Utilisateur:Fichel Moucault/Brouillon4
Qui suis-je ?
[modifier | modifier le code]J'ai une formation en physique et en sciences sociales. J'ai un intérêt pour les sciences appréhendées comme une pratique sociale et historique. Je me suis intéressé notamment : à la manière dont la biologie, la sociologie, la physique, ou encore la psychologie étudient un même objet d'étude ; à la manière dont sont produites des catégories de connaissances (i.e. sur la catégorisation) ; à la diffusion des savoirs entre des champs disciplinaires et dans l’espace public ; aux liens entre connaissance/science et société/politique ; etc.
Réflexion sur Wikipédia
[modifier | modifier le code]Dans la suite de cette page, je vais présenter mes réflexions sur la contribution à Wikipédia.
- D'une part, je pense que s'il existe une communauté[a] wikipédiste, celle-ci se caractérise par son hétérogénéité. Cela se manifeste notamment par la diversité des régimes épistémiques[b] qui se déploient sur Wikipédia, et donc par différentes postures éditoriales, et plus largement par une pluralité de visions normatives concernant les manières de faire, le rôle et la fonction des wikipédistes, et de Wikipédia.
- D'autre part, je pense que Wikipédia, définit comme un dispositif[c], oriente des manières de faire, et impose le cadre dans lequel se déploient des manières de penser la contribution à Wikipédia, notamment via ses principes, ses règles, ses usages, ses wikipédistes, etc.
Notons qu'il existe déjà des recherches sur Wikipédia (voir cette section bibliographique), y compris en français, et notamment des travaux sur les désaccords éditoriaux et idéologiques dans Wikipédia[d]. Ma réflexion portera sur les sources (classification des sources, manière de sourcer, etc.), les points de vue (la neutralité comme principe fondateur, etc.), et sur les « philosophies contradictoire » sur Wikipédia (inclusionnisme, etc.).
Les désaccords éditoriaux (sont fondés sur des valeurs)
[modifier | modifier le code]Si Carbou et Sahut 2019 résument d'abord les « [d]eux règles rédactionnelles [qui] constituent les fondements de la politique éditoriale au sens où elles définissent les critères de validation des savoirs publiables dans l’encyclopédie », à savoir « l’idéal de la NPOV » et « la citation des sources », ils précisent que « la communication entre contributeurs constitue une autre facette de l’activité éditoriale de Wikipédia ». En effet, « les règles rédactionnelles de l’encyclopédie collaborative font figure de cadres de négociation, mais [...]elles sont soumises à des interprétations divergentes ». Les auteurs soulignent d'ailleurs que « [l]’horizon d’objectivité lié à la NPOV est contredit par l’existence de différentes formes de subjectivité à l’œuvre lors de la rédaction des articles ainsi que par le difficile examen critique du réel pluralisme des points de vue exprimés » et que « [l]es wikipédiens ne s’accordent pas facilement sur l’autorité des sources, leur degré d’objectivité et leurs éventuels biais ». Une analyse des échanges des wikipédistes sur les PdD leur permettent de « décrire les grands ensembles idéologiques en confrontation qui expliquent la récurrence des désaccords entre contributeurs » et produire une « analyse [qui] vise à expliciter les présupposés et le système de valeurs sur lesquels se fondent les énoncés ». Sans surprise pour les initiés aux sciences sociales, les auteurs font notamment références à Luc Boltanski et Laurent Thévenot (« cités de justification ») ainsi qu'à Michel Foucault (« politiques de vérité »).
En résumé : (1) les principes fondateurs et règles éditoriales cadrent (i.e. orientent) les pratiques rédactionnelles ; (2) il existe des désaccords sur les principes et les règles a adopter (sur l'interprétation des principes et règles mais aussi sur les principes et règles en eux même) ; (3) ces désaccords sont fondés sur des valeurs (i.e. des subjectivités, des idéologies, des visions du mondes, des points de vue, des formes culturelles) parfois incompatible entre elles ; (5) ces valeurs sont communes et tout le monde puise dans ce stock de valeurs ; (6) il n'y a pas de « en dehors » des valeurs.
