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« Équations de Barré de Saint-Venant » : différence entre les versions

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[[Fichier:Shallow water waves.gif|thumb|291px|right|Cinq gouttes tombent successivement dans l'angle d'un récipient à section carrée. En se propageant les ondes de gravité créées se réfléchissent sur les parois et interfèrent.]]
Les '''équations de Barré de Saint-Venant''' constituent un système d'[[Équation différentielle partielle hyperbolique|équations différentielles partielles hyperboliques]] qui décrit l'écoulement d'un [[Fluide (matière)|fluide]] en contact avec une surface.


Les écoulements quasi-unidimensionnels, par exemple ceux des cours d'eau, sont décrits par les '''équations de Barré de Saint-Venant''' obtenues par [[Adhémar Barré de Saint-Venant]] en 1871<ref name="Saint-Venant">{{article | auteur=Adhémar Jean Claude Barré de Saint-Venant | année=1871 | titre=Théorie du mouvement non permanent des eaux, avec application aux crues des rivières et a l’introduction de marées dans leurs lits | périodique=[[Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences]] | volume=73 | pages=147–154 et 237–240 }}</ref> et précisées en 1888<ref>{{article|auteur=M. de Saint-Venant|titre=Mémoire sur la prise en considération de la force centrifuge dans le calcul du mouvement des eaux courantes et sur la distinction des torrents et des rivières|périodique=Mémoires de l'Académie des sciences de l'Institut de France|volume=44|pages=245-273|année=1888|url=http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32597/f599.item}}</ref>{{,}}<ref>{{article|auteur=M. de Saint-Venant|titre=Mémoire sur la perte de force vive d'un fluide aux endroits où sa section d'écoulement augmente brusquement ou rapidement|périodique=Mémoires de l'Académie des sciences de l'Institut de France|volume=44|pages=193-243|année=1888|url=http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k32597/f547.item}}</ref>.
Les équations sont issues de l'intégration sur la verticale des [[équations de Navier-Stokes]] dans le cas où l'échelle de longueur horizontale est bien plus grande que l'échelle de hauteur. Sous ces conditions, on déduit de l'équation de conservation de la masse que la vitesse verticale du fluide est faible. On peut déduire des équations du mouvement que les gradients de pression verticaux sont presque hydrostatiques et que les gradients de pression horizontaux sont dus aux déplacement de la surface. Cela implique que le champ de vitesses horizontales est constant sur la hauteur du fluide. On peut supprimer la vitesse verticale des équations à l'aide d'une intégration sur la verticale et ainsi déduire les '''équations de Barré de Saint-Venant'''.


Par extension cette appellation a été étendue aux '''écoulements en eau peu profonde''' (en anglais ''shallow water'') qui correspondent à des problèmes quasi-bidimensionnels. On les rencontre en géophysique par exemple pour décrire les [[Courant de marée|courants de marée]]. À ces phénomènes sont associées des ondes ([[onde de Rossby]], [[onde de Kelvin]], onde de Poincaré, [[mascaret]], [[tsunami]]) dont l'étude de certaines d'entre elles est antérieure à 1850<ref>{{article|langue=en|auteur=Alex D. D. Craik|titre=The Origins of water Wave Theory|périodique=[[Annual Review of Fluid Mechanics]]|année=2004|volume=36|pages=1-28|url=ftp://mananui.soest.hawaii.edu/pub/rlukas/OCN-MET665/waves/Origins%20of%20Wave%20Theory.pdf}}</ref>.
== Équations ==


Ces écoulements sont représentatifs de milieux à masse volumique constante, donc non dispersifs. Dans le cas contraire on utilise les {{Lien|langue=en|trad=Boussinesq approximation (water waves)|fr=équations de Boussinesq}} comme pour un milieu océanique à salinité variable avec la profondeur.
Il en existe sous différentes formes selon la nature de l'écoulement.


