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La '''négligence spatiale unilatérale''' (anciennement '''héminégligence''') est définie comme l'incapacité à {{citation|détecter, s'orienter vers, ou répondre à des stimuli porteurs de signification lorsqu'ils sont présentés dans l'hémiespace contralésionnel}} (opposé à la lésion), Heilman (1973).
La '''négligence spatiale unilatérale''' (abrégée NSU, ou '''héminégligence''') est définie comme l'incapacité à {{citation|détecter, s'orienter vers, ou répondre à des stimuli porteurs de signification lorsqu'ils sont présentés dans l'hémiespace contralésionnel}} (opposé à la lésion)<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Stevan Harnard|titre=Lateralization in the nervous system|passage=285-302|lieu=New York|éditeur=New York: Academic|date=1977|isbn=978-0-12-325750-5|lire en ligne=https://www.sciencedirect.com/book/9780123257505/lateralization-in-the-nervous-system|consulté le=17/02/2023}}</ref>.


== Neuroanatomie ==
== Neuroanatomie ==
Si ce syndrome survient lors d'une lésion du [[cortex]] du [[lobe pariétal]] droit ([[lobule pariétal inférieur]]), on parle alors de négligence gauche (le patient néglige tout ce qui est présent sur sa gauche). Toutefois, toutes les lésions des structures corticales et sous-corticales impliquées dans le traitement et l'orientation de l'attention dans l'espace sont susceptibles d'entraîner un comportement similaire à celui de la négligence spatiale unilatérale. L'utilisation de tests fins permet de dissocier et de faire une [[sémiologie]] éclairée des troubles associés à la négligence. Enfin, des lésions de l'hémisphère gauche sont à même d'entraîner des symptômes de négligence, mais du côté droit cette fois. Ces cas sont beaucoup plus rares et la négligence souvent décrite comme moins sévère<ref>{{Ouvrage|langue=Français|auteur1=Vincent de La Sayette|titre=Les Syndromes de négligence unilatérale|passage=|lieu=|éditeur=|date=Juin 1992|pages totales=|isbn=|lire en ligne=}}</ref>{{,}}<ref>http://www.lscp.net/persons/dupoux/teaching/QUINZAINE_RENTREE_CogMaster_2014-15/Bloc_neuropsychologie/Sieroff_2004_chap1.pdf</ref>.
Selon la dominance hémisphérique du patient pour l'espace, ce syndrome peut intervenir soit suite à une lésion de l'hémisphère droit (cas le plus courant)<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Hedna VS|auteur2=Ansari S|auteur3=Falchook AD|auteur4=Stead L|auteur5=Heilman KM|auteur6=Waters MF|titre=Hemispheric differences in ischemic stroke: is left-hemisphere stroke more common?|périodique=Journal of Clinical Neurology|date=9 avril 2013|lire en ligne=https://doi.org/10.3988/jcn.2013.9.2.97|pages=97-102}}</ref> soit suite à une lésion de l'hémisphère gauche (négligence du côté droit). Ces derniers cas sont beaucoup plus rares et la négligence souvent décrite comme moins sévère<ref>{{Ouvrage|langue=Français|auteur1=Vincent de La Sayette|titre=Les Syndromes de négligence unilatérale|passage=|lieu=|éditeur=|date=Juin 1992|pages totales=|isbn=|lire en ligne=}}</ref>{{,}}<ref>http://www.lscp.net/persons/dupoux/teaching/QUINZAINE_RENTREE_CogMaster_2014-15/Bloc_neuropsychologie/Sieroff_2004_chap1.pdf</ref>. Environ 80% des patients subissant une lésion cérébral droite par [[Accident vasculaire cérébral|AVC]] souffrent d'une NSU<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Daniel B. Hier|auteur2=Janice Mondlock|auteur3=Louis R. Caplan|titre=Behavioral abnormalities after right hemisphere stroke|périodique=Neurology|date=01/03/1983|lire en ligne=https://doi.org/10.1212/WNL.33.3.337}}</ref><ref>{{Article|langue=en|auteur1=Aiko Osawa|auteur2=Shinichiro Maeshima|titre=Aphasia and unilateral spatial neglect due to acute thalamic hemorrhage: clinical correlations and outcomes|périodique=Neurological sciences|date=21/01/2016|lire en ligne=https://doi.org/10.1007/s10072-016-2476-2}}</ref>.