Ainsi, le rapport à l'idée de NPOV, le rapports aux sources, et la vision de ce que doit être Wikipédia, sont structurés par un rapports aux valeurs (culturelles, idéologiques, politiques, épistémiques). Par exemple, la page WP:NPOV donne (en fait impose) deux points de vue sur la neutralité de point de vue, à savoir celles des fondateurs de Wikipédia (Jimmy Wales et Larry Sanger). Il apparait d'emblée, que la « neutralité de point de vue » correspond aux positions (culturelles, idéologiques, politiques, épistémiques) de Jimmy Wales et Larry Sanger, et qu'il s'agit d'un oxymore.
Points de vue (l'impossible point de vue de nulle part)
[modifier | modifier le code]En effet, l'épistémologie féministe, et plus spécifiquement l’épistémologie des points de vue, formule une critique de l'épistémologie objectiviste (celle-ci est revendiquée par Jimmy Wales) : il s'agit donc d'une critique de l’idée selon laquelle il serait possible de s’émanciper de sa position sociale pour prendre un point de vue de « de nulle part », « "hors" du social et capable de l’embrasser dans sa totalité d’un seul regard »[1],[e]. On retrouve cette critique dans un ensemble hétérogène de travaux (en sociologie notamment). En un sens, ces travaux ont en commun de formuler une critique de l'idée même de neutralité : dans cette perspective, une meilleure objectivité est conditionnée non pas par le fait illusoire d'être en mesure d'éliminer toutes les valeurs de son raisonnement, mais par une pratique d'une « réflexivité forte » consistant à prendre en compte, et rendre compte, du positionnement de son raisonnement[2],[Citation 1]. D'ailleurs, en suivant Max Weber, on peut défendre l’idée que prendre conscience des valeurs qui motivent ou sous-tendent nos raisonnements, avec réflexivité et honnêteté, permet de mieux les contrôler et de mieux les objectiver. Autrement dit, prendre conscience de ses valeurs et de sa subjectivité, plutôt que de les ignorer, permet une objectivité plus forte.
Les deux sections ci-après détaillent les points soulevés ci-dessus. Dans la première, « Points de vue et positions sociales », on s'intéresse à l'idée de point de vue situé. Dans la seconde, « Science et politique » on s’intéresse à la manière dont Émile Durkheim, Pierre Bourdieu, Max Weber et Bernard Lahire ont pensé le rapport entre la science et la société.
Points de vue et positions sociales (un point de vue est nécessairement partiel et partial)
[modifier | modifier le code]Dans cette section, je mobilise différents chercheurs et chercheuses en sciences sociales, à savoir les sociologues Guy Rocher, Daniel Bertaux, Bernard Lahire, Erving Goffman, Éléonore Lépinard, Sarah Mazouz, et les philosophes Nancy Hartsock et Sandra Harding, qui ont en partage de défendre l'idée qu'un individu adopte nécessairement un point de vue partiel et partial.
Dans son manuel Introduction à la sociologie générale 3. le Changement social, le sociologue Guy Rocher évoque l’idée de « société vécue en perspective »[3]. L’idée est que « [c]haque sous-groupe [...] voit la société et y vit en perspective, c’est-à-dire selon la perspective particulière qu’il en a par suite de la place qu’il y occupe, des fonctions qu’il y remplit, des avantages dont il bénéficie, etc. »[4]. Guy Rocher précise que « [c]hacun d’eux a sa perspective propre sur la société, par suite de la place qu’il y occupe; sa perspective sociale ne peut donc qu’être irréductible à celle des autres. C’est là une importante source structurale de contradictions et de conflits »[5]. Dans son manuel Le récit de vie (2016), le sociologue Daniel Bertaux y défend la même idée : la position sociale qu’occupent les individus est associée une point de vue : « C’est en fonction de ce phénomène de variété des positions - et donc des points de vue des acteurs qui les occupent - que l’on construira progressivement un échantillon, en y incluant les différentes catégories d’agents/acteurs [...]. Aucune catégorie d’acteurs ne détient à elle seule toute la connaissance objective »[6]. Idée que défend également Bernard Lahire au sujet de la recherche : « On sait bien qu’en fonction de leurs trajectoires et de leur rapports aux valeurs, les chercheurs importent dans leur métier des questionnements, des angles de vue, des préoccupations [...] qui leur sont propres »[7].
