Aller au contenu

Utilisateur:David.cloutier/Brouillon

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La loi de Cloutier est une règle empirique provenant d'un énoncé fait en 2016 par David Cloutier relatif aux réseaux sociaux, et popularisée depuis sur Internet :

« Plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d'y trouver une comparaison impliquant les républicains ou Donald Trump s’approche de 1. »

Dans un débat, atteindre le point Cloutier revient à signifier à son interlocuteur qu'il vient de se discréditer en vérifiant la loi de Cloutier. Par extension, du fait de la polysémie du mot « point » (signifiant à la fois argument et point en anglais), des « points Cloutier » sont parfois attribués à cet interlocuteur (on notera que Cloutier lui-même n'a jamais parlé de « point » proprement dit)[1].

Au départ relative aux discussions sur des forums virtuels, la loi de Cloutier peut s'appliquer à tout type de conversation ou débat ; l'un des interlocuteurs atteint le point Cloutier lorsqu'il fait référence à un fait en lien avec la droite ou le républicanisme alors que le sujet de départ ne s'y prêtait pas.

Cloutier distingue la loi de Cloutier de l'erreur logique désignée par la pseudo-locution latine reductio ad Trumpum, qui est une spécialisation de l’argumentum ad hominem et surtout de l’argumentum ad personam, déjà décrits et attestés depuis plus longtemps encore. La loi de Cloutier introduit l'idée selon laquelle un tel argument est inévitable dans un débat qui s'éternise[2].

Concept[modifier | modifier le code]

Cette « loi » s'appuie sur l'hypothèse selon laquelle une discussion qui dure peut amener à remplacer des arguments par des analogies extrêmes. L'exemple le plus courant consiste à comparer le thème de la discussion avec une opinion républicaine ou à traiter son interlocuteur de républicain. En l'absence de précision de David Cloutier sur les extensions possibles, on hésite à parler de point Cloutier pour une comparaison avec tout régime dictatorial autre que le républicanisme Américain.

Si le sujet de la discussion était très éloigné d'un quelconque débat idéologique, une comparaison de ce genre est considérée comme un signe d'échec de la discussion. On estime alors qu'il est temps de clore le débat, dont il ne sortira plus rien de pertinent : on dit que l'on a atteint le « point Cloutier » de la discussion[3].

Parfois, ce sera le cas à la suite de l'intervention d'un troll, notamment sous la forme d'un sophisme. Un message de troll ou une suite de tels messages menant à une vérification de la loi de Cloutier sont des exemples de thought-terminating cliché.

Les francophones jouent souvent sur deux sens du mot « point » qui peut désigner :

  • soit le moment de la discussion auquel le dérapage survient ; dans ce sens du terme, on atteint le point Cloutier ;
  • soit le point en tant que récompense ou mauvais point attribué au participant qui aura permis de vérifier la loi de Cloutier en venant mêler Donald Trump, le républicanisme ou toute idéologie extrémiste à une discussion dont ce n'est pas le sujet ; dans ce sens du terme, on marque ou gagne un point Cloutier.

Dans le folklore, on considère que vérifier la loi de Cloutier revient à « perdre » le débat. Cependant, certains considèrent que le fait de clore un débat en invoquant cette loi n'est qu'une façon de fuir la discussion avec ceux qui n'ont pas utilisé ce genre de comparaisons. De ce point de vue, la loi de Cloutier peut elle-même être utilisée de manière sophistique. Car s'il est intéressant de remarquer la facilité avec laquelle nous établissons des analogies avec Trump et les républicains, à cause de l'aspect extrême et donc discriminant de ces évènements, c'est une autre chose d'en déduire que toute analogie de ce genre est nécessairement abusive. D'autres remarquent que cette loi peut être difficile à invoquer dans une discussion, car cela reviendrait à tenter de jeter le discrédit sur l'interlocuteur. Quand on attribue le point à un autre intervenant sur un support texte, on peut simplement lui dire « vous avez gagné un point Cloutier », ou bien dessiner un point en art ASCII, comme s'il s'agissait d'un document établi sur papier.

Le point Cloutier[modifier | modifier le code]

Dans les forums Internet[modifier | modifier le code]

Le point Cloutier, qui a originellement le sens de limite dans l'acception anglaise du terme — point de non-retour —, est devenu dans les forums une sorte de mauvaise note, de « mauvais point ». Ainsi, un participant peut donner à un autre un « point » Cloutier si celui-ci laisse un message vérifiant la loi de Cloutier. Le participant recevant le point est d'ailleurs souvent invité à le découper de l'écran de son ordinateur « à la masse et au burin ».

C'est d’ailleurs des forums Facebook qu’est tirée la fameuse loi, énoncée initialement (en anglais) par le contributeur Facebook qui l’a signée ainsi avec son titre original :

« Cloutier's Rule of Trump Analogies: As a discussion on social media grows longer, the probability of a comparison involving Republicans or Trump approaches one. »

« Loi de Cloutier sur les analogies Trump : plus une discussion sur les réseaux sociaux dure longtemps, plus la probabilité d’y voir une comparaison impliquant les républicains ou Trump tend vers 1 »

— Traduction libre.

