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Utilisateur:Ludve/Révolte étudiante de l'université polytechnique nationale d'Athènes

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La révolte étudiante de l' école Polytechnique d'Athènes a eu lieu en novembre 1973, sous forme d'une manifestation massive du rejet populaire de la junte militaire grecque de 1967 à 1974. La révolte a débuté le 14 novembre 1973, dégénéré en un véritable soulèvement anti-junte, et s'est terminée en bain de sang, en début de matinée, le 17 novembre, après une série d'événements démarrant avec un char de combat enfonçant les portes de l'école Polytechnique.

Les causes[modifier | modifier le code]

Depuis le 21 avril 1967, la Grèce est placée sous la dictature des colonels — un régime qui a aboli les droits civils, entraîné la dissolution des partis politiques et exilé, emprisonné et torturé des politiciens et citoyens à cause de leurs convictions politiques. 1973 marque l'année où le chef de la junte militaire, Georgios Papadopoulos, entreprend une "libéralisation" du régime, comprenant la libération des prisonniers politiques et la levée partielle de la censure, ainsi que la promesse d'une nouvelle constitution et de nouvelles élections pour un retour à un régime civil. Cette libéralisation donne ainsi l'occasion aux membres de l'Opposition, dont les socialistes, d'entreprendre une action politique contre la junte.

Les Etats-unis ont pris position de manière clandestine dans l'assassinat de socialistes, plaçant un agent de la C. I. A., Jean Maury, comme consultant pour soutenir la junte des dirigeants. Le Vice-Président américain, Spiro Agnew, a fait l'éloge de la junte comme "la meilleure chose pour la Grèce depuis le gouvernement de Périclès, dans l'ancienne Athènes".

Depuis 1967, la junte, essayant de contrôler tous les aspects de la vie politique, porte atteinte au syndicalisme étudiant. Elle interdit les élections étudiantes dans les universités, impose, avec vigueur, la conscription aux étudiants et place des étudiants non-élus comme dirigeants de l'union nationale des étudiants. Ces actions ont créé un sentiment anti-junte parmi les étudiants, comme l'étudiant en géologie Kostas Georgakis qui s'est suicidé en 1970, à Gênes, en Italie, en acte de protestation contre la junte. À cette exception près, la première vague massive de l'action publique à l'encontre de la junte est entreprise par des étudiants, le 21 février 1973.

Le 21 février 1973, des étudiants en droit sont amenés à entrer en grève et à se barricader dans les locaux de la faculté de droit de l'Université d'Athènes, située au centre d'Athènes, afin de demander l'abrogation de la loi[1] qui imposait la conscription aux "jeunes opposants", alors que 88 de leurs pairs ont été forcés au service militaire. La police a reçu l'ordre d'intervenir et beaucoup d'étudiants ont rapporté avoir été soumis à des violences policières. Ces événements à la Faculté de droit sont souvent cités comme étant le prélude à la révolte de l'université polytechnique d'Athènes.[réf. nécessaire]

La révolte étudiante a également été fortement influencée par les mouvements de la jeunesse des années 1960, notamment par les événements de Mai 1968 en France.[réf. nécessaire]

Les événements[modifier | modifier le code]

Le 14 novembre 1973, les étudiants de l'école Polytechnique d'Athènes (Polytechneion) se sont mis en grève et ont commencé à protester contre le régime militaire (Régime des Colonels). Alors que les autorités étaient en place, les étudiants — s'appelant eux-mêmes les "Assiégés libres" (en grec: Ελεύθεροι Πολιορκημένοι, en référence au poème inspiré du siège de Missolonghi par les Ottomans, du poète national grec Dionysios Solomos) — se sont barricadés et ont construit une station de radio (à l'aide de matériel de laboratoire) qui a diffusé à plusieurs reprises, à travers Athènes :

« L'école Polytechnique est là ! Peuple de Grèce, l'école Polytechnique est le porte-drapeau de notre lutte et de la votre, de notre lutte commune contre la dictature et pour la démocratie ![2]" »[3]

Maria Damanaki, future politicienne, a été l'un des principaux représentants de la révolte. Bientôt, des milliers de travailleurs et de jeunes les rejoignent, protestant à l'intérieur et à l'extérieur de l'école  Polytechnique d'Athènes.