=== Forme conservative ===



Ces équations sont déduites de la conservation de la masse et de la quantité de mouvement :
== Écoulements en eau peu profonde ==
[[File:Shallow water.png|thumb|Schéma pour le système d'écoulement en eau peu profonde.]]
:<math>
On désigne par s ( x, y ) l'altitude de la surface par rapport au [[géoïde]], par b ( x, y ) la surface solide, par H = s - b la hauteur de fluide et g la pesanteur comptée négativement vers le bas.
\begin{align}

\frac{\partial \eta }{\partial t} + \frac{\partial (\eta u)}{\partial x} + \frac{\partial (\eta v)}{\partial y} & = 0\\[3pt]
Les équations des écoulements en eau peu profonde où l'on suppose la composante verticale w de la vitesse petite devant les composantes horizontales et celles-ci indépendantes de z s'écrivent
\frac{\partial (\eta u)}{\partial t}+ \frac{\partial}{\partial x}\left( \eta u^2 + \frac{1}{2}g \eta^2 \right) + \frac{\partial (\eta u v)}{\partial y} & = -g\eta\frac{\partial H}{\partial x}\\[3pt]
\frac{\partial (\eta v)}{\partial t} + \frac{\partial (\eta uv)}{\partial x} + \frac{\partial}{\partial y}\left(\eta v^2 + \frac{1}{2}g \eta ^2\right) & = -g\eta\frac{\partial H}{\partial y}.
::<math>\frac{\partial s}{\partial t}+\frac{\partial}{\partial x}(Hu)+\frac{\partial}{\partial y}(Hv)=0\,,\;\;\;\;\;H=s-b</math>
::<math>\frac{\partial u}{\partial t}+u\frac{\partial u}{\partial x}+v\frac{\partial u}{\partial y}+g\frac{\partial s}{\partial x}=0</math>
\end{align}
::<math>\frac{\partial v}{\partial t}+u\frac{\partial v}{\partial x}+v\frac{\partial v}{\partial y}+g\frac{\partial s}{\partial y}=0</math>
La pression est déduite de l'équilibre hydrostatique en chaque axe vertical.

Elles se généralisent aisément dans le cas où l'on souhaite prendre en compte la [[force de Coriolis]]<ref>{{cite web|langue=en |url=http://kiwi.atmos.colostate.edu/group/dave/pdf/ShallowWater.pdf |titre=The Shallow Water Equations |auteur=David A. Randall}}</ref> et plus difficilement si l'on souhaite prendre en compte les effets visqueux<ref name="Dawson">{{cite web|langue=en|url=http://users.ices.utexas.edu/~arbogast/cam397/dawson_v2.pdf |titre=The Shallow Water Equations |auteur1 = Clint Dawson |auteur2=Christopher M. Mirabito|année=2008}}</ref>.

{{Boîte déroulante|alignT=left|titre=Démonstration|contenu=

=== Équations de base ===
Les [[équations d'Euler]] s'écrivent
* Équation d'incompressibilité pour le vecteur vitesse '''V''' = ( u, v, w )
::<math>\mathbf{\nabla} \cdot \mathbf{V}= 0</math>

* Équation de bilan de la quantité de mouvement
::<math>\frac{D\mathbf{V}}{Dt}=\frac{\partial \mathbf{V}}{\partial t} + \mathbf{\nabla} \cdot \left(\mathbf{V} \mathbf{V} \right) = - \frac{1}{\rho} \mathbf{\nabla} p+ \mathbf{g}</math>
où ρ est la masse volumique constante, p la pression et '''g''' la gravité.

=== Conditions aux limites ===
Les altitudes sont comptées par rapport au [[géoïde]].