Si ce syndrome survient lors d'une lésion du [[cortex]] du [[lobe pariétal]] droit (''e.g.'', [[lobule pariétal inférieur]] correspondant aux [[aires de Brodmann]] [[Gyrus angulaire|39]] et [[Gyrus supramarginal|40]]), on parle alors de négligence gauche. Ainsi, dans cette dernière, le patient néglige l'hémi-espace gauche.

Enfin, certaines lésions sous-corticales sont susceptibles de mener à une héminégligence par phénomène de diaschisis<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Michel Thiebaut de Schotten|auteur2=Francesco Tomaiuolo|auteur3=Marilena Aiello|auteur4=Sheila Merola|auteur5=Massimo Silvetti|auteur6=Francesca Lecce|auteur7=Paolo Bartolomeo|auteur8=Fabrizio Doricchi|titre=Damage to White Matter Pathways in Subacute and Chronic Spatial Neglect: A Group Study and 2 Single-Case Studies with Complete Virtual “In Vivo” Tractography Dissection|périodique=Cerebral Cortex|date=mars 2014|lire en ligne=https://doi.org/10.1093/cercor/bhs351|pages=691-706}}</ref>.

=== Perspective hodologique ===
Pour la perspective hodologique de l’héminégligence, ce n’est non pas les aires corticales lésées qui importent et expliquent la sémiologie du trouble, mais les lésions concernant les faisceaux de [[substance blanche]] reliant les diverses aires corticales impliquées dans le traitement de l’espace. En pratique, il semble qu’une lésion concernant la deuxième branche du [[fascicule longitudinal supérieur]], composé de fibres intra-hémisphériques, corrèle à la persistance d’une négligence chronique ; de même que les lésions calleuses susceptibles d’empêcher la suppléance par l’hémisphère contro-lésionnel. <ref>{{Article|langue=en|auteur1=Paolo Bartolomeo|auteur2=Michel Thiebaut de Schotten|auteur3=Fabrizio Doricchi|titre=Left unilateral neglect as a disconnection syndrome|périodique=Cerebral Cortex|date=17/11/2007|lire en ligne=https://doi.org/10.1093/cercor/bhl181|pages=2479-90}}</ref><ref>{{Article|langue=en|auteur1=Paolo Bartolomeo|auteur2=Michel Thiebaut de Schotten|auteur3=Ana B. Chica|titre=Brain networks of visuospatial attention and their disruption in visual neglect|périodique=Frontiers in Human Neuroscience|date=04/05/2012|lire en ligne=https://doi.org/10.3389/fnhum.2012.00110}}</ref><ref>{{Article|langue=en|auteur1=Marine Lunven|auteur2=Michel Thiebaut De Schotten|auteur3=Clémence Bourlon|auteur4=Christophe Duret|auteur5=Raffaella Migliaccio|auteur6=Gilles Rode|auteur7=Paolo Bartolomeo|titre=White matter lesional predictors of chronic visual neglect: a longitudinal study|périodique=Brain|date=2015|lire en ligne=https://doi.org/10.1093/brain/awu389|pages=746-760}}</ref>