Dans les premières heures du 17 novembre 1973, le gouvernement de transition a envoyé un tank pour enfoncer les portes de l'école Polytechnique d'Athènes.[4] Peu de temps après, Spyros Markezinis lui-même, eut l'humiliante tâche de demander à Papadopoulos de réinstaurer la loi martiale.[4] Avant le début de la répression, les lumières de la ville avaient été éteintes, et la région était seulement éclairée par les lumières du campus, alimentées par les générateurs de l'université. Un char de combat AMX 30 (conservé dans un musée d'unités blindées dans un camp militaire à Avlonas, fermé au public) a enfoncé le portail de l'école Polytechnique d'Athènes vers trois heures du matin. Malgré l'imprécision des séquences, filmées dans la clandestinité par un journaliste néerlandais, le char est montré entrain d'enfoncer l'entrée principale en acier du campus sur laquelle les gens étaient accrochés. La preuve documentaire subsiste également, dans les enregistrements de "l'école Polytechnique d'Athènes" par les transmissions radios depuis les locaux occupés. Depuis les locaux, un jeune homme demandent désespérément  aux soldats (qu'il appelle "frères d'armes") entourant le complexe de bâtiments, de désobéir aux ordres militaires et de ne pas lutter contre leurs "frères révoltés'. Sa voix porte sur un plan émotionnel, en récitant les paroles de l'Hymne National grec, jusqu'à ce que le char entre dans la cour, au moment où la transmission cesse.

Une enquête officielle menée après la chute de la Junte a déclaré qu'aucun étudiant de l'école Polytechnique d'Athènes n'avait été tué au cours de l'incident. Le total des pertes enregistrées s'élève à 24 civils tués à l'extérieur du campus de l'école Polytechnique d'Athènes. Cela inclut le jeune de 19 ans, Michael Mirogiannis, apparemment abattu par l'officier G. Dertilis, les élèves du secondaire Diomède Comnène et Alexandros Spartidis du Lycée Leonin, et un garçon de cinq ans  pris dans des échanges de tirs dans le quartier de Zografou. Les enregistrements des procès tenus à la suite de la chute de la Junte ont fournis les preuves des circonstances de la mort de nombreux civils au cours de l'insurrection, et bien que le nombre de morts n'a pas été contesté par la recherche historique, il reste un sujet de controverse politique. En outre, des centaines de civils ont été blessés lors des événements.[5]

La participation de Ioannides, en incitant l'unité de commande des forces de sécurité à commettre des actes criminels durant la révolte de l'école polytechnique d'Athènes, a été notée dans l'accusation présentée à la cour par le procureur durant les procès de la junte grecque et dans sa condamnation ultérieure au procès de Polytechnique où il a été jugé moralement responsable des événements.

Les conséquences de la révolte[modifier | modifier le code]

Le 14 novembre, la révolte déclenche une série d'événements qui met fin brusquement au processus de "libéralisation" attendu par le régime sous Spiros Markezinis. Papadopoulos, durant son processus de libéralisation et même durant la dictature, tenta de reformer le paysage politique grec mais échoua à plusieurs reprises. Il est mentionné dans ses notes bibliographiques, publiées sous forme de livret par ses partisans en 1980, qu'il a suivi les cours de l'école polytechnique d'Athènes, la plus grande université d'ingénierie du pays, sans obtenir son diplôme.

Dimitrios Ioannides, un brigadier mécontent et intransigeant de la Junte,[6][7] a utilisé la révolte comme un prétexte pour rétablir l'ordre public, et a organisé un contre-coup d'état qui a renversé George Papadopoulos et Spiros Markezinis le 25 novembre de la même année. La loi militaire a été rétabli, et la nouvelle Junte nomma le Général Phaedon Gizikis président, et l'économiste Adamantios Androutsopoulos Premier Ministre, bien que Ioannides resta l'homme fort dans l'ombre.