Les conditions aux limites sont
* sur le plancher z = -b ( x, y ) la vitesse est nulle
::<math>\mathbf{V}\cdot \nabla (z+b) =0=w+\mathbf{V}\cdot \nabla b</math>
* sur la surface z = s ( x, y ) la pression est la pression externe p<sub>0</sub> et la vitesse normale w est liée à s par
::<math>\frac{Ds}{Dt}=\frac{\partial s}{\partial t}+\mathbf{V}\cdot \nabla s=w</math>

=== Conservation de la masse ===
On introduit la hauteur d'eau H = s + b et les vitesses moyennes
::<math>\overline{u}=\frac{1}{H} \int_{-b}^su\mathrm{d}z\,,\;\;\;\overline{v}=\frac{1}{H} \int_{-b}^sv\mathrm{d}z</math>
En intégrant l'équation de continuité en z et en utilisant la [[règle de Leibniz]] on a
::<math>
\begin{array}{lcl}
0 & = & \int_{-b}^s \nabla \cdot\mathbf{V} \mathrm{d}z \\ [0.6em]
& = & \int_{-b}^s \left(\frac{\partial u}{\partial x}+\frac{\partial v}{\partial y}+\frac{\partial w}{\partial z}\right) \mathrm{d}z \\ [0.6em]
& = & \frac{\partial}{\partial x}\underbrace{\int_{-b}^s u\mathrm{d}z}_{H\overline{u}}+\frac{\partial}{\partial y}\underbrace{\int_{-b}^s v\mathrm{d}z}_{H\overline{v}}\underbrace{-\left.u\right|_{z=s}\frac{\partial z}{\partial x}-\left.v\right|_{z=s}\frac{\partial z}{\partial y}+\left.w\right|_{z=s}}_{w-\mathbf{V}\cdot \nabla s=\frac{\partial s}{\partial t}=\frac{\partial H}{\partial t}}-\underbrace{\left(\left.u\right|_{z=-b}\frac{\partial b}{\partial x}+\left.v\right|_{z=-b}\frac{\partial b}{\partial y}+\left.w\right|_{z=-b}\right)}_{w+\mathbf{V}\cdot \nabla b=0}
\end{array}
</math>
</math>
On obtient ainsi une nouvelle équation de conservation de la masse
::<math>\frac{\partial H}{\partial t}+\frac{\partial}{\partial x}(H\overline{u})+\frac{\partial}{\partial y}(H\overline{v})=0</math>
Si de plus on suppose u et v indépendants de z cette équation devient
::<math>\frac{\partial H}{\partial t}+\frac{\partial}{\partial x}(Hu)+\frac{\partial}{\partial y}(Hv)=0</math>

=== Conservation de la quantité de mouvement ===
==== Suivant la verticale ====
Par hypothèse w est très petit devant u et v. La composante verticale de l'équation de quantité de mouvement s'écrit, en négligeant les dérivées de u en x et de v en y
::<math>\frac{Dw}{Dt}=-\frac{1}{\rho}\frac{\partial p}{\partial z}+g\,,\;\;\;\;\;g<0</math>

En négligeant la dérivée lagrangienne de w l'équation de quantité de mouvement en z se réduit à l'équilibre hydrostatique
::<math>\frac{\partial p}{\partial z}=\rho g</math>
dont la solution est immédiate (g est supposé constant sur la hauteur considérée)
::<math>p=\rho g(z-s)+p_0</math>
d'où
::<math>\frac{\partial p}{\partial x}= -\rho g \frac{\partial s}{\partial x}\,,\;\;\;\;\;\frac{\partial p}{\partial y}= -\rho g \frac{\partial s}{\partial y}</math>

==== Suivant l'horizontale ====
En négligeant les dérivées en z de u et v et en tenant compte des équations ci-dessus les composantes de l'équation de quantité de mouvement s'écrivent
::<math>\frac{\partial u}{\partial t}+u\frac{\partial u}{\partial x}+v\frac{\partial u}{\partial y}+g\frac{\partial s}{\partial x}=0</math>
::<math>\frac{\partial v}{\partial t}+u\frac{\partial v}{\partial x}+v\frac{\partial v}{\partial y}+g\frac{\partial s}{\partial y}=0</math>

}}
Ce système est [[Équation aux dérivées partielles hyperbolique|hyperbolique]] et, comme tel, admet des ondes caractéristiques nommées ondes de gravité. Celles-ci ont une vitesse que l'on déduit des valeurs propres
::<math>c=\sqrt{\rho H}</math>
Une simple [[analyse dimensionnelle]] suffit à confirmer cette valeur.