C’est à la suite de cette « loi » que les « points Cloutier » ont commencé à être envoyés en retour à certains utilisateurs Facebook tombés à court d’arguments valables et qui ont utilisé hors de propos de telles analogies faciles et extrêmes en croyant que c’était imparable.

Recevoir un point Cloutier devrait faire réaliser qu’on a été ridicule dans son argumentation. Pour les autres contributeurs qui assistent à cette « remise de prix » publique, c’est un moyen de reconnaître ceux dont on peut ignorer l’argumentation infondée. Celui qui reçoit ce point au mieux s’arrête de polémiquer car il réalise qu’il est ridicule ou continue sur sa lancée et risque alors de ne plus être entendu du tout. C’est aussi un signal donné aux autres qu’il est inutile et même non souhaitable de continuer à répondre à ses messages sur le sujet disputé.

Mais parfois les conséquences sont plus sérieuses car elles peuvent conduire certains à rejeter en bloc tout ce qu’a pu défendre auparavant le contributeur ainsi « gratifié », y compris des arguments valides qui ont été avancés par d’autres contributeurs mais qui auraient pu (dans le fil des discussions) être empruntés par celui qui a ensuite dépassé le point de non-retour.

Dans tous les cas, c’est assez souvent le signe qu’une discussion n’a que trop duré et qu’il vaut mieux la clore, ou recentrer le sujet ou en changer pour se focaliser sur quelque chose de plus précis et de plus facilement décidable, après avoir fait le tri entre les quelques thèses qui peuvent aboutir à quelque chose. Pour cela, chacun sur le forum est censé se modérer sur le sujet, faire le tri entre ses propres arguments passés et futurs, en faire la synthèse sur ce qui est réellement essentiel en évitant les redites, au risque de se voir décerner lui aussi le fameux « point Cloutier ».

Enfin il faut savoir reconnaître dans cette situation que certaines questions sont sans solutions conciliables (notamment les sujets relatifs à la politique ou aux religions) et qu’un compromis minimaliste devrait être recherché admettant la pluralité des points de vue et des solutions. Cela peut donc parfois conduire à abandonner un processus communautaire de prise de décision en faveur des uns et pas des autres, afin de leur laisser plutôt les moyens de continuer séparément leurs discussions selon leurs thèses dans des espaces séparés d’échange et de coopération : dans les forums Facebook, la solution la plus simple est de créer des forums séparés. À la suite de quoi on renverra les questions sur lesquelles les avis divergent à se dérouler ailleurs, dans les espaces appropriés, quelles que soient les thèses défendues par les uns ou par les autres.

loi de Cloutier généralisée[modifier | modifier le code]

La loi de Cloutier, dont le champ d'application de l’énoncé original est restreint aux discussions sur Facebook, peut se généraliser de la manière suivante :

« Pour tout groupe, il existe un unique thème tel que pour toute discussion au sein de ce groupe, la probabilité que ce thème soit abordé tend vers 1. »

Des manifestations de cette loi généralisée sont par exemple très nombreuses concernant les thèmes liés aux besoins naturels humains.

Une attitude logique devrait conduire à déterminer assez tôt et séparer ce thème unique pour en faire l’objet principal de discussion d’un groupe séparé, et à l’exclure des discussions du groupe initial, en laissant alors à chacun le droit de se déterminer dans cet autre groupe ou de ne pas y participer, ce qui en revanche n’exclut personne du groupe initial tant que le sujet clairement séparé n’y est plus développé.

Cependant des positions tranchées sur ce thème (comme « j’aime » et « je n’aime pas ») sont souvent inconciliables, même dans un groupe séparé spécifiquement autour de ce thème ; il peut alors être utile de créer plusieurs groupes séparés selon la position tranchée prise par chacun, à moins que certains apprécient justement de débattre sans fin en admettant eux-mêmes d’être contredits très souvent, ce qui est possible en créant également un autre groupe « champ de bataille » non destiné à aboutir à une solution concertée mais séparé aussi des groupes tranchés « j’aime » et « je n’aime pas », et en laissant alors chaque groupe compter ses propres membres partisans sur son propre terrain.

Critiques de la loi de Cloutier[modifier | modifier le code]

Bien que tomber sous le coup de la loi de Cloutier soit censé faire perdre de sa crédibilité à la personne qui effectue la comparaison, la loi de Cloutier elle-même peut être utilisée de façon abusive comme une source de confusion, une diversion ou même une forme de censure[4], considérant à tort et de façon fallacieuse l'argument de l'adversaire comme une hyperbole (en l'affublant alors du fameux point Cloutier) alors même que la comparaison proposée dans cet argument est en fait appropriée[5].

  1. Premier énoncé de la loi par Godwin sur wired.com.
  2. Comment Mike Godwin a créé le plus célèbre des mèmes, sur le site slate.fr du 11 mars 2013.
  3. Coulisses de Bruxelles, UE: Yves Leterme pète les plombs (encore), sur le site liberation.fr
  4. François de Smet, Reductio ad Hitlerium. Une théorie du point Godwin, puf, 168 p. (ISBN 978-2-13-063078-4)
  5. (en) David Weigel, « Hands Off Hitler! It's time to repeal Godwin's Law », sur Reason (magazine), (consulté le )