Yusuf ibn 'Abd al-Râhman al-Fihri

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Yusuf ibn 'Abd al-Râhman al-Fihri
Fonction
Wali d'al-Andalus
-
Tuwaba ibn Salama al-Gudami (en)
Biographie
Naissance
Décès
Activité
Chef militaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Père

Yusuf ibn 'Abd al-Râhman al-Fihri (en arabe : يوسف بن عبد الرحمن الفهري) était un gouverneur omeyyade de Narbonne, en Septimanie, et Wali d'al-Andalus de 747 à 756, régnant indépendamment à la suite de l'effondrement du califat omeyyade en 750. Il appartenait à la famille d'aristocrates arabes dite des Fihrides et était un descendant d'Oqba Ibn Nafi, le fondateur de Kairouan[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Gouverneur à Narbonne[modifier | modifier le code]

Après la bataille de Poitiers, Yusuf ibn Abd al-Rahman fut nommé gouverneur de Narbonne selon la Chronique de Moissac, où il commandait les opérations militaires. Pendant quatre ans, il aurait attaqué et pillé le Bas-Rhône, et pris Arles en 735[2].

Lutte et révolte berbère[modifier | modifier le code]

Entre 716 et 756, al-Andalus a été dirigée par des gouverneurs envoyés de Damas ou nommés sur la recommandation des gouverneurs régionaux Omeyyades de l'Ifriqiya à laquelle ils appartenaient administrativement[3]. Comme beaucoup de ses prédécesseurs, Yusuf luttait pour contrôler les luttes intestines entre les Arabes et les Berbères, et devait aussi faire face à une querelle pérenne entre les tribus arabes Adnani et Qahtani soutenant ses forces[4].

Gouverneur d'al-Andalus[modifier | modifier le code]

Après l'instabilité due à la révolte berbère à al-Andalus, un arrangement avait été conclu entre différentes factions arabes pour alterner le pouvoir. Mais après avoir repris et achevé son mandat, il refusa de renoncer au pouvoir, gouvernant sans conteste pendant neuf ans, alors qu'à Damas, les Omeyyades étaient définitivement renversés en 750. Il a été indiqué qu'il régnait réellement en tant que roi (malik) et pas en tant que gouverneur (wali). Après être devenu dirigeant, al-Fihri a mené un recensement[5], dans lequel l'évêque Hostegesis a préparé une liste des payeurs de taxe et de jizya. L'évêque a ensuite fait des visites annuelles pour s'assurer que les taxes étaient correctement collectées[6]

Arrivée d'Abd al-Rahman et chute[modifier | modifier le code]

Yusuf venait de briser une tentative de révolte à Saragosse (755) quand il lança une campagne contre les Basques de Pampelune en 755, mais le détachement envoyé fut anéanti[7]. Ce fut le moment choisi par le prince omeyyade Abd al-Rahman Ier, qui avait fui la Syrie quelques années auparavant pour échapper aux Abbassides et débarquer sur la côte sud de l'Espagne actuelle. Il a ensuite conquis d'importantes places fortes méridionales, telles que Malaga et Séville.

À l'arrivée d'Abd al-Rahman, les forces andalouses étaient divisées, les deux commandants revendiquant l'allégeance des Berbères et des junds syriens. Généralement, les unités yéménites de ce dernier rejoignaient le prétendant omeyyade, tandis que leurs rivaux de Mudar et de Qays restaient fidèles à Yusuf[8] Après avoir tenté un compromis raté avec Abd al-Rahman, par lequel le survivant omeyyade lui succéderait, Yusuf al-Fihri fut vaincu à la Bataille d'Al-Musara [9], juste à l'extérieur de Cordoue, en [10] par Abd al-Rahman, qui est ainsi devenu le premier émir indépendant de Cordoue.

Pourtant Yusuf a réussi à fuir le champ de bataille vers le nord pour se diriger vers Tolède, et peut-être d'abord essayer de reprendre Séville, mais il échoua. Yusuf a peut-être été tué lors de sa retraite à Tolède, tandis que d'autres récits le situent dans cette forteresse encore pendant deux ou trois ans, où il aurait finalement été tué par certains de ses propres hommes[11].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Philip K. Hitti, History of the Arabs from the Earliest Times to the Present., St. Martins Press, (lire en ligne), p. 540
  2. Collins, Roger, The Arab Conquest of Spain 710-797, Oxford, UK / Cambridge, USA, Blackwell, (ISBN 0-631-19405-3), p. 91
  3. (en) Jamil M. Abun-Nasr, A History of the Maghrib in the Islamic Period, Cambridge University Press, , 455 p. (ISBN 978-0-521-33767-0, lire en ligne), p. 71
  4. (en) E. Michael Gerli, Routledge Revivals : Medieval Iberia (2003) : An Encyclopedia, Routledge, (ISBN 978-1-351-66578-0, lire en ligne), p. 4
  5. (en) Conquerors and Chroniclers of Early Medieval Spain, Liverpool University Press, , 205 p. (ISBN 978-0-85323-554-5, lire en ligne), p. 156
  6. (en) S. M. Imamuddin, Muslim Spain : 711-1492 A.D. : a Sociological Study, BRILL, , 269 p. (ISBN 90-04-06131-2, lire en ligne), p. 58
  7. (en) R. L. Trask, The History of Basque, Routledge, , 458 p. (ISBN 978-0-415-13116-2, lire en ligne), p. 12
  8. Roger Collins (1989). p. 122.
  9. (en) Mishal Fahm al-Sulami, The West and Islam : Western Liberal Democracy versus the System of Shura, Routledge, , 288 p. (ISBN 1-134-37404-6, lire en ligne), p. 207
  10. (en) Robert Payne, The holy sword; : The story of Islam from Muhammad to the present, Harper, (lire en ligne)
  11. Roger Collins, (1989). p. 132.