On peut obtenir une description de ces ondes en écrivant l'équation de conservation de la masse multipliée par g<sup>½</sup> et les équations de conservation linéarisées et multipliées par H<sup>½</sup>. On suppose que la direction de propagation est x
::<math>\frac{\partial}{\partial t}(s\sqrt{g})+\frac{\partial}{\partial x}(\sqrt{H}uc)=0</math>
::<math>\frac{\partial}{\partial t}(u\sqrt{H})+c\,\frac{\partial}{\partial x}(s\sqrt{H})=0</math>
Par substitution on obtient une [[équation d'onde]]
::<math>\frac{\partial^2}{\partial t^2}(s\sqrt{g})=\frac{\partial}{\partial x}\left(c^2\,\frac{\partial}{\partial x} (s\sqrt{g}\,)\right)</math>
Cette équation décrit une ''onde de marée'' (en anglais ''tidal wave'').
[[File:Tsunami with Boussinesq and Shallow water equations.gif|thumb|800px|center|Génération et propagation d'une onde comme celle d'un [[tsunami]]. La courbe en bleu est obtenue avec l'approximation de Boussineq ; elle conduit à la formation d'un [[soliton]]. La courbe rouge est une onde non dispersive qui forme un front raide. La profondeur d'eau dans le calcul est de 100 m.]]

== Équations de Saint-Venant ==
Ces équations ont été décrites de manière heuristique et publiées par [[Adhémar Barré de Saint-Venant|Saint-Venant]] en 1871. Elles décrivent l'écoulement quasi-unidimensionnel dans un canal ou un cours d'eau de largeur l ( x ). L'aire de la section droite de l'écoulement est A ( x, t ) et la vitesse moyenne de l'écoulement est U ( x, t ). La hauteur d'eau est h ( y, t ), compté à partir du fond z = 0. L'équation de conservation de la masse s'écrit
::<math>\frac{\partial A}{\partial t}+\frac{\partial}{\partial x}(AU)=0</math>
L'équation de quantité de mouvement longitudinale s'écrit
::<math>\frac{\partial}{\partial t}(hU)+\frac{\partial}{\partial x}(hU^2)+gh\frac{\partial h}{\partial x}=\frac{\tau_x}{\rho}</math>
τ<sub>x</sub> ( x, t ) est le [[Taux de cisaillement|cisaillement]] appliqué au périmètre mouillé P ( x, t ).

L'équation en z est donnée par l'équilibre hydrostatique
::<math>\frac{\partial p}{\partial z}=\rho g</math>
Ces équations peuvent être obtenues à partir des [[équations de Navier-Stokes]].

{{Boîte déroulante|alignT=left|titre=Démonstration|contenu=

=== Conservation de la masse ===

Comme montré dans l'encadré précédent la conservation en un point du canal est donnée par
::<math>\frac{\partial h(y)}{\partial t}+\frac{\partial}{\partial x}\int_0^{h(y)} u(y,z)\mathrm{d}z=0</math>
En intégrant en y on obtient la relation souhaitée en remarquant que
::<math>A=\int_0^l h(y)\mathrm{d}y</math>
et en définissant la vitesse moyenne
::<math>U=\frac{1}{A}\int_0^l \int_0^h u(y,z)\mathrm{d}z\mathrm{d}y</math>

=== Conservation de la quantité de mouvement ===
On part de l'équation ''shallow water'' avec viscosité<ref name="Dawson"/> dans laquelle la vitesse moyenne transversale est nulle
::<math>\frac{\partial}{\partial t}(hU)+\frac{\partial}{\partial x}(hU^2)+gh\frac{\partial h}{\partial x}=\frac{\tau_x}{\rho}</math>
où τ<sub>x</sub> est le cisaillement sur la paroi.

