Utilisateur:Libellum/Bibliothèque en prison

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Des services de bibliothèque sont disponibles dans de nombreuses prisons et du matériel de lecture est également fourni dans presque tous les établissements correctionnels fédéraux et municipaux aux États-Unis. Les bibliothèques des prisons fédérales sont contrôlées par le Federal Bureau of Prisons du département américain de la Justice tandis que les bibliothèques des prisons d'État sont sous la juridiction du département pénitentiaire de chaque État. [1] De nombreuses prisons municipales offrent également des services de bibliothéconomie grâce à des partenariats avec des bibliothèques publiques et des organismes communautaires locaux. [2] Ces ressources peuvent être limitées, car principalement fournies par le gouvernement.[3]

Rôle[modifier | modifier le code]

Les bibliothèques de prison desservent à la fois les détenus et le public en étant un appui majeur à l’éducation des personnes incarcérées, à la réduction des récidives et à l’amélioration des liens familiaux grâce à la lecture.

La recherche montre une corrélation entre l’instruction et la réduction du risque de récidive, et les bibliothèques jouent un rôle important dans le soutien à l’éducation. [4] En fait, dans certains États, les détenus reçoivent comme sentence de participer à un groupe de discussion sur la littérature durant la période passée en prison. Un de ces programmes, Changing Lives Through Literature (CLTL), existe depuis 1991. Le premier groupe CLTL du Massachusetts obtenait un taux de récidive de 19 %, comparativement à 42 % dans un groupe témoin. [5] L’éducation permet aux détenus de développer les compétences dont ils ont besoin pour réintégrer la société une fois qu’ils sont libérés et les bibliothèques peuvent jouer un rôle important en les aidant dans l’acquisition de ces compétences. Certains programmes offerts par les bibliothèques de prison comprennent des cours de GED,  d’alphabétisation, de développement de compétences pratiques, de dactylographie et des formations sur l’utilisation d’une bibliothèque. [6]

En plus des possibilités d’éducation, les bibliothèques des prisons aident les détenus à avoir des contacts positifs et significatifs avec leur famille. Par exemple, le Jessup Correctional Institute, dans le Maryland, a lancé un programme qui offrait aux détenus des livres à lire à leurs enfants ou petits-enfants durant les jours de visite. [7] D’autres bibliothèques présentes dans les centres correctionnels proposent des programmes dans lesquels les prisonniers s’enregistrent en train de lire des histoires. Par la suite, l’enregistrement, ainsi que les livres lus, sont envoyés à l’enfant avec un cahier de coloriage et des crayons de couleur. [8] Certains détenus essaient de lire les mêmes documents que leurs enfants pour en discuter avec eux.

Les bibliothèques pénitentiaires offrent aux détenus un espace pour rencontrer d’autres personnes qui partagent des intérêts communs. Bien que le financement soit limité, certains bibliothécaires pénitentiaires travaillent continuellement dans la création de programmes. Ces programmes comprennent des clubs de lecture et des projets de service communautaire entre autres. [9] De nombreux détenus utilisent la bibliothèque pour échapper à la réalité de leur situation actuelle. L’un des nombreux services fournis par un bibliothécaire de prison est de converser avec les détenus concernant les raisons pour lesquelles ils se trouvent dans leur situation actuelle. Après quoi le bibliothécaire proposera des suggestions de lectures à la personne incarcérée qui l’aidera dans sa prise de décisions futures.

Défis[modifier | modifier le code]

Le financement et l’espace représentent deux défis majeurs que les bibliothèques en prison doivent relever. [10] Les bibliothèques pénitentiaires se situent au bas de l’échelle des priorités budgétaires. [9] Les difficultés pour fournir des informations et des cours modernes avec un budget et un espace limités additionnés à des contraintes de temps paraissent insurmontables. Certains membres professionnels des bibliothèques pénitentiaires ont le sentiment qu’ils n’ont pas le temps d’accomplir toutes les tâches qu’ils doivent mener par manque de personnel. [11] Fait intéressant, les récents développements technologiques tels que le choix d’introduire des tablettes électroniques ont conduit à l’élimination de certaines bibliothèques dans les prisons du Dakota du Sud. Elles menacent aussi de mettre fin aux dons de livres offerts aux détenus et à leurs bibliothèques en faveur des livres numériques disponibles. [12] Un autre défi concerne l’alphabétisation des détenus. Par exemple, aux États-Unis, « soixante-quinze pour cent de la population carcérale d’État n’ont pas terminé leurs études secondaires ou classées comme peu alphabétisées ». [13] D’autres défis incluent les risques de sécurité. Certains bibliothécaires ont l’impression d’être des gardiens alors que d’autres subissent une surveillance par des agents correctionnels. [14] Enfin, certaines bibliothèques doivent faire face au vandalisme et au vol d’objets.