== Symptomatologie ==
== Symptomatologie ==
Le patient héminégligent est susceptible de présenter une [[anosognosie]]<ref>{{Article|langue=en|auteur1=E Bisiach|auteur2=G Vallar|auteur3=D Perani|auteur4=C Papagno|auteur5=A Berti|titre=Unawareness of disease following lesions of the right hemisphere: anosognosia for hemiplegia and anosognosia for hemianopia|périodique=Neuropsychologia|date=1986|lire en ligne=https://doi.org/10.1016/0028-3932(86)90092-8|pages=471-82}}</ref>, une négligence corporelle traduite par son toilettage (rasage d’un seul côté du visage par exemple), une [[anosodiaphorie]], une [[allochirie]] (le patient répond uniquement aux stimuli présentés sur le côté droit de leur corps comme s’ils étaient du côté opposés, tout en négligeant pourtant les stimuli présentés du côté gauche), une allesthesie (en s’approchant du patient du côté négligé il répond en regardant du côté ipsilésionnel), ou encore une [[Somatoparaphrénie|somatoparaphrenie]] (le patient pense que la partie négligée de son corps appartient à une autre personne).<ref name=":0">{{Lien web |langue=en |auteur=Ayesha Sarwar |auteur2=Prabhu D. Emmady |titre=Spatial Neglect |url=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK562184/ |site=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/ |date=22/08/2022 |consulté le=17/02/2023}}</ref> La vision des patients négligents est parfaite puisqu'ils ne présentent ni troubles [[Ophtalmologie|ophtalmologiques]], ni troubles du traitement visuel par les aires corticales postérieures (occipitales). Il existe une [[double dissociation]] entre négligence d'un hémiespace (NSU) et [[amputation]] d'un hémichamp visuel ( homonyme : [[hémianopsie]] latérale )<ref>{{Article|auteur1=Gainotti G|titre=Les manifestations de négligence et d'inattention pour l'hémispace|périodique=Cortex|date=1968|lire en ligne=https://doi.org/10.1016/S0010-9452(68)80013-9|pages=64-91}}</ref>.
La vision des patients négligents est parfaite puisqu'ils ne présentent ni troubles [[Ophtalmologie|ophtalmologiques]], ni troubles du traitement visuel par les aires corticales postérieures (occipitales). Gainotti (1968) a établi une double dissociation entre négligence d'un hémiespace (NSU) et [[amputation]] d'un hémichamp visuel ( homonyme : [[hémianopsie]] latérale ).


Tout se passe comme si le monde, tel qu'il est consciemment perçu par le patient, était réduit à la moitié droite de ce qu'il perçoit. En effet, dans ce que l’on appelle la « négligence représentationelle », l’espace représenté mentalement est négligé et il existe une assymétrie dans l’exploration de cet espace qui ne peut être contournée qu’en demandant une rotation mentale<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Edoardo Bisiach|auteur2=Claudio Luzzatti|titre=Unilateral Neglect of Representational Space|périodique=Cortex|date=1978|lire en ligne=https://doi.org/10.1016/S0010-9452(78)80016-1|accès url=payant|pages=129-133}}</ref>. Toutefois, la capacité à traiter les informations négligées, mais cette fois-ci de manière strictement implicite, resterait préservée : il existerait donc une dissociation entre les capacités sous-tendant le blindsight et celles déficitaires dans l’héminégligence <ref>{{Article|langue=en|auteur1=John C. Marshall|auteur2=Peter W. Halligan|titre=Blindsight and insight in visuo-spatial neglect|périodique=Nature|date=1988|lire en ligne=https://www.nature.com/articles/336766a0|pages=766-767}}</ref>.
{{refnec|Tout se passe comme si le monde, tel qu'il est consciemment perçu par le patient, était réduit à la moitié droite (lorsque la lésion est localisée dans l'hémisphère droit, donc que l'hémiespace gauche est négligé) de ce qu'il perçoit. Cliniquement, des cas célèbres ont été décrits dans la littérature, des patients qui ne mangeaient plus que la moitié droite de leur assiette, ne se rasaient plus que la moitié droite du visage... Même dans leurs souvenirs il manque une partie de l'espace.
Plus fréquemment, il est souvent observé chez ces patients une tendance à longer les murs sur leur droite, à tourner sur leur droite pour se diriger vers une porte qui est initialement juste à leur gauche.
Parfois, alors que vous êtes exactement en face d'eux, ils tournent la tête vers leur droite alors qu'ils n'en ont pas conscience.
Les patients n'ont pas conscience qu'ils négligent leur hémiespace gauche, sans quoi il serait logique qu'ils corrigent eux-mêmes leur négligence. Ces patients sont donc [[anosognosie|anosognosiques]], ils n'ont pas conscience de leur maladie. Il est donc logique qu'une grande partie de la rééducation mise en place par les neuropsychologues, orthophonistes, ergothérapeutes et médecins passent par la levée de l'anosognosie afin de les inciter à corriger eux-mêmes l'orientation de leur attention dans l'espace.