On suppose que
* <math>\scriptstyle\frac{\partial h}{\partial x}</math> est indépendant de y (la pente en x est la même pour tous les points de la section droite)
* τ<sub>x</sub> est également indépendant de y
En intégrant en y il vient
::<math>\frac{\partial}{\partial t}(AU)+\frac{\partial}{\partial x} (AU^2)+gA\frac{\partial h}{\partial x}=\frac{P\tau_x}{\rho}</math>

}}
On peut prendre en compte la pente α du terrain en remplaçant la gravité par sa composante en z et en introduisant la composante du poids en x
::<math>\frac{\partial}{\partial t}(hU)+\frac{\partial}{\partial x}(hU^2)+gh\cos \alpha\frac{\partial h}{\partial x}=gh\sin \alpha -\frac{\tau_x}{\rho}</math>

== Évaluation du cisaillement ==
Cette évaluation se fait généralement en introduisant un coefficient de frottement C<sub>f</sub> pour la [[couche limite]] sur le périmètre mouillé
::<math>\tau_x=\frac{1}{2}C_f(h,U) \rho U^2 </math>
Celui-ci est déterminé à partir de l'expérience, par exemple en utilisant la loi de [[Formule de Manning-Strickler|Manning-Strickler]]
::<math>C_f(h)=\frac{2g}{K_s^2\,h^\frac{1}{3}}</math>

== Références ==
{{références}}

=== Ouvrages ===
* {{ouvrage|auteur=Olivier Thual|titre=Hydrodynamique de l'environnement|éditeur=Les éditions de l'École Polytechnique|année=2010|url=http://thual.perso.enseeiht.fr/xsee/index.htm}}
* {{ouvrage|auteur1=Olivier Thual|titre=Des ondes et des fluides|éditeur=[[Éditions Cépaduès|Cépaduès]]|année=2005|ISBN= 2-854-28655-3}}
* {{ouvrage|langue=en|auteur1=Hendrik C. Kuhlmann|auteur2=Hans-Josef Rath (Eds.)|série=CISM International Centre for Mechanical Sciences|titre=Free Surface Flows|éditeur=[[Springer Science+Business Media|Springer-Verlag]]|année=1998|ISBN=978-3-7091-2598-4}}
* {{ouvrage|langue=en|auteur1=Geoffrey K. Vallis|titre=Atmospheric and Oceanic Fluid Dynamics|éditeur=[[Cambridge University Press]]|année=2017|ISBN=978-1-1075-8841-7}}


où :
: ''&eta;'' est la hauteur d'eau ;
: ''H'' est la cote de la surface libre ;
: ''(u,v)'' est la vitesse du fluide dans le plan horizontal ;
: ''g'' est l'accélération due à la gravité.
== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
* [[Vague]]
* [[Adhémar Barré de Saint-Venant]]
* [[Principe de Saint-Venant]]
* [[Seiche (hydrodynamique)]]

== Notes et références ==
{{Portail|physique}}
{{Références|taille=30}}
{{Palette|Morphologie de cours d'eau}}
{{Portail|physique|lacs et cours d'eau}}


[[Catégorie:Dynamique des fluides]]
* [[Catégorie:Mécanique des fluides]]
* [[Catégorie:Océanographie]]
* [[Catégorie:Hydrologie]]
* [[Catégorie:Météorologie]]

Version du 13 décembre 2017 à 18:23

Cinq gouttes tombent successivement dans l'angle d'un récipient à section carrée. En se propageant les ondes de gravité créées se réfléchissent sur les parois et interfèrent.

Les écoulements quasi-unidimensionnels, par exemple ceux des cours d'eau, sont décrits par les équations de Barré de Saint-Venant obtenues par Adhémar Barré de Saint-Venant en 1871[1] et précisées en 1888[2],[3].

Par extension cette appellation a été étendue aux écoulements en eau peu profonde (en anglais shallow water) qui correspondent à des problèmes quasi-bidimensionnels. On les rencontre en géophysique par exemple pour décrire les courants de marée. À ces phénomènes sont associées des ondes (onde de Rossby, onde de Kelvin, onde de Poincaré, mascaret, tsunami) dont l'étude de certaines d'entre elles est antérieure à 1850[4].

Ces écoulements sont représentatifs de milieux à masse volumique constante, donc non dispersifs. Dans le cas contraire on utilise les équations de Boussinesq comme pour un milieu océanique à salinité variable avec la profondeur.


