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Utilisateur:Fredamas/Prison de Carabanchel

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La prison de Carabanchel est une prison espagnole construite par des prisonniers politiques après la guerre civile espagnole entre 1940 et 1944 dans le quartier madrilène de Carabanchel, entre la ligne 5 du Métro madrilène, et l'avenida de los Poblados. Connue officiellement sous le nom de Prison de la Province de Madrid, elle est construite par le régime franquiste pour répondre aux besoins pénitentiaires de la ville, et resta en service pendant cinquante-cinq ans. Elle se trouve dans le quartier de Carabanchel (Madrid),


Prison de Carabanchel
Image de l'établissement
Localisation
Pays Espagne
Localité Carabanchel Madrid
Coordonnées 40,3815° nord, 3,7553° ouest
Fonctionnement
Date d'ouverture 1944
Effectif 2 000 hommes et 500 femmes
Date de fermeture 1999

C'est l'une des plus grandes prisons d'Europe jusqu'à sa fermeture en 1998. Sa structure suit le modèle panoptique conçu par Jeremy Bentham en 1785.

Histoire[modifier | modifier le code]

Construction[modifier | modifier le code]

Sitôt la Guerre civile Espagnole terminée, le général Francisco Franco entreprend de construire une nouvelle prison. Avant que la construction de la prison de Carabanchel ne soit décidée, les prisonniers politiques du franquisme s'entassent dans la prison de Porlier, située rue Díaz Porlier. Dans cette perspective, le gouvernement franquiste fait l'acquisition de quelques terrains le 16 janvier 1940, pour une superficie totale de 200 000 mètres carrés, à 5,25 pesetas le mètre carré, dans la commune de Carabanchel Alto (qui est alors un quartier dans la banlieue de Madrid). Au total, le gouvernement débourse 700 000 pesetas, soit 4 207 euros environ, mais sachant qu'une peseta de 1940 équivaut à 0,008 peseta de 1999[1], il s'agit plutôt de 525 885 euros (de 1999).

Les travaux commencent le 20 avril 1940 et sont menés à bien grâce au concours contraint d'un millier de prisonniers politiques soumis à des travaux forcés. La construction se déroule sous la supervision des architectes en charge du projet, Vicente Agustí Elguero, José María de la Vega Samper et Luis de la Peña Hickman. Ces derniers prennent comme modèle la prison Modelo (es) de Barcelone, et y ajoutent les toutes dernières innovations de l'époque. La forme en étoile du bâtiment rappelle également les établissements de santé comme l'ancien hôpital des travailleurs (es) dessiné par Antonio Palacios. Construit sur une structure en béton armé, le nouvel édifice présente des éléments qui s'apparentent au mouvement néo-herrerianiste (développé à la fin du XVIe siècle en Espagne), alors encouragé par l'idéologie officielle.

55 ans d'utilisation[modifier | modifier le code]

La prison est inaugurée le 22 juin 1944 par le ministre de la Justice, le phalangiste Eduardo Aunós. Selon un article de la revue Redención publiée ce même jour, la prison est « un modèle du genre, pouvant accueillir 2000 prisonniers ». Peu de temps après arrivent les premiers occupants de la prison. Néanmoins, les travaux continuent pendant plusieurs années, voire ne se terminent jamais en ce qui concerne une des quatre galeries prévues.Durant la dictature franquiste, la prison de Carabanchel constitue une dernière demeure pour de nombreux suppliciés, comme José María Jarabo, accusé de quatre assassinats, et qui sera exécuté le 4 juillet 1959. En 1975, Xosé Humberto Baena Alonso, José Luis Sánchez Bravo et Ramón García Sanz, membres du Front Révolutionnaire Antifasciste et Patriote (FRAP) condamnés à mort, y passent leurs dernières heures, avant d'être exécutés à Hoyo de Manzanares lors de ce qui sera une des dernières exécutions perpétrées par le régime franquiste. De nombreux opposants politiques, comme le syndicaliste Marcelino Camacho, y sont aussi emprisonnés, dans la troisième galerie dédiée aux prisonniers politiques.