La tentative de coup d'état avortée de Ioannides, le 15 juillet 1974, contre l'Archevêque Makarios III devenu Président de Chypre, fut accueillie par l'invasion turque de Chypre. Ces événements ont provoqué l'implosion du régime militaire et inauguré l'ère de la metapolitefsi (grec désignant le "changement de régime"). Constantin Karamanlis, invité à revenir de son exil en France, a été nommé Premier Ministre de la Grèce aux côtés du Président Phaedon Gizikis. La démocratie parlementaire a donc été restauré, et les élections législatives grecque de 1974 ont été les premières élections libres tenues en une décennie.

Le 17 novembre, date de l'événement, est devenu plus tard le nom d'un groupe terroriste grec, en référence à cette révolte.

Héritage[modifier | modifier le code]

Fichier:Diomedes Komnenos.jpg
Diomède Comnène a 16 ans lorsqu'il est tué. Il a été l'une des plus jeunes victimes de la répression de la junte.

Le 17 novembre est un jour férié en Grèce pour tous les établissements d'enseignement ; des services commémoratifs sont organisés, et les élèves ne vont à l'école que pour ceux-ci, bien que certaines écoles et toutes les universités restent fermées pendant cette journée. L'emplacement central pour la commémoration est le campus de l'école Polytechnique d'Athènes. Le campus est fermé le 15 novembre (le premier jour où les étudiants ont occupé le campus en 1973). Les étudiants et les politiciens déposent des couronnes sur un monument de l'école sur lequel les noms des étudiants polytechniciens tués au cours de la Résistance grecque dans les années 1940 sont inscrits. La commémoration de cette journée se termine traditionnellement avec une marche qui commence à partir du campus de l'école Polytechnique et se termine devant l' ambassade des Etats-unis. Cette journée signe toujours une certaine agitation sociale, où des manifestations de masse se produisent durant la nuit entière.[1]

La révolte étudiante est saluée par beaucoup comme étant un courageux acte de résistance contre la dictature militaire, par conséquent, comme un symbole de résistance contre la tyrannie. D'autres croient que le soulèvement a été utilisé comme prétexte par l'officier Dimitrios Ioannidis, pour mettre brutalement fin au prétendu processus de libéralisation du régime entrepris par Spiros Markezinis.[réf. nécessaire]

Les Citations et les notes[modifier | modifier le code]

  1. a et b Brown, Kenneth (1974). "Greece". The World Book Year Book 1974. Chicago : Field Enterprises Educational Corporation. p. 340. ISBN 0-7166-0474-4. LCCN 62-4818.
  2. Etho Polytechneio through Internet archive Text in Greek: Εδώ Πολυτεχνείο! Λαέ της Ελλάδας το Πολυτεχνείο είναι σημαιοφόρος του αγώνα μας, του αγώνα σας, του κοινού αγώνα μας ενάντια στη δικτατορία και για την Δημοκρατία, transliterated as: Etho Polytechneio! Lae tis Elladas to Polytechneio einai simaioforos tou agona mas, tou agona sas, tou koinou agona mas enantia sti diktatoria kai gia tin Dimokratia)
  3. « AthensNews onLine SEARCH », sur web.archive.org, (consulté le )
  4. a et b "Past present" and quote:Markezinis had humiliated himself by 'requesting' Papadopoulos to reimpose martial law in the wake of the November 17 uprising at the Athens Polytechnic , Athens News, 4 October 2002 through Internet Archive
  5. BBC: On this day quote: It follows growing unrest in Greece, and comes eight days after student uprisings in which 13 people died and hundreds were injured..
  6. (en) « 1973: Army deposes 'hated' Greek president », sur https://www.bbc.com/news
  7. (en) Ioannis Tzortzis, « The Metapolitefsi that Never Was: a Re-evaluation of the 1973 ‘Markezinis Experiment’ », sur web.archive.org

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