristocrate appartenant à la famille Egisheim-Dagsbourg, à laquelle appartient le pape Léon IX. Elle est la nièce de l'empereur Henri II. Son mari, Werner de Winterthur (de) et son fils Adalbert (de) sont tous les deux morts à la bataille de Civitate en 1053 et c'est probablement à la suite de cet événement qu'elle commande la décoration du manuscrit[2].

On a pensé un temps que l'ouvrage avait été donné à l'abbaye Saint-Michel de Saint-Mihiel dans l'actuelle Meuse. Il a en effet été retrouvé chez un libraire de Saint-Mihiel entre 1829 et 1833 par le curé Charles Didiot (1797-1866). Il provient plutôt de l'abbaye Saint-Mansuy de Toul, où sa présence est attestée par Jean Mabillon vers 1696 (BNF, Latin 11902, fol. 225-226). Il est encore en Lorraine au cours du XVIIIe siècle. Le manuscrit est donné en 1880 par le frère de Charles Didiot, le chanoine Jules Didiot (1840-1903), doyen de la faculté de théologie à l'Université catholique de Lille[3].

En , l'institut catholique cherche à vendre le manuscrit, dont la conservation est jugée trop coûteuse. Il est fait appel à la maison de vente Aguttes qui trouve un acquéreur à l'étranger[4]. Un certificat d’exportation est refusé par l'État en , classant l'objet trésor national et empêchant son exportation hors de France[5]. Comme aucune proposition d'acquisition n'est faite en France, il est finalement acquis par le J. Paul Getty Museum de Los Angeles en 2023 par l'intermédiaire du marchand d'art germano-suisse Jörn Günther Rare Books AG[6],[7].

Description[modifier | modifier le code]

Le manuscrit contient 254 folios reliés et est décoré de 15 miniatures en pleine page. Parmi elles, on peut noter :

  • une miniature de dédicace, sur une double page, représente la commanditaire de l'ouvrage, Irmengarde de Nellenburg, soutenant son époux défunt, Werner Ier de Winterthur, qui présente un livre à la reliure dorée en offrande au Christ, trônant avec saint Michel[3] ;
  • le miracle du sanctuaire de Monte Gargano, liée à la fête de l'archange saint Michel : un riche éleveur, Gargan, vers 490 en Italie du sud, aurait vu se retourner contre lui la flèche tirée sur un taureau échappé de son troupeau[3] ;
  • les portraits en pleine page des quatre évangélistes ;
  • plusieurs scènes du Nouveau Testament dont : la Nativité, l'Annonce aux bergers, L'Ascension, avec le Christ représenté en gloire dans une mandorle, la Pentecôte, et deux scènes sur une double page : l'Annonciation et les saintes femmes devant le tombeau vide[1],[2].

Le style des miniatures mélange des éléments de l'école de Reichenau finissante, avec les prémices de l'enluminure romane[1].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (de) Karl Schmid, « Zum Stifterbild im Liller Evangelistar des 11. Jahrhunderts », Frühmittelalterliche Studien, 16, 1982.
  • (de) Karl Schmid, « Nachbemerkungen zum 'Stifterbild im Liller Evangelistar des 11. Jahrhunderts', (FMSt 16, S. 143-160) », Frühmittelalterliche Studien, 17, 1983.
  • Jean-Louis Decherf, « Lille, Bibliothèque de l'Institut catholique », Patrimoine des bibliothèques de France, un guide des régions. II, Nord-Pas de Calais, Picardie, Paris, Banques CIC pour le livre - Fondation d'entreprise, Ministère de la Culture, Payot, 1995, p. 128-129.
  • (en) Walter Cahn, Romanesque manuscripts, The twelfth century. Volume one: text and illustrations. Volume two: catalogue, London, Harvey Miller, 1996 (A survey of manuscripts illuminated in France), II : p. 168.
  • (de) Franz Fuchs et Ulrich Kuder, « Das Liller Evangelistar, eine ‘reichenauische’ Bilderhandschrift der salischen Zeit. Neue Beobachtungen », Frühmittelalterliche Studien, vol. 32, no 1,‎ , p. 365-399 (DOI 10.1515/9783110242300.365)
  • Rémy Cordonnier, « Le Codex Egberti et l'évangéliaire de Saint-Mihiel », dans Jean Heuclin, Parole et lumière autour de l'An Mil, Lille, Presses universitaires du Septentrion, , 71-78 p. (lire en ligne).
  • Eric Palazzo, « Visitatio sepulchri et donatio pro anima dans l'illustration de l'évangéliaire de Saint-Mihiel », Pascale Charron, Marc Gil, Ambre Vilain (dir.), La pensée du regard : études d'histoire de l'art du Moyen Âge offertes à Christian Heck, Brepols, Turnhout, 2016, p. 271-280 (ISBN 978-2-503-56870-6).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Cordonnier 2011.
  2. a et b (en) « Getty Adds Early Medieval Manuscript and Annibale Carracci Painting | Getty News », sur Getty.edu (consulté le ).
  3. a b et c Avis no 2020-01 de la Commission consultative des trésors nationaux.
  4. « Catho de Lille : de la chapelle à la chapelle », sur La Tribune de l'Art, (consulté le ).
  5. Christian Canivez, « L’Université catholique de Lille voulait vendre un manuscrit du XIe siècle, l’État refuse », La Voix du Nord, (consulté le ).
  6. « Notice du ms », sur Getty.edu (consulté le ).
  7. Didier Rykner, « L'Évangéliaire de Saint-Mihiel : une nouvelle défaite du patrimoine français », sur La Tribune de l'Art, (consulté le ).