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Stéréotype de genre

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Un stéréotype de genre est un stéréotype concernant le genre.

Description

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Il existe deux types de stéréotypes de genre : descriptif et prescriptif[1],[2]. Un stéréotype descriptif décrit ce que les membres du groupe font ou sont en général[2]. Un stéréotype prescriptif décrit ce que les membres du groupe devraient faire ou être[2]. Ainsi, « les femmes sont généralement gentilles » est un stéréotype descriptif, alors que « les femmes doivent être gentilles » est un stéréotype prescriptif[2].

Le contenu des stéréotypes de genre se concentre sur deux aspects : le fait que les femmes s'occupent davantage du bien-être et des autres, et le fait que les hommes sont plus assertifs et dans le contrôle[3]. Les stéréotypes de genre sont organisés en plus de 200 sous-types[4],[5],[6],[7].

En 1989, la Cour suprême des États-Unis prend un arrêt historique, Price Waterhouse v. Hopkins (en), dans lequel elle reconnait que les stéréotypes de genre peuvent être l’origine de discrimination basée sur le genre[8].

Développement

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Acquisition

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Les enfants acquièrent la capacité de différencier visuellement les femmes des hommes entre l’âge de 3 à 12 mois[9],[10]. Toutefois, n’étant pas capables de verbaliser ces différences[11],[10], ces capacités sont liées à la reconnaissance d’attributs coïncidant avec le genre, tels que les habits ou la coupe de cheveux, plutôt que la reconnaissance de caractéristiques biologiques[12],[10].

Transmission

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Les mots employés pour décrire les actions féminines et masculines sont différents, perpétuant les stéréotypes de genre, y compris dans les cas où un individu ne s'avère pas conforme à ces stéréotypes[13]. Ainsi, les adjectifs sont davantage utilisés pour décrire des actions conformes aux stéréotypes, tandis que des verbes d'action sont plus employés pour accompagner les descriptions de situations qui vont à l'encontre des stéréotypes de genre, véhiculant l'idée selon laquelle il s'agit de situations qui sortent de l'ordinaire[13].

La transmission des stéréotypes de genre s'opère au sein de la famille ainsi qu'au sein des groupes de pairs[3].

Le Développement des stéréotypes de genre en enfance

Pour mieux comprendre le monde qui les entoure et les stéréotypes liés au genre présent dans la société, les enfants cherchent toujours des indices leur permettant d’établir les différences. Comme l'indique Collins & Laursen (1999), l'environnement de l'enfant ; soit ses relations en famille et en dehors de la famille constitue un des facteurs pertinents qui forge son développement. En effet, les théories cognitives, notamment celle du schéma de genre l’affirment en expliquant comment les enfants cherchent les moyens de s’identifier à leur genre dans la société. Avec les indices qu’ils accumulent, les enfants deviennent alors capables de constituer des attentes envers les autres. Selon Martin et al. (2004), les enfants développent, à partir de 5 ans, une série stéréotype souvent erroné qui les aide à guider leur comportement et les impressions qu’ils forment des autres. Bjorklund, 2000, p. 361 présente un des exemples de stéréotype erroné : « Dans un restaurant italien, un enfant de quatre ans a remarqué que son père et un autre homme commandaient une pizza et que sa mère commandait des lasagnes. En rentrant chez lui en voiture, il a annoncé qu'il avait compris : « Les hommes mangent de la pizza et non pas les femmes. »

Le modèle développemental

Étant donné que les jeunes enfants grandissent constamment, leurs habiletés cognitives changent également. Pour cette raison, on peut constater qu’au cours du développement, il y a une augmentation ainsi qu’une diminution dans la rigidité des croyances et des comportements stéréotypés que les enfants développent à travers la société. Selon Trautner et al., 2003, on peut distinguer un modèle de développement se composant de 3 étapes : Les années de la petite enfance et préscolaire : les enfants apprennent les caractéristiques liées au genre entre 5-7 ans : les nouvelles connaissances que les enfants acquièrent se renforcent d’une manière rigide et atteigne dans ce stade leur pic de rigidité la phase de flexibilité (7-8 ans) : les enfants commencent a présenter des croyances relativement flexibles en reconnaissant que chaque personne, peu importe son sexe, peut tout faire sans aucune restriction.