Un défi intéressant dans le développement des bibliothèques pénitentiaires aux États-Unis est survenu à la suite du cas de Steven Hayes. On soupçonnait alors que les choix de lecture de Hayes dans son ancienne prison « avaient alimenté ses crimes. » À la suite de ça, les politiques au sujet des collections de livres et des usagers (notamment la vie privée des prisonniers) ont été remis en question. [15] L’accusation dans son cas a voulu mettre la main sur la liste des lectures de Hayes alors reconnu coupable du meurtre, de l’enlèvement et de l’agression sexuelle de membres de la famille Petit. Cette question est litigieuse, car selon les politiques de toute bibliothèque, la vie privée des usagers est un sujet très sérieux. La question a été débattue pour savoir si cette politique se doit d’être maintenue au sein d’une bibliothèque de prison. Conrad (2014) ne mentionne pas si de véritables décisions ont été prises. De solides arguments s’élèvent en faveur du maintien de la vie privée des prisonniers considéré comme un usager de la bibliothèque. D’autres arguments s’imposent pour la mise à disposition de cette confidentialité pour garantir une sécurité pour le détenu, la population carcérale ou le grand public.

La censure s’ajoute aux autres défis majeurs signalés par les bibliothèques des prisons. Le règlement du Bureau fédéral des prisons stipule que la publication ne peut être rejetée que si elle est jugée « préjudiciable à la sécurité, au bon ordre ou à la discipline de l’établissement ou si elle peut faciliter une activité criminelle ». Cependant, les prisons censurent des documents bien au-delà de ces directives. [16] Les autorités pénitentiaires (gardiens, administrateurs, personnel de sécurité) restreignent le contenu des documents offerts dans les bibliothèques ce qui entraine une violation des droits de lecture des détenus. [17] « Des processus formels et informels de censure se produisent dans la prison, et il existe des variations significatives dans la censure des documents d’une institution à l’autre. » [18]

Institutions internationales[modifier | modifier le code]

États-Unis[modifier | modifier le code]

Livres de bibliothèque, prison de Guantanamo, 2011

L’Amérique offre des services de bibliothèques pénitentiaires depuis 1790. [19] La première bibliothèque de la prison d'État voit le jour en 1802. Au début du XIXe siècle, le clergé gère la majorité des prisons. [20] Le but de la bibliothèque était d’accroitre la dévotion religieuse et arriver à modifier les comportements favorablement. À cette époque, les seuls volumes que comprenait la collection de la bibliothèque étaient la Bible et des livres de prières. [21] Selon Lehmann (2011), « l’objectif principal de la lecture était de renforcer le caractère, la dévotion religieuse et ce que nous appellerions aujourd’hui la modification du comportement. Au milieu du XIXe siècle, la pénologie (l’étude, la théorie et la pratique de la gestion des prisons et de la réhabilitation criminelle) devient plus scientifique, et les criminologues affirmaient connaître les raisons du comportement criminel, et comment réformer les criminels. [22] "

En 1870, pendant la période progressiste et le mouvement de réforme des prisons, le Prison Congress a plutôt opté pour la réhabilitation des condamnés à la place de les punir encourageant l’éducation et les récompenses pour bonne conduite.[19] La bibliothèque devient une source positive en ne contenant que des éléments qui poursuivaient les objectifs de réforme de la prison. [23] L’ALA publie en 1915 le premier manuel à l’usage des bibliothèques pénitentiaires. [24]

La présence des bibliothèques dans les prisons croît pendant la grande dépression. [25] Pour faire suite à une baisse de la production industrielle, les prisonniers devenus oisifs et agités voient dans la bibliothèque un moyen de s’occuper. En 1930, l’American Correctional Association publie un manuel destiné aux bibliothèques des prisons. La bibliothèque devient une activité récréative saine, soutenant autant l’éducation et la santé mentale. Les bibliothèques des prisons fédérales connaissent dès ce moment une forte croissance au cours des quatre décennies suivantes. [1]

Les établissements correctionnels d’État ont commencé à se développer dans les bibliothèques pénitentiaires dès les années 1970 suite à l’adoption de la loi sur les services de bibliothèque et la construction par le Congrès. En 1974, deux affaires survenues dans le Massachusetts - Wolf c. McDonnell et Stone c. Boone - ont exigé la présence de bibliothèque dans les prisons pavant la voie vers Bounds v. Smith, 430 US 817 (1977). [26] Bounds v. Smith a statué que les prisons étaient tenues de fournir un accès à des personnes formées en droit ou à des bibliothèques juridiques afin de satisfaire à l’exigence constitutionnelle d’un accès significatif aux tribunaux. En 1996, Lewis c. Casey, 518 US 343 (1996), a limité cette exigence imposée aux établissements correctionnels provoquant une réduction des collections dans les bibliothèques. [1]

