Torrée

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Une torrée (du latin torrere, « rôtir[1] »), parfois appelée « feux de berger », est une tradition culinaire de l’Arc jurassien (bien que la pratique est originaire du canton de Neuchâtel) qui consiste à préparer un grand feu dans un pâturage et à y faire cuire, sous la cendre, des saucissons emballé dans du chou ou entourés de papier journal, papier de boucherie ou encore d’aluminium et des pommes de terre. Elle se pratique traditionnellement en automne, après le retrait des troupeaux[2].

Histoire[modifier | modifier le code]

Bien que l'origine exacte de la tradition soit inconnue, des hypothèses suggèrent que la pratique se serait développée dans le cadre agricole et forestier lors de la pratique du défrichage quand les paysans devaient préserver les pâturages de l’avancée de la forêt. Chaque année à l’automne, ils faisaient ainsi une coupe de bois pour entretenir et nettoyer leur domaine[N 1], emportant avec eux leurs saucissons cuit alors dans un grand feu composé des déchets de la coupe[3]. La torrée n'est devenue un loisir qu'après la Première Guerre mondiale.

Localisation[modifier | modifier le code]

La torrée est originaire du « haut » du canton de Neuchâtel (Le Locle, La Chaux-de-Fonds et les villages aux alentours). Cependant, la tradition s'étend également au canton du Jura[4] et à la région du Jura bernois[3].

La torrée se déroule, plus précisément, dans un pâturage généralement en bordure de forêt des montagnes neuchâteloises, des Franches Montagnes jurassienne ou encore des montagnes jurasso-bernoises.

Préparation[modifier | modifier le code]

Le saucisson est enveloppé dans des feuilles de choux et/ou du papier journal et mis à cuire sous la cendre[2]. Le temps de cuisson du saucisson reste un éternel débat pour les Neuchâtelois, (entre 35 et 40 minutes), tout comme le nombre de feuilles de papier journal nécessaires (3 à 4) de l’Impartial à l’époque. L’important étant avant tout de bien mouiller le papier journal et d’avoir une quantité de cendres suffisante pour recouvrir intégralement le saucisson afin qu’il ne brûle pas.

De nos jours, la torrée est souvent prétexte à une réunion festive entre amis ou en famille. Elle peut être assimilée à un pique-nique puisque, même si la saucisse jurassienne est fortement conseillée, on y trouve souvent de nombreux autres apports culinaires tels que les cervelas, de nombreuses salades et toutes sortes de desserts.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Si ce travail n’était pas effectué, la forêt gagnait du terrain, favorisée par l’humidité emprisonnée par les branches laissées à terre.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Torrée », www.larousse.fr (consulté le 26 avril 2019).
  2. a et b « Torrée neuchâteloise », sur j3l.ch, Jura Trois-lacs (consulté le )
  3. a et b Fanny Richard, « Torrée », Département Fédéral de l'Intérieur (DFI) : Office Fédéral de la Culture (OFC) : Tradition vivantes,‎ , p. 4
  4. Jacques Montandon, Les petits plats dans l'écran, Télévision Suisse Romande, 9 octobre 1978.

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • (fr + de + it + rm + en) Confédération suisse. Département fédéral de l'intérieur DFI, « La torrée », Traditions vivantes,‎ [2011] (lire en ligne).
  • [fpa], « Traditions neuchâteloises répertoriées », RTN,‎ (lire en ligne).
  • Ellen Hertz et Fanny Wobmann, Complications neuchâteloises. Histoire, tradition, patrimoine, Neuchâtel, Alphil, , 237 p. (ISBN 978-2-88930-022-8).