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Utilisateur:Paul Alphonse

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MIRGUET Jean
Naissance
Guéret (Creuse)
Décès (à 75 ans)
Guéret (Creuse)
Nationalité Français
Diplôme
Docteur es Sciences (Mathématiques)
Activité principale
Chercheur
Autres activités
Prêtre

MIRGUET Jean,(abbé)[modifier | modifier le code]

MIRGUET Jean, Marie, Charles, Ernest est né à Guéret (Creuse) le 15 juillet 1896. Il est le fils de Marguerite Mertz et de Charles Mirguet[1], professeur de mathématiques au lycée d’Avignon, puis de Guéret impliqué dans les questions pédagogiques de l’enseignement des mathématiques dans le second degré[2]. C’est son père qui se charge de sa formation en s’appuyant sur la formidable capacité d’assimilation du jeune Jean et sa très grande intelligence. Le Père Paul Moreau qui signe sa nécrologie dans le journal La Montagne de 1972[3], précise qu’il a obtenu son baccalauréat « sans avoir mis les pieds à l’école, licencié en science sans avoir fréquenté la faculté, prêtre en 1924, sans avoir connu le séminaire, assimilant tout seul, avec une égale facilité, les sciences et la théologie ».

Il s’éloigna fort peu de sa maison natale rue de Pommeil à Guéret, sinon une année pour préparer sa thèse à Paris. En effet, en 1934, il soutient sa thèse de mathématique à la Faculté des Sciences de Paris intitulée « Nouvelles recherches sur les notions infinitésimales directes du premier ordre » Il dédie sa thèse à Georges Boulingand qui vient de publier en 1932 « Introduction à la géométrie infinitésimale directe ». Boulingand dit ceci de lui : « L’activité de Jean Mirguet commence avec sa thèse, éclectique déjà, puisqu’elle réunit des prolongements imprévus, très riches aussi de la géométrie infinitésimale directe, à laquelle j’introduisais dans un livre déjà systématique, paru chez Vuibert en 1932. C’était bien l’avis du grand mathématicien Elie Cartan, qui, m’ayant préfacé, présida fin 1934 le jury de thèse de notre ami. »[4] Jean Mirguet ne resta que quelques mois à l’Institut Catholique de Paris pour enseigner en mécanique générale, mais il enseigna pendant deux années la philosophie.

La thèse de Jean Mirguet

Cette figure de Guéret était très énigmatique, déployant sa grande silhouette sombre drapée dans sa soutane usée et sa cape noire. « On savait son nom, on chuchotait que c’était un savant, mais on n’en savait pas plus. »[5] Jean Mirguet a passé sa vie à poursuivre ses recherches tout en les partageant avec la communauté scientifique, Académie royale de Belgique, Société royale des sciences de Liège, Acta matematica, Uppsala, Académie des Sciences[6], CNRS…mais il s’occupait aussi des étudiants de l’Institut Catholique de Paris, en les préparant aux épreuves de licence ou d’agrégation de mathématiques. Dans les années 1960 on fit appel à lui pour participer aux « recyclages » des enseignants dans le cadre de l’introduction des mathématiques modernes dans l'enseignement.

De nature solitaire, absorbé dans ses pensées, il inspirait le respect et la retenue. "Étonnant personnage curieusement accoutré en père Noël tout de noir vêtu, portant capuchon et passe-montagne, et qu’on eût pu croire, tant était anachronique son allure, échappé de quelque roman de Balzac. (…) Vieillard au visage puissamment sculpté et au fascinant regard, l’abbé Mirguet n’est pas de ceux qui distraient leur temps en vaines coquetteries, tant pour leur propre personne que pour le décor de leur vie domestique. Tout à ses chères études, il se meut parmi ses compatriotes avec le détachement distrait d’un poète et l’indulgence d’un doux philosophe. Jouhandeau ne pouvait pas ne pas remarquer ce singulier ressortissant de Chaminadour[7] et lui consacrer quelques lignes."[8]

Marcel Jouhandeau en effet a proclamé son admiration pour le mathématicien qui selon lui traçait des dessins dans le sable des rues non goudronnées de Guéret[9]. Il devinait en lui la sainteté.

Jean Mirguet est mort le 5 avril 1972 à Guéret. « L’abbé Mirguet est mort comme il a vécu, dans le silence. »

  1. Registre matricule de Mirguet Jean
  2. Amédée Carriat, Dictionnaire bio-bibliographique des auteurs du Pays creusois, Guéret, Société des Sciences Naturelles et Archéologiques de la Creuse, , p.359
  3. Moreau, Paul, (Abbé), « Un grand mathématicien Creusois : l'abbé Jean Mirguet », La Montagne,‎
  4. Cité par l'abbé Paul Moreau
  5. Abbé Paul Moreau
  6. Même dans les circonstances difficiles de l'occupation il a fait parvenir ses travaux sous la forme de 6 cartes interzones à l'Académie des Sciences à Paris. Comme le précise Michèle Audin dans l'article cité en Bibliographie.
  7. Nom donné à Guéret par Marcel Jouhandeau pour son roman "Chaminadour I" paru en 1934, "Chaminadour II" paru en 1936 et "Chaminadour III" paru en 1941.
  8. Jean Thévenet, Regards sur le Limousin de jadis et de naguère., , 228 p. (ISBN 978-2-307-12923-3)
  9. Cité par l'abbé Paul Moreau

Bibliographie :

Jean Mirguet, Nouvelles recherches sur les notions infinitésimales directes du premier ordre.Université de Paris (1896-1968). Faculté des sciences. Paris, Gauthier-Villars, éditeur, 1934, 44 p

Jean Mirguet, Sur les surfaces possédant un nombre fini de paratingentes secondes. Acta Math. 68, 293–300 (1937).

Jean Mirguet, Sur une classe de surfaces à double courbure continue, Comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris, 213 (1941), p. 201-203.

Jean Mirguet, Sur une opposition de courbures asymétriques déduite du paratingent libre. Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences, juillet-décembre 1957, tome 245.

Jean Mirguet, La double courbure et les conditions géométriques intrinsèques de la dérivation seconde. La Revue Scientifique, 1er avril 1948 - Fascicule 6

Jean Mirguet, Nouvelles expressions intrinsèques de la dérivabilité seconde en théorie des surfaces, Bulletins de l'Académie Royale de Belgique  Année 1959  45  pp. 8-14

Juliette Leloup, L’entre-deux-guerres mathématique à travers les thèses soutenues en France. Hal Open Archives, 2009.

Michèle Audin, Publier sous l'occupation. Autour du cas de Jacques Feldbau et de l'Académie des Sciences, IRMA Strasbourg, 2008.