Et les épistémologies du point de vue (standpoint theory) ne disent pas autre chose quand elles défendent l’idée que : « tout savoir est produit de façon socialement située et qu’il existe une multiplicité de savoirs situés : personne ne peut occuper toutes les positions sociales à la fois, ni fournir l’ensemble des représentations valides et vraies sur le monde »[8]. Selon la critique, le chercheur ou la chercheuse « crée en fait les conditions pour que ses préjugés et ses croyances soient directement importés dans les résultats de sa recherche »[9]. Pour la philosophe Nancy Hartsock, « la vision du monde promue par les personnes en position dominante est toujours partielle et partiale, car elle participe à la légitimation des rapports de domination »[10]. La philosophe Sandra Harding, quant à elle, défend l’idée que « [l]e savoir n’est pas individuel, il doit être, collectivement produit, par une communauté capable de représenter cette diversité des points de vue »[11]. Selon elle, « un sujet qui postule sa capacité à éliminer toutes les valeurs et croyances de son raisonnement, sans pour autant encourager la réflexivité sur sa propre position sociale ne peut produire qu’une objectivité faible »[12].
On retrouve, d’une certaine manière, l’idée wébérienne de la prise en compte des rapports aux valeurs, et l’idée bourdieusienne que la position occupée dans l'espace social et dans le champ scientifique ont une influence sur la recherche. Voir section Science et politique.
Concernant l’idée de point de vue, et de partialité, Robert Castel cite Erving Goffman : « Décrire fidèlement la situation du malade, c’est nécessairement en proposer une vue partiale. Pour ma défense, je dirais qu’en cédant à cette partialité on rétablit au moins l’équilibre, puisque presque tous les ouvrages spécialisés relatifs aux malades mentaux présentent le point de vue du psychiatre qui est, socialement parlant, totalement opposé » [f].
Ainsi, peut-on dire que si l’on désire une science (i.e. connaissance) la moins partielle et partiale, la recherche doit se doter d’une politique (ce qui rejoint une idée durkheimienne) d’inclusion des points de vue. Ce qui implique de ne pas considérer l’idée que la science serait neutre et devrait le rester sans pour autant considérer que l’activité scientifique et l’activité politique relèvent d'une même logique.
Science et politique (le principe de neutralité est une fiction qui n’est pas neutre)
[modifier | modifier le code]Dans cette section, je mobilise différents chercheurs et chercheuses en sciences sociales, en particulier Émile Durkheim, Pierre Bourdieu, Max Weber et Bernard Lahire, afin de proposer une réflexion sur la (non) neutralité. Je prend le cas de la recherche scientifique, considérée comme partie de la société et comme activité sociale produite par des individus nécessairement situés dans l'espace social. J’articule notamment 4 idées : (1) la science comme outil pour l’action politique (Durkheim) ; (2) la dimension nécessairement engagée de la science (Bourdieu) ; (3) la nécessité d’une réflexivité sur les rapports aux valeurs dans la pratique scientifique (Weber) ; (4) une réflexion sur la réception et les usages de la science (Lahire).
