Utilisateur:Boislandry/Brouillon Conservateurs du sénat et peuple de Rome

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De l'adoption des premiers statuts communaux en 1363[1] jusqu'à la réforme de 1847, l'exécutif municipal de la ville de Rome, ou Magistrature capitoline, est composé d'une part du Sénateur, maire honorifique nommé par le Pape, étranger à la ville et qui ne l'administre pas,[2] et d'autre part de trois "Conservateurs du sénat et peuple de Rome", élus pour de brefs mandats (un trimestre seulement, reconductible) par l'assemblée des patriciens de la ville éternelle. Ces trois Conservateurs et le Prieur des Caporioni exercent collégialement le pouvoir exécutif municipal de Rome, qu'ils administrent.

Les Conservateurs et le Prieur des Caporioni, tous patriciens romains, siègent au Palais des Conservateurs, place du Capitole.

Jusqu'en 1746 les patriciens romains forment une élite urbaine ouverte qui tient davantage de la bourgeoisie cooptée que de la noblesse héréditaire, et, jusqu'en 1847, si ce n'est 1870, exercent de fait un monopole sur la gestion des affaires de la ville de Rome.

La fonction de Conservateur est proche des fonctions municipales de Consul ou de Jurat, dans le sud de la France, ou encore d'échevin.

De la restauration du Sénat de Rome au XIIe siècle à l'émergence d'une municipalité romaine moderne au XVe siècle[modifier | modifier le code]

Le Sénat romain antique, supprimé vers 620, est rétabli en 1143, (« Renovatio Senatus ») pour limiter le pouvoir temporel de la Papauté. La ville de Rome est divisée en quatorze quartiers, chacun élisant quatre sénateurs. Ces sénateurs élisent à leur tête un patrice (parce que le titre de consul est devenu obsolète), puis, dès 1191, les sénateurs sont remplacés par un unique Summus Senator, qui devient le titre du chef du gouvernement civil de Rome. Le Sénateur, à la tête de l’administration urbaine, incarne la continuité des institutions romaines. La municipalité romaine moderne, en particulier son exécutif central (la Magistrature capitoline), agit au nom du « Sénat et Peuple de Rome ».

Apogée de la magistrature capitoline, de la Renaissance à l'année 1646[modifier | modifier le code]

Fin septembre 1420, le Pape Martin V, membre de la famille Colonna, fait son entrée à Rome et y rétablit la Papauté, exilée depuis un siècle à Avignon. Premier pape de la Renaissance, il délaisse la réforme spirituelle de l’Église mais encourage la reconstruction de la ville de Rome, son développement économique, artistique et culturel. Dans ce but il instaure la Respublica Capitolina moderne, dotée d’institutions émanant de l’élite citadine romaine, qualifiée de noblesse mais largement ouverte. Ces institutions capitolines sont composées du Sénateur, nommé par le Pape, de quatorze Caporione, chefs de chacun des quatorze quartiers de la ville (Rione), parmi lesquels le Prieur des Caporioni. Chaque chef de quartier, ou Caporione, est soutenu dans son activité de contrôle de l'ordre public par quelques citoyens ordinaires de confiance, appelés Constabili, ou Capotori, qui constituent ainsi la garde urbaine. Le Prieur des Caporioni a un rôle particulier, s’ajoutant à ses fonctions de Caporione : avec les trois Conservateurs il forme le pouvoir exécutif central de la ville de Rome ou « Magistrature capitoline ».

A la base du système électoral romain est une liste de noblesse, rédigée dans chaque quartier par les Caporioni. Dans cette liste sont élus par quartier, des représentants, qui, sous l’autorité du Prieur des Caporioni composent la base dans laquelle sont choisis les nouveaux magistrats municipaux, Conservateurs et Caporioni, selon un système complexe de calcul. Selon le statut de Rome de 1580, les candidats à l’office municipal de Caporione (chef du quartier) devaient être des gentilshommes « illustres » du quartier. La classe nobiliaire municipale de la Rome moderne était caractérisée par son ouverture aux nouveaux arrivants, ouverture favorisée par l’absence d’une définition univoque et explicite du terme « gentilhomme ». Le livre d’or de la noblesse romaine ne fut en effet établi qu’en 1746 par le pape Benoît XIV, qui dressa une liste de 180 familles inscrites officiellement aux rangs de l’aristocratie. Pour entrer dans la catégorie des « hommes illustres » du Rione susceptibles de se porter candidat aux offices capitolins, ce qui comptait, c’était donc avant tout la domination sociale et l’autorité formelle reconnues par les habitants du quartier. En conséquence, la construction d’un réseau social au sein de l’espace du Rione s’avérait une étape essentielle dans le processus menant jusqu’au pouvoir capitolin. À cet égard, faire partie d’une confrérie, et plus particulièrement de l’élite d’une confrérie, garantissait aux candidats une « base politique », au sein de laquelle leur position sociale dominante était reconnue.