Plusieurs études de dissociations neuropsychologiques ont portées sur la NSU. Il existe notamment une dissociation possible entre la négligence corporelle et extracorporelle<ref>{{Article|langue=en|auteur1=E Bisiach|auteur2=D Perani|auteur3=G Vallar|auteur4=A Berti|titre=Unilateral neglect: personal and extra-personal|périodique=Neuropsychologia|date=1986|lire en ligne=https://doi.org/10.1016/0028-3932(86)90075-8|pages=759-67}}</ref>, entre négligence égocentrée et allocentrée<ref name=":1">{{Article|langue=en|auteur1=E. Bisiach|auteur2=E. Capitani|auteur3=E. Porta|titre=Two basic properties of space representation in the brain: evidence from unilateral neglect|périodique=Psychology|date=1985|lire en ligne=https://doi.org/10.1136/jnnp.48.2.141}}</ref>, entre négligence attentionnelle et intentionnelle (concernant les aspects prémoteurs des gestes dirigés vers l’hémiespace controlésionnel)<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Heilman, K. M.|auteur2=Watson, R. T.|auteur3=Valenstein, E.|titre=Localization and neuroimaging in neuropsychology|passage=495-524|lieu=New York|éditeur=New York: Academic Press|date=1994|isbn=978-0124050457|lire en ligne=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1073514/|consulté le=17/02/2023}}</ref>, ou encore entre la négligence concernant l’espace péripersonnel, extra-personnel proche et lointain<ref>{{Article|langue=en|auteur1=P W Halligan|auteur2=J C Marshall|titre=Spatial compression in visual neglect: a case study|périodique=Cortex|date=1991|lire en ligne=https://doi.org/10.1016/s0010-9452(13)80011-1|pages=623-9}}</ref>.
Il faut maintenant ajouter qu'il est très fréquent de rencontrer des patients souffrant de négligence gauche associée à une [[hémianopsie]] latérale homonyme gauche (amputation de l'hémichamp visuel gauche pour chaque œil). Distinguer ces deux troubles n'est, en théorie, pas difficile. En effet, si vous demandez à un patient de barrer tous les traits présents sur une feuille de papier (il n'y a que des traits sur cette feuille), un patient hémianopsique, même s'il ne perçoit plus l'hémichamp gauche, compensera ce déficit en tournant les yeux vers la gauche afin de s'assurer qu'il n'a oublié aucun trait. Un patient négligent gauche ne pensera pas à tourner les yeux vers la gauche car, d'une part il n'a plus conscience du côté gauche et, d'autre part, il n'a pas conscience de cette perte de conscience.|date=18 janvier 2021|bloc=Symptomes}}


== Tests neuropsychologiques ==
== Tests neuropsychologiques ==
{{refnec|Il existe des batteries d'évaluation de la négligence. L'une d'entre elles est la Batterie d'Évaluation de la Négligence (BEN), composée de plusieurs épreuves papier-crayon. Parmi ces tests, on retrouve des tests classiques comme les cloches (entourer le plus de cloches présentes sur une feuille parmi d'autres items distracteurs), le barrage de traits (barrer tous les traits présentés une feuille sans items distracteurs). Dans tous les cas, les patients négligents « négligent » les items cibles présentés dans leur hémiespace gauche.
Il existe des batteries d'évaluation de la négligence. L'une d'entre elles est la Batterie d'Évaluation de la Négligence (BEN)<ref>{{Lien web |auteur=Groupe d’Etude sur la Rééducation et l’Evaluation de la Négligence |titre=Batterie d’Evaluation de la Négligence unilatérale |url=https://batterienegligenceben.wordpress.com/presentation/ |format=pdf |site=batterienegligenceben.wordpress.com |consulté le=17/02/2023}}</ref>, composée notamment de plusieurs épreuves papier-crayon. Parmi ces tests, on retrouve des tests classiques comme les cloches<ref>{{Article|langue=en|auteur1=L. Gauthier|auteur2=F. Dehaut|auteur3=Y. Joanette|titre=The Bells Test: A quantitative and qualitative test for visual neglect|périodique=Psychology|date=1989|lire en ligne=https://joanettelaboen.files.wordpress.com/2018/03/gauthier-l-dehaut-f-joanette-y-1989-version-finale-approuvecc81-yves.pdf|format=pdf}}</ref> (entourer le plus de cloches présentes sur une feuille parmi d'autres items distracteurs) et le barrage de traits (barrer tous les traits présentés une feuille sans items distracteurs). Dans tous les cas, les patients négligents « négligent » les items cibles présentés dans leur hémiespace gauche.


