Subsomption
La subsomption désigne une relation d'inclusion entre des concepts, dans les logiques de description. Elle correspond à la relation hyponymie–hyperonymie en linguistique, c'est-à-dire deux termes dont le sens de l'un inclut celui de l'autre : la notion d'animal subsume celle de mammifère ; tout mammifère est forcément un animal.
Cette notion est ainsi équivalente à la relation « contient » en logique ensembliste, ou encore « est impliqué par » en logique classique : mammifère implique animal. La relation de subsomption permet de construire un treillis de Galois à partir d'un ensemble d'individus et de propriétés.
Exemples :
- Le concept humain subsume le concept fonctionnaire.
- Le concept électeur est subsumé par le concept majeur.
- Le concept pomme rouge est subsumé par le concept pomme.
- Le concept existant subsume les concepts permanent et impermanent.
- Les concepts causalement composé et produit se subsument mutuellement.
Autre sens
[modifier | modifier le code]En droit
[modifier | modifier le code]La subsomption est également une technique de raisonnement juridique suisse et allemande proche du syllogisme. Elle décrit le cheminement intellectuel qui passe de l'état de fait à la règle de droit.
En philosophie politique
[modifier | modifier le code]Karl Marx mobilise le concept de subsomption pour définir la manière dont les relations sociales sont déterminées par les relations de travail.
En informatique
[modifier | modifier le code]Dans les ontologies informatiques, la subsomption désigne le fait de placer un lien hiérarchique entre catégories mais aussi le lien résultant entre la sous-catégorie subsumée et la catégorie mère[1].
En logique du discours
[modifier | modifier le code]Dans la tradition philosophique indo-tibétaine, la subsomption est utilisée dans les débats afin de clarifier l'un des deux types de cognition valide : l'inférentielle (skt. anumana pramana ; tib. djépak tséma), la seconde étant la cognition valide directe (pratyaksha pramana ; ngoen soum tséma)[2],[3].
Le syllogisme (tib. djorwa), pour être déclaré valide, doit satisfaire à 3 critères indispensables.
Dans les débats monastiques (et laïques aussi, lors de l'exercice des joutes verbales), un exemple didactique est par exemple, l'assertion suivante : le sujet, le son, est impermanent car il est produit ;
Si l'étudiant en logique a une première connaissance (empirique) que le son est produit, il peut en déduire avec certitude et véracité que le son est impermanent. Car l'assertion remplit les 3 critères selon lesquels :
- la preuve (ici : produit) doit être une propriété du sujet (tchok tcheu) : le son ;
- il faut une subsomption (djé khyap) entre le prédicat (dans l'exemple : impermanent) et la preuve (ici : produit): le prédicat doit subsumer la preuve. Dans notre exemple : ce qui est produit doit être impermanent ;
- et enfin, il faut une contre-subsomption (dok khyap), l'ensemble des non-produits doit subsumer celui des non-impermanents (ou plus clairement : aucun non-produit ne doit pouvoir être impermanent, ou qu'aucun permanent ne puisse être un produit).
Les 3 critères étant réunis dans ce cas, il s'agit d'une preuve valide concernant un phénomène examiné par inférence logique: l'impermanence (grossière et subtile) du son.
De plus, ces trois critères (propriété du sujet, subsomption et contre-subsomption) sont utilisés pour 3 types généraux de raisons valides qui couvrent tous les phénomènes existants :
- raison valide de nature (rangshin gui tak yangdak) ;
- raison valide d'effet (dré tak yangdak) ;
- et raison valide de non-observation (mamikpé tak yangdak).
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Fabien Gandon, « Ontologies informatiques », sur Interstices, INRIA,
- Debate in Tibetan Buddhism, Daniel E. Perdue, Snow lions Publications, 1992.
- Pointing the Way to Reasoning, Sermey Kensur Lobsang Tharchin Rimpoche, Mahayana Sutra and Tantra Press, 2005.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- Fabien Gandon, Ontologies informatiques, Interstices, INRIA, 22/05/2006.
- Emmanuel Blanchard, Exploitation d'une hiérarchie de subsomption par le biais de mesures sémantiques, Informatique, Université de Nantes, 2008.