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Le suicide chez les personnes autistes fait l'objet de recherches scientifiques, particulièrement depuis la fin des années 2010, qui ont montré une prévalence très élevée d'idées suicidaires et de passages à l'acte, aussi bien chez les enfants et les jeunes que chez les adultes[1],[2],[3],[4],[5],[6].

Les auteurs d'une étude menée sur un échantillon de population danois de plus de 6,5 millions de personnes, avec des observations sur une période de 10 ans, concluent à un risque plus de 3 fois plus élevé chez les personnes autistes pour les tentatives de suicide et les décès, avec des taux significativement plus élevés par rapport à la population générale dans toutes les tranches d'âge, à partir de l'âge de 10 ans[1]. Le taux de suicide par âge le plus élevé est enregistré chez les personnes âgées de 30 à 39 ans[1].

Ces taux sont toujours plus élevés concernant les femmes et les filles autistes, par rapport aux garçons et aux hommes[7],[1].

Historique des études

Une étude publiée dans The Lancet en 2014 encourage les professionnels de santé qui accompagnent des personnes autistes dites « Asperger » à se montrer vigilants sur le risque de suicide, longtemps négligé alors qu'il se révèle particulièrement élevé[8]. Plusieurs études concluent que les traits autistiques sont plus élevés chez les adultes ayant fait une tentative de suicide que parmi la population générale[9],[10]. Il existe aussi des niveaux plus élevés de traits autistiques chez les adultes ayant fait plus d'une tentative de suicide, par rapport aux adultes ayant fait une seule tentative de suicide[10].

Cependant, plusieurs explications de ce fait sont possibles : soit les traits autistiques élevés sont un prédicteur direct de suicidalité, soit l'autisme non diagnostiqué est plus répandu parmi les populations d'adultes ayant fait une tentative de suicide que dans la population générale, soit ce sont des troubles associés à l'autisme qui sont facteurs de risque[10].

En Belgique et aux Pays-Bas, deux pays qui autorisent l'euthanasie et le suicide assisté, les personnes autistes font partie des catégories d'adultes qui y ont le plus recours ; l'étude de Michael M. Waddell postule à ce titre qu'ils constituent un groupe particulièrement vulnérable[11].

Facteurs de risque

Les facteurs de risque de suicide peuvent être différents entre personnes autistes et non-autistes[12]. Une étude comparative des facteurs de risque entre personnes autistes et non-autistes, publiée en 2020, montre que les personnes autistes ont plus souvent et plus profondément le sentiment d'être perçues comme des fardeaux pour leur entourage, une appartenance contrariée, et un sentiment de traumatisme à vie que les personnes non autistes[13].

Une étude menée en ligne (avec 86 % de répondantes âgées de 20 à 23 ans) montre que le camouflage des traits autistiques est corrélé à l'appartenance contrariée et au risque de suicide[14].

La Pandémie de Covid-19 n'est pas associée à un taux de suicide plus élevé parmi les personnes autistes[15]

La co-occurrence fréquente de l'autisme avec les troubles de l'alimentation et la diversité des genres, dont des taux élevés de dysphorie de genre, constitue une autre piste d'explication[1].

Prévention et facteurs de protection

La promotion de l'estime de soi et de l'inclusion sociale est reconnue comme importante pour prévenir le suicide des personnes autistes[13]. Il est suggéré que les interactions régulières avec un chien (amitié du chien, promenades, etc) puissent réduire le risque de suicide et améliorer le bien-être[16].

South et al. interrogent aussi « la croyance selon laquelle les personnes autistes doivent camoufler ou masquer leurs traits autistiques pour se conformer aux attentes de la société, par exemple en se forçant à établir un contact visuel avec les autres même si cela est inconfortable », soulignant que des études quantitatives et qualitatives « montrent qu'un tel camouflage est épuisant et est associé à une mauvaise santé mentale, y compris à des pensées et des comportements suicidaires »[1].

La journaliste et défenseur des droits des personnes autistes Sara Luterman a dénoncé les écarts de financement entre recherche fondamentale et recherche appliquée à l'autisme, notant que « des millions de dollars sont consacrés à des poissons zèbres et des rats génétiquement modifiés qui se toilettent trop, mais pratiquement rien pour découvrir pourquoi tant d'adultes autistes font des tentatives de suicide »[1].

