Wikipédia:Lumière sur/Discours sur les passions de l'amour

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Première page du Discours sur les passions de l'amour découvert par Victor Cousin en 1843 (cote ms. f. fr. 19303), également nommé « copie C ».
Première page du Discours sur les passions de l'amour découvert par Victor Cousin en 1843 (cote ms. f. fr. 19303), également nommé « copie C ».

Le Discours sur les passions de l'amour est un texte découvert par Victor Cousin en 1843 dans un recueil de la Bibliothèque nationale de France, composé de maximes philosophiques portant principalement sur l'amour, auxquelles sont mêlés les thèmes de l'ambition et des passions. La mention « On l'attribue à M. Pascal. » qui accompagne le texte suscite immédiatement l'intérêt des spécialistes et dans un premier temps, Victor Cousin, Prosper Faugère ou encore Adolphe de Lescure affirment son authenticité et reconnaissent en lui l'écriture et la philosophie du savant. Faugère en particulier suppose que Charlotte de Roannez, sœur d'Artus Gouffier et proche de Pascal, est l'inspiratrice du Discours, thèse qui ne remporte pas l'adhésion de tous les critiques et devient rapidement connue comme le « roman de Pascal ».

Une seconde copie, découverte par Augustin Gazier en 1907, relance d'autant plus le débat qu'elle ne comporte aucune allusion à Blaise Pascal. Certains chercheurs rejettent en effet sa paternité : l'ouvrage de Ferdinando Neri paru en 1921, Un ritratto immaginario di Pascal, est cité comme le premier à démontrer que le Discours n'est pas authentique. Des publications de Louis Lafuma, en particulier l'article au titre explicite « Le Discours sur les passions de l'amour n'est pas de Pascal » (1949), achèvent de convaincre une grande partie du public que le texte est un faux.

La question de l'authenticité du Discours divise rapidement la communauté des spécialistes de Blaise Pascal, certains changeant d'opinion au fur et à mesure des publications, comme c'est le cas pour Victor Giraud. Les deux camps soutiennent leurs arguments dans la presse de l'époque : la Revue d'histoire littéraire de la France, la Revue des deux mondes, le Mercure de France ou le Correspondant. Le Discours lui-même est l'objet d'éditions à part entière. Diverses manières d'appréhender le texte mènent à des conclusions différentes, qu'il s'agisse d'appréciation littéraire subjective ou de méthode scientifique visant à confronter les écrits de Pascal avec le Discours et les productions littéraires du XVIIe siècle. Ainsi, Georges Brunet, Charles-Henri Boudhors, Émile Henriot et Louis Lafuma distinguent dans le texte les influences de Descartes, Malebranche, La Rochefoucauld et La Bruyère en plus de celle de Pascal.

Finalement, l'hypothèse selon laquelle le Discours est un faux semble être la plus retenue sans qu'aucun autre auteur ne puisse vraiment être identifié. Brunet, Boudhors et Henriot, par exemple, imaginent même que le texte pourrait être la retranscription d'une discussion galante, activité en vogue dans les salons mondains des XVIIe et XVIIIe siècles. Plusieurs éléments mettent en cause l'authenticité du texte, notamment des formulations et influences postérieures à la mort de Pascal, et l'absence de témoignage concernant le texte avant la découverte par Victor Cousin de la première copie.