Utilisateur:Malosse/Histoire de la nomenclature des nuages

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La première version de l'atlas des nuages date de 1890 et fut publiée en 4 langues : allemand, anglais, français et suédois[1]. Cet atlas définissait l'ensemble des nuages en une page unique et montrait des planches peintes à la main représentant ces nuages. Malheureusement, la version scannée de l'ouvrage en référence reproduit très mal les planches en question. Cet ouvrage décrivait qualitativement les nuages mais contenait beaucoup d'informations fausses concernant la hauteur des nuages. En effet, à cette époque les radiosondages n'existaient pas et les seuls aéronefs existants étaient les ballons captifs. Cependant, une simple triangulation et une application des lois physiques connues à cette époque eussent permis de donner des valeurs plus exactes.

Nécessité d'unifier la terminologie[modifier | modifier le code]

Comme il a été indiqué supra, jusqu'au début du XXe siècle, les nuages étaient presque exclusivement observés à partir du sol. Il n'y avait pas de célomètres indiquant la hauteur des nuages et les radiosondes n'existaient pas. Le modèle météorologique de l'École norvégienne de météorologie n'existaient pas et les prévisions étaient purement empiriques. que les perturbations ignorent les frontières d'État et donc la prévision devait se faire à partir des observations dans les États voisins. Il était donc crucial que la nomenclature fût harmonisée. Cette entreprise d'uniformisation a rencontré de nombreuses résistances en particulier de la part de l'Angleterre. Même en Belgique, la nomenclature des nuages proposée par Vincent divergeait de manière significative par rapport à la nomenclature internationale et ce après la publication de l'Atlas officiel.

Les bases de la classification internationale en 1890[modifier | modifier le code]

Les étages dans l'édition de 1890[modifier | modifier le code]

Les étages étaient définis comme suit (avec la typographie d'époque) :

  • Étage supérieur en moyenne à 9000m ;
  • Étage moyen de 3000 m à 7000m ;
  • Étage inférieur de 1000m à 2000m.

Liste des nuages par étage dans l'édition de 1890[modifier | modifier le code]

Étage supérieur[modifier | modifier le code]

  • Les cirrus (même définition qu'aujourd'hui);
  • le cirro-stratus qui aujourd'hui est orthographié cirrostratus.

Étage moyen[modifier | modifier le code]

  • Les cirro-cumulus qui correspondent aux altocumulus d'aujourd'hui ayant la forme de moutons
  • Les alto-cumulus qui sont plus gros que les cirro-cumulus;
  • L'alto-stratus qui correspond à l'altostratus d'ajourd'hui

Étage inférieur[modifier | modifier le code]

  • Les strato-cumulus qui correspondent aux stratocumulus d'aujourd'hui.
  • Les nimbus qui ne correspondent pas au nimbostratus d'aujourd'hui qui est dans l'étage moyen. L'atlas dit simplement que c'est un nuage de pluie.

Nuages des courants ascendants[modifier | modifier le code]

Définition historique[modifier | modifier le code]

  • Les cumulus qui auraient leur base à 1400m [sic] et leur sommet à 1800m [sic].

On remarquera que altitudes données supra sont totalement fantaisistes car elles font fi de la loi d'Espy qui était connue à l'époque. La formule de Hennig qui reprend la loi d'Espy a été redécouverte en 1895. En outre, les cumulonimbus peuvent avoir des hauteurs gigantesques jusqu'à 70 000 pieds (21 km) soit un ordre de grandeur en plus[2],[3]. Cette erreur a été reprise par Emmanuel de Martonne dans son ouvrage de géographie générale.

Évolution de la compréhension des nuages convectifs[modifier | modifier le code]

L'estimation donnée ci-dessus de la hauteur de la base des cumulus et cumulonimbus a été reprise in extenso par Vincent en 1907[4] bien que la formule de Hennig eût été démontrée 12 ans auparavant et énoncée par James Pollard Espy plus de 60 ans auparavant. En effet, la hauteur de la base des nuages convectifs en supposant que la convection part du sol est proportionnelle à la différence entre la température et le point de rosée. Emmanuel de Martonne a aussi repris en 1913 cette théorie erronée dans son ouvrage Traité de géographie physique[5]. Il affirma que : « Tout le cycle de circulation de l'eau dans l'atmosphère avec ses épisodes variés, formation des nuages, orages, pluie et neige, se passe donc dans une couche d'air de 3 à 4 000 mètres d'épaisseur maximum[5]. » Cependant, la définition du cumulo-nimbus donnée par Alfred Angot en 1899 (qui est donc antérieure) est plus correcte car l'auteur admet que la base et le sommet des cumulo-nimbus peuvent varier[6].

Il est désormais admis que les nuages convectifs peuvent avoir leur base à 4 000 m dans l'ouest américain ou en Namibie. En outre, la convection peut ne pas démarrer à partir du sol lors d'orages nocturnes ou lors d'un passage d'un front chaud. On est alors en présence de convection en altitude et les nuages correspondants sont soit des altocumulus castellanus, soit des altocumulonimbus (nom non officiel).

Brouillards élevés[modifier | modifier le code]

  • Les stratus dont la définition est à peu près la même qu'aujourd'hui.

Nuages accessoires[modifier | modifier le code]

  • Les fracto-nimbus qui correspondent aux pannus d'aujourd'hui.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Atlas de 1890
  2. (en) Tom Skilling, « Dear Tom, How long does it take towering cumulus... », The Chicago Tribune, (consulté le )
  3. anonyme, MÉTAVI : L'atmosphère, le temps et la navigation aérienne, Environnement Canada, , 260 p. (lire en ligne), p. 39
  4. J. Vincent, Atlas des nuages, Service météorologique de Belgique, , 29 p., p. 3
  5. a et b Emmanuel de Martonne, Traité de géographie physique, Librairie Armand Colin, , 922 p. (lire en ligne), p. 75
  6. Traité d'Angot, p. 207

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [Atlas de 1890] (fr + de + en + sv) H. H. Hildebrandsson, W. Köppen et G. Neumayer, Atlas des nuages [« Atlas des nuages, Wolken-Atlas, Cloud Atlas, Mohr Atlas. »], Hambourg, (lire en ligne)
  • (fr) [Traité d'Angot] Alfred Angot, Traité élémentaire de météorologie, Gauthier-Villars, , 417 p. (lire en ligne)