== Diagnostic différentiel ==
Par contre, si on demande à un patient d'effacer des symboles sur une page, son attention se dirigera de plus en plus vers la gauche, à mesure que disparaissent les symboles situés à sa droite. S'agit-il alors d'une attention exacerbée de l'hémi-espace droit, plutôt que d'une négligence de la gauche ?}}
Lors de l'évaluation clinique du patient, il est important de différencier l'héminégligence de l'hémiparésie ataxique, du [[syndrome de Gerstmann]] et du [[syndrome de Balint]] (ou plus généralement, de l'[[atrophie corticale postérieure]]), du syndrome d'Anton (cécité corticale), de troubles moteurs primaires et somatosensoriels, et de dysfonctionnement vestibulaires.<ref name=":0" />


== Théories explicatives ==
== Théories explicatives ==
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Il existe plusieurs théories explicatives de la NSU :
{{refnec|C'est un syndrome encore mal connu, mais qui ne résulte toutefois pas d'une défaillance dans l'alerte ni dans la [[vigilance]].

Il y a plus de cinquante ans, la négligence était décrite comme un déficit sensoriel ou perceptif (Battersby, 1956), il est à présent clair que c'est faux.|date=4 mars 2021}} :

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Il existe trois principales théories explicatives de la NSU :
# {{refnec|Attentionnelle. Selon [[Laura Posner Perls |Posner]], l'attention se décompose en trois phases : l'engagement, le désengagement puis le déplacement de l'engagement. Les patients héminégligents ne parviendraient pas à désengager leur attention ;}}
# {{refnec|Attentionnelle. Selon [[Laura Posner Perls |Posner]], l'attention se décompose en trois phases : l'engagement, le désengagement puis le déplacement de l'engagement. Les patients héminégligents ne parviendraient pas à désengager leur attention ;}}
# Attentionelle. a) Selon Mesulam, il existe une dominance de l’hémisphère droit pour l’attention spatiale, et celle-ci expliquerait la survenue de l’héminégligence majoritairement après la survenue de lésions droites. Pour cette première théorie attentionnelle, l’hémisphère droit serait en mesure de traiter les deux hémi-espaces tandis que l’hémisphère gauche n’effectuerait des traitements restreints qu’à l’hémisespace droit.<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Marcel Mesulam|titre=Principles of behavioral and cognitive neurology|lieu=Oxford|éditeur=Oxford University Press|date=09/03/2000|pages totales=560|isbn=9780195134759|lire en ligne=https://global.oup.com/academic/product/principles-of-behavioral-and-cognitive-neurology-9780195134759?cc=fr&lang=en&}}</ref> b) Selon Posner l'attention se décompose en trois phases : l’alerte, l’engagement attentionnel, et le désengagement de l’attention. Selon cette théorie, le patient héminégligent souffrirait d’une incapacité de désengagement de l’attention de l’hémiespace droit plutôt que d’une incapacité à engager leur attention vers l’hémiespace gauche. Cette théorie est susceptible d’expliquer le phénomène d’attraction magnétique des yeux du côté de la lésion.<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Michael I. Posner|titre=Orienting of Attention|périodique=Quaterly journal of experimental psychology|date=01/01/2018|lire en ligne=https://doi.org/10.1080/00335558008248231}}</ref>
# Représentationnelle. Ce serait la représentation mentale de l’espace qui serait défaillante chez ces patients. Dans une étude de Bisiach et Luzzatti (1978), deux patients qui doivent se remémorer une place connue en [[Italie]] néglige systématiquement les détails de l'hémiespace gauche<ref>{{Article|lang=en|titre=Unilateral Neglect of Representational Space|périodique=Cortex |date=mars 1978 |auteur1=Edoardo Bisiach |auteur2=Claudio Luzzatti |volume=14 |numéro=1 |page=129-133|doi=10.1016/S0010-9452(78)80016-1|url=https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0010945278800161?via%3Dihub}}.</ref> ;
# Représentationnelle. Ce serait la représentation mentale de l’espace qui serait défaillante chez ces patients. Dans une étude de Bisiach et Luzzatti (1978), deux patients qui doivent se remémorer une place connue en [[Italie]] négligent systématiquement les détails de l'hémiespace gauche sauf si ceux-ci effectuent une rotation mentale, se représentant dès lors ce qui était auparavant négligé dans l'hémi-espace ipsi-lésionnel. Cette expérience démontre ainsi une dissociation entre les capacités de mémoire et de représentation de l'espace<ref>{{Article|lang=en|titre=Unilateral Neglect of Representational Space|périodique=Cortex |date=mars 1978 |auteur1=Edoardo Bisiach |auteur2=Claudio Luzzatti |volume=14 |numéro=1 |page=129-133|doi=10.1016/S0010-9452(78)80016-1|url=https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0010945278800161?via%3Dihub}}.</ref> ;
# {{refnec|Référentielle. Selon cette théorie, l'espace serait représenté en relation avec des coordonnées corporelles (référence égocentrique). Ainsi, la négligence serait une déviation vers la droite de la référence égocentrique, due à la distorsion du système de coordonnées spatiales.}}
# Référentielle. Selon cette théorie, l'espace serait représenté en relation avec des coordonnées corporelles (référence égocentrique). Cette référence égocentrée serait superposée à l’axe sagittal chez le sujet sain. Selon cette théorie, la négligence serait une déviation vers la droite de la référence égocentrique, due à la distorsion du système de coordonnées spatiales. Cette déviation pourrait s’observer sur demande d’un pointage droit devant soi. Seulement, il existe une dissociation entre capacité de référence égocentrée et négligence spatiale ; en effet, la perturbation de cette référence n’est pas systématique chez les patients négligents. Pour la théorie référentielle allocentrée, le patient héminégligent néglige un hémiespace de chacun des objets qu’il observe.<ref name=":1" />