Pendant l' État espagnol du caudillo Francisco Franco (1936-1975), la prison accueille une grande communauté de prisonniers politiques, qui comprennent des membres des partis politiques socialistes, anarchistes, communistes et marxistes et des dirigeants syndicaux. Parmi les détenus notables figurent Marcelino Camacho (dirigeant du syndicat clandestin communiste Comisiones Obreras) et le reste de ses membres de haut rang emprisonnés à la suite du Process 1001, Julián Ariza (membre également du même syndicat), Nicolás Redondo (dirigeant de l'Union générale des travailleurs ), Eduardo Saborido, Simón Sánchez Montero (dirigeant communiste, qui a purgé 25 ans de prison), [2] José María Ruiz Gallardón (opposant monarchiste à l'État franquiste et père de l'ancien ministre de la Justice Alberto Ruiz Gallardón ), [3] Nicolás Sartorius, [4] Ramón Tamames, Enrique Múgica et Enrique Curiel (activistes communistes), Miguel Boyer ( activiste socialiste et ministre plus tard), [5] Fernando Sánchez-Dragó, [6] Miguel Gila, [7] Fernando Savater, [8] Fernando Arrabal, [9] membre de la CNT Luís Andrés Edo et les prétendus assassins franco Stuart Christie et Fernando Carballo Blanco . Les barons de la cocaïne colombiens Jorge Luis Ochoa Vásquez et Gilberto Rodríguez Orejuela sont également emprisonnés à Carabanchel au milieu des années 1980. [10]

Dans les dernières années du régime franquiste et les premières années de la Transition démocratique espagnole, Carabanchel connait diverses mutineries pour obtenir amnisties, réformes du code pénal, suppression de la loi de « dangerosité sociale », ou épuration parmi les fonctionnaires des prisons du régime.

Après la mort de Franco, seuls les criminels de droit commun et les membres du groupe séparatiste basque ETA et d'autres groupes paramilitaires restent emprisonnés à Carabanchel..

Destinée après sa fermeture[modifier | modifier le code]

L'intérieur de la prison de Carabanchel en 2008

Après son abandon, le bâtiment est lourdement pillé et habité par des communautés marginales. La plupart des murs de la prison sont couverts de graffitis, dont certains très élaborés. Un long débat a eu lentre les voisins de Carabanchel et d Aluche, qui souhaitent la construction d'un hôpital et d'autres équipements publics dans le quartier, et les autorités locales, qui souhaitent privatiser le terrain pour la construction de logements. Les voisins veulent également qu'une partie de la prison soit préservée.

Enfin, en juillet 2008, les gouvernements local et national parvient à un accord sur l'avenir du terrain de la prison, prévoyant de construire 650 appartements, un hôpital, des zones vertes et des bâtiments gouvernementaux sur l'ancien terrain de la prison. Malgré les protestations, l'ensemble du complexe Carabanchel est démoli à la fin de 2008.

Culture[modifier | modifier le code]

En 1984, Miguel Ríos lance sa chanson El Ojo del Huracán (L'œil du cyclone), laquelle traite de son séjour dans la prison de Carabanchel durant la période franquiste.

La même année sont tournées dans cette prison plusieurs scènes du film El pico 2.

En 1903 et 2005, à l'occasion de travaux sur la Vía Carpetana, des restes romains sont découverts à l'endroit même de la prison. Il est possible qu'ait existé une ville romaine au niveau de ce souterrain.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes

 

Références[modifier | modifier le code]

  • Chance, C. (2005) Carabanchel : Le dernier Britannique dans la prison de Hellhole en Europe.
  • Díaz Cardiel, V. (2007) "Algunos recuerdos de mis cuatro estancias en la cárcel de Carabanchel" El Rapto de Europa 11 : 13-19.
  • Photos de la prison [1]
  • Photos de Carabanchel sur flickr.com [2]
  • Urban-travel.org @ La prison de Carabanchel, photos de l'intérieur [3]

Liens externes[modifier | modifier le code]

[[Catégorie:Histoire de Madrid]] [[Catégorie:Monument à Madrid]] [[Catégorie:Prison en Espagne]]