Wikipédia:Lumière sur/Peste d'Emmaüs

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Tombe d'Abu Ubayda, victime de l'épidémie, à Deir Alla dans l'actuelle Jordanie.
Tombe d'Abu Ubayda, victime de l'épidémie, à Deir Alla dans l'actuelle Jordanie.

La peste d'Emmaüs ou peste d'Amwas, en arabe : طاعون عمواس, ṭāʿwina ʿimwās, est une épidémie de peste bubonique ayant affligé la Syrie en 638-639 à la fin de la conquête musulmane de la région. Probable ré-émergence de la peste de Justinien du milieu du VIe siècle, elle tire son nom d'Emmaüs Nicopolis (Amwas pour les Arabes) en Palestine, le principal camp de l'armée musulmane. L'épidémie tue jusqu'à 25 000 soldats dont la plus grande partie du haut commandement de l'armée. Elle entraîne également un grand nombre de décès et de déplacements parmi les populations chrétiennes autochtones de Syrie.

La mort des différents commandants musulmans entraîne la nomination de Muʿāwiya ibn ʾAbī Sufyān au gouvernorat de Syrie, ce qui ouvrira par la suite la voie à l'établissement du califat omeyyade en 661. Les réapparitions de la maladie peuvent avoir par ailleurs plus tard contribué à la chute de la dynastie en 750. Le dépeuplement de la campagne syrienne peut, quant à lui, avoir été un facteur favorisant l'installation des Arabes sur ces terres. En effet, dans les autres régions conquises par les Arabes, ceux-ci s'isolent dans de nouvelles villes de garnison.

Première épidémie à laquelle sont confrontés les musulmans, la peste d'Emmaüs concentre l'attention des sources islamiques, plus que n'importe quelle autre épidémie jusqu'à la peste noire du XIVe siècle. Les récits traditionnels de la réaction du calife Omar et de son commandant Abu Ubayda ibn al-Djarrah fondent les réponses théologiques musulmanes médiévales face à ces évènements. Les principes dérivés de ces récits sont mentionnés dans des débats autour de la prédestination, du libre arbitre et du concept même de contagion. Ils servent également de bases aux recommandations pratiques vis-à-vis des territoires affectés par la peste, telles que des interdictions d'y entrer ou de les fuir.