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Transition démocratique au Pays valencien Del roig al blau SLV bvrsm vcnsm val CPV vrac
CLV fqsm IncidentsQuartDePoblet AttaquesSanchisGuarner MeurtreMiquelGrau 10d'Alaquàs falles UCD
9-10-1977 9-10-1978 9-10-1979
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Pendant la transition démocratique, le régionalisme valencien et le provincialisme navarrais se sont organisés comme des mouvements de masse, qui ont combiné une défense extrême de l'unité de l'Espagne avec, respectivement, un discours anti-catalaniste et anti-basquiste très marqué[1].

Introduction

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Le Pays valencien et la Navarre sont des territoires ayant des consciences territoriales fortement enracinées et dans lesquels coexistent des loyautés nationales diverses, parfois contradictoires[2].

Particulièrement pour des raisons ethno-linguistiques, tous deux entretiennent également un lien privilégié avec les projets maximaux des deux nationalismes périphériques les plus importants de l’État espagnol, le nationalisme catalan et le nationalisme basque[2].

Bien qu’ils aient des précédents historiques, c'est précisément pendant la Transition que le régionalisme valencien moderne et le provincialisme navarrais se sont organisés en mouvements de masse, qui, en général, ont combiné la défense totale de l'unité de l'Espagne avec un discours anti-catalaniste et anti-basquiste très marqué, aux relents parfois clairement xénophobes (anti-catalan et anti-basque)[2].

L’un des défis auxquels la démocratie naissante dut faire face fut le démantèlement de l’État centralisé hérité de la dictature. Les principales forces politiques ont convenu que l'autonomie des régions qui avaient eu des statuts d’autonomie approuvés par référendum pendant la République devait être reconnue le plus rapidement possible, ce qui serait reflété dans la deuxième disposition transitoire de la Constitution espagnole de 1978[2]. Une fois ces cas particuliers réglés, dans le reste des territoires, et en particulier dans les cas navarrais et valencien, c’est l’improvisation qui domina en grande partie la politique suivie[2]. En Navarre et à Valence, la reconnaissance et l'accès à l'autonomie gouvernementale furent essentiellement marqués par le dissensus et, bien qu’avec une intensité et un sens variable, également par la violence[2]. Dans le nouvel État des autonomies, les communautés autonomes eurent tendance à se se comporter comme des compartiments étanches, ce qui conduisit à ignorer, voire à nier radicalement, les liens linguistiques, culturels, historiques et juridiques préexistants à l’intérieur des domaines linguistiques, basque et catalan, liens qui avaient pourtant parfois été reconnus même sous le régime franquiste[2].

Les deux mouvements régionalistes et anti-nationalismes périphériques présentent de multiples points de coïncidence : leur caractère réactionnaire marqué, leur fort espagnolisme inné, le soutien médiatique inconditionnel dont ils ont bénéficié de la part des principaux médias régionaux et l'idéalisation de l'époque forale (lorsque Valence et la Navarre avaient le statut de royaume, titre qui sera mis en avant face au statut de principauté octroyé à la Catalogne, à celui de seigneurie ou comté de la Biscaye et celui de province du Guipuscoa)[3].

Par-delà ces similitudes frappantes, les différences entre régionalisme valencien et provincialisme navarrais sont aussi palpables que celles existant entre les deux régions elles-mêmes[4].

Dans les deux territoires en question, les statuts d'autonomie (Amélioration du ‘’Fuero’’, en Navarre) furent approuvés la même année, en 1982, mais le point de départ était différent dans les deux cas[4]. Avant la création en mars 1978 du Conseil du Pays valencien, institution pré-autonomique précédant l'actuelle Generalitat, il n'existait aucune entité administrative englobant les provinces de Castellón, Valence et Alicante. Le royaume de Valence avait perdu ses institutions privatives en 1707, pendant la Guerre de Succession, et s’était trouvé divisé en trois provinces à partir de 1833[4].

En 1978, en vertu de la loi de modification des fueros (surnommée la ‘’Paccionada’’), concédée après après la première guerre carliste (1841), la Navarre disposait de sa propre députation provinciale, dotée de pouvoirs gouvernementaux et administratifs, et avait maintenu son “concert économique” y compris pendant la dictature de Franco[4]. En fort contraste avec un ancien royaume de Valence divisé en trois provinces et privé d'institutions pendant près de trois siècles, la Navarre se présente avec des limites pratiquement inchangées depuis le XVIe siècle et avec une tradition ininterrompue d'autonomie gouvernementale bien antérieure à la Constitution[4].