Préférences stéréotypées de genre

Au fur et à mesure que les enfants deviennent de plus en plus conscients de ce qui les entoure, ils commencent à manifester des préférences auprès des objets liés à leur genre auxquels ils sont le plus exposés. Chez les enfants, on remarque dès le jeune âge que la couleur semble être un des facteurs importants pour classer les objets selon le genre. En effet certains chercheurs suggèrent que c' est en raison de familiarité que les enfants utilisent la couleur comme moyen indicateur de genre. Certes, lorsque les enfants commencent à prendre conscience de leur environnement, a 5 mois, on peut par exemple constater que les filles sont souvent habillées en rose avec des sucettes roses tandis que les petits garçons ont des draps ainsi que des rideaux bleues (Pomerleau, Bolduc, Malcuit, & Cossette, 1990). Alors, afin de comprendre quand est ce que les enfants commenceraient a s identifier a leur genre en démontrant des préférences envers ces couleurs, les chercheurs LoBue & DeLoache (2011) ont présenté aux filles et aux garçons des objets non genrés l’un de couleur rose et l’autre de différente couleur. Les résultats ont montré qu' avant l' âge d'1 an, les filles et les garçons n'exprimaient pas de préférences considérables à la couleur rose. Cependant, entre l'âge de 2-3 ans, la préférence à la couleur rose chez les filles a augmenté et est restée élevée jusqu'à 4 ans tandis qu' un déclin significatif dans la préférence à la couleur rose chez les garçons a été observé.

inclusion

Publicité inclusive et représentations de genre

La publicité inclusive désigne des stratégies de communication qui cherchent à représenter une diversité élargie de genres, de corps, d’âges, d’origines ethniques ou de capacités physiques, en rupture avec les représentations stéréotypées longtemps dominantes dans l’industrie publicitaire. Contrairement aux modèles publicitaires traditionnels, qui renforcent souvent des rôles de genre normatifs (comme la femme cantonnée au travail domestique ou l’homme associé à la force et à l’autorité), la publicité inclusive vise à proposer des images plus variées et moins hiérarchisées du masculin et du féminin.

Plusieurs recherches montrent que ces représentations alternatives ont un impact mesurable sur la perception des marques. Une étude menée par Champlin, Sterbenk, Windels et Poteet (2019) démontre que l’inclusion de modèles non stéréotypés peut renforcer la crédibilité perçue d’une marque et encourager un engagement affectif plus fort chez les jeunes consommateurs, surtout lorsque cette démarche est perçue comme authentique et cohérente avec les valeurs de l’entreprise[14].

L’essor de la publicité inclusive répond également à une évolution culturelle : de plus en plus de publics attendent que les messages médiatiques reflètent la pluralité des identités sociales et l’évolution des rapports de genre. Toutefois, cette approche n’est pas exempte de critiques. Certains auteurs évoquent le risque de « woke-washing », lorsque l’inclusion est utilisée comme argument commercial sans engagement réel. D’autres soulignent que la représentation seule ne suffit pas : si elle n’est pas accompagnée de changements structurels, elle peut même reconduire de nouvelles formes de stéréotypes, plus subtiles.

Ainsi, la publicité inclusive apparaît à la fois comme un outil de remise en question des stéréotypes de genre et comme un espace de tension entre stratégie commerciale et transformation sociale.

Fonctions cognitives

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Les stéréotypes de genre influencent le traitement et le stockage des informations concernant les individus. Les informations qui correspondent aux stéréotypes de genre sont plus rapidement traitées et plus facilement retenues que les autres[13].

