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La chélation des métaux lourds dans l'autisme est une chélation médicale sans preuve d'efficacité, potentiellement dangereuse, infligée à des personnes autistes sur la base de la théorie controversée selon laquelle elles seraient contaminées par des métaux lourds.

Suivant cette théorie, l'élimination des métaux lourds de la circulation sanguine permettrait une amélioration du comportement, voire une guérison, allégations qui n'ont jamais été prouvées.

La chélation a causé la mort d'au moins un enfant autiste, âgé de cinq ans. Elle est par ailleurs responsable de troubles des reins. Cette balance bénéfice-risque défavorable a poussé la collaboration Cochrane et la Haute Autorité de santé à la déconseiller officiellement.

Histoire

D'après le médecin londonien Michaël Fitzpatrick, la popularité de la chélation comme traitement alternatif de l'autisme découle de la fraude scientifique d'Andrew Wakefield (1998) et de ses suites[1].

Certains médecins peuvent ainsi administrer des médicaments chélateurs, qui visent à éliminer les métaux lourds détectés chez une personne autiste via sa circulation sanguine[2].

Des cas anecdotiques d'amélioration du comportement d'enfants autistes après une chélation ont été reportés, mais il n'a longtemps existé aucune étude d'efficacité de cette approche[3], devenue très populaire aux États-Unis au début du XXIe siècle[4]. En 2006, le National Institute of Mental Health (NIMH) dépose un projet d'essai clinique de l'efficacité de la chélation du mercure chez les enfants autistes, argumentant que l'agent chélateur oral DMSA est « couramment utilisé pour traiter l'autisme »[5]. Une pré-étude en 2007, sur 10 enfants, souligne que « les études publiées qui signalent les effets de la thérapie de chélation et/ou du contrôle de l'environnement sur l'autisme et le trouble du déficit de l'attention sont rares »[6].

Non-recommandations officielles

Mal administrée, la chélation peut drainer des minéraux utiles ou des métaux pris dans les tissus[7].

En 2012, la chélation des métaux lourds est officiellement non-recommandée par la Haute Autorité de santé, en France, dans le cadre des interventions en autisme[2].

La collaboration Cochrane note, en 2014, qu'il n'existe qu'une seule étude, de faible qualité, pour évaluer l'efficacité de la chélation chez les personnes avec autisme[8]. Elle en conclut qu'« aucune preuve issue d'essais cliniques ne suggère que la chélation pharmaceutique soit une intervention efficace dans le traitement des TSA. Compte tenu des rapports antérieurs d'événements indésirables graves, tels que des changements dans les taux de calcium sanguins, des troubles du rein et des décès rapportés, les risques de l'utilisation d'agents chélateurs pharmaceutiques dans le traitement des TSA l'emportent actuellement sur les bénéfices avérés »[8].

Témoignages individuels

Certains parents témoignent individuellement en faveur de ce type de traitement, après l'avoir infligé à leurs enfants autistes.

La Québécoise Nathalie Champoux affirme ainsi, dans Le Journal de Montréal, en 2016, (reprenant son témoignage dans son ouvrage Être et ne plus être autiste), avoir « fai[t] la chélation [...] avec des plantes. Après ces trois étapes, il ne restait plus aucun trait autistique chez mes deux garçons »[9].

La chaîne française France 2 présente un père infligeant la chélation à sa fille durant un reportage diffusé en décembre 2019 ; l'absence de condamnation de cette méthode par la déléguée interministérielle à l'autisme Claire Compagnon fait réagir ensuite une association française de personnes autistes, qui déplore que la vie de personnes autistes soit ainsi mise en danger[10].

Décès

En 2008, la revue Clinical Toxicology rapporte la mort d'un enfant autiste de 5 ans des suites d'une chélation, et en conclut que « l'efficacité de cette thérapie pour les enfants autistes n'a pas été validée, et peut avoir des conséquences tragiques »[4].

Notes et références

  1. Fitzpatrick 2008.
  2. a et b Shore et Rastelli 2015, p. 145-149.
  3. Metz, Mulick et Butter 2005, p. 248-249.
  4. a et b (en) Arla J. Baxter et Edward P. Krenzelok, « Pediatric fatality secondary to EDTA chelation », Clinical Toxicology, vol. 6,‎ , p. 1083–1084 (ISSN 1556-9519, DOI 10.1080/15563650701261488).
  5. « Essais cliniques sur Autisme : DMSA - Registre des essais cliniques - ICH GCP », sur ichgcp.net (consulté le ).
  6. (en) Kalpana Patel et Luke T. Curtis, « A comprehensive approach to treating autism and attention-deficit hyperactivity disorder: a prepilot study », Journal of Alternative and Complementary Medicine (New York, N.Y.), vol. 13,‎ , p. 1091–1097 (ISSN 1075-5535, PMID 18166120, DOI 10.1089/acm.2007.0611, lire en ligne, consulté le ).
  7. Metz, Mulick et Butter 2005, p. 249.
  8. a et b « La chélation dans le traitement des troubles du spectre autistique (TSA) », sur www.cochrane.org (consulté le ).
  9. Véronique Harvey, « Renverser l’autisme », sur Le Journal de Montréal (consulté le ).
  10. « Non, Mme Compagnon, l’autisme n’est pas une maladie qui fait souffrir ! », sur NeuroStyles, (consulté le ).

Bibliographie

  • [Metz, Mulick et Butter 2005] (en) Bernard Metz, James A. Mulick et Eric M. Butter, « Autism: A late-20th-century Fad Magnet », dans Controversial Therapies for Developmental Disabilities: Fad, Fashion, and Science in Professional Practice, CRC Press, , 528 p. (ISBN 1135636117 et 9781135636111)
  • [Shore et Rastelli 2015] (en) Stephen M. Shore et Linda G. Rastelli (trad. Josef Schovanec et Caroline Glorion), Comprendre l'autisme pour les nuls, Éditions First, , 384 p. (ISBN 2-7540-6581-4)Voir et modifier les données sur Wikidata