Écoulements en eau peu profonde

Schéma pour le système d'écoulement en eau peu profonde.

On désigne par s ( x, y ) l'altitude de la surface par rapport au géoïde, par b ( x, y ) la surface solide, par H = s - b la hauteur de fluide et g la pesanteur comptée négativement vers le bas.

Les équations des écoulements en eau peu profonde où l'on suppose la composante verticale w de la vitesse petite devant les composantes horizontales et celles-ci indépendantes de z s'écrivent

La pression est déduite de l'équilibre hydrostatique en chaque axe vertical.

Elles se généralisent aisément dans le cas où l'on souhaite prendre en compte la force de Coriolis[5] et plus difficilement si l'on souhaite prendre en compte les effets visqueux[6].

Ce système est hyperbolique et, comme tel, admet des ondes caractéristiques nommées ondes de gravité. Celles-ci ont une vitesse que l'on déduit des valeurs propres

Une simple analyse dimensionnelle suffit à confirmer cette valeur.

On peut obtenir une description de ces ondes en écrivant l'équation de conservation de la masse multipliée par g½ et les équations de conservation linéarisées et multipliées par H½. On suppose que la direction de propagation est x

Par substitution on obtient une équation d'onde

Cette équation décrit une onde de marée (en anglais tidal wave).

Génération et propagation d'une onde comme celle d'un tsunami. La courbe en bleu est obtenue avec l'approximation de Boussineq ; elle conduit à la formation d'un soliton. La courbe rouge est une onde non dispersive qui forme un front raide. La profondeur d'eau dans le calcul est de 100 m.

Équations de Saint-Venant

Ces équations ont été décrites de manière heuristique et publiées par Saint-Venant en 1871. Elles décrivent l'écoulement quasi-unidimensionnel dans un canal ou un cours d'eau de largeur l ( x ). L'aire de la section droite de l'écoulement est A ( x, t ) et la vitesse moyenne de l'écoulement est U ( x, t ). La hauteur d'eau est h ( y, t ), compté à partir du fond z = 0. L'équation de conservation de la masse s'écrit

L'équation de quantité de mouvement longitudinale s'écrit

τx ( x, t ) est le cisaillement appliqué au périmètre mouillé P ( x, t ).

L'équation en z est donnée par l'équilibre hydrostatique

Ces équations peuvent être obtenues à partir des équations de Navier-Stokes.

On peut prendre en compte la pente α du terrain en remplaçant la gravité par sa composante en z et en introduisant la composante du poids en x

Évaluation du cisaillement

Cette évaluation se fait généralement en introduisant un coefficient de frottement Cf pour la couche limite sur le périmètre mouillé

Celui-ci est déterminé à partir de l'expérience, par exemple en utilisant la loi de Manning-Strickler

Références

  1. Adhémar Jean Claude Barré de Saint-Venant, « Théorie du mouvement non permanent des eaux, avec application aux crues des rivières et a l’introduction de marées dans leurs lits », Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences, vol. 73,‎ , p. 147–154 et 237–240
  2. M. de Saint-Venant, « Mémoire sur la prise en considération de la force centrifuge dans le calcul du mouvement des eaux courantes et sur la distinction des torrents et des rivières », Mémoires de l'Académie des sciences de l'Institut de France, vol. 44,‎ , p. 245-273 (lire en ligne)
  3. M. de Saint-Venant, « Mémoire sur la perte de force vive d'un fluide aux endroits où sa section d'écoulement augmente brusquement ou rapidement », Mémoires de l'Académie des sciences de l'Institut de France, vol. 44,‎ , p. 193-243 (lire en ligne)
  4. (en) Alex D. D. Craik, « The Origins of water Wave Theory », Annual Review of Fluid Mechanics, vol. 36,‎ , p. 1-28 (lire en ligne)
  5. (en) David A. Randall, « The Shallow Water Equations »
  6. a et b (en) Clint Dawson et Christopher M. Mirabito, « The Shallow Water Equations »,

Ouvrages

Voir aussi