Durkheim : une heure de peine — Dans la préface de De la division du travail (1893)[13], Émile Durkheim mobilise une expression qui fera date : « Nous estimerions que nos recherches ne méritent pas une heure de peine si elles ne devaient avoir qu’un intérêt spéculatif. Si nous séparons avec soin les problèmes théoriques des problèmes pratiques, ce n’est pas pour négliger ces derniers : c’est, au contraire, pour nous mettre en état de les mieux résoudre [...][car] la science peut nous aider à trouver le sens dans lequel nous devons orienter notre conduite »[14]. Si Émile Durkheim insiste sur l'utilité de la sociologie - dans la mesure où les « problèmes théoriques » qu'élabore la sociologie permettent de « résoudre » des « problèmes pratiques » de la société -, il insiste surtout sur leur démarcation, et sur un « indifférentisme de principe que doit adopter la sociologie vis-à-vis des conséquences pratiques de ses découvertes »[15] : « La science commence dès que le savoir, quel qu’il soit, est recherché pour lui-même. [...] [Et tant que le savant] se livre à l’investigation scientifique, il se désintéresse des conséquences pratiques. [...] Il ne se préoccupe pas de savoir si les vérités qu’il découvre seront agréables ou déconcertantes, s’il est bon que les rapports qu’il établit restent ce qu’ils sont, ou s’il vaudrait mieux qu’ils fussent autrement »[16]. Il y a en fait chez Émile Durkheim une tension entre « un projet scientifique, fondé sur le refus d'un engagement immédiat dans le débat politique, et l'horizon politique d'une émancipation sociale des individus »[17]. En somme, « la science d'abord, l'action ensuite »[18]. Pourtant, Les Règles de la méthode sociologique « annonce une politique de la recherche, dont l'objet lui-même comporte une dimension politique »[19].
Bourdieu : le dévoilement — Pierre Bourdieu se réapproprie l’expression d'Émile Durkheim en la transformant. Et ce, à deux reprises. Premièrement, dans Célibat et condition paysanne (1962) il soutient que : « [l]a sociologie ne mériterait peut-être pas une heure de peine si elle avait pour fin seulement de découvrir les ficelles qui font mouvoir les individus qu’elle observe »[20]. Deuxièmement, il soutient dans Questions de sociologie (2002) que « [l]a sociologie ne vaudrait pas une heure de peine si elle devait être un savoir d’expert réservé aux experts »[21]. Par ces appropriations, Pierre Bourdieu s'oppose à l'idée d'une sociologie désintéressée (i.e. la production du savoir pour lui-même, l’art pour l’art) repliée sur elle-même. D'ailleurs, il conteste l'idée même de neutralité des sciences (sociales) : « la sociologie est, dès l’origine, dans son origine même, une science ambiguë, double, masquée ; qui a dû se faire oublier, se nier, se renier comme science politique pour se faire accepter comme science universitaire »[22]. « L’idée d’une science neutre est une fiction, et une fiction intéressée, qui permet de donner pour scientifique une forme neutralisée et euphémisée, donc particulièrement efficace symboliquement parce que particulièrement méconnaissable, de la représentation dominante du monde social »[23]. Soit dit en passant, le concept de champ scientifique rappelle à sa façon que la science est une organisation collective, dans laquelle se nouent des rapports de pouvoir, et qu'elle est en ce sens, au moins, une entreprise traversée par du politique. Ainsi, dans un cours donné au Collège de France, Pierre Bourdieu défend l'idée que les travaux des scientifiques sont déterminés par le monde social dans lequel ils s'inscrivent[24], par leur « position occupé dans l'espace social et dans le champ scientifique »[25]. Cela pose la question des processus sociaux de production du savoir sociologique (pensons par exemple à la politique du publish or perish ou encore à l’idée d’un « darwinisme » appliqué à la recherche défendu par le président-directeur général du CNRS, qui rendent manifeste la caractère politique de l’organisation de la recherche). « C’est pourquoi, soutient Pierre Bourdieu, la sociologie de la sociologie [est] une des conditions premières d’une sociologie scientifique »[26]. Par ailleurs, Pierre Bourdieu semble insister sur les relations qu'entretiennent science et politique. Il défend l'idée que la méconnaissance sert le pouvoir. Ce qui implique que la connaissance permet de comprendre les mécanismes du pouvoir, voire qu'elle peut leur faire obstacle : « la sociologie a d’autant plus de chances de décevoir ou de contrarier les pouvoirs qu’elle remplit mieux sa fonction proprement scientifique. Cette fonction n’est pas de servir à quelque chose, c’est-à-dire à quelqu’un. Demander à la sociologie de servir à quelque chose, c’est toujours une manière de lui demander de servir le pouvoir. Alors que sa fonction scientifique est de comprendre le monde social, à commencer par les pouvoirs. Opération qui n’est pas neutre socialement et qui remplit sans aucun doute une fonction sociale. Entre autres raisons parce qu’il n’est pas de pouvoir qui ne doive une part – et non la moindre – de son efficacité à la méconnaissance des mécanismes qui le fondent »[27]. Dans cette perspective, « la sociologie, par l'entreprise de dévoilement qu'elle propose [...] constitue une discipline nécessairement engagée »[28].