Un Conseil secret et un Conseil public complètent l’administration municipale romaine.

La Respublica Capitolina moderne ainsi constituée est un système politique largement ouvert, l’accès à la citadinité nobiliaire étant possible à des familles installées depuis peu, sur la base de la propriété et du mariage essentiellement. De surcroît, toute ingérence pontificale est très mal acceptée dans le processus de désignation des Conservateurs et Caporioni.

Reprise en main de la magistrature capitoline par la Papauté (1646-1746) et mise sous tutelle (1746-1798)[modifier | modifier le code]

La situation se fige progressivement entre 1646 et 1746, débouchant à cette dernière date sur la confiscation des droits politiques urbains par un cercle réduit et fermé de soixante familles nobles, au sein duquel se recrute une magistrature capitoline désormais totalement soumise à la papauté.

La restriction dans la composition de la noblesse citadine date de la bulle "Urbem Romam" de 1746. À cette date, Benoît XIV décide que, pour prétendre au titre de noble romain, il faut être inscrit au Livre d’Or, et pour cela démontrer cent ans de noblesse. 180 familles sont qualifiées, parmi lesquelles le Pape en choisit 60, qui constituent une noblesse romaine désormais fermée. Cette noblesse n’est plus fondée sur l’assise urbaine (système par lequel elle était une sorte de bourgeoisie d’élite) mais sur une stricte conception lignagère.

Dès lors les institutions municipales n’ont plus que des prérogatives d’ordre symbolique, de même que le Conseil secret, et le Conseil public est « oublié ». De nombreuses compétences des Conservateurs dans le domaine urbain sont données à la Camera Apostolica et au Gouverneur. L’évolution politique de la ville de Rome est bloquée jusqu'à l'épisode révolutionnaire de 1798. Hormis cette parenthèse, puis l'occupation de Rome par Napoléon (1809-1814), la magistrature capitoline traditionnelle demeure en place jusqu'à la réforme municipale décidée par Pie IX en 1847, qui met en place une municipalité ayant une base électorale censitaire élargie. Enfin, la prise de Rome par le royaume d'Italie en 1870 donne naissance à des institutions municipales démocratiques.

Familles de Conservateurs et de Prieurs des Caporioni[modifier | modifier le code]

Nom des principales familles et, entre parenthèses, dates de première et de dernière élection.

