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Stangala

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Le petit Stangala (partie basse), photo prise au milieu de l'Odet.

Le Stangala est la vallée du fleuve Odet en amont de Quimper. Son caractère encaissé l'a fait propre à servir de limite entre l'ancienne commune de Kerfeunteun et Ergué-Gabéric. Elle forme un pittoresque défilé où l'Odet s'insinue entre des hauteurs boisées, ce qui en fait un site naturel classé.

Le nom, en langue bretonne, se décompose en Stang (du breton stank, étang, ou stankenn, vallée) + Alar[1],[2] de saint Alar, saint patron de la paroisse d'Ergué-Armel, honoré aussi à Ergué-Gabéric sous le nom saint Alour. Celui-ci semble avoir été assimilé parfois à saint Éloi, plus célèbre.

À Brest, le vallon du Stang-Alar possède la même étymologie.

Légende et histoire

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Une légende rapporte que saint Alar, poursuivi par des infidèles, demanda à Dieu une force surnaturelle afin de franchir le défilé d'un bond[3].

Une autre légende raconte l'histoire du Griffon du Stangala qui habitait la pointe de Griffonez. Tous les mois, on devait lui livrer une jeune fille qu'il dévorait ; jusqu'à ce que le jeune seigneur Mahonec le terrasse[4].

Pendant des siècles, le Stangala vit au rythme de diverses activités humaines dont il reste quelques traces : fermes, moulins à eau (dont ceux de Meil Poul et de la papeterie Bolloré), saboterie, activité charbonnière, carrières, pêche, exploitation forestière[5].

Vers 1870, Jean-Marie Déguignet, un des rares paysans du XIXe siècle ayant écrit son autobiographie, né à Quélennec, tout à côté, pense y installer son ermitage au retour de la guerre du Mexique[6].

Le Stangala est considéré comme le plus « extraordinaire paysage terrien de la Basse-Cornouaille » par les Quimpérois qui ont longtemps aimé se balader dans ce paysage. Jusqu'à la fin du XXe siècle, des hommes proposent des perles des mulettes aux clients des principaux cafés de Quimperr[7].

Géographie

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La portion de vallée en gorge suit, sur environ cinq kilomètres, deux lignes de failles se croisant à angle droit d'où son parcours Est-Ouest, puis Nord-Sud. Les pentes escarpées, dépassent par endroits 45°. Ce défilé a été étudié par André Guilcher : « Les grandes ruptures de pente comme le Stangala paraissent être uniquement en rapport avec les conditions structurales. Toutes s'établissent dans la granulité de la bande de Locronan et à peu près au contact avec les schistes du synclinorium de Saint-Julien... mais l'explication structurale ne suffit pas : il s'est produit un soulèvement suffisant pour que la granulité laisse sa trace dans le profil. Le nom de ruptures de pente tectonico-structurales nous paraît bien traduire cette dualité d'influences »[8].

Colette Jehl a fait le point sur les études plus récentes sur le secteur du Stangala qui a fait l'objet de plusieurs études de géographes[9].

Le fond de la vallée est parsemé de gros blocs rocheux (appelés chaos granitique) qui permettent des passages à gué, lors des basses eaux. Des sentiers de randonnées pédestres et cyclistes ont été établis aussi bien le long des rives que pour l'accès depuis le plateau sur lequel ont été aménagés des parkings. Le GR 38 suit l'axe de la vallée. Des passerelles piétonnes ont été établies en deux points, au-dessus du cours d'eau (passerelle de Tréouzou, passerelle Meilh Poul).

Le cours tumultueux en hiver, classé II ou III et parfois plus[10], permet d'organiser des compétitions de kayak sur eaux vives. La compétition la plus importante est appelée « La Descente du Stangala ».

Notes et références

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  1. À Guipavas, il existe un lieu-dit, Stangalar (1724), situé également dans une vallée encaissée. Alar est le même saint (un ancien évêque de Quimper) que celui qui est honoré à Ergué-Armel, à six kilomètres, sous le nom d'Alor ou encore en Ergué-Gabéric sous le nom d'Alour. Celui-ci semble un proche de Gradlon et de Guénolé (Allorus)
  2. Stang est une forme abrégée de Stankenn qui signifie vallée encaissée. Les dictionnaires bretons donnent aussi la traduction d'étang qui n'est valable que dans le Trégor et qui est un emprunt au français estanc.
  3. Douguet Jean-François, Le Stangala, Edition Arkae, Ergué-Gabéric, 2003. pp 23-33
  4. Le Guennec Louis, Finistère et tourisme N° 1, 1951.
  5. « Découverte. Les mystères du Stangala pittoresque », sur letelegramme.fr, .
  6. « Je n'ai pas pu oublier le projet que j'avais fait d'aller, en ermite, habiter ce désert sauvagement merveilleux, où j'aurais passé ma vie au milieu de mes amies les abeilles, paisible, loin du bruit, des fracas, des tracasseries, des félonies, des canailleries et des horreurs du monde civilisé... c'est encore là que je passe les meilleurs moments de ma vie à regarder les eaux de l'Odet bondir de rocher en rocher, et à contempler ces énormes roches suspendues à cent mètres au-dessus de la rivière, ces sauvages merveilles témoins d'un immense cataclysme. ». Cf Jean-MarieDéguignet, Mémoires d'un paysan bas-breton, Ed. Arkae, Ergué-Gabéric, 2009, p. 434-435.
  7. Louis Le Guennec, Histoire de Quimper Corentin et son canton, , Les amis de Louis Le Guennec, , p. 499
  8. Guilcher André, Le relief de la Bretagne méridionale, de la baie de Douarnenez à la Vilaine, 1948, p. 492.
  9. Jehl Colette, Géographie du pays de Kerdevot, in Kerdevot, livre d'or du cinquième centenaire, Association Kerdevot 89, Ergué-Gabéric, pp. 141-155
  10. du Club de kayak de Quimper www.kayak-quimper.org/le-club/loisirs.htm

Bibliographie

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  • Jean-François Douguet, Le Stangala, Éditions Arkae, , 65 p.

Article connexe

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Liens externes

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