Jusqu'à bien après le début du XXe siècle, le choronyme « Pays Basque » (« Euskal Herria », en basque) était utilisé dans un sens culturel et linguistique, et il est important de tenir compte du fait que jusqu'au XIXe siècle les deux tiers nord de la Navarre étaient bascophones[4]. A l’exception de deux brèves périodes de guerre (1810-1813 et 1936-1937), l’Álava, le Guipuscoa et la Biscaye n’ont formé une unité administrative civile que depuis janvier 1978, lors de la création d’entité pré-autonomique du Conseil général basque[4]. Une situation très différente à celle de la Catalogne, qui avec des frontières proches des actuelles, existe depuis au moins le XIIe siècle et de celle du Pays valencien qui, bien qu'il partageât sa langue avec cette dernière, n'a jamais été rattaché à la Catalogne[4].

Tout cela peut aider à comprendre que, bien que la majorité d’entre eux parle catalan, seulement 2 % des Valenciens se sentent catalans[5], tandis que, bien que la majorité ne parle pas basque, jusqu'à 60 % des Navarrais se sentent basques à un certain degré, selon certaines enquêtes[6].

En dépit de cette disparité dans les conditions linguistiques et historiques originelles, les précurseurs littéraires du valencianisme et du navarrisme pendant la Restauration (la Renaixença y et le mouvement fuerista) ont coïncidé dans leur proclamation de la fraternité entre les territoires de langue catalane, d'une part, et ceux de langue basque, d'autre part d'autre part (García-Sanz Marcotegui et al. 2002, Roca Ricart 2010)[7]. À l’exception possiblement du blasquisme, dont l’impact sur l’anticatalanisme valencien actuel reste à déterminer (Reig 1997 ; Flor 2011 : 67), les précédents politiques des particularismes modernes de la Seconde République (Droite régionale valencienne et Union navarraise, tous deux intégrés à la CEDA) n’ont eu recours au discours catalanophobe ou la bascophobe, bien au contraire (Valls 1992, Virto 1994)[7]. Après la guerre civile, les régionalistes valenciens et les foralistes navarrais ont collaboré avec la dictature, mais ils n'ont pas non plus soutenu l'anticatalanisme ou l'antibasquisme[7]. Durant le franquisme, le régime resta loin de déployer une idéologie homogène et laissa une certaine place à un « régionalisme bien compris »[7]. Lorsqu’en 1962 Joan Fuster, théoricien majeur du pancatalanisme, publia El País Valenciano dans la série « Guías de España » de la maison d’édition Destino, une controverse éclata autour de la catalanité de Valence (Viadel 2006 : 52– 53 ; Flor 2012 ; Geniola 2014) qui eut des échos durables, mais, contrairement à ce qui se passa une quinzaine d’années plus tard, le régime n’intervint pas directement dans le conflit. Il est significatif que les principaux auteurs s’étant manifestés contre Fuster à l’occasion de cette polémique (Ombuena, Igual Ubeda, Almela y Vives, Adlert, Casp) s’étaient précédemment manifestés en faveur de l’unité de la langue catalane, parfois très remarquablement[7].

En 1948, le polygraphe carliste Francisco Elías de Tejada avait tout naturellement inclus la Navarre dans Euskal Herria et Valence dans la Catalogne (Elías de Tejada 1948, 4, 97-140, 191-192 et 198-199)[7]. Cependant, lors d'une conférence donnée un mois avant la mort de Franco au Cercle Culturel Aparisi y Guijarro de Valence, il opéra un total retournement de son discours et, semblant redouter un possible essor du pancatalanisme, compara Fuster à Philippe V, le roi, honni des Valenciens, qui avait aboli les fors, et avertit que supposément « le colonialisme de Madrid [serait] supplanté par le colonialisme de Barcelone » (Elías de Tejada 1978 : 26)[8].


Notes et références

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  1. Zabaltza 2017, p. 53.
  2. a b c d e f et g Zabaltza 2017, p. 54.
  3. Zabaltza 2017, p. 54-55.
  4. a b c d e f g et h Zabaltza 2017, p. 55.
  5. Flor 2011, p. 201-202.
  6. Zabaltza 2017, p. 55-56.
  7. a b c d e et f Zabaltza 2017, p. 56.
  8. Zabaltza 2017, p. 56-57.
  • (ca) Vicent Flor, Noves glòries a Espanya : Anticatalanisme i identitat valenciana, Catarroja, Afers, , 1re éd., 379 p. (ISBN 978-84-92542-47-5)
  • (ca) Xabier Zabaltza, « Vies paral·leles? Anticatalanisme valencià i antibasquisme navarrès durant la Transició », Dictatorships & Democracies (D&D), no 5,‎ , p. 53–80 (ISSN 2564-8829, DOI 10.7238/dd.v0i5.3134, lire en ligne, consulté le ) — disponible sous licence CC BY 4.0