FRANGIPANI (1305-1722), MUTI (1305-1843), GRASSI (1333-1804), VENDETTINI (1370-1788), BOCCABELLA (1371-1633), PELLEGRINI (1371-1611), CAPIZUCCHI (1375-1782), ROSSI (1375-1751), ALBERINI (1378-1666), PORCARI (1378-1668), CONTI (1379-1701), CASTELLANI (1383-1606), MILLINI (1383-1699), PETRUCCI (1384-1667), CASINI (1385-1614), NARO (1385-1703), POLI (1387-1639), GABRIELLI (1388-1764), PIERLEONI (1389-1613), ORSINI (1392-1834), ALESSIJ (1397-1607), BUZI (1398-1712), DONI (1398-1617), GORI (1398-1620), STATI (1398-1619), MACCARANI (1405-1803), CAPOZI (1406- 1680), PALUZZI (1406-1614), NEGRI (1408-1697), VELLI (1408-1694), MANCINI (1410-1643), MAGISTRIS (de) (1412-1625), COLONNA (1413-1851), CRIVELLI (1413-1628), VALLATI (1413-1648), MARGANI (1414-1655), MATTEI (1414-1841), ROMAULI (1415-1644), VALLE (della) (1418-1607), MARCELLINI (1421-1708), TORRE (della) (1421-1704), ALTIERI (1426-1852), RICCI (1427-1764), TEDALLINI (1427-1642), CECCHINI (1429-1651), GIOVENALI (1429-1606), BOCCAPADULI (1432-1807), BOCCAMAZZA (1433-1618), BUFALO CANCELLIERI (del) (1437-1646), FOSCHI (1437-1686), LENI (1437-1614), ASTALLI (1443-1670), CAFFARELLI (1443-1746), PETRONI (1444-1734), CASALI (1456-1777), CAPRANICA (1459-1850), SANTACROCE (1465-1852), FABI (1470-1684), PICHI (1471-1689), EVANGELISTA (1473-1658), TORRES (1473-1697), VERALLI (1473-1610), MASSIMI (1480-1822), PLANCA INCORONATI (1480-1769), LONGHI (1482-1843), CENCI (1484-1732), GOTTIFREDI (1495-1713), GALLI (1498-1747), SERLUPI (1500-1844), COCCINI (1508-1665), NOBILI (1508-1706), SCAPPUCCI (1509-1623), LANCELLOTTI (1510-1699), VECCHI (1512-1844), CRESCENZI (1513- 1741), MAFFEI (1515-1681), VETERA (della) (1516-1759), BUFALO (del) (1517-1845), DRAGO (del) (1519-1832), TRINCI (1519-1629), MANILIJ (1521-1628), BARBERINI (1524-1609), JACOVACCI (1524-1657), NUNEZ (1525-1826), CAVALIERI (1530-1804), MANTICA (1531-1698), AMICI (1532-1857), VETTORI (1532-1835), GIGLI (1539-1641), MUTI de PAPAZURRI (1539-1843), BONAVENTURA (1541-1711), VITELLESCHI (1545-1845), AMODEI / AMADEI (1548-1779), NUZZI (1548-1741), PAMPHYLI (1548-1643), SARAZANI (1548-1846), CARDELLI (1549-1845), BORGHESE (1554-1855), PIGNATELLI (1556-1753), PALAZZI (1557-1850), MORONI (1563-1866), SODERINI (1563-1759), GRIFONI (1565-1656), MELCHIORRI (1568-1839), PATRIZI (1569- 1829), FEBEI (1571-1716), CINQUE (de, del) (1573-1820), SPADA (1574-1762), ANNIBALDI della MOLARA (1577-1722), GUALTIERI (1578-1726), ALDOBRANDINI (1581-1858), ALTOVITI (1583-1709), ALBERICI (1584-1705), BONGIOVANNI (1584-1704), PICCOLOMINI (1585-1687), GENGA (della Genga) (1587-1829), FANI (1588-1747), LEONINI (1588-1688), CLEMENTINI (1597-1697), MANDOSI (1597-1747), SAMPIERI (1598-1842), ACCORAMBONI (1601-1704), SACRATI (1603-1752), CARPEGNA (1604-1807), FALCONI (1608-1846), VEROSPI (1608-1761), SAVELLI (1610-1728), PORTA (della) (1615-1716), CIOGNI (1616-1768), COSTAGUTI (1616-1821), ASTE (d’) (1618-1796), BOLOGNETTI (1622-1790), CAVALLETTI (1622-1840), TEODOLI (1623-1816), CICCOLINI (1626-1804), BONACCORSI (1627-1803), RAVENNA (1631-1731), BONADIES (1640-1794), FONSECA (1641-1728), MARESCOTTI (1652-1795), FIORAVANTI (1659-1845), MARSCIANI (1661-1826), CARANDINI (1693-1828), OLGIATI (1696-1833), ORIGO (1699-1840), CEVA (1706-1828)...

Sources imprimées[modifier | modifier le code]

- Denis Bocquet, "De la municipalité d'Ancien régime à la municipalité italienne: Rome au XIXe siècle", in Nora Lafi, "Municipalités Méditerranéennes", Walter de Gruyter GmbH & Co KG, 2021

- Claudio De Dominicis, "Membri del Senato della Roma Pontificia - Senatori, Conservatori, Caporioni e loro Priori, e Lista d’oro delle famiglie dirigenti (secc. X-XIX)", Roma 2009

  1. "Les musées capitolins - Guide", Electa, 2020, page 6.
  2. Claudio De Dominicis, op. cit. 2009. L'origine étrangère à la ville a été imposée sous le pontificat d'Eugène IV (1431-1447), suite à une transaction entre le pape et les patriciens romains.

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