Weber : la neutralité axiologique[g],[Citation 2] — Prenons un cas sur les usages politiques du scientifique à partir de l’usage de ce qui a été initialement traduit par « neutralité axiologique » de Max Weber (qui utilise les termes « wertfreiheit » et celui de « wertbeziehung ») : En 1917, Max Weber prononce une conférence sur le métier et la profession de savant. Le terme sera traduit en anglais par Talcott Parsons, en 1949, par « axiological neutrality ». Puis, traduit en français en 1959 par Julien Freund, à partir de l'anglais. S'impose alors le terme de « neutralité axiologique ». Axiologique ici renvoie à axios en grec, qui signifie valeurs. Le contexte historique de la traduction permet de mieux comprendre les débats autour de la traduction de la notion. Le terme de « neutralité axiologique » aurait permis de défendre l’idée que certaines recherches étaient plus neutres que d’autres, et donc que certaines recherches étaient plus scientifiques que d'autres. Celles qui étaient jugées alors les moins neutres étaient celles influencées par le marxisme. Ce qui était dénoncé par Max Weber à travers « wertfreiheit », et que la sociologue et traductrice Isabelle Kalinowski traduit par « impératif de non-imposition des valeurs », c’est l’idée qu’un professeur d’université, lors d’un cours magistral, ne peut user de son autorité scientifique pour énoncer un jugement de valeur sans les présenter comme tels. Autrement dit, la non-imposition des valeurs, c’est le fait de ne pas présenter ses jugements de valeurs comme étant des jugements de fait. Cela implique de prendre conscience de ses jugements de valeurs.
Plus généralement, prendre conscience de ses valeurs, plutôt que de les ignorer, permet une objectivité plus forte (cette perspective est au cœur des épistémologies des points de vue). D’ailleurs, pour Max Weber, il existe un « rapport aux valeurs » qui motive la recherche. La recherche scientifique peut donc, de manière légitime, être mobilisée à partir de jugements de valeurs. C'est en fait parfois grâce à un engagement militant que des recherches scientifiques peuvent être menées et apporter une connaissance plus objective. Max Weber évoque à ce propos un exemple : un juriste anarchiste peut déceler des problèmes relatifs à l’État que d’autres chercheurs n’auraient pas remarqué, justement parce qu’ils seraient « biaisés » par leur attachement à cette institution. Il s’agit donc de mieux prendre en compte le rôle des jugements de valeurs qui motivent la recherche, plutôt que de se penser neutre et de les ignorer. Pour les tenants d’une interprétation radicale de la « neutralité axiologique », il serait possible d’établir des énoncés totalement neutres, comme s’il était possible d’avoir un point de vue hors du social. En effet, dans certains discours de sociologues, l’appel à la neutralité axiologique, et la revendication d'objectivité scientifique, devient en fait une revendication politique qui vise à effacer des champs de recherche jugés indésirables. Or, en suivant Max Weber, on peut défendre l’idée de prendre conscience des valeurs qui motivent ou sous-tendent les travaux de recherches pour mieux les contrôler, mieux les objectiver, avec réflexivité et honnêteté.