== Articles fondamentaux ==
== Articles fondamentaux ==

Version du 18 février 2023 à 02:42

Négligence spatiale unilatérale
Description de cette image, également commentée ci-après
La négligence spatiale unilatérale est fréquemment associée à une lésion du lobe pariétal droit (en jaune, au-dessus).

Traitement
Spécialité Neurologie et neuropsychologieVoir et modifier les données sur Wikidata
Classification et ressources externes
CIM-9 781.8
eMedicine 1136474
MeSH D010468

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La négligence spatiale unilatérale (abrégée NSU, ou héminégligence) est définie comme l'incapacité à « détecter, s'orienter vers, ou répondre à des stimuli porteurs de signification lorsqu'ils sont présentés dans l'hémiespace contralésionnel » (opposé à la lésion)[1].

Neuroanatomie

Selon la dominance hémisphérique du patient pour l'espace, ce syndrome peut intervenir soit suite à une lésion de l'hémisphère droit (cas le plus courant)[2] soit suite à une lésion de l'hémisphère gauche (négligence du côté droit). Ces derniers cas sont beaucoup plus rares et la négligence souvent décrite comme moins sévère[3],[4]. Environ 80% des patients subissant une lésion cérébral droite par AVC souffrent d'une NSU[5][6].

Si ce syndrome survient lors d'une lésion du cortex du lobe pariétal droit (e.g., lobule pariétal inférieur correspondant aux aires de Brodmann 39 et 40), on parle alors de négligence gauche. Ainsi, dans cette dernière, le patient néglige l'hémi-espace gauche.

Enfin, certaines lésions sous-corticales sont susceptibles de mener à une héminégligence par phénomène de diaschisis[7].

Perspective hodologique

Pour la perspective hodologique de l’héminégligence, ce n’est non pas les aires corticales lésées qui importent et expliquent la sémiologie du trouble, mais les lésions concernant les faisceaux de substance blanche reliant les diverses aires corticales impliquées dans le traitement de l’espace. En pratique, il semble qu’une lésion concernant la deuxième branche du fascicule longitudinal supérieur, composé de fibres intra-hémisphériques, corrèle à la persistance d’une négligence chronique ; de même que les lésions calleuses susceptibles d’empêcher la suppléance par l’hémisphère contro-lésionnel. [8][9][10]