Lewis c. Casey a statué que l’accès à une bibliothèque juridique ne constituait pas un droit absolu auxquels les prisonniers pouvaient aspirer. Un détenu doit plutôt démontrer qu’il n’a pas pu intenter une action en justice en raison de l’inefficacité de la bibliothèque juridique. [27] En d’autres termes, l’absence d’une bibliothèque juridique adéquate a causé un réel préjudice au détenu. La décision Lewis rend beaucoup plus difficile la recherche d’une amélioration dans la bibliothèque juridique d’une prison. Comme l'a souligné un tribunal, la capacité de plaider une réclamation de refus d'accès démontre que le détenu n'a aucun refus d'accès. [28] Cependant, certains pensent que Lewis n’est pas aussi dévastateur qu’il y paraît et Bounds v. Smith reste toujours une bonne loi.[réf. nécessaire] Après le 11 septembre, les budgets des bibliothèques de la prison ont dégringolé. [29]

Depuis 2013, le camp de détention de Guantanamo Bay à Cuba dispose d’une bibliothèque de quelque 18 000 livres. Selon le Bureau of Justice Statistics, il y avait 1 505 400 prisonniers fédéraux et d’État incarcérés dans les prisons aux États-Unis. Les États-Unis incarcèrent plus de personnes que toute autre nation du monde développé. [30] [[Catégorie:Bibliothèque par type]]

  1. a b et c Lehmann, V. (2011). Challenges and accomplishments in U.S. prison libraries. Library Trends, 59(3), p. 490–508.
  2. Lehmann, V. (2011). Challenges and accomplishments in U.S. prison libraries. Library Trends, 59(3),p.490
  3. Rabina, D., & Drabinski, E. (2015). Reference services to incarcerated people, Part II: sources and learning outcomes. Reference & User Services Quarterly, (2), 123.
  4. Marshall, A. M. J. (2011). Library services in correctional settings. Information Outlook, 15(1), p. 24–26
  5. Sussman, D. B. (2014). Reading Reduces Recidivism: Getting Books to Prison Libraries. ILA Reporter, 32(6), p. 7
  6. Greenway, S. A. (2007). Library services behind bars. Bookmobile Outreach Services, 10(2), p. 43–61.
  7. NPR. (2011). Prison library offers place to escape.
  8. (Greenway, p. 54)
  9. a et b (en) « A Day in the Life of a Prison Librarian » Public Libraries Online », publiclibrariesonline.org (consulté le )
  10. (Greenway, p. 55–56)
  11. (Greenway, p. 56)
  12. (en) Initiative, « More states are signing harmful "free prison tablet" contracts » (consulté le )
  13. http://publiclibrariesonline.org/2016/07/programming-in-prison-libraries/
  14. (Greenway, p. 57)
  15. Conrad, S. (2014). Collection Development and Circulation Policies in Prison libraries: An Exploratory Survey of Librarians in US Correctional Institutions. The Library Quarterly: Information, Community, Policy 82(4). 407-427.
  16. Losowsky, « Prison Books Ban: The Censorship Scandal Inside America's Jails », The Huffington Post (consulté le )
  17. Shirley, « Censorship and Prison Libraries » [archive du ], Diversity & Outreach Columns. ALA's Office for Diversity, Literacy, and Outreach Services (consulté le )
  18. Arford, « Captive Knowledge: Censorship and Control in Prison Libraries », Northeastern.edu (consulté le )
  19. a et b Rubin, R. J. (1973). U.S. prison library services and their theoretical bases. Occasional Papers, No. 110.
  20. Lehmann, V. (2011). Challenges and accomplishments in U.S. prison libraries. Library Trends, 59(3), p. 491.
  21. Robert freeman, Libraries to the people: Histories of Outreach, McFarland & Company, , 114 p. (ISBN 0-7864-1359-X)
  22. Lehmann, V. (2011). Challenges and Accomplishments in U.S. Prison Libraries. Library Trends 59(3), p. 491
  23. Lehmann, V. (2011). Challenges and accomplishments in U.S. prison libraries. Library Trends, 59(3), p. 490–508
  24. Rubin, R. J. (1973). U.S. prison library services and their theoretical bases. Occasional Papers, No. 110, p. 4.
  25. Rubin, R. J. (1973). U.S. prison library services and their theoretical bases. Occasional Papers, No. 110, p.4.
  26. Sheila Clark et Erica MacCreaigh, Library services to the incarcerated: applying the public library model in correctional facility libraries, Westport, Conn, Libraries Unlimited, , 4 p. (ISBN 9780313090615)
  27. Gerken, J. L. (2003). Does Lewis v. Casey spell the end to court-ordered improvement of prison law libraries? Law Library Journal, 95(4), p. 491–513.
  28. (Gerken, p. 500)
  29. Brenda Vogel, The prison library primer: a program for the twenty-first century, Lanham, Md., Scarecrow Press, (ISBN 9780810867437), p. 5
  30. McCook, K. (2004). Public Libraries and People in Jail. Reference and User Services Quarterly, 44(1), 26–30