Ce que nous apprend l’existence de la controverse sur la traduction de la notion, et sur l’invocation de l’autorité de Max Weber, c’est que le langage sociologique n’est pas neutre, et qu’il est un enjeu de lutte, au sein même du champ scientifique. Pierre Bourdieu ne disait-il pas autre chose quand il disait que : « ce qui fait la difficulté de l’analyse sociologique, que ces choses que nous prenons pour objet [...] sont elles-mêmes des enjeux de lutte dans la réalité même que nous étudions et que ce que nous en dirons deviendra un enjeu de luttes »[29]. Pierre Bourdieu faisait notamment référence à « la question de l’existence ou de la non-existence des classes [comme] enjeu de lutte entre les classes »[30]. Louis Chauvel soutient aussi que « selon le point de vue abordé et la définition implicite, il est possible face aux mêmes réalités de porter des diagnostics parfaitement divergents »[31]. Par exemple, d’après Séverine Misset, selon que l’on adopte une perspective marxienne ou wébérienne des classes sociales, l’interprétation du sentiment d’appartenance de classe, conditionnant le diagnostic actuel sur l’(in)existence des classes, diffèrerait[32]. Ainsi, la question de la persistance ou de l’effacement des classes sociales est subordonnée à une problématique définitoire (enjeu théorique) qui se double d’un rapport de pouvoir (enjeu politique)[33]. Plus généralement, l’adoption d’un cadre théorique et méthodologique déterminent le diagnostic sur l’(in)existence des classes. De plus, ce diagnostic a des effets performatifs dans la mesure où les concepts sociologiques influencent les représentations ordinaires[h]. Moins connu, une autre citation issue de Le savant et le politique est intéressante pour l’affaire qui nous occupe. Max Weber soutient que les résultats de la recherche scientifique valent la peine d’être connu, et que cette idée relative à à la science ne relève pas de la sphère scientifique : « [O]n présuppose également que le résultat auquel aboutit le travail scientifique est important en soi, c’est-à-dire qu’il vaut la peine d’être connu [wissenswert]. Or c’est ici que se nouent manifestement tous nos problèmes, car cette présupposition échappe de nouveau à toute démonstration par des moyens scientifiques »[34].
Lahire : réceptions et usages de la sociologie — Dans A quoi sert la sociologie ?[35] Bernard Lahire revient sur la question de l’utilité de la sociologie, et propose de distinguer trois formes d’utilité : politique, thérapeutique et cognitive : « Et si la sociologie doit avoir une quelconque utilité, quelle doit en être la nature : politique (sociologue-expert, sociologue-conseiller du prince, sociologue donnant des armes de luttes aux dominés de toute nature), thérapeutique (la sociologie comme socio-analyse et moyen de diminuer ses souffrances au moyen de la compréhension du monde social et de ses déterminismes), cognitive (la sociologie comme savoir n’ayant d’autre objectif que celui d’être le plus rationnel et le plus largement fondé empiriquement) ? Comment le monde social s’en saisit-il et s’en sert-il réellement, même lorsque ceux qui la pratiquent prétendraient ne viser aucune utilité extra-scientifique ? »[36].
Intéressons nous uniquement à la question de l’utilité politique. A partir des exemples donnés par Bernard Lahire, on peut dégager plusieurs formes d’utilité politique, parfois antagoniste entre elles : entre arme de luttes aux dominés et expertise au service du pouvoir. On se propose d’illustrer le propos avec trois cas empiriques. Le premier cas est celui du sociologue Gérald Bronner a qui a été nommé président de la commission sur le complotisme par le président de la république française Emmanuel Macron. Le deuxième, celui de la sociologue Laure Bereni qui a contribuée à l’élaboration d’un rapport d'information de l'assemblée nationale française où il s’agissait de définir la notion de « genre ». Le troisième, celui du sociologue d’Eric Fassin qui est amené à intervenir en qualité de sociologue dans des procès juridiques (ex : affaire Traoré). Ces trois cas illustrent différentes manières dont un sociologue, parce qu’il est identifié comme tel, est amené à s’engager dans la sphère publique, en l'occurrence auprès d'instances étatiques (pouvoir exécutif, législatif et judiciaire). Ceci permet de poser la question de l’engagement, politique et scientifique, des sociologues dans la sphère publique. On peut se demander alors quels sont les « usages sociaux effectifs et la réception différenciée des travaux sociologiques par des institutions, des groupes ou des individus singuliers »)[37], sans oublier la question des processus sociaux de production du savoir sociologique. Sans refaire toute l'histoire, rappelons que « l'idée de disjoindre la perspective d'objectivité et la visée d'utilité [de la science] a [...] été très fortement discutée »[38].