Symptomatologie

Le patient héminégligent est susceptible de présenter une anosognosie[11], une négligence corporelle traduite par son toilettage (rasage d’un seul côté du visage par exemple), une anosodiaphorie, une allochirie (le patient répond uniquement aux stimuli présentés sur le côté droit de leur corps comme s’ils étaient du côté opposés, tout en négligeant pourtant les stimuli présentés du côté gauche), une allesthesie (en s’approchant du patient du côté négligé il répond en regardant du côté ipsilésionnel), ou encore une somatoparaphrenie (le patient pense que la partie négligée de son corps appartient à une autre personne).[12] La vision des patients négligents est parfaite puisqu'ils ne présentent ni troubles ophtalmologiques, ni troubles du traitement visuel par les aires corticales postérieures (occipitales). Il existe une double dissociation entre négligence d'un hémiespace (NSU) et amputation d'un hémichamp visuel ( homonyme : hémianopsie latérale )[13].

Tout se passe comme si le monde, tel qu'il est consciemment perçu par le patient, était réduit à la moitié droite de ce qu'il perçoit. En effet, dans ce que l’on appelle la « négligence représentationelle », l’espace représenté mentalement est négligé et il existe une assymétrie dans l’exploration de cet espace qui ne peut être contournée qu’en demandant une rotation mentale[14]. Toutefois, la capacité à traiter les informations négligées, mais cette fois-ci de manière strictement implicite, resterait préservée : il existerait donc une dissociation entre les capacités sous-tendant le blindsight et celles déficitaires dans l’héminégligence [15].

Plusieurs études de dissociations neuropsychologiques ont portées sur la NSU. Il existe notamment une dissociation possible entre la négligence corporelle et extracorporelle[16], entre négligence égocentrée et allocentrée[17], entre négligence attentionnelle et intentionnelle (concernant les aspects prémoteurs des gestes dirigés vers l’hémiespace controlésionnel)[18], ou encore entre la négligence concernant l’espace péripersonnel, extra-personnel proche et lointain[19].

Tests neuropsychologiques

Il existe des batteries d'évaluation de la négligence. L'une d'entre elles est la Batterie d'Évaluation de la Négligence (BEN)[20], composée notamment de plusieurs épreuves papier-crayon. Parmi ces tests, on retrouve des tests classiques comme les cloches[21] (entourer le plus de cloches présentes sur une feuille parmi d'autres items distracteurs) et le barrage de traits (barrer tous les traits présentés une feuille sans items distracteurs). Dans tous les cas, les patients négligents « négligent » les items cibles présentés dans leur hémiespace gauche.

Diagnostic différentiel

Lors de l'évaluation clinique du patient, il est important de différencier l'héminégligence de l'hémiparésie ataxique, du syndrome de Gerstmann et du syndrome de Balint (ou plus généralement, de l'atrophie corticale postérieure), du syndrome d'Anton (cécité corticale), de troubles moteurs primaires et somatosensoriels, et de dysfonctionnement vestibulaires.[12]

Théories explicatives

Il existe plusieurs théories explicatives de la NSU :

  1. Attentionnelle. Selon Posner, l'attention se décompose en trois phases : l'engagement, le désengagement puis le déplacement de l'engagement. Les patients héminégligents ne parviendraient pas à désengager leur attention ;[réf. nécessaire]
  2. Attentionelle. a) Selon Mesulam, il existe une dominance de l’hémisphère droit pour l’attention spatiale, et celle-ci expliquerait la survenue de l’héminégligence majoritairement après la survenue de lésions droites. Pour cette première théorie attentionnelle, l’hémisphère droit serait en mesure de traiter les deux hémi-espaces tandis que l’hémisphère gauche n’effectuerait des traitements restreints qu’à l’hémisespace droit.[22] b) Selon Posner l'attention se décompose en trois phases : l’alerte, l’engagement attentionnel, et le désengagement de l’attention. Selon cette théorie, le patient héminégligent souffrirait d’une incapacité de désengagement de l’attention de l’hémiespace droit plutôt que d’une incapacité à engager leur attention vers l’hémiespace gauche. Cette théorie est susceptible d’expliquer le phénomène d’attraction magnétique des yeux du côté de la lésion.[23]
  3. Représentationnelle. Ce serait la représentation mentale de l’espace qui serait défaillante chez ces patients. Dans une étude de Bisiach et Luzzatti (1978), deux patients qui doivent se remémorer une place connue en Italie négligent systématiquement les détails de l'hémiespace gauche sauf si ceux-ci effectuent une rotation mentale, se représentant dès lors ce qui était auparavant négligé dans l'hémi-espace ipsi-lésionnel. Cette expérience démontre ainsi une dissociation entre les capacités de mémoire et de représentation de l'espace[24] ;
  4. Référentielle. Selon cette théorie, l'espace serait représenté en relation avec des coordonnées corporelles (référence égocentrique). Cette référence égocentrée serait superposée à l’axe sagittal chez le sujet sain. Selon cette théorie, la négligence serait une déviation vers la droite de la référence égocentrique, due à la distorsion du système de coordonnées spatiales. Cette déviation pourrait s’observer sur demande d’un pointage droit devant soi. Seulement, il existe une dissociation entre capacité de référence égocentrée et négligence spatiale ; en effet, la perturbation de cette référence n’est pas systématique chez les patients négligents. Pour la théorie référentielle allocentrée, le patient héminégligent néglige un hémiespace de chacun des objets qu’il observe.[17]