Appartenance à un groupe social

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Notes et références

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  1. Mercedes López-Sáez et Ana Lisbona, « Descriptive and prescriptive features of gender stereotyping. Relationships among its components », International Journal of Social Psychology, vol. 24, no 3,‎ , p. 363–379 (ISSN 0213-4748, DOI 10.1174/021347409789050560, lire en ligne, consulté le )
  2. a b c et d (en) Michael J Gill, « When information does not deter stereotyping: Prescriptive stereotyping can foster bias under conditions that deter descriptive stereotyping », Journal of Experimental Social Psychology, vol. 40, no 5,‎ , p. 619–632 (ISSN 0022-1031, DOI 10.1016/j.jesp.2003.12.001, lire en ligne, consulté le )
  3. a et b Kite, Deaux et Haines 2008.
  4. (en) Roos Vonk et Richard D. Ashmore, « Thinking about gender types: Cognitive organization of female and male types », British Journal of Social Psychology, vol. 42, no 2,‎ , p. 257–280 (DOI 10.1348/014466603322127247, lire en ligne, consulté le )
  5. (en) Kay Deaux, Ward Winton, Maureen Crowley et Laurie L. Lewis, « Level of Categorization and Content of Gender Stereotypes », Social Cognition, vol. 3, no 2,‎ , p. 145–167 (ISSN 0278-016X, DOI 10.1521/soco.1985.3.2.145, lire en ligne, consulté le )
  6. (en) Thomas Eckes, « Features of men, features of women: Assessing stereotypic beliefs about gender subtypes », British Journal of Social Psychology, vol. 33, no 1,‎ , p. 107–123 (DOI 10.1111/j.2044-8309.1994.tb01013.x, lire en ligne, consulté le )
  7. Kite, Deaux et Haines 2008, p. 209.
  8. Kite, Deaux et Haines 2008, p. 205.
  9. (en) Mary Driver Leinbach et Beverly I. Fagot, « Categorical habituation to male and female faces: Gender schematic processing in infancy », Infant Behavior and Development, vol. 16, no 3,‎ , p. 317–332 (DOI 10.1016/0163-6383(93)80038-A, lire en ligne, consulté le )
  10. a b et c Kite, Deaux et Haines 2008, p. 217.
  11. (en) Joseph F. Fagan et Lynn Twarog Singer, « The role of simple feature differences in infants' recognition of faces », Infant Behavior and Development, vol. 2,‎ , p. 39–45 (ISSN 0163-6383, PMID 25593377, PMCID PMC4293124, DOI 10.1016/S0163-6383(79)80006-5, lire en ligne, consulté le )
  12. (en) A. E. Arthur, R. S. Bigler, L. S. Liben, S. A. Gelman et D. N. Ruble, « Gender stereotyping and prejudice in young children : A developmental intergroup perspective », dans Intergroup attitudes and relations in childhood through adulthood, , p. 66–86
  13. a b et c (en) Naomi Ellemers, « Gender Stereotypes », Annual Review of Psychology, vol. 69, no 1,‎ , p. 275–298 (ISSN 0066-4308 et 1545-2085, DOI 10.1146/annurev-psych-122216-011719, lire en ligne, consulté le )
  14. Sara Champlin, Yvette Sterbenk, Kasey Windels et Maddison Poteet, « How brand-cause fit shapes real world advertising messages: a qualitative exploration of ‘femvertising’ », International Journal of Advertising, vol. 38, no 8,‎ , p. 1240–1263 (ISSN 0265-0487, DOI 10.1080/02650487.2019.1615294, lire en ligne, consulté le )

Bjorklund D.F. (2000). Children's thinking: Developmental function and individual differences. Belmont, CA: Wadsworth.

Collins, W.A., & Laursen, B. (1999). Relationships as developmental contexts. The Minnesota Symposia on Child Psychology, Vol. 30. Mahwah, NJ: Lawrence Erlbaum Associates.

LoBue, Vanessa & DeLoache, Judy. (2011). Pretty in pink: The early development of gender-stereotyped colour preferences. The British journal of developmental psychology. 29. 656-67. https://bpspsychub.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.2044-835X.2011.02027.x

Martin, C. L., & Ruble, D. (2004). Children’s Search for Gender Cues: Cognitive Perspectives on Gender Development. Current Directions in Psychological Science, 13(2), 67–70. https://doi.org/10.1111/j.0963-7214.2004.00276.x

Pomerleau, Andrée & Bolduc, Daniel & Malcuit, Gérard & Cossette, Louise. (1990). Pink or Blue: Environmental Gender Stereotypes in the First Two Years of Life. Sex Roles. 22. 359-367. https://link.springer.com/article/10.1007/BF00288339

Trautner, H.M., Ruble, D.N., Cyphers, L., Kirsten, B., Behrendt, R. and Hartmann, P. (2005), Rigidity and flexibility of gender stereotypes in childhood: developmental or differential?. Inf. Child Develop., 14: 365-381. https://doi-org.login.ezproxy.library.ualberta.ca/10.1002/icd.399

Champlin, S., Sterbenk, Y., Windels, K., & Poteet, M. (2019). How brand-cause fit shapes real world advertising messages: a qualitative exploration of ‘femvertising’. International journal of advertising, 38(8), 1240-1263. https://doi.org/10.1080/02650487.2019.1615294

Articles connexes

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Bibliographie

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  • (en) Naomi Ellemers, « Gender Stereotypes », Annual Review of Psychology, vol. 69, no 1,‎ , p. 275–298 (ISSN 0066-4308 et 1545-2085, DOI 10.1146/annurev-psych-122216-011719, lire en ligne, consulté le )
  • (en) Elizabeth L. Haines, Kay Deaux et Nicole Lofaro, « The Times They Are a-Changing … or Are They Not? A Comparison of Gender Stereotypes, 1983–2014 », Psychology of Women Quarterly, vol. 40, no 3,‎ , p. 353–363 (ISSN 0361-6843 et 1471-6402, DOI 10.1177/0361684316634081, lire en ligne, consulté le )
  • (en) Mary E. Kite, Kay Deaux et Elizabeth L. Haines, « Gender Stereotypes », dans Psychology of women : A handbook of issues and theories, , p. 205–236

Liens externes

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