Warramaba virgo

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Warramaba virgo est une espèce de criquets, des insectes orthoptères de la famille des Morabidés. Découverte en 1961 dans la Nouvelle-Galles du Sud (Australie) par Michael J. D. White (en), un généticien de l'université de Melbourne, elle présente la particularité d'être exclusivement parthénogénétique et de posséder un nombre impair de chromosomes[1].

Habitat et répartition[modifier | modifier le code]

W. virgo vit dans le sud de l'Australie, sur les buissons et les arbustes (dont le Mulga, Acacia aneura). On le trouve à l'ouest et à l'est de la plaine de Nullarbor[2].

Génétique[modifier | modifier le code]

Le caryotype de W. virgo comporte 15 chromosomes. Il est hétérozygote pour divers réarrangements, dont une inversion péricentrique, plusieurs fusions et une dissociation. Ces réarrangements ne sont pas exactement les mêmes dans les trois colonies connues de l'espèce.

C'est l'une des rares espèces connues de criquets à ne comporter que des femelles, se reproduisant exclusivement par parthénogenèse. Son mécanisme implique un doublement préméiotique du nombre de chromosomes, suivi d'une méiose normale dans laquelle l'appariement est limité aux chromosomes homologues, de sorte qu'il existe 15 bivalents structurellement homozygotes[1].

Dans son étude initiale[1], White attribuait les différences entre chromosomes homologues à une évolution du génome après que l'espèce était devenue parthénogénétique. W. virgo résulte en fait de l'hybridation de W. Whitei et W. flavolineata, un événement probablement unique et datant d'au moins 250 000 ans selon l'horloge moléculaire, et l'évolution génétique a suivi. La permanence d'une espèce asexuée depuis aussi longtemps — donc sans perte de succès reproducteur — est étonnante, mais l'hybride profite de caractères compensant le désavantage du manque d'adaptabilité génétique d'une espèce asexuée, qui lui confèrent de meilleures capacités d'adaptation et de colonisation. De fait, l'espèce est répandue de part et d'autre de l'aride plaine calcaire de Nullarbor, alors que les deux espèces dont elle est issue sont confinées à l'ouest[2],[3].

Systématique[modifier | modifier le code]

Le nom valide complet (avec auteur) de ce taxon est Warramaba virgo (Key, 1963)[4].

L'espèce a été initialement décrite en 1963 par l'entomologiste australien Kenneth Key (d) (1911-2002) qui l'a classée dans le genre Moraba sous le protonyme Moraba virgo Key, 1963[4].

Warramaba virgo a pour synonyme[4] :

  • Moraba virgo Key, 1963

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c (en) M. J. D. White, J. Cheney et K. H. L. Ley, « A parthenogenetic species of grasshopper with complex structural heterozygosity (Orthoptera: Acridoidea) », Australian Journal of Zoology (en), vol. 11, no 1,‎ , p. 1-19 (DOI 10.1071/ZO9630001).
  2. a et b Hervé Le Guyader, « Pas de sexe pour Warramaba virgo », Pour la science, no 545,‎ (lire en ligne).
  3. (en) Michael R. Kearney, Moshe E. Jasper, Vanessa L. White, Ian J. Aitkenhead, Mark J. Blacket et al., « Parthenogenesis without costs in a grasshopper with hybrid origins », Science, vol. 376, no 6597,‎ , p. 1110-1114 (DOI 10.1126/science.abm1072).
  4. a b et c GBIF Secretariat. GBIF Backbone Taxonomy. Checklist dataset https://doi.org/10.15468/39omei accessed via GBIF.org, consulté le 1er mars 2023

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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