Articles fondamentaux

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  • Rossetti Y, Rode G, Pisella L & Boisson D (1999) Plasticité senso-motrice et récupération fonctionnelle: les effets thérapeutiques de l'adaptation prismatique sur la négligence spatiale unilatérale ; ipubli.inserm.fr
  • Rousseaux M, Beis J-M, Pradat-Diehl P, Martin Y, Bartolomeo P, Bernati T, ... & Azouvi P (2001) Présentation d’une batterie de dépistage de la négligence spatiale. Revue neurologique, 157, 1385-1400.

Références

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  3. ↑ Vincent de La Sayette, Les Syndromes de négligence unilatérale,
  4. ↑ http://www.lscp.net/persons/dupoux/teaching/QUINZAINE_RENTREE_CogMaster_2014-15/Bloc_neuropsychologie/Sieroff_2004_chap1.pdf
  5. ↑ (en) Daniel B. Hier, Janice Mondlock et Louis R. Caplan, « Behavioral abnormalities after right hemisphere stroke », Neurology,‎ (lire en ligne)
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  8. ↑ (en) Paolo Bartolomeo, Michel Thiebaut de Schotten et Fabrizio Doricchi, « Left unilateral neglect as a disconnection syndrome », Cerebral Cortex,‎ , p. 2479-90 (lire en ligne)
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  10. ↑ (en) Marine Lunven, Michel Thiebaut De Schotten, Clémence Bourlon, Christophe Duret, Raffaella Migliaccio, Gilles Rode et Paolo Bartolomeo, « White matter lesional predictors of chronic visual neglect: a longitudinal study », Brain,‎ , p. 746-760 (lire en ligne)
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  13. ↑ Gainotti G, « Les manifestations de négligence et d'inattention pour l'hémispace », Cortex,‎ , p. 64-91 (lire en ligne)
  14. ↑ (en) Edoardo Bisiach et Claudio Luzzatti, « Unilateral Neglect of Representational Space », Cortex,‎ , p. 129-133 (lire en ligne Accès payant)
  15. ↑ (en) John C. Marshall et Peter W. Halligan, « Blindsight and insight in visuo-spatial neglect », Nature,‎ , p. 766-767 (lire en ligne)
  16. ↑ (en) E Bisiach, D Perani, G Vallar et A Berti, « Unilateral neglect: personal and extra-personal », Neuropsychologia,‎ , p. 759-67 (lire en ligne)
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  21. ↑ (en) L. Gauthier, F. Dehaut et Y. Joanette, « The Bells Test: A quantitative and qualitative test for visual neglect », Psychology,‎ (lire en ligne [PDF])
  22. ↑ (en) Marcel Mesulam, Principles of behavioral and cognitive neurology, Oxford, Oxford University Press, , 560 p. (ISBN 9780195134759, lire en ligne)
  23. ↑ (en) Michael I. Posner, « Orienting of Attention », Quaterly journal of experimental psychology,‎ (lire en ligne)
  24. ↑ (en) Edoardo Bisiach et Claudio Luzzatti, « Unilateral Neglect of Representational Space », Cortex, vol. 14, no 1,‎ , p. 129-133 (DOI 10.1016/S0010-9452(78)80016-1, lire en ligne).

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