Notes et références

  1. a b c d e f et g South, Costa et McMorris 2020.
  2. (en) Lynne Soraya, « New Research on Autism and Suicide », Psychology Today, .
  3. (en) Susan Dickerson Mayes, Angela A. Gorman, Jolene Hillwig-Garcia et Ehsan Syed, « Suicide ideation and attempts in children with autism », Research in Autism Spectrum Disorders, vol. 7, no 1,‎ (DOI 10.1016/j.rasd.2012.07.009, lire en ligne).
  4. (en) Penn State, « Autistic children may be at greater risk of suicide ideation and attempts », ScienceDaily, .
  5. Hedley et Uljarević 2018, p. 65.
  6. (en) Shari Jager-Hyman, Brenna B. Maddox, Samantha R. Crabbe et David S. Mandell, « Mental Health Clinicians’ Screening and Intervention Practices to Reduce Suicide Risk in Autistic Adolescents and Adults », Journal of Autism and Developmental Disorders, vol. 50, no 10,‎ , p. 3450–3461 (ISSN 1573-3432, DOI 10.1007/s10803-020-04441-3, lire en ligne, consulté le ).
  7. (en) Kairi Kõlves, Cecilie Fitzgerald, Merete Nordentoft et Stephen James Wood, « Assessment of Suicidal Behaviors Among Individuals With Autism Spectrum Disorder in Denmark », JAMA Network Open, vol. 4, no 1,‎ , e2033565 (ISSN 2574-3805, DOI 10.1001/jamanetworkopen.2020.33565, lire en ligne, consulté le ).
  8. (en) Michele Raja, « Suicide risk in adults with Asperger's syndrome », The Lancet Psychiatry, vol. 1,‎ (ISSN 2215-0366 et 2215-0374, DOI 10.1016/S2215-0366(14)70257-3, lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) Sarah Cassidy, Sheena Au-Yeung, Ashley Robertson et Heather Cogger-Ward, « Autism and autistic traits in those who died by suicide in England », The British Journal of Psychiatry,‎ undefined/ed, p. 1–9 (ISSN 0007-1250 et 1472-1465, DOI 10.1192/bjp.2022.21, lire en ligne, consulté le )
  10. a b et c (en) Gareth Richards, Rebecca Kenny, Sarah Griffiths et Carrie Allison, « Autistic traits in adults who have attempted suicide », Molecular Autism, vol. 10, no 1,‎ , p. 26 (ISSN 2040-2392, PMID 31198526, PMCID PMC6555998, DOI 10.1186/s13229-019-0274-4, lire en ligne, consulté le ).
  11. Michael M. Waddell, « Autism and Assisted Suicide », Journal of Disability & Religion, vol. 24, no 1,‎ , p. 1–28 (ISSN 2331-2521, DOI 10.1080/23312521.2019.1694463, lire en ligne, consulté le ).
  12. (en) Mirabel K. Pelton, Hayley Crawford, Ashley E. Robertson et Jacqui Rodgers, « A Measurement Invariance Analysis of the Interpersonal Needs Questionnaire and Acquired Capability for Suicide Scale in Autistic and Non-Autistic Adults », Autism in Adulthood, vol. 2, no 3,‎ , p. 193–203 (ISSN 2573-9581, PMID 32954219, PMCID PMC7497872, DOI 10.1089/aut.2019.0055, lire en ligne, consulté le ).
  13. a et b (en) Mirabel K. Pelton, Hayley Crawford, Ashley E. Robertson et Jacqui Rodgers, « Understanding Suicide Risk in Autistic Adults: Comparing the Interpersonal Theory of Suicide in Autistic and Non-autistic Samples », Journal of Autism and Developmental Disorders, vol. 50, no 10,‎ , p. 3620–3637 (ISSN 1573-3432, DOI 10.1007/s10803-020-04393-8, lire en ligne, consulté le ).
  14. (en) S. A. Cassidy, K. Gould, E. Townsend et M. Pelton, « Is Camouflaging Autistic Traits Associated with Suicidal Thoughts and Behaviours? Expanding the Interpersonal Psychological Theory of Suicide in an Undergraduate Student Sample », Journal of Autism and Developmental Disorders, vol. 50, no 10,‎ , p. 3638–3648 (ISSN 1573-3432, PMID 31820344, PMCID PMC7502035, DOI 10.1007/s10803-019-04323-3, lire en ligne, consulté le ).
  15. (en) Darren Hedley, Susan M. Hayward, Kathleen Denney et Mirko Uljarević, « The association between COVID ‐19, personal wellbeing, depression, and suicide risk factors in Australian autistic adults », Autism Research, vol. 14, no 12,‎ , p. 2663–2676 (ISSN 1939-3792 et 1939-3806, PMID 34545706, PMCID PMC8646719, DOI 10.1002/aur.2614, lire en ligne, consulté le )
  16. (en) Ana Maria Barcelos, Niko Kargas, Chris Packham et Daniel S. Mills, « Understanding the impact of dog ownership on autistic adults: implications for mental health and suicide prevention », Scientific Reports, vol. 11, no 1,‎ , p. 23655 (ISSN 2045-2322, DOI 10.1038/s41598-021-02504-8, lire en ligne, consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • [Hedley et Uljarević 2018] (en) Darren Hedley et Mirko Uljarević, « Systematic Review of Suicide in Autism Spectrum Disorder: Current Trends and Implications », Current Developmental Disorders Reports, vol. 5, no 1,‎ , p. 65–76 (ISSN 2196-2987, DOI 10.1007/s40474-018-0133-6, lire en ligne, consulté le )
  • [Hedley et al. 2022] (en) Darren Hedley, Susan H. Hayward, Alison Clarke et Mirko Uljarević, « Suicide and Autism: A Lifespan Perspective », dans End of Life and People with Intellectual and Developmental Disability: Contemporary Issues, Challenges, Experiences and Practice, Springer International Publishing, (ISBN 978-3-030-98697-1, DOI 10.1007/978-3-030-98697-1_3, lire en ligne), p. 59–94
  • [South et al. 2020] (en) Mikle South, Andreia P. Costa et Carly McMorris, « Death by Suicide Among People With Autism: Beyond Zebrafish », JAMA Network Open, vol. 4, no 1,‎ , e2034018–e2034018 (ISSN 2574-3805, DOI 10.1001/jamanetworkopen.2020.34018, lire en ligne, consulté le )