Ainsi, aux idées de la sociologie comme outil pour l’action politique (Durkheim), de la dimension nécessairement engagée de la sociologie (Bourdieu), de la nécessité d’une réflexivité sur les rapports aux valeurs (Weber), s’ajoute l’idée de la réception et des usages de la sociologie (Lahire).
Doubles standards
[modifier | modifier le code]En cours !
Du fait de cette pluralité de visions normatives, du point de vue d'un wikipédiste, les doubles standards - concernant une diversité de critères et de contextes (qualité des sources, admissibilité d'un article, évaluation d'avancement d'un article, etc.) - sont persistants et récurrents. Mais, il me semble, qu'on peut observer une distribution non aléatoire de ces doubles standards.
Notes, citations, références et bibliographie
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- A la fois dans le sens d'une « communauté de pratique » et dans le sens « ensemble des personnes présentes sur un espace délimité ». Voir notamment Akrich 2019, Porter 2006 et Mercanti-Guérin 2010, et plus spécifiquement Sahut 2015.
- Des conceptions de ce qui est légitime, valide, juste, etc. sur Wikipédia ; Voir Carbou et Sahut 2019.
- Notion mobilisée par Michel Foucault, par Bernard Lahire, en sociologie de l’école, en sociologie du travail. Ces différents usages ont en partage l’idée que « tout ce qui a, d’une manière ou d’une autre, la capacité de capturer, d’orienter, de déterminer, d’intercepter, de modeler, de contrôler et d’assurer les gestes, les conduites, les opinions et les discours des êtres vivants » est un dispositif (Agamben 2007).
- Voir les publications de Gilles Sahut, chercheur en sciences de l'information et de la communication.
- Voir aussi le chapitre 2 de Lépinard et Lieber 2020.
- Erving Goffman, 1968, Asiles : études sur la condition sociale des malades mentaux, Minuit, Paris, cité par Robert Castel dans Lahire 2004, p. 73.
- Cette section a été rédigée à partir de l’article de Philippe Corcuff, 2011, « Le savant et le politique », SociologieS, [en ligne] (Corcuff 2011) ; de Pfefferkorn Roland, 2014, « L’impossible neutralité axiologique », Raison présente, 191(3), pp.85‑96 (Pfefferkorn 2014) ; et de Alain Beitone et Alaïs Martin-Baillon, 2016, « La neutralité axiologique dans les sciences sociales. Une exigence incontournable et incomprise », Revue du MAUSS permanente, [en ligne] (Beitone et Martin-Baillon 2016) ; ainsi qu’à partir de l’ouvrage Guillaume Fondu, 2020, Découvrir Weber, Les Éditions sociales, Les propédeutiques, 198 p, pp.144-153 (Fondu 2020), et du manuel de Jean-Pierre Delas et Bruno Milly Bruno, 2021, Histoire des pensées sociologiques, 5e édition, Armand Colin, U, 573 p, pp.186-188 (Delas et Milly 2021). Je me suis également inspiré de cette [vidéo] Politikon, « La neutralité axiologique (existe-t-elle vraiment ?) », sur YouTube, . D'autres références dans la section « Référence concernant la neutralité axiologique ». Voir également cette section connexe de la page Max Weber.
- D’après des propos de Stéphane Baud rapporté par Pierre Mercklé, 2011, « Qui a fait disparaître les classes sociales ? » en ligne.
Citations
[modifier | modifier le code]- Pour Sandra Harding, un sujet qui postule sa capacité à éliminer toutes les valeurs et croyances de son raisonnement, sans pour autant encourager la réflexivité sur sa propre position sociale ne peut produire qu’une objectivité faible. Le sujet savant de l’épistémologie du point de vue est au contraire un sujet qui pratique une « réflexivité forte », car il s’agit d’un sujet collectif et hétérogène qui rend compte de sa localisation sociale et qui est de même nature que l’objet qu’il étudie, partie prenante du monde lui aussi. […] tout savoir est produit de façon socialement située et qu’il existe une multiplicité de savoirs situés : personne ne peut occuper toutes les positions sociales à la fois, ni fournir l’ensemble des représentations valides et vraies sur le monde (Lépinard et Mazouz 2021, p. 43-44).
- La neutralité axiologique est-elle axiologiquement neutre ? [...] Weber est souvent présenté comme le champion de la neutralité axiologique (Wertfreiheit), autrement dit de l’idée que la science doit s’affranchir de tout jugement de valeur et s’en tenir aux seuls faits. [...] Or, pour Weber, cette fameuse neutralité axiologique ne saurait se réduire à un argument trivialement positiviste et purement négatif, presque policier, comme si, pour franchir le portail de la science, il suffisait de vider ses poches de ses valeurs et visions du monde. Il ne cesse au contraire de souligner combien l’accès à ce qui est ne peut s’opérer qu’au travers d’un « rapport aux valeurs » (Wertbeziehung) qui, inévitablement, privilégie une perspective particulière. Ce qui est digne de connaissance, digne d’enquête pour le chercheur, c’est d’abord ce qui lui importe, ce qui fait sens et présente une certaine « valeur » à ses yeux. Face à l’enchevêtrement inextricable des faits, face à « la multitude infinie d’éléments singuliers », explique Weber, « ne met de l’ordre dans ce chaos que le seul fait que, dans chaque cas, une portion seulement de la réalité singulière prend de l’intérêt et de la signification à nos yeux, parce que seule cette portion est en rapport avec les idées de valeurs culturelles avec lesquelles nous abordons la réalité concrète » [ETS, p. 157]. L’intérêt scientifique se fonde donc non sur une posture désengagée, mais au contraire « sur le fait que nous sommes des êtres civilisés, doués de la faculté et de la volonté de prendre consciemment position face au monde et de lui attribuer un sens » [ETS, p. 160]. Or, cette faculté ne saurait être le monopole du savant. [...] En ce sens, le principe de neutralité axiologique n’est pas axiologiquement neutre. Plus encore, c’est parce que les valeurs importent – elles sont au cœur de l’activité scientifique comme du questionnement de chacun sur le sens de sa vie –, c’est au nom des valeurs elles-mêmes qu’il faut dénier à la science tout droit à produire – et à imposer – de quelconques évaluations pratiques (Caillé et Chanial 2010, p. 12-14).
Références
[modifier | modifier le code]- Lépinard et Mazouz 2021, p. 44
- Lépinard et Mazouz 2021, p. 43-44.
- Rocher 1968, p. 124.
- Rocher 1968, p. 125.
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- Bertaux 2016, p. 31.
- Lahire 2004, p. 58.
- Lépinard et Mazouz 2021, p. 44.
- Lépinard et Mazouz 2021, p. 43.
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- Durkheim 1893.
- Durkheim 1893, p. III-IV.
- Lahire 2004, p. 8.
- Durkheim 1977, p. 71.
- Didry 2022, p. 22.
- Delas et Milly 2021, p. 164.
- Didry 2022, p. 29.
- Bourdieu 1962, p. 109.
- Bourdieu 2002, p. 7.
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- Bourdieu 1976, p. 101.
- Lemoine 2020, p. 69.
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- Paugam 2010, p. 119.
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- Bouffartigue 2015, p. 64-65.
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- Bouffartigue 2015, p. 47-48 et 64-65.
- Weber 2003, p. 93
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